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rieusement par Isaïe, et placée par la main de Dieu à la base de l'édifice (1).

Mais pourquoi, et en quoi, Jésus-Christ, dans son Église, dans son royaume, a-t-il besoin d'un lieutenant?

Il y aurait témérité, sans doute, à prétendre que le Fils du Père éternel, la source de toute puissance, et le premier-né d'entre une multitude de frères ; que le prince des pasteurs, le prêtre éternel; que celui qui tient les clefs de la mort et des enfers; que Jésus-Christ, pendant qu'il vivait sur la terre, fût obligé de recourir à un autre pour le gouvernement de son Eglise (2). Il y a plus: il n'avait nul besoin d'un successeur: car, ressuscité des morts, il ne meurt plus (3); et, par cela même qu'il vit et qu'il a promis à son Église d'être constamment avec elle jusqu'à la consommation des temps, il semblerait au contraire que l'établissement d'un représentant dût être considéré comme une superfétation.

Mais cette présence du Christ dans l'Église se rapporte uniquement, d'une part, à la divine et continuelle assistance que le Sauveur donne à son épouse (4); de l'autre, au sacrement de l'autel : ce n'est qu'ainsi qu'il est maintenant corporellement présent dans l'Église. C'est dans ce sens qu'il disait lui-même : « Vous ne m'aurez pas toujours avec vous (5). Depuis sa glorieuse ascension, il ne se montre plus d'une manière visible sur la terre, et personne ne l'y verra jusqu'au jour`où, se manifestant dans tout l'appareil de sa majesté, il viendra de nouveau pour juger les vivants et les morts.

Cependant l'Église, comme toute société, a besoin d'être gouvernée. Le Christ, sans doute, la gouverne; mais il le fait par le ministère des hommes, ses instruments et ses organes. En cela, il veut encore se conformer à la nature humaine; le

(1) Isaïe, XXVIII, 16. Basil., Homil. 28, de pœnit. - Lupoli, Juv. eccl. prælect., vol. I, p. 27.

(2) Daude, Majestas hierarchiæ eccles., P. I, p. 18. matu et infaillib. Rom. pont., p. 2.

· Laur. Veith, de Pri

(3) Rom. VI, 9.

(4) Coeffeteau, A. a. O., p. 3.

(5) Evang. Matth., XXVI, 2.

corps de l'Église étant composé d'hommes, il a voulu lui donner un homme pour chef (1). Sans doute, mis en regard de celui qu'il représente, et considéré en lui-même, Pierre est un chef bien débile, un fondement bien chancelant, un prêtre d'une sainteté bien défectueuse, un maître faillible, un roi faible et mortel; mais le Christ est avec Pierre (2), l'Esprit saint est avec Pierre; fort de cette double assistance, Pierre est en état de porter la haute dignité de vicaire du Christ, et l'honneur du Christ n'aura nullement à souffrir des infirmités de son représentant.

Ainsi le royaume de Dieu sur la terre avait besoin d'un gouvernement humain; mais ce gouvernement humain avait besoin aussi d'une assistance divine. Sans ce gouvernement, il n'y avait dans son sein aucun ordre pour le sacrifice, aucune règle pour la croyance, aucune force de cohésion pour relier et maintenir toutes les parties dans l'organisation d'un tout harmonique. Déchiré, mis en lambeaux par les divisions intestines, le corps de l'Église serait devenu la proie d'une dissolution prochaine, inévitable, si Jésus-Christ ne lui avait donné dans son vicaire un centre d'unité. Tant que le Sauveur était visible sur la terre, chacun pouvait aller à lui: il était lui-même le lien de l'unité. Mais du jour où il s'éloignait, il fallait un autre chef autour duquel les apôtres, ainsi que les autres membres de l'Église, pussent se grouper et se réunir, à la direction duquel tous demeurassent soumis, comme à la direction même du guide divin, et dont ils suivissent l'enseignement, comme l'enseignement même de Jésus-Christ (3).

Ce chef, cet organe, par lequel le Christ dirige et enseigne son Église, c'est l'apôtre Pierre.

(1) Gotti, Vera eccl. Christi., t. II, P. 1, p. 26. — Mendoza, quest. 4 schol. (2) Gotti, A. a. O., p. 27, n. 34. Christus principale caput, cujus corpus est Ecclesia et Petrus ministeriale caput ad regendum hoc corpus,

(3) August., Quest. vet. et nov. Test. q. 75. Sicut in Salvatore erant omnes causæ magisterii, ita et post Salvatorem in Petro omnes continentur. Ipsum enim constituit caput eorum, ut pastor esset gregis dominici,

S XII.

2. Prééminence de Pierre sur les autres apôtres.

Lorsque Simon Bar-Jona parut pour la première fois devant le Sauveur, présenté par son frère André, Jésus-Christ, fixant ses regards sur lui : « Tu es fils de Jean, lui dit-il, tu t'appelleras Céphas, c'est-à-dire Pierre (1).

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En annonçant ainsi à l'apôtre le changement futur de son nom, le divin Sauveur lui prédisait en même temps sa vocation à devenir, à sa place, la pierre fondamentale de l'Église. Tant de solennité, de la part d'un Dieu, dans la substitution d'un nom, a nécessairement une signification profonde (2). En changeant le nom d'Abram en celui d'Abraham, le Seigneur le désignait comme le père des croyants; en nommant Jacob Israël, il signalait celui par qui il voulait se laisser vaincre; en faisant ajouter par Moïse au nom d'Osée celui de Josué, ou Jésus, il indiquait au peuple juif qu'il lui fallait un chef de ce nom pour l'introduire dans le pays de ses pères. Est-ce en vain qu'il aura dit à son apôtre : « Tu t'appelleras Céphas? » Non: pour chacun des trois personnages que nous avons rappelés, le nouveau nom qui lui était imposé avait un sens prophétique, et ce sens s'est vérifié ; il en sera de même pour Simon, ou mieux pour Pierre; car bientôt nous verrons le divin Maître lui faire l'imposition solennelle du nouveau nom dont il a résolu de le décorer, en l'accompagnant de la promesse formelle de la faveur incomparable dont il est l'expression. Il ne lui dira plus : « Tu es Simon; mais bien : « Tu es Pierre, » et par cette appellation il le désignera comme la pierre fondamentale de l'Église (3). Le Sauveur venait d'arriver avec ses disciples à Césarée (4).

(1) Joann. 1, 42. S. Chrysost., Hom. 18. (2) Devoti, Jus canon., univ. I, 24, 25. —

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Gotti. Vera eccl. Christ., t. 11,

p. 12, n. 18. — Coeffeteau, Sacra monarchia eccles. 4, tom. II, p. 191. — Zaccavia, Antifebronius, vol. I, p. 439.

(3) Cyril., lib. II, c. 12 in Joann.

(4) Ev. Matth. XVI, 13.

« Que dit-on du Fils de l'Homme? leur demande-t-il.

«

Les

« uns disent que c'est Jean-Baptiste ; d'autres, que c'est Élie; d'autres encore, que c'est Jérémie ou un autre prophète. « Et vous, reprend Jésus, qui dites-vous que je suis? » A cette question le silence se fait parmi les disciples; une seule voix se fait entendre : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu « vivant » C'est la voix de Simon, acclamant dans le fils d'Adam le Fils de Dieu. Et Jésus lui répond : « Tu es heureux, « Simon Bar-Jona, parce que ce n'est ni la chair ni le sang qui . t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans le ciel. Et moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que tu « auras délié sur la terre sera délié dans le ciel. »

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«

Pierre est donc le premier dont la puissance dans l'Église est acclamée (1), et cela au moment même où le céleste fondateur pose la première pierre de l'édifice divin. En lui commencent tous les pouvoirs, et ils lui sont conférés avec une solennité qui en révèle toute l'étendue et toute l'éminence. Ils le sont aussi à tout le corps des apôtres, mais ce n'est que postérieurement à la collation qui en a été faite d'abord à Pierre, et sous la réserve de cette première investiture (2). Les collègues de Pierre s'inclineront dans la suite avec une respectueuse soumission devant cette prééminence de leur chef, en plaçant constamment son nom en tète de ceux des autres (3), et ils la proclameront par ce préambule consacré de tous leurs décrets: Pierre et les onze (4). Mais, dès maintenant, ils lui rendent hommage par la jalousie qu'ils en conçoivent (5). Cette prééminence, Jésus-Christ se plaît à la faire éclater en toute occasion. Il pourra bien en (1) L'auteur nous semble confondre ici la promesse avec la collation de la puissance. (Note du traducteur.)

(2) Devoti, A. a. O., p. 24. Ev. Matth. XVIII, 18.

(3) Act. II, 14.

(4) Ev. Luc, IX, 32.

-

(5) S. Thom. Aquin. Tract. c. err. græc. Quod quidem humanum scandalum

honorer d'autres de quelque faveur de distinction, mais Pierre sera toujours admis à y participer. C'est ainsi que nous le voyons sur le Thabor avec les deux autres témoins privilégiés de sa glorieuse transfiguration (1). Mais c'est en faveur de Pierre seul qu'il opérera l'admirable prodige de la mer apaisant instantanément ses flots, non plus, comme autrefois, pour les ouvrir devant les enfants d'Israël, mais pour les affermir sous les pas de l'apòtre (2). C'est Pierre qu'il charge d'aller chercher dans la bouche du poisson la pièce de monnaie destinée à acquitter la taxe pour tous les deux (3), circonstance qui, en paraissant mettre Pierre sur une sorte de pied d'égalité vis-à-vis du divin Maître, excita à un si haut degré la susceptibilité des autres apôtres (4).

Les saints Pères ne sont pas unanimes pour reconnaître si la touchante cérémonie du lavement des pieds commença par Pierre; mais ils le sont tous pour voir dans la double pêche mentionnée par l'Évangile, et dans la barque de Pierre, montée par le Sauveur, des emblèmes éclatants de la primauté de cet apôtre (5). Jésus-Christ dit bien aux autres de jeter leurs filets; mais à Pierre seul, comme pilote, il donne l'ordre de voguer vers la pleine mer. Comme Pierre, et peutêtre plus que Pierre, les autres apôtres ont partagé les labeurs › de cette pêche, ainsi que ceux de la pêche spirituelle, et Paul a été autorisé à dire : J'ai travaillé plus qu'aucun

conceperunt, quod et jam in se occultare non poterant, et tumore cordis non sustinebant in eo quod viderunt Petrum sibi præferri et præhonorari.

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(3) Ev. Matth. XVII, 26.— Chrysost. hom. 59 in Matth. Mamachi, Origin. et antiq. christ., tom. V, p. 131.

(4) Ev. Matth. XVIII, 1. - S. Jérôme in h. 1. Quia viderant pro Petro et Domino idem tributum redditum, ex æqualitate pretii arbitrati sunt omnibus apostolis Petrum esse prælatum, qui in redditione tributi Domino fuerat comparatus ; ideo interrogant quis major sit in regno cœlorum.

(5) Pseudo-Ambros., sermon. 11. Hanc igitur solam ecclesiæ navem ascendil Dominus, in qua Petrus magister est constitutus, dicente Domino: Super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam. Greg. Moral., X, lib. VII, cap. 26 :

Per navem Peti quid aliud, quam cómmissa Petro ecclesia, designatur.

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