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S II.

2. De l'Église.

Il n'y a qu'une vraie religion; il n'y a aussi qu'une vraie Église, l'Église fondée par Jésus-Christ.

« Tu es Pierre (Пéτpos), et sur cette pierre je bâtirai mon Église, dit le Fils de Dieu à l'apôtre Simon, et les portes « de l'enfer, continue-t-il, ne prévaudront point contre elle, « et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que « tu auras lié sur la terre sera aussi lié dans le ciel, et ce « que tu auras délié sur la terre sera aussi délié dans le « ciel (1). » L'Écriture sainte ne nous montre que dans deux circonstances le Sauveur employant le mot Église dans le sens qu'il y attache ici. Dans la première, et c'est celle à laquelle se rapportent les paroles que nous venons de citer, il est question du pouvoir des clefs, promis à Pierre, comme prérogative du prince des apôtres; dans la seconde, il est question de ce même pouvoir, en tant qu'il doit s'étendre aux autres membres du collége apostolique (2). Dans l'une et dans l'autre, le mot Église (Ecclesia) désigne le royaume de Dieu sur la terre dans sa relation au royaume du ciel.

Pour ce qui est du mot lui-même, si nous voulons en examiner la physionomie, nous verrons que, dans le latin comme dans l'allemand, c'est le grec qui a fourni l'expression de l'idée. Le mot latin ecclesia signifie assemblée appelée. Le mot allemand kirche, dérivé de xúptos, seigneur, indique par là même l'assemblée de ceux qui reconnaissent véritablement le Seigneur comme leur maître, qui entendent l'appel de ce maître et marchent à sa suite. Le mot Église, dans un sens, est donc l'antinomie de celui de Synagogue, qui donne l'idée d'un troupeau isolément réuni, et montre

(1) Matth. XVI, 18.
(2) Idem, XVIII, 17.

la profonde ligne de démarcation qui séparait les Juifs du reste des peuples (1). L'Église, c'est la grande société visible, où l'humanité tout entière est appelée à entrer, la société fondée sur la nouvelle alliance, et qui a pour chef le Christ, le Seigneur (Kúpios), et nulle autre société ne peut revendiquer ce titre. Ce n'est que dans son sein que sont en pleine vigueur l'alliance et les lois émanées de l'autorité de son fondateur céleste; et il n'y a que celui qui reconnaît le Seigneur comme tel, qui doive aussi être reconnu par lui comme membre de l'alliance; quiconque s'y refuse en est exclu, exclu de l'unité avec lui, exclu pour ce monde et pour l'autre. C'est là, dans l'Église, que Dieu a organisé la sublime hiérarchie d'un gouvernement sacré; là qu'il a établi la chaire de son gouvernement; là qu'il a placé les sources divines où l'homme doit aller puiser le salut, et dont les eaux jaillissent vivifiantes autour de celle qui est leur centre, autour du sacrement de l'autel, résidence réelle et permanente du Seigneur lui-même. Et certes, où sera l'Église, sinon là où le Maître, le Seigneur, réside en personne?

Les apôtres, dans leurs épîtres, soit qu'ils parlent de l'assemblée des fidèles prise dans son ensemble, soit qu'ils n'aient en vue qu'une église particulière, se servent indifféremment du mot ecclesia, et dans l'un et l'autre cas ils l'appliquent dans le sens que nous lui avons attribué; dans l'un et l'autre cas, le mot désigne, conformément à son acception, une société d'appelés. Définie dans l'application la plus large et dans la signification propre du mot, l'Église est donc le royaume du Christ sur la terre, composé de la société de ceux qui sont appelés par la foi en Jésus-Christ, et ayant pour fondement l'apôtre Pierre, comme vicaire du Christ.

Ainsi donc, si, d'une part, il n'est pas possible de concevoir l'Église sans Jésus-Christ, fondement véritable, pierre angulaire de ce mystérieux édifice, de l'autre, il est tout

(1) Tournely, Prælectiones theologica de Ecclesia. Vol. I, p. 8. -- Lupoli, Juris ecclesiastici prælectiones. 1, p. 12 sqq.

aussi impossible de la concevoir sans Pierre, représentant de celui sur qui elle repose. Donc, qu'on ne nous parle pas d'église juive, ou musulmane, ou païenne; il n'y a qu'une église l'Église chrétienne, l'Église du Christ. Qu'on ne nous parle pas non plus d'église luthérienne ou zwinglienne, ou calviniste; il n'y a qu'une église, l'Église catholique et romaine, l'Église de Pierre. Hors de son sein, vous pouvez nous montrer des sociétés de croyants; mais ces croyants, eussent-ils même la foi en Jésus-Christ, ne forment point l'Église, parce que Jésus-Christ a fondé son Église sur Pierre, à l'exclusion de tout autre, et que celui qui ne croit pas en Pierre ne croit pas à la parole de Jésus-Christ. Écoutez plutôt Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. - Et toi, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. A l'acclamation du disciple a répondu instantanément l'acclamation du maître, et le plus magnifique élan de la foi a reçu immédiatement sa récompense dans la plus magnifique des promesses.

Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus (1). L'Église ne se compose pas seulement de ceux-ci, mais encore de tous ceux-là. Ce passage nous montre le royaume du Christ sur la terre dans son rapport avec le royaume céleste, qui n'admet dans son sein que les élus. L'Église n'est pas une société de saints, dans le sens strict du mot; mais la société de ceux qui par la consécration du baptême sont appelés à devenir saints. De même que le tégument appartient au grain, ainsi les pécheurs appartiennent à l'Église (2); de même que l'arche de Noé avait recueilli des animanx purs et des impurs, ainsi dans l'Église se trouvent des bons et des méchants.

L'arche est une des nombreuses figures dont se servent les

(1) En d'autres termes : Parmi le grand nombre de ceux qui sont appelés à l'Église de la terre, Ecclesia militans, il n'y en a qu'une petite partie à qui parvienne l'appel à l'Eglise du ciel, Ecclesia triumphans.

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(2) Vide les passages des saints Pères relatifs à ce sujet. bd. I, S. 118, et Lupoli, a. a. O., p. 14.

Vide Rom. IX,

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saintes Écritures pour désigner l'Église; au-dessus de toutes les autres images ou comparaisons plane celle qui la représente comme le corps de Jésus-Christ, dont il est lui-même. le chef, et dont ceux qui y sont appelés sont les membres (1). Cette sublime considération ne place d'abord devant les yeux qu'une image du corps humain; mais elle a un sens beaucoup plus profond, et met en regard, non en figure, mais en réalité, le corps même de Jésus-Christ. De même que le Fils de Dieu s'est revêtu de la chair de l'homme, et par là a réuni dans sa personne la divinité et l'humanité, de même il s'est incorporé dans l'Église. Il fallait que l'édifice qu'il a bâti sur le roc, s'il devait braver les portes de l'enfer, fût animé du souffle de sa propre vie, et c'est pourquoi il a fait de l'Église son corps vivant, le seul qui pût être à l'épreuve des fureurs de l'enfer. A ce point de vue, l'Église, c'est le Fils de Dieu se manifestant sans cesse parmi les hommes sous la forme humaine, se renouvelant dans une éternelle jeunesse ; c'est l'incarnation en permanence (2).

Tous ceux qui descendent du premier homme sont, en vertu de cette génération, hommes eux-mêmes; tous les hommes aussi doivent descendre spirituellement du nouvel Adam; ils doivent être chrétiens, c'est-à-dire membres de son corps, de son Église. Ils sont donc chrétiens, non comme sectateurs de sa doctrine, mais comme ses frères. De même que le Verbe a revêtu l'humanité, ils doivent, eux, revêtir sa divinité; ils doivent être d'autres christs: oints comme lui, couronnés, rois comme lui (3). Dans cette acception transcendantale du mot, il n'y a sans doute qu'un bien petit nombre

(1) Vide Moëhler, Symbolik, 5o aufl., S. 337. Orig. c. Celsum, VÍ, S. 670. Nos autem.... dicimus, ex divinis Scripturis, totam Dei Ecclesiam esse Christi corpus a Dei filio animatum, membra autem illius corporis... eos esse omnes qui credunt. Sicut anima vitam et motum impertit corpori, quod a se ipso moveri vitaliter non potest, ita Verbum, totum corpus seu Ecclesiam movens et agens, etiam singula membrorum quæ ad Ecclesiam pertinent movet, ita ut sine Verbo nihil faciant.

(2) Moëlher, Patrologie, bd. I, S. 137, S. 851.

(3) Vide cap. I, § 6, X, d. Sacr. unct. (I, 15) A Christo vero Christiani dicun

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de mortels qui justifient ce titre glorieux de chrétiens; mais l'Église n'est-elle pas la société de ceux qui sont appelés à être incorporés à Jésus-Christ? Sa mission n'est-elle pas de faire, de ceux qui entrent dans son sein, autant de véritables membres vivants de son divin époux (1)?

L'Église étant un royaume, le royaume de Dieu sur la terre, il n'est pas difficile de dire quel en est le roi, et puisque c'est un gouvernement théocratique, quel en est le pontife. C'est Jésus-Christ qui est ce roi, qui est ce pontife. C'est sa parole, sa doctrine qui en est la loi. C'est lui-même, le Verbe fait chair, qui est la victime, offerte une première fois d'une manière sanglante sur la croix, et maintenant, sans effusion de sang, dans le mystère de l'autel (2). C'est lui qui a déterminé les conditions auxquelles l'homme doit devenir et rester chrétien, membre de son royaume, lui qui a fixé la forme que doit affecter le gouvernement de son royaume sur la terre; lui qui a institué dans les sacrements les moyens destinés à procurer le salut aux citoyens de ce royaume et à les mettre en état d'être admis dans le royaume des cieux, dont il a confié les clefs aux apôtres, et principalement à l'apôtre Pierre. En vertu de cette économie, celui-ci a été investi de la souveraineté, et il l'a léguée à ses successeurs dans l'apostolat, de même que les autres apôtres ont transmis aux leurs la puissance épiscopale (3).

tur, tanquam uncti deriventur ab uncto, ut omnes concurrent in odorem illius unguenti, cujus nomen oleum est effusum. Klee, Lehrb. d. Dogmengesch., bd. I, S. 31.

(1) S. Méthodius compare l'Église, sous ce rapport, à une mère qui recueille dans son sein tous ceux qui se consacrent à Jésus-Christ, au Aóyog, les forme à sa ressemblance et à celle de Jésus-Christ, et les enfante de nouveau comme citoyens du ciel. Vide Moëhler, a. a. O., S. 694.

(2) Vide Can. 87, D. 2 d. consecr. Nec Moyses dedit nobis panem verum, sed Dominus Jesus ipse conviva et convivium, ipse comedens et qui comeditur; à quoi la glose ajoute :

Rex sedet in cœna, turba cinctus duodena ;
Se tenet in manibus; se cibat ipse cibus.

Vide Reiffenstuel, Jur. canon. univ., tom. I, p. 50.

(3) Note du traducteur. Quoique la puissance épiscopale soit passée des

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