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alimentée par du liquide venant surtout de l'intérieur du creux central. Ce qui démontre bien l'élasticité de traction produite dans toute la masse de la lame, c'est que même avant qu'elle soit fermée, elle s'abaisse avec tant d'énergie qu'elle laisse au-dessus d'elle quelques portions liquides amenées sur la face interne.

Il a suffi de cinq centièmes de seconde pour fermer complètement la bulle; mais alors les forces contractiles intérieures abaissent la lame avec tant de précipitation que des filaments irréguliers sont lancés au dehors; car l'air enfermé dans la bulle se comprime sous la double action des pressions, toutes dirigées vers l'intérieur, et de l'ascension de la colonne montante; aussi la bulle s'ouvre-t-elle de nouveau et ne tarde pas à laisser voir le sommet de la colonne centrale.

Les considérations qui précèdent et qui sont fondées toutes sur l'élasticité de traction et de compression des liquides, montrent suffisamment, à notre avis, que la théorie proposée pour rendre compte des particularités de la première série d'expériences, se prête sans difficulté à faire comprendre les faits parfois bien singuliers que M. Worthington a observés dans la deuxième série pour une hauteur de chute de 100 centimètres.

Nous pourrions rappeler encore bien d'autres faits décrits avec un soin minutieux dans l'ouvrage du savant physicien anglais; mais nous préférons faire éventuellement de leur examen le sujet d'une communication ultérieure.

G. VAN DER MENSBRUGGHE.

A PROPOS DU SENTIMENT DE PRÉSENCE

CHEZ LES PROFANES ET CHEZ LES MYSTIQUES (1)

DEUXIÈME PARTIE

I

Pour un observateur superficiel, l'état mystique est un protée aux formes multiples et variables, à peine reliées entre elles par je ne sais quel ton indécis de religiosité pathologique. Encore, parmi les manifestations de cet état, la vue un peu courte de pamphlétaires, de médecins grossement psychologues ou de dévots moins éclairés, n'a-t-elle su discerner trop souvent que les phénomènes somatiques, les bizarreries pieuses et le gros merveilleux. Grâce à Dieu, l'accord semble fait, aujourd'hui, entre les chercheurs sérieux, pour distinguer soigneusement, au sein du mysticisme · l'essentiel de l'accessoire. Et dans le tracé même si délicat de cette frontière, les auteurs de tendances les plus diverses viennent à se rencontrer à peu près. Le P. Poulain- en un livre très documenté, mais qui n'a point pour but la critique psychologique du mysticisme dit des « états mystiques » que « leur vraie différence avec les recueillements de l'oraison ordi

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(1) Voir REVUE DES QUEST. SCIENTIF., 3 série, t. XIV, octobre 1908, pp. 527-563 et t. XV, janvier 1909, pp. 219-249.

naire, c'est que, dans l'état mystique, Dieu ne se contente plus de nous aider à penser à lui et à nous souvenir de sa présence, mais qu'il nous donne de cette présence une connaissance intellectuelle expérimentale (1). » Voilà bien le phénomène mystique fondamental : le sentiment direct de la présence de Dieu, l'intuition de Dieu présent. Le reste : extase physique, suspension des sens, visions sensibles ou imaginaires, paroles intérieures, lévitations, prodiges, claire-vue, etc... sont de purs accessoires, qui peuvent ou non accompagner l'état fondamental et dont la cause immédiate peut être diverse.

Même départ judicieux chez M. Boutroux : « Le phénomène essentiel du mysticisme est ce qu'on appelle l'extase, un état dans lequel, toute communication étant rompue avec le monde extérieur (2), l'âme a le sentiment qu'elle communique avec un objet interne qui est l'être infini, Dieu (3). »

Tel est aussi le point de vue de W. James. Ces phẻnomènes, écrit-il visions, automatisme verbal et grapho-moteur, lévitation, stigmatisation, guérisons, etc... — «ces phénomènes, que les mystiques ont souvent présentés (ou qu'on leur attribue) n'ont pas essentiellement de signification mystique, car ils peuvent naître sans la conscience d'une illumination quelconque, chez des personnes de tempérament peu mystique. La conscience d'une illumination est pour nous la marque essentielle des états mystiques (4). »

Il serait facile de multiplier ces citations, facile

(1) A. Poulain. Des grâces d'oraison. Traité de théologie mystique. 5o édit. Paris 1906, p. 66.

(2) Nous ne voudrions pas identifier l'état mystique à l'extase définie en un sens aussi restreint. Plusieurs mystiques prétendent réaliser la communication mystique sans rompre la communication avec le dehors.

(3) E. Boutroux. La psychologie du mysticisme. Paris 1902, p. 6.

(4) W. James. The varieties of religious experience. London 1904, p. 408. Note 2.

encore, plus instructif, mais, ici, trop long d'en appeler au témoignage concordant des mystiques eux-mêmes. Nous sommes done fondé, dans l'esquisse rapide que nous allons faire de quelques états mystiques, à prendre comme centre de perspective le point culminant de ces états, c'est-à-dire le sentiment de la présence immédiate d'un être transcendant.

Entre ce point culminant

II

spécifiquement mystique - et la connaissance ordinaire, s'intercale une gamme d'états intermédiaires fort semblables à plusieurs des phénomènes psychologiques déjà signalés dans ces pages.

1. Ce sont d'abord les visions sensibles, corporelles, dont le mécanisme psychologique rentre nécessairement dans les cadres soit de la sensation soit de l'hallucination. La controverse ne saurait porter que sur la nature du déterminant objectif de ces visions; car quelle que soit leur cause, l'action médiate ou immédiate — de cette cause n'atteint le sujet sensible que par modification de ses organes périphériques ou par modification des organes centraux qui président à la sensibilité. S. Thomas admettait déjà que les visions sensibles pouvaient résulter soit de la présence véritable de l'objet correspondant, soit de l'altération directe des facultés sensibles sans présence de l'objet (1). Au point de vue psychologique, impossible de demander plus de latitude.

Ces visions ont leur pendant, en pathologie mentale, dans les hallucinations purement morbides. Elles rap

(1) Summa theol. III, q. 76, a. VIII.

pellent plus encore peut-être certaines de ces hallucinations télépathiques relatées dans le recueil bien connu de Gurney, Myers et Podmore, Phantasms of the Living, car celles-ci ne semblent pas surgir aussi arbitrairement que les hallucinations des malades. Mais nous n'insistons pas sur cette première catégorie de faits, car le sentiment de présence qui les accompagne n'a rien de plus mystérieux dans les visions sensibles mystiques que dans les hallucinations profanes ou les sensations.

2. Volontiers nous dirions la même chose des visions imaginaires au cours desquelles le mystique contemple l'image nettement spatialisée d'un objet, d'une personne, d'une scène naturelle ou symbolique, mais sans croire à la réalité actuelle des objets représentés. Beaucoup de pieuses personnes furent favorisées de la vue panoramique très vivante d'épisodes de la Passion (1), ou bien perçurent, dans une imagerie symbolique, certains mystères, comme la Ste Trinité, la béatitude du Ciel, etc. Parfois, il se fait une sorte d'oscillation de la vision imaginaire à la vision sensible. « En certaines circonstances, écrit Ste Thérèse, ce que je voyais ne me semblait être qu'une image; mais en beaucoup d'autres il m'était évident que c'était Jésus-Christ lui-même. Cela dépendait du degré de clarté dans lequel il daignait se montrer à moi. Quelquefois quand cette clarté était moins vive, il me semblait que ce que je voyais n'était qu'une image, mais une image très différente des portraits les plus achevés. En effet, si ce que je voyais était une image, c'était une image vivante et non pas morte (2). » Nous prions qu'on veuille se reporter au

(1) Ces visions manquent de concordance entre elles et portent la marque de la psychologie personnelle du mystique qui les subit. Elles sont des stimulants de la piété, mais nullement des leçons d'histoire. Cf. Poulain S. J. op. cit., p. 323.

(2) OEuvres de Ste Thérèse. Trad. Bouix, Paris 1852, T. I. Vie, ch. 28, p. 374.

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