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autre (1); mais Pierre, comme maître du navire, est à la tête des pêcheurs, et à nul autre qu'à lui il n'est donné de con duire sa barque en pleine mer (2).

Mais nous allons voir le Sauveur marquer d'une manière plus nette encore la place de Pierre au-dessus des autres apôtres. Au moment de se rendre sur la montagne des Oliviers, éveillant son attention par une interpellation itérative, il lui dit: « Simon, Simon! Satan vous a demandé pour vous «< cribler comme du froment. Mais j'ai prié pour toi, afin « que ta foi ne défaille pas. Un jour, converti, confirme tes « frères (3). » Que d'inductions à tirer de ce texte seul! Mais dans ce moment nous ne faisons que narrer. Poursuivons, en transcrivant littéralement cette scène, à la fois touchante et solennelle, où le disciple, un moment prévaricateur, expiant le crime d'un triple reniement par une triple protestation d'amour, est récompensé instantanément par la collation de la plus haute dignité dont un mortel pût jamais être investi.

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« Dicit Simoni Petro Jesus: Simon Joannis, diligis me plus his? Dicit ei: Etiam, Domine, tu scis quia amo te. « Dicit ei : Pasce agnos meos. Dicit ei iterum : Simon Joannis, diligis me plus his? Ait illi: Etiam, Domine, tu scis quia amo te. Dicit ei: Pasce agnos meos. Dicit ei tertio : Simon Joannis, a mas me? Contristatus est Petrus quia dixit ei tertio, Amas me? et dixit ei: Domine, tu omnia nosti: tú scis quia amo te. Dixit ei: Pasce oves meas (4)...

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Immédiatement après ces paroles, par une faveur qu'il n'accorda à aucun autre apôtre, le Sauveur prédit à celui qu'il vient d'instituer son représentant dans le suprême pastorat, le genre de mort qu'il lui a destiné, et pour le distinguer encore davantage des autres apôtres, il termine en lui disant Suis-moi. Pierre s'étonne de voir un autre disciple

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(1) I Cor. XV, 10.

(2) Coefféteau, p. 197. (3) Ev. Luc, XXII, 32. (4) Ev. Joann. XXI, 15.

les suivre, et interroge le Sauveur; Que t'importe, réplique le divin Maître? Quant à toi, viens à ma suite. Comme s'il lui disait : « Qu'as-tu à t'enquérir de mes intentions à l'égard des autres? Pour toi, mon lieutenant dans la vie, tu me représenteras jusque dans la mort par la similitude du trépas (1). »

La vertu divine, nécessaire à Pierre pour exercer l'apostolat en commun avec les apôtres, lui fut départie comme aux autres par l'effusion du Saint-Esprit. Pierre, appelé par sa dignité de vicaire de Jésus-Christ, non-seulement aux fonctions de l'apostolat, mais encore à la direction générale de l'Église, devait être plus abondamment pourvu de ce secours divin. Chaque apôtre reçut la grâce dans la mesure du don de Jésus-Christ; mais Dieu avait réparti inégalement l'esprit entre Moïse et ses soixante-dix compagnons ainsi il en fut pour Pierre et les apôtres. Tous brillaient de la lumière de l'Esprit saint partout où ils allaient dans l'Inde, à Rome, dans l'Illyrie, dans l'Achaïe; mais à leur tête brillait Pierre, le représentant de Jésus-Christ, le chef des apôtres. C'est lui qui le premier promulgue l'Évangile, d'abord à Jérusalem, puis au sein de la gentilité (2); lui qui opère le premier prodige. Jean est avec lui; mais c'est lui qui tend la main au boiteux, et qui lui rend l'usage de ses jambes. C'est ce miracle de Pierre, suivi peu après de l'annonce solennelle du salut qui s'obtient par Jésus-Christ, qui tire cinq mille âmes du tombeau du péché et les fait entrer dans la voie de la vérité, introduites dans l'Église par le baptême, que Pierre leur confère de sa propre main (3). C'est lui qui, par une seule parole, frappe de mort Ananie et Saphire, à cause de leur mensonge; lui qui, comme le général au moment du combat, examinant l'ordre de bataille, parcourt, visite les églises naissantes, et qui, à l'annonce de sa captivité, voit l'Église entière tomber à deux genoux et élever pour sa délivrance des supplications incessantes et univerBellarmin, D. R. pontif., lib. I, c. 21, p. 391.

(1) Ev. Joann. XXI, 18.
(2) Act. II, 14, X, 34.
(3) Act, III, 6.

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selles (1); lui qui dans l'assemblée des apôtres et des anciens élève la voix après les discussions animées du concile, et met fin aux débats par la décision qu'il prononce (2). Enfin, c'est à lui, et pour saluer en lui le chef de l'Église, que Paul accourt des régions lointaines où il exerce la mission qu'il tient immédiatement de Jésus-Christ (3).

Toutes ces prérogatives de Pierre, si authentiquement consignées dans la sainte Écriture, tous les Pères, ceux d'Orient comme ceux d'Occident, s'évertuent à l'envi à les célébrer. Tous exaltent dans Pierre l'apôtre choisi entre tous les autres par Jésus-Christ et placé par lui-même à la tête de l'Église. Quelques-uns, peu contents de l'appeler le coryphée des apôtres (4), lui donnent cette qualification intraduisible dans nos langues modernes, xopupaιótatos (5). « Salut, ô toi, s'é«< crie saint Éphrem, toi, le témoin des disciples du Seigneur, « la voix des hérauts, l'œil des apôtres, la sentinelle des cieux, le premier-né d'entre ceux qui portent les clefs (6). D'autres le nomment le premier, le grand, le chef, le pásteur suprême, le prince ('Etapos, princeps apostolorum), le docteur et le supérieur de toute la terre, le fondement de l'Église et de la foi (7).

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Immédiatement au-dessous de Pierre, nous voyons la sainte Écriture et les saints Pères donner à Paul un rang très-distingué; certains passages semblent même égaler le second au premier, ou plutôt lui donner une sorte de prééminence (8). L'un et l'autre avaient travaillé à la fondation de l'Église de Rome, et voilà pourquoi plusieurs Pères les ap

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(5) Cyril., de Jérusalem, et Epiphanius.

(6) Epiph., Hær. 27.- Cyrill. Hieros., cat. 6. — Chrysost., Homil. 32 in

Epist. ad Rom.

(7) On trouve dans Klée un recueil précieux des passages des SS. PP. relatifs à ce sujet.

(8) S. Ambr., Serm, 66, de Nat. Petri et Pauli.

pellent l'un et l'autre les premiers d'entre les apôtres et d'entre les évêques, les princes de l'Église, les yeux de Rome, les coryphées des saints, les pères et les pasteurs de Rome (1). La dénomination d'apôtre est même affectée à Paul d'une manière toute spéciale, de telle sorte, qu'appliquée dans le sens absolu, elle est devenue le synonyme de son nom. Mais s'il est vrai de dire qu'au point de vue de l'action apostolique Paul l'emporte incomparablement sur Pierre, il est également vrai de dire que la dignité de Pierre, comme fondement de l'Église, ne souffre aucune atteinte de cette sorte d'infériorité, et le place à une hauteur où Paul est tout aussi loin d'atteindre (2). Collaborateur de Pierre dans la fondation de l'Église de Rome, Paul peut absolument être décoré comme lui du titre glorieux de prince de cette Église, mais ce titre n'implique pas pour lui celui de chef suprême de l'Église universelle (3).

Paul résiste à Pierre à Antioche, après le concile de Jérusalem. On ne peut conclure de ce conflit que Paul né reconnaissait pas la suprématie de Pierre; ce serait se mettre en contradiction flagrante avec Paul lui-même, qui, en attachant une si grande importance à son opposition au prince des apôtres, rendait par là même un éclatant hommage à sa primauté (4).

Concluons ce simple exposé en disant que l'Église, en cela fidèle écho de la parole divine, des saints Pères et de toute

(1) Lev., Serm. I, de Natal. apostolor.

(2) Coeffeteau, Sacra monarch. Eccl. cat., tom. I, p. 74.

(3) August., ad Bonif., III, 3.

(4) Bellarmin, de Rom. pontif., lib. I, chap. 27.— Klée, page 211. Rome vit le même jour (29 juin 67) les deux saints àpôtres sceller de leur sang leur glorieuse mission. Voir pour les preuves historiques de ce fait Clém. Epist. I, ad Corinth., c. 5, dans Schænemann, Pontif. Rom. Epist. geminæ. - Tertull. de Præscript., c. 36.- Felix ecclesia (Roma) cui totam doctrinam apostolicum suo sanguine profuderunt; ubi Petrus passioni dominicæ adæquatur, ubi Paulus Johannis exitu coronatur. — Leo, Serm. 82, c. 5. — Atticolius, Summa augustiniana, P. I, p. 169. — Corlesius, p. 88. - Natal. Alexander, Hist. Eccles., t. IV, p. 49. — Devoti, Jus can. univ., I, p. 79.Des protestants même ont renda hommage à ce fait. Richter, Lehrbuch desKathal., a prot. Kirchenrechts, p. 34.

la tradition, a de tout temps considéré le dogme de la prééminence de saint Pierre comme un dogme sacré, et condamné comme hérétiques toutes les propositions dont le sens ou la tendance est de placer sur le même rang que Pierre, soit tout le corps des apôtres, soit l'apôtre saint Paul (1).

Parmi les magnifiques prérogatives que Jésus-Christ a données à saint Pierre, la plus éminente est celle qui le constitue la pierre fondamentale de l'Église. C'est elle qui est tout à la fois la clef de voûte de l'édifice de l'Église et la base de tous les autres priviléges de Pierre, lesquels se résument dans les trois grands pouvoirs qui lui ont été départis. Nous allons les examiner successivement.

S XII.

3. Pierre, considéré comme pierre fondamentale sur laquelle l'Église est bâtie.

Tu es Petrus! » Matth. XVI, 18.

Cette parole: Tu es Pierre, a fait de Simon le fondement de l'Église, le roc qui sert de pierre angulaire à l'édifice divin (2).

Ainsi c'est sur Jésus-Christ et sur Pierre, devenu son lieutenant, en récompense de la confession et de la fermeté de sa foi, que l'Église est fondée, fondée non-seulement sur lui mais par lui; ce sont ses mains sacrées qui, immédiatement après l'effusion de l'Esprit saint, ont posé les premières assises de cette merveilleuse construction (3), contre laquelle doivent venir se briser et la furie des enfers et la perversité humaine. On en voit l'inébranlable solidité jusque dans l'impuissance des efforts mille fois tentés par l'hérésie pour cor

(1) Decr. Innoc. X, 29 janv. 1647.

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Vide Bellarmin, de Vi ac ration. prim., cap. 3. Bolgeni, l'Episcopato, p. 18.

(2) Tertull., de Pudic. cap. 21. In ipso Ecclesia exstructa est, id est, per ipsum.

(3) Aster., Amasen. homil. in SS. apost. Petr. et Paul., n. 4. Bolgeni, l'Episcopato, p. 50

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