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A ces trois qualités de Jésus-Christ se rattachent les trois pouvoirs dont il a investi son Église :

Le gouvernement (jurisdictio);
L'enseignement (magisterium);
Le sacerdoce (ordo, ministerium).

Et ces trois pouvoirs divins, en ce qu'ils dérivent de JésusChrist, fournissent par là même la base la plus naturelle à adopter pour la classification systématique du droit ecclésiastique, lequel, conséquemment, se divise de lui-même en trois parties principales.

I. Jésus-Christ est roi, l'Église est son royaume.

Se comparant lui-même aux rois pasteurs de l'àge patriarcal, le roi des rois disait à Simon Pierre : « Pais mes agneaux! pais mes agneaux! pais mes brebis! » Et il instituait ainsi Pierre, et, dans la personne de Pierre, chacun de ses successeurs, son lieutenant dans son royaume. Puis, ce roi qui disait : « Il est mieux pour vous que je m'en aille », institue dans la personne des apòtres et de leurs successeurs d'autres pasteurs à qui il confie, sous la primauté de Pierre, le gouvernement de l'Église; et ces pasteurs, les évêques, forment, dans cette subordination et selon les différents degrés du patriarcat, de l'exarchat et de la dignité archiepiscopale, la hiérarchie de juridiction.

II. Jésus-Christ est maître, l'Église est son école.

La doctrine du Christ est la seule doctrine du salut, et elle n'est enseignée que par l'Église et dans l'Église. Destinée à être portée à tous les hommes, elle a besoin de moyens de propagation, et là où elle a déjà pris racine, il lui faut des

stolus et pontifex confessionis nostræ. 1 Petr., II, 9. Vos autem genus electum, regale sacerdotium, gens sancta, populus acquisitionis. — Cap. I, § 3, X. De summa Trinitate et fide cath.: Una vero est fidelium universalis Ecclesia, extra quam nullus omnino salvatur, in qua idem est sacerdos et sacrificium, Jesus Christus.

institutions propres à la conserver pour ceux qui sont instruits et pour les générations futures. Il lui est, en outre, indispensable d'être armée contre l'invasion des fausses doctrines.

III. Jésus-Christ est pontife, l'Église est son temple.

Le sublime et divin sacerdoce de Jésus-Christ exige que tout ce qui entre en contact avec lui soit sanctifié : d'abord les objets inanimés qui se rattachent, à des degrés différents, au service du culte; puis, et à plus forte raison, les hommes, tous les hommes, attendu que le Christ, comme pontife, a offert le sacrifice sanglant sur la croix pour le genre humain tout entier. Cette sanctification et cette consécration, c'est dans le baptême qu'ils les reçoivent; et c'est dans ce sens que l'Apôtre, en parlant des chrétiens, s'écrie: « Vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, un peuple saint.

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Toutefois de la masse des baptisés quelques-uns sont choisis, élus par sort divin (xλpo;), et investis par une consécration particulière que leur confèrent les apôtres et leurs succes · seurs, du pouvoir d'exercer les fonctions sacerdotales, et d'offrir le sacrifice non sanglant de l'autel. Ce sont eux qui, avec les successeurs des apôtres, forment le sacerdoce proprement dit; c'est à eux que se rattachent, par une ordination spéciale aussi, d'autres ministres d'un ordre inférieur, pour former tous ensemble la hiérarchie du ministère. Ainsi, l'homme est initié par l'ordination au sacerdoce particulier, et par le baptême au sacerdoce général.

Mais ce ne sont pas seulement ces commencements de la vie sacerdotale de l'homme qui sont marqués par les mystérieuses consécrations que Jésus-Christ lui-même a instituées; la vie tout entière est successivement consacrée et transformée par de semblables mystères. L'homme est affermi dans la foi par la confirmation; son âme, rendue infirme par le péché, trouve sa guérison dans la pénitence; dans le sacrement de l'autel, où Dieu lui-même lui donne sa chair en pâture et

son sang en breuvage, l'apaisement de sa faim et de sa soif; dans l'extrême-onction, les consolations qui lui adoucissent le dernier passage; enfin, le lien naturel qui unit, l'homme et la femme est également consacré, et avec lui, la famille sanctifiée.

Maintenant, si nous faisons l'application de ces considérations en regard du but qu'il s'agit d'atteindre, pour y trouver la base d'une systématisation rationnelle, nous verrons. toute l'économie du droit ecclésiastique se développer naturellement dans trois grandes divisions principales, correspondant aux trois grands pouvoirs conférés à l'Église. Conformément à ce plan, nous allons présenter successivement, au point de vue des trois pouvoirs conférés à l'Église : 1o les principes généraux de son droit; 2o le développement de ses rapports avec l'État et avec les diverses confessions politiquement autorisées; 3° enfin l'indication des sources de la science.

Ce premier ouvrage terminé, si Dieu veut bien nous en donner le temps et la force, nous en entreprendrons un second, où nous essayerons de traiter les questions particulières, en les rattachant, dans le même ordre, aux principes généraux que nous allons exposer.

LIVRE PREMIER.

PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DROIT ECCLÉSIASTIQUE.

CHAPITRE I.

JÉSUS-CHRIST ET SON ROYAUME.

S IX.

1. Quel est le fondateur de l'Église?

Le fondateur de l'Église est Jésus-Christ; Jésus-Christ, que les prophètes avaient annoncé comme le futur Messie du genre humain; que les patriarches avaient vu en esprit et en figures comme le Sauveur; que Dieu avait promis, dès l'origine, au premier homme comme rédempteur (1). C'est peu : en créant le premier homme dans l'innocence et la sainteté, Dieu avait en vue l'incarnation du Christ; aussi, avant de procéder à ce grand œuvre, le créateur du ciel et de la terre,

(1) Tertull. adv. Praxcan., c. 16. Ab Adam usque ad patriarchas et prophetas in visione, in somno, in speculo, in enigmate ordinem suum præstruens ab initio, quem erat persecuturus in finem. De resurrec. carn., c. 7. Quodcumque enim limo exprimebatur, Christus cogitabatur, homo futurus,

qui, d'une seule parole de sa bouche, avait appelé à l'existence tout ce qui est, semble s'arrêter comme pour recueillir sa pensée « Faisons l'homme, dit-il, à notre image et à notre ressemblance; >> et façonnant de la terre de sa propre main, il lui imprime la forme humaine et l'inspire du souffle de vie. C'est que le premier Adam était le type, le modèle du second; pendant que les doigts de Dieu donnaient à l'argile une configuration sublime, son œil était fixé sur l'homme futur (1). De même, en effet, que, jusqu'à la création de l'homme, la substance spirituelle et la substance corporelle avaient existé isolément, et ne s'étaient réunies qu'en lui; de même, jusqu'à l'apparition du Christ, la divinité et l'humanité étaient séparées; que dis-je ? placées depuis le péché à une telle distance l'une de l'autre, que l'homme n'osait pas même concevoir la pensée de s'approcher de Dieu. Mais en Jésus-Christ, formé selon le type du premier Adam, la divinité et l'humanité furent unies; et de même encore qu'Adam est vrai ésprit et vrai corps, de même le Christ est vrai Dieu et vrai homme (2).

Telle était l'immensité de l'abîme qui séparait Dieu de l'homme, qu'à part le peuple choisi par grâce spéciale du Seigneur, le genre humain tout entier était prosterné aux pieds de fausses déités, et voué au culte et à la pratique de tout ce que le vice peut présenter de plus hideux et de plus atroce. Ce peuple privilégié, lui-même, conduit d'une manière si merveilleuse par la main de Dieu, ne connaissait visà-vis de lui d'autre sentiment que celui d'une crainte servile, et criait éperdu de terreur à Moïse : « Tu loquere nobis ; ne loquatur nobis Dominus, ne forte moriamur (3). » Il ne fallait rien moins que le plus grand de tous les prodiges pour opérer la réconciliation de l'homme avec Dieu, et ce prodige, conçu et réalisé par celui à qui rien n'est impossible, était

(1) Genes. III, 15.

(2) S. Athanase, Symb. Sicut anima rationalis et caro unus est homo; ita Deus et homo unus est Christus; unus omnino non confusione substant iæ, sed unitate personnæ. Ventura, le Bellezze della fede, vol. I, p. 30.

(3) Exod. XX, 19.

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