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ce fleuve qui reçoit chaque année de l'amont une masse de sables et de vases, estimée par les ingénieurs, voisine de six millions de mètres cubes, et dont une partie vient encombrer son lit et rétrécir ses passes (1).

C'est à un ancien élève de l'École polytechnique, M. Paul Descombes, ancien Directeur des manufactures de l'État, qu'est due la fondation comme le soutien et la vie de cette Association qui procède pratiquement en affermant, dans les montagnes pyrénéennes, de vastes étendues de terrains qu'elle soustrait. à la voracité des troupeaux transhumants, pour n'admettre que les moutons indigènes qu'elle restreint à un pâturage limité, là où le gazon recouvre le sol, et s'occupant du reboisement des versants dénudés et ruinés (2).

Cette Association s'est en quelque sorte greffée sur une autre Association, également bordelaise, mais plus vaste, celle du Sud-Ouest-Navigable, qui a pour objet l'entretien de la navigabilité du vaste bassin du Sud-Ouest de la France, et dont la correction des torrents par la restauration des montagnes, est une des nombreuses préoccupations soit dans ses congrès annuels, soit dans ses diverses sections réparties sur toute la région, elle a toujours des comités chargés spécialement d'étudier cette restauration et d'en promouvoir autant que possible la réalisation.

L'exemple de M. Paul Descombes a été suivi dans les Alpes par un autre ancien polytechnicien, M. Audebrand, chef d'escadron d'artillerie en retraite à Grenoble, qui a fondé dans cette ville, en 1906, une filiale de l'Association de Bordeaux, celle-ci étant devenue de ce fait l'Association centrale pour l'Aménagement des montagnes (A. C. A. M.) ». L'Association dau

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(1) Cf. REVUE PHILOMATIQUE DE BORDEAUX ET DU SUD-OUEST : Étude sur l'aménagement des montagnes dans la chaîne des Pyrénées, par Paul Descombes, Directeur honoraire des Manufactures de l'État. Tirage à part précédé d'une Introduction par M. Bouquet de la Grye, membre de l'Institut.

(2) A l'Assemblée générale de l'Association du 15 janvier 1909, a été approuvée la location à la ville de Bagnères de Bigorre, pour un bail de soixante années, d'un territoire de 1275 hectares, sur les pentes du Pic du Midi. C'est le dixième des territoires pris en location par l'Association à différentes communes depuis sa fondation. Il n'est pas sans intérêt pour les lecteurs de ce recueil, de savoir que son éminent et très regretté collaborateur, Albert de Lapparent, était un des membres fondateurs de l'Association A. A. M. à laquelle il était venu spontanément au vu de ses travaux et de leurs premiers résultats.

phinoise (A. D. A. M.), afferme également, mais dans les Alpes, des montagnes pastorales pour n'y admettre, à l'exclusion des moutons transhumants, que les moutons hivernant dans le pays ou le gros bétail, et reboiser les parties impropres au pâturage. Une contribution très importante à la Cause des forêts, des arbres, des montagnes, des cours d'eau qui en descendent, est fournie par le Touring-Club de France qui, avec la puissance financière que lui procurent ses cent mille adhérents et plus, la publicité très grande de sa REVUE MENSUELLE, fournit les subventions, tient l'esprit public en éveil et attribue à cette cause une large part de ses moyens (1).

Laissons le côté politique de la question, les projets de loi en préparation; les discussions à la Chambre des députés, les écoles forestières enfantines dans les écoles primaires, les récompenses accordées à ces sylviculteurs en herbe, les fêtes de l'arbre ». Mentionnons pour mémoire les innombrables échos dont retentit la presse, de boisements, reboisements, déforestation et autres dénominations variées, dont résonnent Revues et Journaux de Paris et de la Province; Revues générales, Revues spéciales, Recueils techniques, trimestriels, mensuels, hebdomadaires... A vouloir entrer dans tous ces détails, il faudrait entreprendre un travail disproportionné et d'ailleurs différent de celui qui nous occupe. Remarquons toutefois que le mouvement d'opinion dont nous parlons n'est pas particulier à la France. Il est très 'accentué aussi en Belgique où l'Etat a eu la sagesse de se rendre acquéreur, en dix ans, de 5363 hectares de forêts qui se trouvaient à vendre, et de 1751 hectares de friches incultes en vue de les boiser. L'Allemagne, dit-on, emploierait chaque année quatre à cinq millions de marks à l'acquisition de terrains boisés ou à boiser; la Suède serait entrée dans la même voie. La Grèce, l'Espagne commencent à se préoccuper des effets fàcheux sur leurs climats de la dénudation de leurs montagnes, et les États-Unis comme le Canada lui-même s'effrayent de

(1) Un généreux testateur, M. Janssen, ancien banquier à Paris, vient de léguer au Touring-Club un capital de 250 000 francs pour être employé au « développement de l'œuvre de restauration forestière, par le moyen d'achats de forêts, de terrains à reboiser, et autres de même nature ». Le Touring‐ Club a institué, à cette occasion, une caisse spéciale, la Caisse forestière du Touring-Club de France, en vue de centraliser les dons, versements, subventions, ressources de toute nature destinées à l'oeuvre de restauration forestière. (Cf. la REVUE MENSUELLE DU TOURING-CLUB DE FRANCE, nos de mai et de juin 1909).

l'appauvrissement de leurs immenses forêts et songent à y pourvoir.

Exploiter n'est pas déboiser. - Comme toujours quand le public s'affole, surtout en des questions qu'il ne connaît qu'en gros et dont il ignore le détail et la technique, il tombe aisément dans l'exagération et voit souvent un mal extrême, là où il n'y a que l'exercice peut-être parfois excessif, mais en tout cas normal, du droit de propriété ou d'une administration hardie mais légitime.

Le fait a été éclairci et très bien mis au point à la Société des Agriculteurs de France, dans la session de 1908 (1). Quand une forèt, après un laps de temps suffisant, a accumulé un capital en nature important, surtout quand ce capital est représenté par des arbres ayant atteint leur maximum d'exploitabilité, il est non seulement naturel, mais de bonne gestion, d'abattre ces arbres et de réaliser ce matériel.

C'est donc une exagération, c'est même une erreur, de crier au déboisement quand un propriétaire exploite, dans sa forêt, les peuplements parvenus à maturité. Les arbres abattus sont remplacés par une jeunesse qui reconstituera avec le temps le matériel réalisé.

Quand des sociétés commerciales achètent de plus ou moins grandes étendues de forêts par spéculation, tant qu'elles ne défrichent pas ou ce qui revient à peu près au même n'en livrent pas le sol au pâturage, l'on n'est pas en droit de le leur reprocher. La baisse constante et rapide du taux d'accroissement des arbres à mesure qu'ils avancent en âge est une cause de réalisation à laquelle on ne peut rien. Par conséquent, plus une forêt est riche, plus elle est fatalement exposée à être exploitée intensivement. D'autres causes s'ajoutent à celle-là. Ainsi la crainte de l'impôt sur le revenu, véritable épée de Damoclès suspendue sur la tête du malheureux contribuable français; l'élévation de plus en plus accentuée de la valeur des bois d'oeuvre; les exigences immodérées et croissantes de la maind'oeuvre bûcheronne, piquée, elle aussi, de la tarentule socia

(1) Cf. le BULLETIN de la Société des Agriculteurs de France, notamment les COMPTES RENDUS de l'Assemblée générale de 1909, 4o fascicule. — Voir aussi, dans le BULLETIN bimensuel du 1o janvier 1909, la séance de la commission permanente du 10 avril précédent. - Le BULLETIN de la Société forestière de Franche-Comté et Belfort, dans son numéro trimestriel de mars 1909, s'occupe également de cette question, et dans le même esprit.

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liste; sont autant de causes qui incitent les propriétaires de bois à réaliser le plus possible leur capital en nature; or c'est leur droit absolu.

Le public n'est pas non plus très fondé à s'affoler en voyant que les bois vendus sont achetés et exploités par des étrangers, attendu, d'une part, que si les étrangers importent de chez nous chez eux nos produits forestiers, nous importons réciproquement de chez eux chez nous des bois et d'autres marchandises. Vendre à l'étranger les produits de nos bois n'est pas plus anormal que de lui vendre nos grains, nos vins et tous autres produits du sol. Généralement la prospérité commerciale d'un pays se mesure à l'abondance de ses exportations, et cette règle ne fait pas exception pour les bois, à la condition cependant de ne pas abattre plus que la consommation ne réclame et de ne pas jeter sur les marchés une profusion qui avilisse les prix.

Exploiter, n'est donc pas, en soi, déboiser.

Toutefois, en ceci, comme en toutes choses, la sagesse et la prudence se résolvent en une question de mesure ; et une exploitation par trop intensive et généralisée à tout un pays, pourrait présenter, tant économiquement qu'à divers autres égards, un réel danger. C'est pourquoi il peut être quelquefois sage à l'État de prendre des mesures à certains égards restrictives d'une exploitation poussée à l'excès.

Les forêts de la Norvège (1). Bien que le royaume de Haakon VII contienne encore une assez belle étendue boisée, puisque pour 322 304 kilomètres carrés d'étendue totale (2), il en est 68 175 entièrement couverts de forêts soit une proportion de plus de 21 p. c. cependant l'on peut dire que ce pays est en pleine décadence forestière. En effet, il exploite chaque année plus que sa production. Celle-ci est annuellement de 145 mètres cubes par kilomètre carré, et ce chiffre est, annuellement aussi, sensiblement dépassé, d'où il suit que le capital sur pied que représente le sol forestier norvégien s'amoindrit un peu chaque année (3).

(1) Cosmos du 24 août 1907. Lucien Fournier.

(2) 321 477 kilomètres carrés, d'après l'ANNUAIRE du Bureau des Longitudes de 1909. La différence est peu importante et ne change pas sensiblement la proportion.

(3) Cf., dans cette REVUE, livraison de janvier 1901, notre article sur La prochaine disette de bois d'œuvre. Voir aussi A. Mélard : Insuffisance

des bois d'œuvre, 1900. Paris, Imprimerie nationale.

Et ce n'est pas là encore le plus grand mal; car, pour être apauvries en matériel, les forêts n'en restent pas moins forêts, et le capital-bois, comme il a été dit plus haut, peut avec le temps se reconstituer. Ce qui est plus grave, c'est la diminution croissante de l'étendue boisée. Le fait est établi et par les traditions historiques et par les recherches archéologiques. De grandes surfaces à l'état de tourbières étaient autrefois, les fouilles le prouvent, à l'état de forêts. Les montagnes du littoral, aujourd'hui dénudées, étaient boisées autrefois. On retrouve. jusqu'au 62 parallèle (celui qui passe par les iles Féroer et le nord du lac Laologa) des racines de pin dans des tourbières situées à une altitude de 100 mètres plus élevée que celle où se rencontre aujourd'hui cette essence.

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Malgré tout, la condition forestière de la Norvège est encore, aujourd'hui du moins, belle et intéressante. Sur les 6818 000 hectares boisés de ce royaume, les trois quarts, soit plus de 5 000 000, sont peuplés d'essences résineuses, principalement de pin sylvestre, variété dite du Nord ou de Riga, et en plus, non pas de sapin car le sapin, Abies, ne dépasse pas le 51° parallèle passant par Cologne mais d'épicéa (Picea excelsa).

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Le surplus, environ 1 700 000 hectares, est peuplé de bois feuillus, très principalement de bouleau, Betula, variétés verrucosa et odorata. On trouve aussi en Norvège, mais à l'état sporadique, et moins en forêt proprement dite que dans les boqueteaux, squares, parcs et jardins ou au voisinage des habitations rurales, le peuplier tremble, le saule, l'aune, le tilleul, le sorbier, le coudrier et le frène, ce dernier particulièrement recherché pour la fabrication des skis, des fameux skis indi-, gènes en Scandinavie, mais si appréciés de nos alpinistes de P'Est et du Sud-Est.

Le sol forestier de la Norvège se répartit en trois zones.

La première est située au nord du cercle polaire. Les bouleaux y dominent; ce sont de beaux et grands arbres, très appréciés comme bois d'industrie et même comme chauffage. Leur àge d'exploitabilité, comme futaie, varie de 80 à 100 ans ; ils peuvent atteindre alors jusqu'à 35 mètres de hauteur, du pied au sommet de la cime, et le superbe diamètre de 150 à hauteur d'homme.

La seconde région est celle du littoral de l'Ouest, et la troisième celle du Sud-Est. Là ce sont les grands massifs de pin et d'épicéa qui dominent, parfois en mélange avec les bouleaux, plus souvent à l'état résineux pur. L'épicéa, qui contient peu de résine, est plus particulièrement recherché pour sa cellulose,

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