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chaîne autrefois bien plus considérable; ou tout au moins elles en constitueraient le plus grand des morceaux échappés à la destruction; les grands blocs exotiques, comme les Mythen de Schwyz, représenteraient des parties à un échelon plus avancé de disparition; enfin dans les nombreuses roches étrangères enrobées dans le flysch, il faudrait voir des épaves et débris de cette chaîne. Dans cette hypothèse, les Alpes auraient été précédées par une chaîne puissante, située légèrement plus au nord; chaine problématique que M. Gumbel a baptisée du nom de « chaîne vindélicienne ».

Voyons comment M. H. Schardt avait développé ce point de vue, en 1891, pour le faire répondre aux exigences diverses du problème. Les sédiments à facies préalpin auraient pris naissance dans la mer de l'Europe centrale avec leur facies différent de celui du Jura, grâce à une profondeur différente. Un réseau de failles longitudinales aurait alors placé cette zone de facies différent en saillie par rapport à la zone jurassique et à celle des plis helvétiques; elle aurait même émergé des flots, constituant une chaîne insulaire, dans la mer du flysch. Ses falaises, attaquées par les vagues, s'écroulaient par morceaux et alimentaient les sédiments oligocènes du flysch, de paquets de couches secondaires d'abord, de leur substratum cristallin ensuite, dont on retrouve les vestiges dans les klippes enrobées dans le flysch.

Le grand plissement alpin aurait littéralement envahi de ses nappes et recouvert la majeure partie. de cette chaîne, déjà presque détruite par les flots; seuls auraient été préservés la grande masse des Préalpes et quelques massifs, de moindre importance, pointant à travers les plis helvétiques. De plus, la poussée alpine aurait produit un phénomène assurément curieux : elle aurait amené un véritable décollement entre la série sédimentaire vindélicienne et son

socle cristallin; tandis que ce dernier se serait écrasé sous la poussée alpine, les masses sédimentaires auraient émergé, chevauchant de tous côtés les terrains plus jeunes. De là, l'apparence de contact anormal, que présente tout le bord des Préalpes; le flysch s'introduisant sous le trias.

Marcel Bertrand, qui contribua tant à la notion des plis couchés, voyait dans les Préalpes une nappe de recouvrement venue du nord, qui aurait envahi les plis du bord nord des Alpes; mais il est à remarquer que le facies des Préalpes romandes et particulièrement de la brèche du Chablais qui les surmonte ne se retrouve nulle part au nord des Alpes, de sorte que l'origine de cette écaille demeure problématique; il faut alors supposer que l'explication tectonique de cette hypothèse est enfouie sous la mollasse du plateau. Néanmoins il convient de faire remarquer qu'il est le premier à avoir signalé, dès 1881, que les Préalpes, sans racines visibles, reposent entièrement sur des couches plus jeunes qu'elles.

C'est en 1893 que le professeur Schardt exposa hardiment la nouvelle conception, totalement différente de celle fournie en 1891, à laquelle l'avaient conduit ses études sur les Préalpes; acceptant les conséquences de l'étude des facies, il déclara que ces montagnes constituent une nappe de recouvrement, venue du sud, par dessus les zones du Mont Blanc et du Finsteraarhorn; elles scraient un fragment détaché des Alpes calcaires du sud. L'hypothèse d'un déplacement de plus de cent kilomètres semblait à cette époque si peu vraisemblable que ce fut un véritable tolle dans le monde géologique suisse chacun se hâta de combattre cette idée qui renversait les opinions les plus respectables; M. le professeur Haug, en particulier, tenta de démontrer que les facies des couches successives des Préalpes se relient parfaitement aux régions environnantes, ce qui

permettait de maintenir qu'elles étaient en place et que seuls leurs bords étaient retroussés sur le flysch.

M. Lugeon, en 1895, se convertissait à l'idée d'un déplacement latéral, mais il croyait pouvoir déduire de nouvelles études sur le terrain que les Préalpes sont la grande exagération des plis helvétiques : elles constitueraient un pli supérieur aux autres; or, un caractère tectonique des groupes de plis alpins est que chaque pli s'avance d'autant plus vers le nord que sa racine est éloignée vers le sud; les plis helvétiques prenant racine dans la vallée du Rhône, c'est également là, mais un peu au sud qu'il faudrait chercher la racine des Préalpes. On remarquera que cet auteur sépare les nappes du flysch du Gürnigel et du flysch du Niesen.

M. Termier, dont les brillantes synthèses des Alpes et les communications au Congrès géologique international de Vienne ont le plus contribué à rallier des partisans à la théorie des grands chevauchements et recouvrements, voit dans les Préalpes un cas particulier du recouvrement général qui affecte les Alpes orientales. D'après lui, en effet, toutes les Alpes calcaires de Bavière et des duchés d'Autriche sont une nappe venue du sud, qui cache le bord autochtone des Alpes. En Suisse cette nappe serait démantelée, de sorte que nous verrions ainsi leur substratum de plis autochtones. Cette hypothèse ne diffère de celle du professeur Schardt que par le mécanisme d'amenée des Préalpes. M. Termier croit qu'elles ont été poussées et ont toujours conservé leur liaison; M. Schardt les détache de leur souche et les fait avancer par plissement du terrain sous-jacent.

Nous nous bornerons à ces quelques opinions qui, à elles seules, suffisent à démontrer la variété des solutions préconisées.

Depuis l'époque où se disputa ce problème des Préalpes, il y a quelque quinze ans, tout le monde a

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Fig. 11. - Coupe schématique du front nord de la chaîne alpine, d'après M. Lugeon: 1. Pli couché de la dent de Morcle en profondeur; 2. Nappe des Diablerets en profondeur; 3. Nappe du mont Gond-Wildhorn; 4. Nappe inférieure de la zone interne; 5-6. Autres nappes de la zone interne; 6A. Nappe supposée indépendante d'un flysch spécial contenant des écailles et blocs arrachés probablement à la zone interne; 7. Nappe des Préalpes médianes; 8. Nappe de la brèche; M. Mollasse dont la pénétration vers le sud est d'une longueur inconnue.

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Fig. 12. Coupe schématique à travers les Alpes par le grand cercle Genève-lvrée (pars). Figure extraite de Les nappes des Alpes orientales et la synthèse des Alpes, par P. Termier. - Légende: A. Terrains tertiaires mollasse, flysch, éocène nummulitique ; B. Schistes lustrés; C. Terrains secondaires, sauf ceux qui sont à l'état de schistes lustrés; D. Permien et houiller, à l'état de terrain cristallophyllien dans la zone centrale de la chaine; E. Terrains primaires antérieurs au houiller, gneiss et granites.

renoncé à l'idée qu'elles pourraient être en place et constituer le reliquat d'une ancienne chaîne; mais l'accord n'est point complet au sujet de l'origine de cette nappe.

Le professeur Dr Schardt, dans une série de communications, échelonnées jusqu'à ce jour, a confirmé et développé son hypothèse par des arguments divers, dont nous nous proposons de donner un aperçu sans respecter l'ordre dans lequel l'éminent géologue les a fait connaître.

Les Préalpes détachées du bord sud des Alpes auraient cheminé vers le nord, en vertu du fait que la surrection de la chaîne s'est faite progressivement dans la même direction. Elles avaient donc, dès le début, au devant d'elles une fosse profonde, vers laquelle elles glissaient lentement, en vertu même de la pesanteur, tout en étant relevées par les plis qui se formaient sous elles, mais comme le phénomène général de contraction de l'écorce relevait peu à peu cette fosse, elles continuaient leur mouvement jusqu'à leur emplacement actuel. Leur passage par-dessus le synclinal profond, où se sont formés les schistes lustrés, aurait été favorisé par les grands plis de gneiss, qui sont venus s'empiler dans ce creux et y ont formé un véritable pont. Ce passage explique en même temps l'exagération d'ampleur et le laminage des plis gneissiques par la surcharge du lambeau des Préalpes qui auraient fait office de traîneau écraseur.

Les klippes ou roches exotiques seraient des roches arrachées pendant le passage par-dessus les plis de gneiss et les plis helvétiques et entraînées par le mouvement de la masse des Préalpes: ce seraient des lambeaux de poussée au sens de Cornet et Briart. Ainsi s'expliquent à la fois leur diversité d'origine, leur variété de composition et leur accumulation sur le front des Préalpes et dans la zone des cols.

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