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le cristal isolé, à l'abri des agents dissolvants, et l'instabilité de la cellule vivante, siège perpétuel d'actions physiques et de réactions chimiques, travaillant manifestement sous la dépendance d'un même principe d'activité intime qui les discipline et les fait converger vers une même fin, la conservation et la croissance, la reproduction et la différentiation, il y a un abîme que les cristaux liquides de M. Lehmann sont impropres à combler. Leur très grand intérêt et l'honneur de les avoir découverts n'ont rien à envier à la mésaventure des plantes artificielles de M. Leduc.

J. THIRION, S. J.

VARIÉTÉS

I

LA CARTE LUNAIRE DE VAN LANGREN

CONSERVÉE A

L'UNIVERSITÉ DE LEYDE

Il y a quelques années j'ai publié dans la REVUE une étude sur la Carte lunaire de van Langren conservée aux Archives générales du Royaume, à Bruxelles (1). Mon article d'aujourd'hui y fait suite en quelque sorte.

La carte de Bruxelles, on se le rappelle, est manuscrite. Adressée au Conseil Privé, elle avait été dessinée et coloriée par van Langren dans le but d'obtenir un privilège pour sa carte gravée. La carte de Leyde est un exemplaire de cette dernière. Très finement burinée sur cuivre, elle est imprimée en noir. C'est, on le sait, non seulement une des plus anciennes cartes lunaires (2), mais la première vraiment digne de ce nom. Elle at immortalisé le nom de Michel-Florent van Langren. On y trouve une innovation qui, par sa simplicité même, fut un trait de génie. L'auteur imagina de donner des noms aux montagnes et aux

(1) Tome LIV, juillet 1903, pp. 108-139.

(2) Je ne dis pas la plus ancienne; car, sans sortir de nos contrées, le P. Charles Malapert, S. J., de Mons, donnait déjà, en 1620, une carte lunaire, des plus rudimentaires il est vrai, dans sa Caroli Malaperti Montensis e Societate Iesv oratio habita Duaci, dum lectionum mathematicarum auspicaretur. In qua de novis Belgici telescopiis phaenomenis non injucunda quaedam Academi disputantur. Duaci, Typis Baltazaris Belleri, sub Circino Aureo (Univ. de Gand). Mais que cette carte était fruste!

autres particularités de la surface de la Lune. Personne n'y avait encore songé.

Le principal intérêt de l'exemplaire de Leyde consiste dans la rareté des cartes lunaires de van Langren. L'auteur projetait un grand travail devant contenir une trentaine de cartes de notre satellite sous ses diverses phases. C'eût été un ouvrage analogue à celui qu'llévélius donna plus tard, en 1647, à Dantzick, sous le nom de Selenographia (1). Il ne le publia jamais. Les guerres dont les Pays-Bas étaient le théâtre, mais surtout la mort de ses deux protecteurs E. Puteanus et J. della Faille lui en enlevèrent le moyen. La carte de Leyde devait-elle faire partie intégrante de ce travail? C'est possible et mème probable. Mais, sous la forme où elle fut lancée dans le public, c'était plutôt une annonce de librairie. Simple prospectus, elle eut le sort ordinaire des prospectus; on y attacha peu d'importance. Aussi, malgré la libéralité avec laquelle van Langren la distribua de tous côtés, ne tarda-t-elle pas à devenir introuvable.

Il y a sept ans, M. Walter Wislicenus de Strasbourg écrivit, pour la BIBLIOTHECA MATHEMATICA, un article fort remarqué sur les travaux sélénographiques de Michel-Florent van Langren (2). On connaissait en tout, disait-il, deux ou, peut-être, trois exemplaires de ses cartes: le manuscrit des Archives de Bruxelles ; une gravure datée et signée, à l'Observatoire de Paris; enfin, une gravure, non datée ni signée, à l'Université de Strasbourg. M. Wislicenus n'hésitait pas à attribuer aussi cette dernière à van Langren, et le but principal de son article était de justifier son opinion. Pour cela, l'auteur décrivait en détail les cartes de Paris et de Strasbourg et les comparait minutieusement entre elles.

En rendant compte ici même de cet article (3), je regrettai de ne pas voir la discussion de M. Wislicenus accompagnée de photographies. Mieux que toutes les explications, la photographie des cartes eût permis au lecteur de se former une opinion en connaissance de cause. Cette photographie eût eu une utilité. d'un autre genre, celle de raviver le souvenir de la carte de

(1) Johannis Hevelii Selenographia: sive Lvnae Descriptio... Gedani... 1647. Autoris sumptibus, Typis Hünefeldianis.

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(2) Ueber die Mondkarten des Langrenus; von W. F. Wislicenus, 3o sér., t. 2, Leipzig, 1901, pp. 384-391. Cet article traduit en français a paru aussi dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE D'ASTRONOMIE, Sous le titre : Les cartes de la Lune de Langrenus, t. 7o. Bruxelles, 1902, pp. 39-47. (3) Tome LIII, janvier 1903, pp. 335-340.

van Langren. Je songeai dès lors à réparer cet oubli, car j'y voyais en quelque sorte une satisfaction pour l'amour-propre national.

Mais comment mettre ce projet à exécution sans aller à Paris? Chercher à avoir en communication, à Bruxelles, l'exemplaire de l'Observatoire, il n'y fallait pas songer. A cause de sa rareté », disait M. Wislicenus (1), on avait refusé de le lui prêter à Strasbourg. On ne me l'enverrait pas davantage.

Sur ces entrefaites, le R. P. Baur, S. J., me signala la carte de Leyde (2), et m'en envoya même une photographie. Malheureusement une détérioration due au transport en rendit la reproduction impossible. Depuis, grâce aux démarches bienveillantes du R. P. Stein, S. J., astronome à l'Observatoire du Vatican, M. de Vries, bibliothécaire de l'Université de Leyde, voulut bien me confier la carte à Bruxelles pendant quelques jours. Qu'il veuille agréer ici l'expression de mes remerciements.

La carte de Leyde est cotée 910. A. 20. Repliée plusieurs fois sur elle-même et reliée sur onglet dans une couverture de carton, elle a l'aspect extérieur d'un mince atlas de format petit in-folio.

Notre photographie la réduit très fort. L'original, rendu un peu difficile à mesurer à quelques millimètres près à cause des plis du papier, a comme dimensions extérieures du cadre 39 × 50 centimètres environ, et comme diamètre du globe lunaire 34 centimètres. La pièce est en parfait état de conservation.

Van Langren était graveur de profession, et la carte est du burin de l'auteur. Elle fut exécutée dans les premiers mois de 1645. J'ai raconté au long, dans mon premier article, les péripéties de ce travail. Ce fut pour moi l'occasion de publier quelques lettres de la correspondance inédite de Puteanus avec notre Michel-Florent ; j'en donnerai tantòt quelques autres.

Ce que j'ai dit alors sur le but poursuivi par van Langren est assez bien résumé, dans l'espèce d' « avis au lecteur » gravé au bas de la carte. L'auteur croit malheureusement devoir y prendre le ton de mauvaise rhétorique. Peu versé en latin, Michel-Florent le connaissait suffisamment pour comprendre les ouvrages écrits dans cette langue; mais il la maniait péniblement et n'osait s'y essayer. I envoya donc le texte, en français, à son ami

(1) Loc. cit., p. 385.

(2) M. F. Van Ortroy, professeur à l'Université de Gand, m'a dit, à plusieurs reprises, qu'il en connaissait encore une autre. N'y aurait-il pas intérêt à la signaler?

Puteanus, avec prière de le traduire. Celui-ci, on se le rappelle, confia le travail à un traducteur, en promettant de le revoir. Van Langren tombait aisément dans la recherche et l'enflure, mais Puteanus n'était pas homme à en être fort choqué. Ce défaut signalé, voici la traduction de la pièce. Elle offre de l'intérêt.

« Ces choses restées jusqu'ici inédites malgré leur grande utilité pour le genre humain, malgré même leur nécessité, Michel-Florent van Langren, Mathématicien et Cosmographe du roi, les propose au monde entier.

» Le globe lunaire est à la fois le plus apparent des astres et le moins connu. Sa description géographique a été entreprise par moi avec grand soin et labeur, pour la Sérénissime Princesse de Belgique, Isabelle-Claire-Eugénie, Infante d'Espagne, et j'en fis le dessin. Le grand amour de cette princesse pour ces sciences, la décida à m'ordonner d'assister à ses observations de la Lune; bien plus, elle vint chez moi pour contempler ensemble les secrets de cet astre. Elle comprit leur grande importance. Me chargeant donc de lettres écrites de sa main (1), elle m'envoya en Espagne près du très puissant roi Philippe IV. Je devais lui faire hommage de mes observations, les publier en son nom, fournir ainsi une méthode astronomique sùre pour la détermination des longitudes et des distances des localités terrestres, et corriger par là d'énormes erreurs géographiques. La navigation maritime pourrait aussi les utiliser.

>> Tout cela plut vivement au grand roi. Il me fit souvent appeler près de lui, pour l'aider à observer le ciel et la Lune à l'aide du télescope. Bien plus, il me permit de donner à cette description sélénographique ou géographie lunaire, le nom de Lumières Autrichiennes Philippiques, et de la faire connaître au monde sous les auspices de son nom. Il approuva aussi l'imposition des noms de personnages célèbres aux montagnes et aux îles lumineuses et brillantes du globe lunaire. Ils serviraient à les distinguer, et on pourrait désormais en faire usage dans les observations et corrections astronomiques, géographiques et hydrographiques. Dans sa lettre de réponse à la Sérénissime Princesse Isabelle (2), il ordonna de faire les frais nécessaires.

(1) Cette lettre a été publiée dans : La Verdadera Longitud Por Mar y Tierra Demonstrada y Dedicada A Sv Maga Catholica Philippo IV Por Miguel Florencio van Langren, Cosmographo, y Mathematico de su Mag1 en Flandes... M.DC.XLIV (sans lieu, ni adresse d'imprimeur), p. 9 (Bibl. Roy. de Belgique). Elle est datée de Bruxelles et du 5 juillet 1631.

(2) Cette lettre datée de Madrid, le 27 mai 1633, a été publiée par Gachard

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