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Les études au x1a siècle. Heeren réfuté. — Philologie

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tique. Sciences exactes. Médecine. Grand nombre d'églises. Architecture nouvelle.

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— Musique.

Sculpture, Peinture.

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Le mouvement intellectuel qui se fait sentir en France vers la fin du x1° siècle offre tous les caractères d'une véritable renaissance : la connaissance plus répandue de l'antiquité, une plus grande vigueur de pensée qui en est en partie la suite, une impulsion nouvelle donnée aux

arts.

Il suffirait d'ouvrir les différents ouvrages que le x1° siècle a vus naître, pour s'assurer que l'antiquité est, dès lors, plus connue qu'au x°. Le latin de Bérenger, d'Anselme, d'Hildebert, de Marbode, atteste un commerce assez assidu avec les chefs-d'œuvre de l'antiquité.

Quand une époque littéraire se fait remarquer par la correction du langage et une certaine élégance de style,

on peut être assuré que les muses classiques ne lui sont pas demeurées étrangères.

Le pieux évêque du Mans, Hildebert, nous a même fait entendre des accents d'un enthousiasme presque païen, pour les monuments de l'art antique.

D'autre part, Bérenger, par son rationalisme hardi, s'est montré le continuateur de Scot Érigène et le précurseur d'Abailard.

Un écrivain judicieux d'ordinaire, M. Heeren, me semble avoir méconnu le caractère du x1a siècle (1); il cherche à établir que les auteurs latins y ont été peu connus et ont exercé sur lui peu d'influence. « Lanfranc et Anselme, dit-il, ont été représentés par leurs contemporains comme les restaurateurs d'une latinité plus pure. Mais leurs écrits nous enseignent suffisamment que ces louanges étaient très-exagérées; la connaissance ou l'amour de la littérature classique ne s'y montre nulle part; ils sont même à cet égard bien au-dessous des hommes illustres du siècle précédent. » Et en note l'auteur ajoute: « Pour se convaincre de la vérité de cette observation, que l'on considère principalement, en dehors des écrits purement scientifiques, les nombreuses lettres de Lanfranc, et qu'on les compare avec les lettres d'un Gerbert, d'un Loup de Ferrières et d'autres.... Je ferai sur ce passage plusieurs remarques.

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D'abord on ne doit point apprécier la connaissance et l'amour de l'antiquité que pouvaient avoir les écrivains du x1o siècle, par l'exemple de Lanfranc, homme d'action plu

(1) Heeren, Werke, t. IV. Geschichte der Class. litt. im Mittel Alter, t. I, p. 229,

tôt que d'étude, homme politique plutôt que littéraire. A lui seul, tout au plus, pourrait s'appliquer ce qu'Heeren dit de tous les auteurs du xi siècle; la note dans laquelle l'historien allemand oppose les lettres de Lanfranc à celles de Loup de Ferrières et de Gerbert, confond deux siècles bien différents, le 1x et le x*.

Loup de Ferrières, qui vivait dans le remier, ne prouve rien pour le second. Quant à Gerbert, il forme, nous l'avons vu, une exception dans son temps: d'ailleurs Gerbert mourut au commencement du x1° siècle; il devance de quelques années seulement la renaissance que verra naître ce siècle auquel il touche et auquel il appartient au moins par sa mort. La thèse d'Heeren n'est donc point fondée; elle est contraire à des faits nombreux; plusieurs ont été déjà cités dans cet ouvrage. Je vais en ajouter quelques autres, et opposer au professeur de Goettingue deux autorités imposantes, celle de l'abbé Leboeuf et celle des bénédictins auteurs de l'Histoire littéraire.

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Voici d'abord ce que dit le docte abbé (1) ; « S'il était nécessaire de prouver que, depuis la mort de Fulbert (1028), il y eut des bibliothèques en France, aussi bien que des savants qui en faisaient usage et qui portaient les autres à s'en servir, je citerais un Olbert, abbé de Gemblours, qui laissa à son abbaye plus de cent volumes sur l'Écriture sainte et environ cinquante sur les sciences profanes; un Baudry de Bourgueil, qui, invitant Godefroy de Loudun à prendre l'habit ecclésiastique, lui représente qu'il aura des livres en abondance; une multitude de copistes à

(1) Dissertation sur l'état des sciences depuis la mort du roi Robert jusqu'à celle de Philippe-le-Bel, p. 3 et 4.

Saint-Évroul en Normandie, sous l'abbé Thierry, occu pation qu'on regardait comme fort utile; un 'abbé Olberne, de la même maison, qui porta son attention jusqu'à fabriquer des écritoires pour les enfants. Les bibliothèques furent tellement l'objet de l'attention dans les monastères, qu'il y avait des jours destinés à prier Dieu pour ceux qui avaient donné ou écrit des livres; et, afin que les livres ne périssent pas faute de couvertures, on engageait des seigneurs, en leur promettant des prières, à donner des fonds pour y subvenir.'

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» A l'égard des écoles qui subsistaient depuis la mort du roi Robert, je produirai celles de Cambrai, d'Arras, d'Orléans, et de même celles de Laon, du Mans, etc. Entre celles des monastères, les écoles de Saint-Denis, où Louis-le-Gros fut élevé, celle de Saint-Bertin, celle de Saint-Maur, proche Paris, et celle de Saint-Hubert en Ar dennes ; il y en avait non-seulement dans toutes les cathédrales, mais même dans les monastères moins célèbres, comme dans celui de Saint-Magloire de Paris. L'usage en fut si général dans toutes les communautés, que Lanfranc, şortant de celle d'Avranches qu'il venait d'illustrer et où il avait enseigné les belles-lettres, chercha à dessein, en allant à Rome, un lieu retiré où il n'y eût aucun exercice de littérature. On lisait les auteurs païens dans les écoles de l'ordre de Clugny; il n'y eut que l'amour déréglé des poètes qui fut alors blâmé dans cet ordre.»

La plupart des faits allégués par l'abbé Leboeuf sont tirés des Annales de l'ordre de Saint-Benoît; ils me paraissent réfuter victorieusement la thèse d'Heeren. L'assertion du professeur de Goettingue est encore démentie par l'Histoire littéraire des bénédictins, précieuse en cet en

droit par le grand nombre de documents que, ses savants auteurs ont rassemblés sur l'état des lettres au xi siècle (1).

D'autres renseignements fournis par l'abbé Leboeuf montrent tout ce que ce siècle a fait pour les études philologiques. Il énumère plusieurs hommes qui savaient le grec et l'hébreu (2). Le latin avait entièrement cessé d'être entendu généralement, et plusieurs ouvrages furent composés pour en enseigner les règles (3). Il y avait donc alors de véritables humanités.

Outre les humanités, on professait la rhétorique d'après Cicéron et Quintilien. Jean de Garlande fit un livre sur les synonymes et les équivoques. Suger, qui avait étudié à la fin du x siècle, citait de suite jusqu'à trente vers d'Horace. Dans une description de la ville de Liége, Gozekin cite également Horace, parle d'Eole, de Junon, etc. (4). On peut même signaler, dans le x1° siècle, quelques essais archéologiques, quelques recherches qui avaient pour objet l'interprétation de monuments figurés. Fulvius détermina une tête antique trouvée à Meaux et y reconnut une tête de Mars (5).

Tous ces faits n'établissent-ils pas le premier caractère d'une renaissance, l'étude et l'amour de l'antiquité?

La connaissance des langues classiques n'a pas seulement pour résultat de perfectionner le goût et de polir le langage; elle exerce une influence plus sérieuse sur la

(1) Hist. litt., t. VII, p. 16-106.

(2) Dissertations, t. II, p. 31.

(3) Ib., p. 44.

(4) Mab., Vet. anal., p. 438.

(5) Hist. de l'église de Meaux, t. II, p. 453.

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