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cas de ce peintre anglais, que nous avons relaté d'après Taine (t. XIV de cette REVUE, p. 541): la pseudohallucination y alterne avec l'hallucination franche, absolument comme la vision sensible et directe alterne ici, chez Ste Thérèse, avec la vision imaginaire (1). Le « Census of hallucinations (2) » et les « Phantasms of the Living » pourraient encore nous fournir bien des exemples de pseudo-hallucinations très analogues aux visions imaginaires des mystiques. Mais il serait inutile de nous attarder à cette comparaison, car — quelle que soit leur cause le mécanisme psychologique de ces visions imaginaires n'offre rien qui les distingue foncièrement des pseudo-hallucinations avec ou sans spatialisation précise de l'image.

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3. D'ailleurs, les visions imaginaires et les pseudohallucinations sont moins des cas de « présence » que des cas d'extériorisation et de localisation d'une représentation interne, ou, si l'on veut, des cas de présence irréelle. Leur intérêt, à notre point de vue, réside surtout dans une particularité qu'ils mettent en lumière, savoir qu'une localisation spatiale très précise peut accompagner les représentations les plus maigres ou les plus imprécises du monde. On s'en convainera en parcourant les deux ou trois exemples suivants.

Voici d'abord un cas d'hallucination télépathique, dont le mécanisme hallucinatoire nous importe seul. « Le 22 octobre au soir, j'allai me coucher comme d'habitude dans la petite tourelle du château de Carqueiranne... Il était environ onze heures... Au bout d'un

(1) En soulignant cette analogie de « mécanisme », nous n'avons aucunement l'arrière-pensée d'assimiler les deux cas au point de vue même de leur seul contenu psychologique. Nous venons de relire ce chapitre XXVII de l'Autobiographie de St Thérèse, et nous devons avouer que la vision qu'elle y relate dépasse infiniment en richesse tous les cas analogues que nous avons rencontrés dans l'ordre profane. Et encore, sommes-nous réduits à en juger sur quelques mots de description.

(2) PROCEFD. SOC. PSYCH. RES. Vol. X.

certain temps que je ne puis préciser, je me suis sentie éveillée par quelque chose qui était près de moi, comme penché sur moi. Alors, j'ai pensé d'abord que quelqu'un venait me faire peur; j'ai dit plusieurs fois : Qui est là? qui est là?-Mais pas de réponse, et pas de mouvement. C'était, à ce qu'il me semble, une figure absolument noire; mais sans que je puisse rien affirmer, quant à la forme, sinon que c'était une figure me regardant. Alors je commençai à avoir peur, et m'asseyant sur mon lit, j'ai repoussé avec mon bras droit cette figure qui semblait penchée sur moi. Mais je n'ai rien senti et la forme m'a semblé disparaître... Je suis sûre que j'étais alors éveillée (1). » Cette hallucination coïncidait avec un décès n'était cette particularité, on pourrait dire que des faits de ce genre sont presque banals. Ils montrent l'association d'un sentiment de présence intense et net avec une image aux traits extrêmement confus; dans la relation qui vient d'être citée, on remarquera de plus que le « regard » fixé par l'apparition sur la personne hallucinée, ne correspond point, semble-t-il, à un détail hallucinatoire visuel, mais à l'interprétation d'un état émotionnel de cette personne.

W. James, en 1902, se déclarait embarrassé d'expliquer le cas suivant au moyen des seules lois énoncées dans ses Principles of Psychology. Un Ma P., absolument aveugle depuis l'âge de deux ans, a souvent éprouvé, tandis qu'il était assis à son piano, l'impression qu'un personnage,qu'il reconnaissait être un ami défunt, pénétrait dans la place en se glissant par dessous la porte, se traînait vers le sofa et s'y étendait. Une parole ou un mouvement de Mr P. faisait se dissiper l'apparition; il attribuait d'ailleurs tout le phénomène à son état de fatigue nerveuse joint à l'action du thé un peu fort qu'il avait coutume de prendre. Mais une circonstance

(1) ANN. DES SC. PSYCH., 1891, no 1, Documents originaux, p. 39.

curieuse qui frappa Mr P., c'est que lui, que sa cécité complète réduisait à l'usage des seules images tactiles, auditives et olfacto-gustatives, se rendait compte très exactement de la présence et de la forme du personnage fantômal, sans aucune participation appréciable de ces menues impressions du tact et de l'ouïe qui suffisent souvent à avertir un aveugle de la présence d'un objet. « L'examen détaillé de Mr P., ajoute W. James, ne me permit de découvrir aucune trace d'imagination visuelle impliquée dans le phénomène. Il semble y avoir plutôt ici quelque chose comme une conception mentale d'une grande intensité d'expression, une conception à laquelle le sentiment de réalité présente se serait associé (1). » Ce cas, si nous en comprenons bien les éléments, est un exemple d'hallucination plus exclusivement spatiale que les précédents. Les éléments sensoriels, qui constituaient le dessin phénoménal de l'idée de l'ami défunt, ne se sont éveillés qu'à l'état de vagues images, tout juste assez pour fournir matière au concept, mais sans prendre isolément le caractère hallucinatoire qui les aurait fait rapporter à leurs sensoria respectifs. Ce qui semble, par contre, avoir été hallucinatoirement objectivé, c'est l'image spatiale résiduelle de l'ami défunt, image ayant résulté jadis de l'association de sensations tactiles et auditives, mais déjà suffisamment individualisée et détachée de ses origines pour ne pas se résoudre immédiatement en ses composantes sensorielles. Il y eut done, comme opine James, association d'une idée avec le sentiment d'une présence spatiale; mais, selon nous, cette association n'est autre chose que la projection hallucinatoire, dans l'espace ambiant, de l'image spatiale assez vague qui sous-tendait cette idée.

Pour contester la possibilité de cette explication, il

(1) W. James, Principles of Psych., II, p. 324.

faudrait nier qu'une image synthétique, généralisée ou simplement vague, ne puisse être hallucinatoirement projetée, comme telle; il faudrait exiger qu'elle fût toujours préalablement réduite en une juxtaposition, formellement aperçue, d'éléments sensoriels précis. L'expérience ne semble pas appuyer parcille prétention. Voici un phénomène que nous avons souvent expérimenté nous l'appellerions volontiers une « hallucination potentielle ». Dans l'obscurité, alors que nous étions parfaitement éveillé, nous avions l'impression que là, dans une direction déterminée, un objet assez flou et encore indiscernable prenait corps, puis se rapprochait avec une précision croissante en se rapetissant, tels des rayons qui convergeraient vers leur foyer, telle encore, sous le microscope, une image dont la mise au point de plus en plus parfaite affermit et amincit graduellement les traits. En général, l'objet n'arrivait pas à prendre un contour net: l'illusion s'évanouissait avant le terme du mouvement. Or, dès le début, la localisation de ce très vague objet était précise; bientôt même nous avions l'impression de délimiter assez bien la plage spatiale qu'il couvrait, tandis que son contenu commençait à peine à se différencier. Dans l'hallucination ou la pseudo-hallucination, les images spatiales de localisation, de direction, d'étendue semblent donc dissociables, non pas de tout contenu matériel quelconque, mais de tout contenu matériel qui serait distinct en ce sens, qu'il eût été passé préalablement au tri des cinq sens (1). Car nous ne songeons pas à nier que l'image purement spatiale, l'imagination strictement géométrique forme sans matière ne saurait être un objet de notre sensibilité; mais nous voulons dire, et cela nous suffit, que l'image spatiale peut intervenir, dans

(1) On pourrait appuyer cette conclusion par l'examen attentif des phases successives d'une hallucination en développement.

certaines opérations psychologiques, comme un tout sui generis, sans se réduire immédiatement en ses diverses composantes sensorielles.

»

Cette indépendance relative de l'image spatiale apparait mieux encore, peut-être, dans le phénomène pseudo-hallucinatoire le plus « épuré épuré », le plus « vidé de matière que nous connaissions et qui semble devoir être assez fréquent. En pleine obscurité, on sent brusquement, là, à côté de soi, à un endroit bien déterminé, la présence de « quelque chose ». De quoi ? on serait fort embarrassé de le dire; on éprouve plutôt comme une « puissance » d'hallucination, qui se localise avant de se développer en acte. Il semblerait done que l'idée ou le concept put, à tous ses degrés d'abstraction, être associé à une localisation spatiale. Cette association peat demeurer purement imaginaire et fictive; elle peut, en captant davantage l'attention et en canalisant le sentiment, devenir pseudo-hallucinatoire; elle peut enfin se hausser, par suppression ou effacement de tous les antagonismes, jusqu'à la tyrannie de l'hallucination franche. Nous avons vu dans la première partie de cet article quelles lois fondamentales président à la succession de ces étapes.

Le cas que nous venons de décrire d'après nos observations personnelles nous parait identique à plusieurs de ceux que relatent Gurney et ses collaborateurs dans leur livre Phantasms of the Living. En voici un spécimen: «Assez tôt dans la nuit, je fus éveillé... j'avais l'impression d'avoir été éveillé intentionnellement, et je crus d'abord que quelqu'un s'était introduit dans la maison... Je me retournai ensuite de côté pour me rendormir, mais alors, immédiatement, j'eus la conscience d'une présence dans la place, et, chose singulière, ce n'était pas la conscience d'une personne

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