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mouvement du médium a été contrôlé, analysé, passé au crible. Attachons-nous plutôt aux conclusions générales qui terminent l'ouvrage. Ces conclusions portent sur les phénomènes médianiques et passent en revue les diverses hypothèses émises sur le médianisme.

Divers écrivains ont essayé d'établir une classification dans les phénomènes spirites obtenus par l'intermédiaire d'Eusapia. M. Morselli n'est pas satisfait de ces essais et à son tour il s'efforce de mettre en un ordre nouveau la phénoménologie d'Eusapia. Il constate d'abord que, si elle est variée et intense, au point de vue physique, elle est intellectuellement très pauvre. Toutefois, il y a lieu de distinguer des phénomènes subjectifs et objectifs; les premiers sont au nombre de 22, les seconds atteignent le chiffre de 48.

Le lecteur nous dispensera d'entrer dans les détails; peut-être l'amour de la classification a-t-il fait pousser un peu loin cette nomenclature des phénomènes très variés et des manifestations fort diverses dont Eusapia est le sujet.

Pour finir, l'auteur rentre dans les questions générales dont il s'était occupé au début de son livre pour examiner les nombreuses hypothèses qui ont été mises en avant pour l'explication du spiritisme. Ici encore, M. Morselli a poussé l'analyse très loin et il examine jusqu'à trente-cinq théories qui prétendent donner la clef des phénomènes spirites. Il les divise en hypothèses extrascientifiques, ultrascientifiques et préscientifiques. L'interprétation qui a sa préférence est le métadynanisme, c'est-à-dire, qu'il se rallie à l'hypothèse d'une radioactivité humaine, parallèle à celle du radium et d'autres éléments chimiques.

Voici la conclusion suprême de l'auteur: « La psycho-physique m'avait entraîné, moi, antispirite, vers l'étude du spiritisme, et celui-ci, examiné à travers les phénomènes constatés pendant les séances d'Eusapia Paladino, me ramène à la psychologie, mais également antispirite. » M. Morselli déclare qu'aucune des manifestations médianiques d'Eusapia n'a opéré en lui la moindre conviction en faveur du spiritisme, c'est-à-dire d'une communication établie avec le monde des esprits. C'est aussi le sentiment. de Maxwell (1), que l'auteur rapporte. Il ajoute cette observation très juste: il faut juger de la réalité du spiritisme, non par la masse aveugle et inconsciente de ses fidèles ceux-ci sont sans autorité scientifique mais par un contrôle soigneux, froide

(1) ANNÉE PSYCHOLOGIQUE, t. XIII, 1907, p. 104.

ment continué, ténacement poursuivi. Tôt ou tard, on s'apercevra que l'édifice spirite, construit avec beaucoup d'habileté, est semblable à un château de cartes, qui s'écroule quand on le touche.

La lecture des deux gros volumes de M. Morselli n'est pas toujours réjouissante. Il faut la reprendre avec courage à diverses reprises; du reste, l'auteur avoue les avoir écrits lui-même avec grande fatigue. Mais ces consciencieux et méticuleux procèsverbaux, qui témoignent de l'attention la plus soucieuse et dénotent une critique des plus judicieuses, sont peut-être le réquisitoire le plus fort contre le spiritisme que l'on puisse lire. A ce titre, ces deux volumes méritent au premier chef de figurer dans la bibliothèque des théologiens, des philosophes et des hommes de science qui se trouvent souvent appelés à donner leur avis sur la doctrine et les faits du spiritisme.

De ci de là, il y aurait à relever quelques appréciations ou manières de parler moins exactes ou carrément erronées relativement au dogme. Le lecteur remettra facilement les choses au point.

J. G.

XV

LES MÉTIERS DE NAMUR SOUS L'ANCIEN RÉGIME. CONTRIBUTION A L'HISTOIRE SOCIALE, par J.-B. GOETSTOUWERS, S. J. In-8°, XII344 pp.- Louvain, 36, rue de Bériot et Paris, Fontemoing, 1908.

Les corporations d'artisans tiennent dans l'histoire de Belgique une place plus large que dans l'histoire d'aucun autre pays de l'Europe centrale. Quelle imagination d'enfant de l'école primaire n'a pas vu ou ne voit pas ces rudes tisserands, ces rudes bouchers de Flandre pousser dans un marais l'aristocratie française et frapper du goedendag tout qui n'est pas bon flamand!

Le R. R. Goetstouwers a dû être tenté, comme maint érudit, de s'attacher à quelqu'une de ces corporations, dont les fastes politiques de notre patrie ont gardé le nom, d'édifier à sa mémoire une synthèse, où les documents qui nous représentent son rôle économique, social, religieux, seraient utilisés à côté de ceux qui nous parlent de son rôle politique et militaire. Cependant, quelle qu'ait été la violence de cette tentation, le - P. Goetstouwers y a résisté, et voici pourquoi.

Le rôle politique prépondérant de certains de nos métiers est incontestable; mais toutes nos villes ont-elles eu de ces métierslà? L'époque monarchique, en tous cas, n'a-t-elle pas assagi, tenu en bride ces tisserands et ces bouchers, ceux-là même dont les ancêtres avaient été si sauvages et si puissants? Or l'œil de l'historien ne s'est guère arrêté jusqu'ici sur les artisans de nos villes paisibles, c'est-à-dire sur les artisans de la grande majorité de nos villes durant la période moderne.

Namur a eu les préférences de l'auteur. C'est de l'artisan namurois, sous l'ancien régime, que nous entretiendrons quelques instants le lecteur de la REVUE DES QUESTIONS SCIEN

TIFIQUES.

En 1300, Namur comptait environ 8000 habitants. Elle ne parvint jamais, avant le XIXe siècle, à doubler ce chiffre. A en croire d'anciens documents, la draperie y fut exercée un certain temps avec succès; mais, comme dans le reste du pays, la draperie déclina dans la comté » au XIV et surtout au xv° siècle. Plus tard, Namur se livra à des exportations assez considérables de cuir et de produits céramiques; après le sac de Dinant, les « batteurs de cuivre » afluèrent à Namur, d'où ils continuèrent à approvisionner de leurs produits les marchés voisins. Cependant ce ne sont là que des exceptions. Namur est essentiellement une ville de petite industrie. Les vingt-cinq « frairies » qui se partageaient au XVII siècle la population ouvrière et marchande de la cité, produisaient pour la consommation locale ou pour la consommation du plat-pays d'alentour. Exécuter dans un modeste atelier, avec un nombre restreint d'apprentis et «garçons » les commandes d'une clientèle connue et stable, voilà toute l'ambition et toute la vie de ces maitres boulangers, brasseurs, charliers, charpentiers, cordiers, fèvres, menuisiers, merciers, orfèvres, parmentiers ou tonneliers.

On peut distinguer trois catégories de personnes dans la corporation namuroise, à savoir les patrons, c'est-à-dire les membres optimo jure, les apprentis et les ouvriers.

L'heure du travail sonnait tôt pour le fils de l'artisan. Avant quinze ans, d'ordinaire, il commençait l'apprentissage d'un métier chez un maitre choisi par lui ou par ses parents. Admis à partager la vie de famille de son patron, il recevait de celui-ci une éducation professionnelle complète. Pour déterminer la durée de cet apprentissage, on devait naturellement tenir compte et de la difficulté du métier à apprendre et des capacités de l'apprenti. Au XVIIIe siècle, néanmoins, ce dernier élément

paraît négligé. La corporation a-t-elle voulu éviter les récriminations jalouses de jeunes gens d'un esprit plus lourd? L'expérience de plusieurs siècles a-t-elle suffisamment renseigné les maitres sur l'intelligence moyenne des apprentis? Nous ne le savons; mais les dernières chartes fixent pour presque toutes les frairies » la durée de l'apprentissage, qui est d'une, de deux, de trois, de quatre, ou, rarement, de cinq années.

Les chartes octroyées par le gouvernement exigent encore l'inscription d'autres clauses dans le contrat à intervenir entre patron et apprenti, notamment de celle qui met à la charge du maitre la nourriture et le logement de son apprenti; elles confient au pouvoir élu annuellement par les maîtres de chaque frairie », c'est-à-dire aux doyen et jurés, la surveillance du contrat et le jugement, en premier ressort, des contestations. Pour être admis à la maîtrise, pour devenir suppôt, il ne suffisait pas d'avoir passé le temps requis en apprentissage. Ces dévots chrétiens de marchands n'ouvraient leurs rangs que pour des hommes « de bonne fame et renommée », capables de montrer leur baptistaire », lisez : leur attestation de baptême. Voilà pour les garanties morales et religieuses.

Il faut y ajouter des garanties de capacité professionnelle. Durant l'apprentissage, le maître seul a pu juger son apprenti. Vient alors le jugement, plus redoutable, de la corporation. Celle-ci examinera dans une assemblée sur sa chambre », la pièce d'œuvre », le « chef-d'œuvre » exécuté par l'aspirant. S'il s'agit d'un aspirant chaudronnier, par exemple, il présentera une bouteille à l'huille, contenante deux pots, peu plus peu moins, toute d'une pièce ». Le maçon construira un portail, une croisade ou une voûte à croix d'ogive ». Quant au boucher, il tuera proprement un bœuf ». Il est à noter qu'au cas où làa pièce d'œuvre » doit être exécutée à domicile par l'apprenti, celui-ci ne manque pas de surveillance; que, de plus, le temps à consacrer à ce travail est nettement déterminé.

Au jour de l'épreuve, c'était grande beuverie sur la chambre du métier ». Un nommé Philippart se plaignit aux autorités namuroises qu'à la présentation de son chef-d'œuvre, il avait dû débourser vingt-huit escus, tout en hougaerde, bière, chandelles, jeux de cartes, fagots, etc... » et que, néanmoins, sa pièce avait été refusée.

De tels refus, heureusement, étaient assez rares. On déférait au nouveau suppôt le serment de fidélité à Sa Majesté; on lui faisait promettre, en outre, de se conformer aux statuts; on recevait

de sa main les droits fixés. Après quoi, il entreprenait à ses risques et périls l'exercice d'un « style ». Tel aspirant ne voulaitil pas ouvrir un atelier? Tel autre ne le pouvait-il, à cause du jugement défavorable de la corporation? Le petit-métier lui restait ouvert, c'est-à-dire cette catégorie d'ouvriers, aidant le maître et salariés par lui, catégorie peu importante et dont nous ne nous occuperons pas.

L'apprenti est devenu maitre. Quelle est la journée du maître namurois?

A peine l'horloge du « chastel » a-t-elle lancé dans le silence ses quatre coups que l'artisan quitte sa couche. Dévotement il met le genou en terre et recommande à Dieu la journée de travail. Celle-ci commence dès que l'apprenti est prêt et l'ouvrier arrivé. On procède lentement dans la besogne. L'outillage mécanique, permettant de produire beaucoup d'après un patron uniforme, est encore inconnu; la charte de la « frairie », les ordonnances du magistrat ou du souverain laissent à l'homme de métier les coudées assez peu franches: qualité de la matière première, quantité à employer, façon de mettre en œuvre, tout est prévu, tout est fixé; et le transgresseur des chartes doit toujours redouter la visite des doyen et jurés ou des « rewards >> chargés de surveiller la fabrication et la vente.

Que si les chartes ont été observées, le maître affrontera sans peur, pour son drap, l'épreuve du « banquet »; son ouvrage en or ou en argent sera poinçonné de la marque du «lion ayant un fusil sur la teste »; son cuir sera marqué de « l'enseigne du lion »; son pain ne sera pas trouvé « mal labouré ».

La plupart de ces clauses restrictives pour le maître sont des garanties pour le public. Et le public ne manquait pas de garanties! Il savait par exemple qu'un poisson, dont la queue avait été coupée, était un poisson qui paraissait pour la seconde fois à la halle. Quelque boucher voulait-il souffler la viande? Le métier plaignait les gens qui ayant mis une grosse pièce de viande dans la marmite n'en retirent cependant qu'une maigre et chétive esquelette, presque sans goût ni saveur ». Le métier plaignait l'acheteur, et punissait le vendeur.

D'autre part, le maître était garanti contre la concurrence des autres producteurs. Et d'abord, contre la concurrence exagérée de ses confrères. Débaucher l'ouvrier d'autrui, prendre à son service un compagnon fugitif, accaparer les clients du voisin, entreprendre l'achèvement de l'ouvrage commencé par lui, constituaient autant de délits. Ce fut grand scandale quand les

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