Sayfadaki görseller
PDF
ePub

1

apôtres le pouvoir de lier et de délier; mais ce pouvoir, semblable chez tous, quant à l'objet en général, est dans Pierre le pouvoir suprême, dans les autres un pouvoir subordonné. Le premier est le centre, le second le rayonnement. Les apôtres, eux aussi, peuvent lier et délier, mais seulement ce que Pierre n'a pas lié ou délié lui-même; tandis que Pierre peut lier ou délier ce qui a été délié ou lié par les autres; car, ayant reçu leur pouvoir en commun avec Pierre; ce n'est qu'autant qu'ils l'exercent en commun avec lui que l'usage qu'ils en font est ratifié dans le ciel. Oui, le pouvoir suprême des elefs a été donné à Pierre, à l'exclusion de tout autre, sans excepter l'Église elle-même; c'est ce qui résulte évidemment des paroles du Sauveur (1); et il est impossible, sans en renverser la contexture si simple et si naturelle, de les entendre dans ce sens, que Jésus-Christ a confié ce pouvoir mmédiatement à l'Église, et que Pierre l'a reçu de la main de celle-ci (2).

C'est à peine si nous avons besoin de dire que les Pères de l'Église, dont nous avons déjà plusieurs fois invoqué le témoignage si éclatant en faveur de la primauté de Pierre, voient dans la collation du pouvoir des clefs celle de la suprémé pontificature, dignité, du reste, dont le prince des apôtres était déjà virtuellement investi en tant que pierre fondamentale de l'Église. En s'attachant à faire ressortir que c'est à Pierre, à Pierre seul, que Jésus-Christ a dit : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux», ils le proclament

(1) Leo, Serm. III in anniv. assumpt. suæ, cap. 4, cap. 24, q. 1. S. Pet. de Márca, de Discrim. cleric. et laïc., p. 103. Quæ pollicitatio Petro facta ad cæteros quoque apostolos pertinebat et ad Ecclesiam universam ejusque pastores in futurum præficiendos, scilicet ut scirent omnes pontificii potestatem semper cum Petri Ecclesiæ capitis communione et unitate retinendam; ad quod ipse præcipue cum potestate ligandi contumaces huic unitati cogere posset. (2) Tertull., Scorp., cap. 10. Memento claves hic Dominum Petro et per hunc Ecclesiæ reliquisse. Schelstraté, Antiquit. eccles., tom. II, p. 132. Cum enim immediate antea locutus fuisset de Ecclesia, dum dixit: Portæ inferi non prævalebunt adversus eam, quidnam obstat, quominus adjunxisset et Dabo illi claves regni, si illas immediate dare voluisset Ecclesia? Non dixit illi, sed Dabo tibi.

par cela même hautement le dépositaire des célestes clefs (1). « C'est lui, disent-ils, qui a reçu les clefs pour les trans« mettre aux autres (2). C'est lui, dit notamment saint Hi« laire, qui à les clefs dans sa main; et c'est pourquoi ses jugements terrestres sont des jugements célestes (3). »

[ocr errors]

Nous avons vu à combien d'interprétations erronées avaient donné lieu certains commentaires faits par les Pères de l'Église du passage: Tu es Pierre. On ne pouvait manquer d'abuser également des passages de ces saints docteurs relatifs au pouvoir des clefs (4). On a dit : Le pouvoir des clefs est dans l'Église; car c'est ainsi que parlent les saints Pères. Et on a dit vrai : tel est en effet le langage de plusieurs d'entre eux, de saint Augustin en particulier, et ce langage est parfaitement exact. Mais s'il est de tout point indubitable que le pouvoir des clefs est dans l'Église, il ne l'est pas moins non plus que ce pouvoir a été conféré à Pierre, comme chef de l'Église, et que l'Église en est investie par l'intermédiaire de Pierre (5). On peut donc dire en toute vérité, pourvu qu'on l'entende bien, que le pouvoir de lier et de délier est dans l'Église. Le pouvoir royal est, sans contredit, dans tout État monarchique, et en disant cela, on n'entend dire autre chose sinon que dans l'État il existe un pouvoir royal, personnifié dans un seul, et dont tous les autres émanent en lui restant subordonnés. Quel chaos dans l'Église, si le pouvoir des clefs existait dans le sens que l'on voudrait donner au passage allégué! Or, c'est précisément pour conserver l'unité, pour fermer la voie aux divisions et aux schismes, que Jésus-Christ a déposé le pouvoir suprême sur les épaules de Pierre, comme son représentant, son vicaire dans le souverain ponti

(1) Basile, Serm. de Contub.

(2) Optat. Milev. C. Parmen. VII, 3: Claves regni cœlorum communicandas cæteris solus accipit.

(3) Hilar., Trin. VI, 37: Hinc regni cœlorum habet claves, hinc terrena ejus judicia coelestia sunt.

(4) Vide Ballerini, De vi ac ratione primatus Rom. pontif., cap. IX.

(5) Vide l'ouvrage : Quis est Petrus? p. 5, p. 91. - Petav., de Eccl. hierarch. III, cap. 16.

[ocr errors]

ficat de la nouvelle alliance. En vertu de ce pouvoir, ceux qui se séparent de lui et refusent de' rester dans sa communion ici-bas, il les exclut aussi de la communion du royaume de Dieu dans le ciel (1).

S XV.

2. Autorité doctrinale de Pierre.

<< Rogavi pro te... confirma fratres tuos. » Luc, XXII, 32.

« A qui irons-nous? C'est vous qui avez les paroles de la vie éternelle (2). » La consolation des disciples du Seigneur, tant qu'ils l'avaient au milieu d'eux, était de pouvoir aller à lui pour recueillir de sa bouche divine les paroles de la vie éternelle; mais à qui ira l'Église, quand celui qui était sa lumière sera rentré dans son céleste séjour? En faisant de Pierre le roc sur lequel il établissait inébranlablement son Église, le Christ lui a promis par là même implicitement l’indéfectibilité de sa foi, et conséquemment aussi l'indéfectibilité de celle de Pierre, sur qui elle est båtie (3). Mais pour unir plus intimement encore, sous ce rapport, l'Église entière avec son chef, le Sauveur parlera de la manière la plus formelle,

1

Entouré de tous les apôtres, il choisit Pierre, et s'adressant spécialement à lui, il leur annonce à tous les dangers dont les menace l'ennemi du genre humain : les combats qu'ils auront à soutenir de la part de l'infidélité et de l'hérésie. «< Simon, Simon, Satan vous a demandés (toi et les autres) pour vous cribler (toi et les autres), comme du

:

(1) Beda, in H. I. Math. Ideo S. Petrus specialiter claves regni cœlorum et principatum judiciariæ potestatis accepit, ut omnes per orbem credentes intelligant, quia quicumque ab unitate fidei vel societatis illius quolibet modo semet. ipsos segregant, tales nec vinculis peccatorum absolvi, nec januam posse regni cœlestis ingredi.

(2) Ev. Joann. VI, 69.

(3) Eck, de Primatu Petri, lib. I, cap. 45.

Devoti, Jus can. univ., p. 33,

- Soardi, de Suprema romani pontificis auctoritate, præf., p. 20.

froment. » Et continuant de s'adresser à Pierre, il dit, non J'ai prié pour vous, mais « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. » Si, en dépit d'un langage si clair, on voulait néanmoins prétendre que Jésus-Christ a en vue tout le corps des apôtres, cette supposition tomberait immédiatement devant la mission spéciale dont il charge Pierre à l'égard de ses frères dans l'apostolat. 11 doit recevoir, par l'effusion du Saint-Esprit, la pleine illumination de la foi, et, devenu ainsi rocher inébranlable, son devoir sera de confirmer ses frères. Cette assurance si importante, si magnifique, de l'indéfectibilité, ce n'est donc point aux apôtres qu'elle est donnée; bien loin de là, il leur est recommandé, s'ils veulent être fortifiés, de s'adresser à Pierre. Ils ne sont forts que de la force de Pierre; ils ne sont solides que de la solidité du fondement posé par Jésus-Christ. C'est pour la foi de Pierre que le Sauveur a prié; c'est donc l'invincible force de Pierre qui rendrą les autres inébranlables; la grâce de l'assistance d'en haut reposera d'abord sur le prince des apôtres, et ne passera qu'ensuite aux autres, et par son intermédiaire et son action: telle. est l'économie divine (1); tel est le lien qui doit unir inséparablement le chœur apostolique à celui qui est à sà tête (2). Jésus-Christ, il est vrai, a promis à tous les apôtres d'être avec eux jusqu'à la consommation des siècles; mais cette promesse ne s'adresse pas à chaque apôtre en particulier, mais bien au corps apostolique uni nécessairement à son chef (3). Or, tel le corps de l'homme qui, selon le langage du Sauveur, tire tout son éclat de la lumière de l'œil, tel le corps de l'Église tire sa lumière dans la foi de son union avec celui

(1) S. Lio. Magn., Serm. 4 in anniv. Assumpt. suæ, cap. 3.

(2) Note du traducteur. L'auteur ne veut pas nier le don d'infaillibilité, d'inspiration même, accordé personnellement à chaque apôtre; mais il ne considère ici dans les apôtres que le pouvoir ordinaire ou épiscopal, tel qu'il devait se transmettre au corps des évêques jusqu'à la fin des siècles. Envisagé sous ce point de vue, il est vrai que le collége apostolique n'a reçu aucune promesse, indépendante de son union avec le chef suprême de toute l'Église. Au reste, l'auteur explique lui-même sa pensée un peu plus bas.

(3) Ev. Matth, XXVIII, 20. — Vide, Quid est Petrus ? p. 17.

qui la gouverne et à qui la prière du Christ a assuré l'indéfectibilité. Qui oserait contester, qui pourrait mesurer l'efficacité de cette prière de l'Homme-Dieu? Elle a eu nécessairement pour effet de produire et de développer dans Pierre l'adhésion la plus prompte, la plus énergique, la plus invincible aux vérités révélées (1). Aussi est-ce par lui que la gentilité a été renversée, que l'hérésie a été vaincue et que les frères ont été confirmés. A qui donc les apôtres iront-ils? La parole du Christ ne leur permet aucune hésitation à cet égard. Si Satan menace de les cribler comme du froment, qu'ils aillent à Pierre, et ils sont assurés d'être fortifiés. Confirmés en grace, les apôtres n'avaient personnellement rien à redouter des embûches que le diable ne cessait de leur dresser; il n'était pas à craindre que quelqu'un d'entre eux se`détachàt jamais du chef de l'Église; mais le collége apostolique devait servir de modèle à tout l'épiscopat des siècles futurs, et c'est pourquoi Jésus-Christ a voulu tracer luimême à tous les évêques la règle qu'ils doivent suivre, et établir, dès le commencement, les rapports qui subsisteront jusqu'à la fin entre le chef et les membres (2).

S XVI.

3. Royauté de Pierre.

« Pasce agnos meos.

Pasce oves meas. » JOANN. XXI, 15.

Pierre est, en vertu de l'institution divine, la pierre fondamentale de l'Église; il est investi du souverain pouvoir pontifical des clefs (3); il a été placé à la tête des apôtres

(1) Evang. Joann. XI, 42: Ego scio, quia semper me audis. Exauditus est pro sua reverentia.

[ocr errors]

Hebr. V, 2.

(2) August., De corrupt. et gratia, cap. 8. Devoti, p. 43. Sacra monarch. eccl. cat., tom. 1, p. 49. — Ballerini, De vi ac ratione prim., pag. 22, p. 87.

(3) L'auteur semble oublier encore ici de distinguer la promesse de l'investi. ture; mais cette distinction est sans conséquence au point de vue doctrinal; on peut arguer, avec tout autant de force, de la simple promesse que du fait

« ÖncekiDevam »