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AVANT-PROPOS.

Le besoin d'un manuel de droit ecclésiastique est si universellement senti, tant parmi les théologiens que parmi les jurisconsultes, que le titre seul d'une publication de ce genre semble la dispenser de se mettre sous la protection d'un avant-propos. Néanmoins, l'auteur de ce travail croit devoir faire appel à l'indulgence de ses lecteurs. Il sent tout ce qu'un ouvrage de cette nature exige d'études longues et persévérantes, de profond savoir, de pénétration et de sagacité d'esprit, et il ne peut se dissimuler à lui-même combien il est au-dessous d'une semblable tâche.

Émanés des dogmes éternels et invariables de l'Église, les canons exigent, de celui qui veut les approfondir, que, préparé par une sérieuse étude des sciences sacrées et profanes, il s'élève à l'intarissable source de la sagesse divine, d'où sort le souffle qui donne la force et la vie à ces lois sacrées. Mais un tel labeur demande des talents et des forces qui se rencontrent difficilement réunis chez un seul homme, et des loisirs, un repos d'esprit qui, dans notre temps où tout se précipite, ne sont accordés qu'à un petit nombre de privilégiés. Il faut surtout qu'un grand amour de l'Église excite et renouvelle sans cesse le courage. Ce dernier don, l'auteur affirme sans hésiter qu'il l'a reçu; il se sent animé d'une vive et filiale affection pour la mère commune et d'une ardeur véritable pour l'étude de ses lois. Ce sentiment seul a pu lui rendre possible une œuvre à laquelle il a voué toutes ses forces et tout le temps que lui laissent ses autres devoirs. Son travail renferme un grand nom

bre d'imperfections qu'il connaît, et, sans doute, un plus grand nombre encore qu'il ne connaît pas; mais il a un mérite qui ne peut lui être contesté : c'est d'être le produit d'une conviction profonde, acquise, si nous pouvons parler ainsi, au prix de nombreuses luttes et du labeur le plus obstiné. Pour ce qui est de ces imperfections de son œuvre, on ira au-devant de ses vœux en les signalant; et quant à tout ce qui tient à son sentiment particulier, il lui est indifférent de le voir attaqué. Il n'a eu en vue que la vérité, et son plus vif désir a été de ne pas énoncer une seule proposition qui ne fût en accord parfait avec la doctrine de l'Église. C'est pourquoi, si, contre son intention, il lui était échappé. un seul mot qui n'y fût pas conforme, il le rétracte d'a

vance.

Désireux de reproduire exactement la pensée de l'Église, l'auteur s'est attaché, sur chaque sujet, à faire parler les canons eux-mêmes. Afin de les faire pénétrer plus facilement dans la mémoire, il a, tout en employant le nouveau mode de citation, conservé l'ancien usage, qui, par la reproduction du mot initial du canon, met immédiatement sur la voie du sujet.

On remarquera deux passages (Can. Fidelior, 54, D. 50, et Can. Beati, 37, C. 2, Q. 7) rapportés sous le nom de saint Ambroise. Ce n'est pas que l'auteur ignore que quelques critiques les attribuent à Maxime de Turin, mais il en a fait la citation conformément au titre sous lequel ils figurent dans le Corpus juris.

INTRODUCTION.

SI".

Religion.

L'idée du droit ecclésiastique est déterminée par celle de l'Église, qui, elle-même, l'est par celle de la religion. Par ce dernier mot, le droit romain exprimait la crainte, le respect, l'effroi, tout l'ordre des sentiments qui éclosent dans le cœur de l'homme avec celui de sa dépendance vis-à-vis de la Divinité (1). On la fait dériver de relinquere. Cette étymologie est évidemment dénuée de toute base. Cicéron la voit dans religere. Pour lui, la religion, c'est, par opposition à la superstition qui se renferme dans l'observance servile des prescriptions extérieures du culte, l'application du philosophe à rechercher et à scruter les monuments scripturaires relatifs aux choses divines (2).

L'étymologie adoptée par Lactance (3) est incomparablement préférable. Faisant dériver le mot religion de religare, elle fait jaillir l'idée d'un accord réciproque entre Dieu et l'homme, et, par là même, en met en lumière le vrai caractère, le seul qui conduise à une conception exacte de l'idée exprimée par le mot, celle du lien mystérieux qui unit l'homme avec la Divinité. Ainsi entendu, ce mot exprime bien la crainte,

(1) Vide Forcellini, Lexicon totius latinitatis, s. v. Religio. — Ferraris, Promt. biblioth. ead. voc. Klee, Lehrbuch der Dogmengeschichte. I, S. 30.

(2) Cicero, de Natura deorum, II, 28.

(3) Inst. div., IV, 28. Vide Servius, ad Æneid. VIII, 349.-S. Thom. Aquin. Summa, II, 2; Q. 81, art. 1. - Opusc., 19, c. 1.

le respect, toutes les affections qui résultent du sentiment de la dépendance; mais l'homme n'est pas seul lié vis-à-vis de Dieu; Dieu a voulu se lier aussi vis-à-vis de l'homme : il y a réciprocité d'engagement. De là la division de nos livres saints en livres de l'ancienne et de la nouvelle alliance. Au commencement des temps, Dieu avait contracté alliance avec les hommes; le nœud de ce contrat, c'était la volonté divine elle-même, à laquelle la volonté de l'homme se tenait unie. Or, tout contrat stipule des conditions obligatoires pour les parties qui le souscrivent. Du côté de l'homme, ces conditions étaient l'accomplissement fidèle de la volonté divine, le consentement spontané et libre à la reconnaître comme la limite de la sienne. Mais bientôt la volonté des hommes se mit en opposition avec celle de Dieu, et l'alliance fut rompue par eux. Ils répudièrent celui qui était le seul vrai Dieu, et s'allièrent avec de fausses déités. Alors le Seigneur, se choisissant parmi tous les peuples de la terre, la race d'Abraham, et formant alliance avec elle, il y eut diversité de religion, une foule de faux cultes autour de celui qui seul était le véritable. Cependant les temps s'accomplissent; Dieu envoie d'en haut son propre Fils, qui contracte une nouvelle alliance avec les hommes et la scelle de son sang. Ses révélations, manifestation authentique de la volonté divine, sont les lois de cette nouvelle alliance; sa religion est, dans le sens propre du mot, la seule véritable que tous les hommes, sans distinction, sont tenus d'embrasser (1). Salut du genre humain, voie unique de la vérité, sa fin la désigne au monde comme la religion universelle; nul homme n'a le droit de rester dans les ténèbres de l'erreur, nul n'a le droit de se refuser à reconnaître Dieu et celui qu'il leur a envoyé, le Seigneur Jésus.

Les différentes religions du paganisme ayant conservé quelques vestiges des révélations primitives, on pourrait absolument, soit à raison de ces débris de la vérité originelle,

(1) Klee, a. a. O., S. 50.

soit à raison de diverses révélations, fausses, il est vrai, et étrangères à toute source divine, mais néanmoins réputées surhumaines, leur donner le nom de religions révélées; les païens ont constamment décoré leurs cultes de cette qualification. En face du christianisme et des cultes païens, ainsi caractérisés par cette dénomination, le langage usuel place en regard certains systèmes, sous le nom de religions naturelles. Mais le christianisme est non-seulement l'unique religion révélée marquée du sceau de la vérité, elle est encore, dans l'acception la plus élevée et la plus noble du mot, l'unique religion naturelle, la seule qui réponde à la nature de l'homme, donc aussi, et par l'essence même des choses, la seule qui constitue dans son intégrité le véritable droit naturel. Manifestation de la pensée de Dieu sur l'humanité, elle s'harmonise nécessairement avec sa nature, telle qu'elle doit être, telle qu'elle doit devenir par le développement du germe que la main divine a déposé dans son sein. Les droits positifs humains, au contraire, ainsi que les religions païennes qui leur ont donné naissance, répondent à la nature de l'homme telle qu'elle est, c'est-à-dire soumise au péché, aux passions et à l'erreur. Dans ce sens, ces systèmes peuvent bien prétendre au titre de religions naturelles; mais rien de moins naturel que ces religions, si l'on renferme le mot dans les limites de sa véritable signification. Pour justifier ce titre, il faudrait que, étrangères à toute révélation objective, elles se fondassent exclusivement sur les spéculations subjectives humaines. Or, telle n'est pas la tâche de la raison. Ouïe intellectuelle de l'homme, elle a la faculté de percevoir et d'ordonner ce qu'elle a perçu; mais créer, c'est ce qu'il ne lui est pas donné de faire, pas plus qu'il ne l'est à l'oreille de produire les tons. Elle peut bien reconnaître la vérité, elle peut bien pénétrer dans sa substance et en tirer l'aliment de l'esprit; mais dans le christianisme seul elle trouve la vérité, elle trouve la véritable alliance, qui, par l'acceptation de la révélation divine, associe, unit l'âme avec Dieu.

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