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DE LA

RESTAURATION

PAR

M. ALFRED NETTEMENT

TOME QUATRIÈME

REGNE DE LOUIS XVIII. MINISTÈRE RICHELIEU-DECAZES.

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BLIOTHEQUE CANTONAL

LAUSANNE

UNIVERSITAIRE

A 15467

DE LA

RESTAURATION

LIVRE PREMIER

CONSPIRATIONS DE 1816

SITUATION DE LA FRANCE AU COMMENCEMENT DU MOIS
DE MAI 1816.

Lorsque le 25 avril 1816 la Chambre, prorogée par une ordonnance royale, se retira, elle partit convaincue que,. selon la teneur de cette ordonnance, elle serait convoquée de nouveau au 1er octobre suivant. Le comte d'Artois avait donné cette assurance aux chefs de la majorité, au nom du Roi son frère. La session avait été vive sans doute, et il était impossible qu'elle ne le fût pas dans des circonstances aussi difficiles, et que la Chambre demeurât seule calme et froide au milieu d'une atmosphère enflammée. Mais, sauf la loi d'élection, sur laquelle on n'avait pu s'entendre, la Chambre et le gouvernement s'étaient mis d'accord sur les points les plus essentiels. On avait traversé les premières diffientes de la seconde Restauration : les exceptés de l'amnistie étaient désignés, les grands

Hist. de la Restaur. IV.

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procès politiques avaient eu leur cours; le ministère était armé des lois défensives et préventives qu'il avait déclarées nécessaires; il avait un budget suffisant pour pourvoir aux dépenses du dedans et à celles que nécessitaient la contribution militaire imposée à la France et les frais de l'armée d'occupation. La Chambre des députés croyait d'autant plus revenir le 1er octobre qu'il n'y avait pas de loi d'élection; l'année précédente une ordonnance royale, rendue au nom de la nécessité, avait réglé les conditions dans lesquelles s'étaient faites les élections de 1815 dont la Chambre était sortie, en affirmant, de la manière la plus expresse, que cette Chambre ferait la loi électorale attendue par la France. Il n'entrait dans l'idée de personne que, l'excuse de la nécessité manquant au gouvernement, il entreprît de faire de nouvelles élections d'après les bases fixées par cette ordonnance pour un cas exceptionnel, celui dans lequel la France se trouvait en 1815, à la fois sans loi électorale et sans Chambre élue.

Ceux qui raisonnaient ainsi n'étaient ni en dehors. de la logique ni en dehors de la réalité des choses. Il est constant qu'au commencement du mois de mai 1816 le Roi ne songeait pas à dissoudre la Chambre. M. le duc de Richelieu n'y songeait pas plus que le Roi. M. Lainé, appelé à remplacer au ministère de l'intérieur le comte de Vaublanc, qui ne s'était pas montré au niveau de ses difficiles fonctions dans la dernière session, surtout dans la discussion de la loi électorale, où il n'avait su être ni avec la majorité ni avec le ministère1, n'y pensait pas plus que le duc de Richelieu; ni le duc de Feltre, ministre de la guerre, ni M. Dubouchage, ministre de la marine, tous deux unis à la droite, encore moins M. Corvetto, renfermé dans sa spécialité financière, ne pouvaient nourrir une telle idée. M. Barbé-Marbois venait de sortir du ministère

1. Il s'était ouvertement déclaré pour le renouvellement intégral.

pour aller reprendre ses fonctions de premier président de la Cour des comptes, qu'il s'était précédemment assurées, et c'était M. le marquis Dambray qui tenait les sceaux à sa place. Ce changement au ministère de la justice avait amené la retraite de M. Guizot, remplacé par M. Trinquelague, récemment nommé procureur général près la cour de Pau, et dont les relations avec la droite étaient connues; M. Trinquelague, en devenant secrétaire général de la justice, obtint le titre de sous-secrétaire d'État. Un seul ministre avait arrêté dans son esprit la dissolution de la Chambre de 1815; j'ai nommé M. Decazes. Il faudra bientôt examiner et apprécier les considérations qui le conduisirent à cette résolution, les motifs qui pouvaient conseiller une pareille mesure, les motifs qui devaient en détourner, les moyens employés pour amener à cet avis le duc de Richelieu, M. Lainé et le reste du cabinet, enfin le Roi lui-même. Mais, avant de passer outre, il convient d'exposer la situation du pays au commencement du mois de mai 1816, et de mentionner quelques événements qui prennent date immédiatement après la fin de la session.

Cette situation était sombre, triste et pleine de périls. Ceux qui se rappellent ce que nous avons dit des passions violentes, des divisions intestines, des rancunes furieuses et réciproques, des défiances mutuelles que les Cent-Jours avaient laissées comme un legs funeste à la France, ne sauraient en être surpris. Le pays continuait à être divisé en partis violents qui s'entre-regardaient avec des yeux de haine. La dissolution de l'armée avait répandu dans toute la France une population militaire mécontente du présent et qui, tournée vers le passé, pouvait facilement ouvrir son cœur à l'espoir de le voir redevenir l'avenir. Ces combattants des grandes guerres communiquaient autour d'eux l'indignation qu'ils éprouvaient contre la victoire de l'étranger attribuée, selon la tendance naturelle de l'esprit du soldat, à la trahison, et contre l'occupation du territoire dont ils rendaient

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