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les eaux, lui et non sa foi; de même c'est par la vertu de sa foi qu'il est devenu, lui et non sa foi, le fondement de FÉglise. La foi, qu'on nous passe cette locution bizarre mais juste, est la cause du fondement, mais non le fondement même (1).

Saint Augustin, dans sa polémique avec les donatistes, qui faisaient dépendre la vertu et l'efficacité des sacrements de l'état spirituel du ministre, s'arme aussi contre eux du passage en discussion, et pour placer en Jésus-Christ seul la source de tous ces canaux de la grâce, il le montre comme celui qui, à proprement parler, est le fondement de l'Église (2). On ne peut méconnaître que saint Augustin, qui d'ailleurs n'a jamais élevé l'apparence même d'un doute sur la primauté de Pierre (3), hésite ici sur la question de savoir lequel, de Jésus-Christ ou de Pierre, doit être considéré, dans l'acception stricte du mot, comme le fondement de l'Église; et cela est si vrai, qu'il abandonne la décision au lecteur. Mais cette hésitation même du grand docteur ne fait autre chose que mettre dans un jour plus éclatant la pensée du Sauveur en appliquant à Pierre une qualification qui, dans l'essence des choses, n'appartient qu'à lui seul, en la lui appropriant au point de l'identifier en quelque sorte avec lui-même, son intention n'était-elle pas évidemment qu'il ne fût fait, sous ce rapport, aucune distinction entre lui et son représentant? Et en effet, lieutenant de celui qui est le fondement essentiel et proprement dit, Pierre est devenu fondement lui-même, et il a un droit incontestable à ce titre (4).

(1) De Simeonibus, p. 26. Propterea si cum scholasticis loqui velimus, Petrum formaliter, fidem vero causaliter Ecclesiæ fundamentum esse dicemus. Bolgeni, l'Episcopato, p. 24.

(2) S. Augustin admet lui-même le sens littéral du passage, puisqu'il dit Harum autem duarum sententiarum, quæ sit probabilior, eligat lector.

(3) Serm. XIII, de Verb. Domin. Idem ergo Petrus, a Hergo cognominatus beatus, Ecclesiæ figuram portans, apostolatus principatum tenens. Serm. 76, chap. III; Serm. 147, c. I. - Contra Julian. 1, cap. 4.

(4) Duhamel, Dissertation canonique et historique sur l'autorité du saintsiége, p. II, art. 1, p. 274. - Maxim. Taur., Hom. 54, - Dévoti, p. 34,

Origène aussi, prenant dans un sens large et allégorique la parole Tu es Petrus, considère chaque fidèle, membre de l'Église, comme une pierre qui fait partie de l'édifice (1); mais il est loin de sa pensée d'exclure le sens littéral du passage. Il veut dire simplement que tout fidèle devrait être comme Pierre (2).

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Ce qui peut se dire, sans tomber dans le sens purement accommodatif ou allégorique, c'est que les apôtres en général sont les fondements de l'Église. Saint Paul écrivait aux Éphé siens « Vous êtes établis sur le fondement des apôtres et « des prophètes (3). » On a voulu inférer de là que la confession de Pierre avait été faite au nom de tout le corps des apôtres, et conséquemment que la réponse de Jésus-Christ : « Tu es Pierre se rapportait aux autres comme à lui. On admettra bien d'abord que l'imposition du nouveau nom donné à Pierre ne regarde que lui; nul autre que lui, dans tout le canon de la sainte Écriture, n'est désigné sous ce nom; et cette circonstance, à elle seule, dit assez comment toute l'antiquité chrétienne a entendu la chose. Mais ensuite n'estce pas Pierre, et Pierre, à l'exclusion de tout autre, qui fut favorisé de la révélation divine? Le témoignage du Sauveur sur ce point ne saurait être plus explicite. C'est lui et lui seul qu'il loue, lui et lui seul qu'il proclame heureux pour en avoir été l'objet.

Que, nonobstant cela, on puisse dire dans un certain sens que Pierre avait parlé pour les autres; que sa réponse au divin Maître était celle du disciple prenant la parole au nom de ses compagnons réduits au silence par l'impuissance de parler eux-mêmes (4); que Dieu l'avait inspirée à Pierre, et

(1) Origène, Tract. 1 in Joan. p. 19.

Veith, A. a. O., p. 13. -De Simeonibus,

(2) Homil. 5 in Exod. - Huet, Observationes in Orig., p. 46.

(3) Ephes. II, 20.

(4) Hilar., Comm. in Matth., 15, n. 17. Et hoc in Petro considerandum est, fide eum cæteris anteisse. Nam, ignorantibus cæteris, primus respondit : Tu es Christus filius Dei vivi.

Optat. Milev., lib. 7. C. Parmenian., cap. III: Ecce cæteris non agnoscenti

que celui-ci, en la donnant, faisait part à ses collègues de la révélation divine, et parlait tant en leur nom qu'au sien propre la chose ne peut être mise en doute; et, dans cette limite, il sera vrai de dire que les apôtres sont le fondement de l'Église; car c'est bien sur eux, témoins privilégiés de sa vie, et non sans doute sur les prêtres juifs, ni sur les puissances du siècle, ni sur Hérode et Tibère, que le Christ avait bâti son Église. Mais il n'en reste 'pas moins vrai aussi qu'en disant à Pierre: Tu es Petrus, etc., le Sauveur l'établit à sa place, comme le fondement de l'apostolat tout entier (1). -Voilà le fondement sur lequel repose l'Église; c'est sur lui que s'élève le magnifique édifice dans lequel le Christ a déposé ses trésors, sa pleine autorité et ses pouvoirs souverains. Dans l'Église et sur le fondement qui soutient tout, nous, voyons s'élever le suprême sacerdoce, le ministère doctrinal et la royauté du Christ. Ces trois augustes caractères, inséparablement unis entre eux, se réunissent de la même manière dans la personne de Jésus-Christ, et s'y manifestent dans leur expression la plus élevée. Pontife suprême, il tient les clefs du royaume des cieux; prophète et docteur, il a les paroles de la vie éternelle; roi, le sceptre patriarcal. Or, comme le fondement de l'Église sur la terre est un fondement par délégation, il en est de même aussi du suprême sacerdoce, de l'enseignement et de la royauté qui repose sur ce fondement. Le sacerdoce, Jésus-Christ l'a conféré à Pierre en lui donnant les clefs: Tibi dabo claves; l'enseignement, en lui faisant la promesse de sa confirmation dans la foi: Rogavi pro te... confirma fratres tuos; la royauté, en lui intimant l'ordre de paître son troupeau dans la charité : Pasce agnos meos (2).

bus filium Dei, solus Petrus agnovit. - Claves regni cœlorum communicandas cæteris solus accipit,

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(2) Gregor., Epist. ad Eulogium episcop., tom. II, p. 888: Quis enim nesciat sanctam Ecclesiam in apostolorum principis soliditate firmatam, qui firmi tatem mentis traxit in nomine, ut Petrus a petra vocaretur? Cui veritatis voce

IV. DES POUVOIRS CONFÉRÉS A PIERRE COMME CHEF DE L'ÉGLISE INSTITUÉE PAR JÉSUS-CHRIST.

S XIV.

1. Suprême sacerdoce de Pierre.

«Tibi dabo claves regni coelorum. » MATTH. XVI, 19.

En instituant son premier apôtre pierre fondamentale de l'Église, avec l'assurance que jamais les portes de l'enfer ne prévaudraient contre elle, Jésus-Christ faisait une allusion sensible au fondement du temple de Jérusalem, repoussant dans les profondeurs de la terre les eaux qui mugissaient sous ses assises inébranlables. En ajoutant ensuite: « Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, » il faisait une allusion non moins évidente pour tous les Juifs à la souveraine pontificature, dont les clefs, dans l'Ancien Testament, avaient été constamment le symbole (1). Chez différents peuples de l'antiquité, chez les Romains, par exemple, ainsi que parmi les tribus germaniques, les clefs étaient considérées comme un emblème de l'autorité, et notamment de l'autorité domestique conférée à la femme par le mari. De là aussi, chez ces mêmes peuples, l'usage de symboliser le divorce ou la répudiation par le retrait des clefs des mains de la femme (2).

dicitur: Tibi dabo claves regni cœlorum. Cui rursus dicitur : Et tu aliquando conversus, confirma fratres tuos. Iterumque : Simon Joannis, amas me ? Pasce Öves meas.

Note du traducteur. L'auteur, en restreignant ici le sens des paroles du divin Maître, pour en faire naître sa division, n'a pas dessein sans doute de nier que ces paroles n'aient un sens plus général. Les mots Tibi dabo claves se rapportent directement à la puissance du gouvernement, dont les clefs sont le signe. Compar. Isaïe, XXII, 22. C'est la promesse de la primauté avec tous les droits qui en découlent. Les mots Pasce oves meas, où nous trouvons l'accomplissement de cette promesse, ne sont pas moins généraux. Ils expriment le droit et le devoir de paître et de nourrir par le pain de la parole, par la grâce des sacrements, aussi bien que la royauté, ou puissance législative de Pierre. (1) Bellarmin, de Rom. pontif., I, cap. 13, p. 302. — Lupoli, Jur. eccles. prælect., vol. I, p. 107. - Devoti, Jus canon. univ., I, p. 25.

(2) Cicero, Philipp. II, 28. — Grimm, Deutsche Rechtsalterthümer, S. 276.

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Ainsi en usait le Christ à l'égard de la synagogue, cette épouse stérile et infidèle: il rompait l'ancienne alliance pour conclure la nouvelle avec l'Église, sa fiancée fidèle et immaculée (1). Autrefois Dieu, réprouvant un ministre prévaricateur, lui avait dit par la bouche d'Isaïe: « Je te déposerai « de ton emploi et de ta dignité, et j'appellerai mon serviteur Eliakim, et je le revêtirai de tes ornements, et je mettrai « la clef de la maison de David sur son épaule, et il ouvrira, « et il n'y aura personne pour fermer, et il fermera, et il n'y « aura personne pour ouvrir (2). » Le même prophète, faisant allusion au pouvoir des clefs placées emblématiquement sur l'épaule du grand prêtre, avait dit du Messie : « Sa puissance est sur ses épaules (3), » locution que Jean modifie à peine quand il dit : « Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David, qui ouvre, et personne qui puisse fermer; qui ferme, et personne qui puisse ouvrir (4). » Jésus-Christ parlait le même langage quand il disait à Pierre: « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu lieras sur la terre séra lié dans le ciel, « et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. » Il lui disait équivalemment : « Je te fais pontife suprême dans mon Église, mon royaume sur la terre. Moi qui vis dans l'éternité, et qui ai les clefs de la mort et de l'enfer (5), je te confère le pouvoir pontifical des clefs, et ce que tu auras lié sur la terre restera éternellement lié, et personne ni sur la terre ni dans le ciel, sans m'excepter moi-même, ne le déliera jamais; comme aussi ce que tu auras délié sur la terre restera éternellement délié, et personne, ni sur la terre ni dans le ciel, sans m'excepter moi-même, ne le liera jamais. » JésusChrist ne pouvait parler d'une manière plus claire, plus explicite, plus énergique. Ultérieurement, il donne aussi aux

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(1) Sepp, A. a. O., S. 279.

(2) Isaïe, XXI, 19.

(3) Isaïe, IX, 10.

(4) Apoc. III, 7.

(5) Apoc. I, 18: Ego sum vivens in sæcula sæculorum, et habeo claves mortis et inferni.

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