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où éclatera cette colère et où se manifestera votre juste jugement'.

Déjà les biens que j'aimais n'étaient plus des biens visibles, et les yeux de ma chair ne les cherchaient plus dans ce soleil dont ils étaient éclairés; car ceux qui cherchent leur joie { hors d'eux-mêmes se dissipent et se répandent dans cette vaine recherche. Ces choses qui touchent leurs sens et qu'ils veulent saisir, le temps les emporte, et il n'en reste que les images, dont leurs esprits sont réduits à faire leur pâture. Oh! s'ils pouvaient trouver insupportable cette faim qui les consume, et s'écrier: « Qui nous montrera les biens vérita» bles2? » et qu'alors ils pussent nous écouter lorsque nous leur dirions : « Pour nous, Seigneur, la lumière de votre vi»sage est gravée sur nous 3: » car nous ne sommes pas la lumière « qui illumine tout homme venant au monde ‘; » mais c'est par vous que nous sommes illuminés, afin que nous, qui n'étions que ténèbres, nous devenions lumière en vous !

Oh! s'ils pouvaient voir cette lumière intérieure, cette lumière éternelle! Je l'avais déjà goûtée, et à cause de cela même, je voyais avec la plus vive douleur que, s'ils avaient le malheur de venir à moi avec un cœur entièrement séparé de vous, avec un cœur, pour ainsi dire, tout entier dans leurs yeux, il me serait impossible de leur montrer cette lumière, quand bien même ils me diraient alors: « Qui nous montrera les >> biens véritables? » Car dans ce secret de mon âme où j'étais entré en colère contre moi-même, où j'avais été touché d'une sainte componction, où je vous avais fait le sacrifice de mes anciennes affections; où, plein de confiance en vous, j'avais comme ébauché le renouvellement de ma vie et vous en avais offert les prémices; là, dis-je, vous aviez commencé à me faire goûter vos délices et à répandre votre joie dans mon cœur. Ainsi je m'écriais en lisant ces saintes paroles, dont je ressentais la puissance au dedans de moi; je ne désirais plus voir s'accroître pour moi l'abondance des biens de la terre, et, dévoré moi-même par le temps, devenir la proie des choses que le temps dévore, parce que j'avais trouvé dans

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votre éternelle simplicité « un froment, un vin et une huile ' » bien autres que les fruits d'ici-bas.

Et lorsque je lisais le verset suivant, je m'écriais encore, et d'un cri qui s'échappait du fond le plus caché de mon cœur : Quoi! « je reposerai dans sa paix, dans celui-là même >> qui EST !» Oh! quelles paroles! Car qui pourra s'opposer à nous, lorsque sera accomplie cette autre parole de l'Écriture: «La mort a été absorbée par la victoire 3!» Vous êtes, Seigneur, celui-là même qui est, qui ne change point. vous est ce repos qui porte avec lui l'oubli de toutes les peines, parce qu'il n'en est point un autre qui soit égal à vous, et qu'il ne sert à rien d'acquérir tout ce qui n'est pas vous. « Voilà comment, Seigneur, vous avez affermi mon espérance'.

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En

Ainsi je m'enflammais dans cette lecture; mais c'était vainement que je cherchais comment il me serait possible d'ébranler les oreilles de ces sourds, de ces morts, au nombre desquels j'avais été si longtemps, aveugle comme eux, comme eux me déchaînant avec rage contre vos Écritures, d'où distille un miel tout céleste, où sont réfléchies les clartés de votre lumière éternelle. Pensant alors à la haine que ces malheureux ont pour ces saints livres, je me sentais accablé de douleur.

Que ne puis-je ainsi rappeler à ma mémoire tout ce qui se passa pendant les jours que dura cette retraite! mais du moins je n'ai point oublié et je ne passerai point sous silence, et le châtiment si rude que m'infligea votre main, et le secours si prompt que je trouvai dans votre miséricorde. Vous m'aviez envoyé un mal de dents qui me faisait souffrir d'insupportables douleurs; et le mal augmentant sans cesse, il en vint à un tel excès que je ne pouvais plus parler. Alors ayant conçu la pensée de demander à mes amis qui étaient présents de vous adresser pour moi leurs prières, à vous, Seigneur, qui guérissez tous les maux du corps et de l'âme, j'écrivis sur des tablettes ce que je désirais d'eux, et le leur donnai à lire. A peine avions-nous mis les genoux en terre

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pour implorer votre assistance que ma douleur s'évanouit. Et quelle douleur, et avec quelle rapidité! J'en fus épouvanté, je l'avoue; de ma vie je n'avais rien éprouvé de semblable. Cet effet miraculeux de votre volonté toute-puissante se grava profondément dans mon esprit; et, me réjouissant dans la foi dont j'étais pénétré, je louai votre saint nom : mais cette foi même me devenait une source d'inquiétudes pour mes péchés passés que vous ne m'aviez pas encore remis par la grâce du saint baptême.

Chap. V.

Il fait connaître publiquement sa résolution de renoncer à enseigner la rhétorique. Saint Ambroise lui conseille de lire Isaïe.

La fin des vacances étant arrivée, je fis savoir à ceux de Milan qu'ils eussent à se pourvoir pour les écoliers de leur ville d'un autre vendeur de paroles, parce que j'avais résolu de me consacrer entièrement à votre service, et que d'ailleurs mes douleurs de poitrine et une difficulté extrême de respirer me mettaient dans l'impossibilité de continuer un semblable travail. J'écrivis aussi à votre saint pontife Ambroise, lui faisant connaître dans mes lettres quelles avaient été mes erreurs passées et dans quelles dispositions je me trouvais maintenant, et le priant de m'indiquer ce que je devais principalement lire de vos Écritures pour me mieux préparer à la grâce excellente que je désirais recevoir'. Il me conseilla de lire le prophète Isaïe, sans doute parce que de tous les prophètes c'est lui qui parle le plus clairement des mystères. de l'Évangile et de la vocation des païens. Je commençai à le lire; mais n'y comprenant rien d'abord, et supposant que le reste n'était pas moins obscur, je le laissai pour un temps, me réservant de le reprendre lorsque je serais plus exercé au langage de vos saintes Écritures.

Le baptême.

Chap. VI.

Il reçoit le baptême avec son ami Alipe et son fils Adéodat.
Esprit merveilleux de cet enfant.

Enfin le temps étant venu de me faire inscrire dans votre sainte milice, nous quittâmes la campagne et revînmes à Milan. Alipe résolut de renaître en vous en même temps que moi, humble déjà autant qu'il faut l'être pour participer dignement à vos sacrements, et devenu pour son corps qu'il voulait asservir un maître rude et courageux, jusqu'à marcher pieds nus, ce qui était sans exemple, à travers les chemins glacés de cette partie de l'Italie. Nous menâmes aussi avec nous mon fils Adéodat, qui était l'enfant de mon péché, mais qu'il vous avait plu de combler de vos dons les plus excellents. A peine alors dans sa quinzième année, il était déjà, par son intelligence, au-dessus de bien des gens qui l'emportaient sur lui par le savoir et par la maturité de l'âge.

En cela sont vos bienfaits que je publie, Seigneur mon Dieu, qui êtes le créateur de toutes choses, et qui pouvez facilement tirer le bien du mal que nous avons fait: car il n'y avait rien de moi en cet enfant que mon péché; et si je prenais le soin de l'élever dans votre crainte, cela même venait de vous, et nul autre n'avait pu me l'inspirer. Ce sont donc vos bienfaits que je publie, Seigneur. C'est lui que j'introduis conversant avec moi dans un de mes dialogues intitulé le Maître ; et vous savez que toutes les choses que j'y mets dans sa bouche sont de lui, quoiqu'il n'eût encore que seize ans; et j'ai vu de cet enfant plusieurs choses encore plus admirables. La grandeur de cet esprit me causait une sorte d'épouvante: et quel autre ouvrier que vous, Seigneur, est capable d'aussi merveilleux ouvrages? Mais vous l'enlevâtes bientôt du monde; ce qui fait que le souvenir que j'en ai n'est mêlé d'aucune crainte: car vous lui avez pardonné les fautes de son enfance et de son adolescence, et épargné celles de la maturité de l'âge.

Nous associâmes avec nous au don de votre grâce, selon laquelle notre âge à tous était le même, ce même enfant que j'étais résolu de continuer à faire marcher dans vos voies;

nous reçûmes tous ensemble le baptême, et aussitôt se dissipèrent toutes les inquiétudes dont nous agitait le souvenir de notre vie passée. Pendant ces premiers moments, je ne pouvais me lasser de considérer la profondeur de vos desseins en ce qui touche le salut des hommes, et je trouvais dans cette pensée une douceur merveilleuse. Combien j'étais ému, que de larmes s'échappaient de mes yeux, lorsque j'entendais retentir dans votre église le chant mélodieux des hymnes et des cantiques qu'elle élève sans cesse vers vous? En même temps que ces célestes paroles s'insinuaient dans mes oreilles, par elles votre vérité pénétrait doucement dans mon cœur; l'ardeur de ma piété semblait en devenir plus vive; mes larmes continuaient de couler, et j'éprouvais du plaisir à les répandre.

Chap. VII.

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Époque à laquelle commencèrent les chants d'église à Milan. Découverte miraculeuse des corps de saint Gervais et de saint Protais. Miracles qu'ils opèrent.

C'était depuis très-peu de temps que l'église de Milan avait adopté cette coutume si consolante et si édifiante à laquelle les fidèles se portaient avec beaucoup de zèle, unissant dans ces divins cantiques leurs cœurs avec leurs voix. Il n'y avait guère plus d'un an, et ce fut lorsque l'impératrice Justine, mère du jeune empereur Valentinien, séduite par les Ariens, qui l'avaient entraînée dans leur hérésie, et poursuivant votre serviteur Ambroise de ses persécutions, tout le peuple animé d'une sainte ardeur était venu se renfermer avec lui dans l'église, résolu de mourir auprès de son évêque. Ma mère, votre fidèle servante, ne l'avait pas quitté un seul instant; la première aux veilles et à la prière, plus tourmentée qu'aucune autre des suites de cet événement; et moi-même, quoique le feu de votre Esprit saint n'eût point encore fondu les glaces de mon cœur, je n'avais pas laissé de me ressentir du trouble et de la consternation où la ville entière était plongée. Ce fut, dis-je, en cette occasion, et de peur que le peuple ne succombât enfin à l'ennui d'une épreuve si longtemps prolongée, qu'il fut ordonné que l'on chanterait des hymnes et

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