Sayfadaki görseller
PDF
ePub

des prétendants; que l'on se servit, pour arriver au trône ou s'y maintenir, de l'appui des iconoclastes ou de la fureur de leurs ennemis, à tel point que l'un des deux partis leva une armée, équipa une flotte et vint assiéger Constantinople. Il y avait là pour les Grecs autre chose qu'une question théologique; derrière cette querelle était une renaissance de l'idolâtrie et une dernière résurrection de l'art antique. Un grand nombre de ces moines si ardents défenseurs des images étaient peintres, et combattaient pour elles, animés à la fois par l'enthousiasme religieux et le fanatisme de l'art; des légendes naissaient parmi le peuple, sous l'influence de la persécution; et quand un prince iconoclaste avait fait couper les mains ou arracher les yeux à un pauvre moine, coupable d'avoir peint une Vierge ou un Christ, le peuple racontait que la Vierge elle-même était venue rendre à ce moine les mains ou les yeux. En un mot, à Constantinople la querelle des iconoclastes et de leurs adversaires se rattachait à toutes les habitudes de l'imagination grecque.

Il y eut deux conciles en deux sens opposés : le premier, tenu à Constantinople en 754, proscrivit complétement les images; la peinture y fut traitée de blasphème. Si cette manière de voir eût triomphé, c'en était fait de l'art chrétien. Nous n'aurions ni les madones de Raphaël ni le Jugement dernier de Michel Ange.

Déjà, au vi° siècle, un évêque de Marseille nommé Serenus, indigné des hommages outrés que ses fidèles rendaient aux images, les avait brisées. Le pape Grégoire Ier, avec une grande sagesse, s'était élevé contre l'intempérance de ce zèle et contre la superstition qui l'avait provoquée (1). L'excès de la même superstition fit naître au (1) Opus Caroli contra synodum, l. 11, c. 23.

VIIIe siècle la réaction iconoclaste. Il paraît que les Musulmans ne furent pas étrangers à la formation de cette nouvelle hérésie. On sait qu'ils ont conservé, dans son intégrité, l'horreur qu'avait le judaïsme pour toute espèce de représentation figurée; ils voient dans les images un signe d'idolâtrie, et sont très-énergiquement iconoclastes. Ce furent, dit-on, leurs railleries qui excitèrent les empereurs à s'armer contre la frénésie des images. Après le règne de l'iconoclaste Constantin, vint le règne de la célèbre Irène. Irène, menacée par les ennemis que lui avaient faits ses crimes, avait besoin d'un appui; elle le chercha auprès des partisans des images. Elle parvint, par l'adresse de sa politique, à détacher les principaux chefs et à les gagner: bientôt ils furent les plus zélés du parti contraire; bientôt, par une de ces révolutions de cour dont nous avons déjà vu l'influence sur la querelle de l'arianisme, les iconoclastes furent renversés, et leurs adversaires triomphèrent, en 785, dans un concile qu'on appelle le second concile de Nicée. s'était L'Église romaine, qui, au temps de Grégoire Ier, prononcée avec modération sur la question des images, avait fini par prendre leur parti avec une exagération que ne partagea point Charlemagne, et, sous un tel chef, l'Église franque se posa dans cette attitude de demi - indépendance et d'opposition modérée qui a toujours honoré l'Église gallicane, depuis saint Irénée jusqu'à Charlemagne, et depuis Charlemagne jusqu'à Bossuet.

L'empereur d'Occident prit une part active à cette discussion née dans l'Empire d'Orient. Il assembla le concile de Francfort, où les conclusions du concile de Nicée furent anathématisées. En outre, il écrivit à ce sujet

ou fit écrire un ouvrage qui porte son nom. Alcuin était en Angleterre quand les livres Carolins furent publiés, et personne n'était en état de le remplacer auprès du roi. Quelle que soit la plume qui l'ait rédigé, ce traité l'a été par l'ordre et sous l'inspiration de Charlemagne, dont il contient la pensée, la profession de foi. Au reste, l'homme qui revoyait l'ouvrage d'Alcuin contre Félix d'Urgel, l'homme qui adressait aux évêques des questions sur le baptême et, quand les réponses étaient incomplètes, demandait un supplément (1), a bien pu prendre une part active et directe à ce grand débat de Rome et de Constantinople. Charlemagne s'établit comme médiateur entre les deux avis extrêmes avec une impartialité remarquable. Mais toutes les fois qu'on cherche à faire prévaloir une opinion moyenne (2) sur deux opinions contraires, il est bien difficile que l'on n'incline pas d'un côté plus que de l'autre. Évidemment Charlemagne est moins éloigué des iconoclastes que de leurs adversaires. Il est plus indulgent en parlant du concile de Constantinople qu'en parlant du second concile de Nicée, favorable aux images; pour désapprouver le premier, il se sert d'expressions modérées, comme imprudence; pour condamner le second, il prodigue les mots de démence, d'absurdité.

Charlemagne se donne positivement pour l'auteur de ce traité. Il dit l'avoir entrepris avec l'aide de quelques

(1) Fleury, Hist. eccl., 1. XLVI, c. 1.

(2) Quæ duo mala cum alter utrum sibi contraria sint, et à recto tramite remota, restat nobis ut viam regiam secundum apostolum gra dientes, neque ad dexteram neque ad sinistram declinemus. L. 11, c. 31.

T. III.

4.

prélats de son royaume (1). On le reconnaît aux attaques personnelles par lesquelles il ouvre la discussion. Il relève avec vivacité et confond par l'Écriture les locutions arrogantes qu'avaient employées l'empereur de Byzance et sa mère en écrivant au pape (2). Ils s'étaient permis de dire: Dieu qui règne avec nous, Dieu nous a choisis, nous te demandons ou plutôt Dieu te demande, etc. Charlemagne réprouve avec hauteur ces formules ambitieuses de la chancellerie byzantine. Avant de passer aux questions de dogme, il veut vider cette question de prérogative. L'empereur d'Occident ne souffrira point que l'empereur d'Orient se place au niveau de la divinité. Le sujet et le ton de ces premiers chapitres montrent assez que Charlemagne a mis la main au Traité sur les images.

La plus grande partie du livre est consacrée à combattre certaines applications que les Orientaux avaient faites de divers passages de l'Écriture au culte des images. En général, cette réfutation est victorieuse, car presque toujours les passages en question ont été détournés de leur véritable sens et souvent de la manière la plus bizarre. Mais, au lieu de se borner à le rétablir, Charlemagne se perd à son tour dans le sens allégorique, anagogique, tropologique. Les pères avaient donné l'exemple de ces interprétations multiples (5), et la théologie, à son premier réveil, rentrait dans cette voie aventureuse et facile. Charlemagne ne fait point de distinction entre l'adoration

(1) Quoniam regni gubernacula domino tribuente suscepimus. P. 4, édition de 1549.

(2) L. 1, c. 2.

(3) V. Saint Ambroise, t. Ir de cet ouvrage, p. 384 et suiv.

et le culte il réprouve l'un et l'autre (1). Cependant il ne proscrit point les images, il dit positivement, et à plusieurs reprises, qu'on peut les faire entrer dans la décoration des églises (2), mais que leur seule destination est de rappeler les histoires sacrées qu'elles retracent, et d'instruire par les yeux le vulgaire trop grossier pour bien comprendre la parole divine. Saint Paulin se proposait un but pareil, quand il couvrait de peintures les murailles de la basilique de Nola. Ainsi pensait également le pape Grégoire 1er. Telle fut, ce semble, la tradition primitive de l'Église.

Après l'Écriture viennent les ouvrages des pères, dont abusent, suivant Charlemagne, les partisans des images. Et sur ce point, il s'efforce de redresser leurs erreurs, comme au sujet de la Bible. Il paraît qu'il n'y avait alors de bien connu en Occident que saint Augustin et saint Ambroise; ils sont constamment cités. Pour Grégoire de Nysse, l'auteur du traité dit tout net que ce père n'ayant pas été traduit en latin, il ne le connaît pas (3).

Le restaurateur des lettres se complaît aussi à montrer en plusieurs endroits que les figures de rhétorique et même leurs dénominations grecques lui sont familières. Il attaque

(1) L. II e 21. Quod non sit contra religionem christianam nou colere et non adorare imagines.

(2) Imagines vero omni sui culturâ et adoratione seclusâ, utrum in basilicis propter memoriam rerum gestarum et ornamentum sunt, an etiam non sint, nullum catholicæ fidei afferre poterunt præjudicium. Quippe cum ad peragendum nostræ salutis mysteria nullum penitus habere officium noscantur. L. II, c. 21.

(3) Dum...

......

Gregorii Nysseni episcopi et vita nobis et prædieatio sit ignota. L. II, c. 27.

« ÖncekiDevam »