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la fente pédonculaire. Fait à noter: Pas plus que les Dinotherium, les Productus ne comptent, à notre connaissance, de représentants dans la nature actuelle. Or, à l'inverse des Huîtres et de divers Ostréidés, les Productus ne se fixaient pas sur un support : leur grande valve est toujours régulièrement développée. Cependant sa surface porte, ordinairement, des tubérosités assez uniformément distribuées. Bien plus, sur des échantillons enfouis dans des roches argilo-calcaires, à grain très fin, qui, originairement, devaient être de consistance gélatineuse, ces tubérosités sont les bases de tubes grêles, longs parfois d'un décimètre et plus. C'étaient des sortes d'échasses qui permettaient à l'animal de se maintenir à distance du fond. Pourquoi la plupart des échantillons en sont-ils dépourvus? On peut admettre que, dans certains cas, la chute s'est produite avant l'enfouissement de la coquille, comme c'est ordinairement le cas des radioles ou piquants qui garnissent le test des Oursins. Mais, le plus souvent, c'est au cours de l'extraction que ces fragiles appendices ont été détruits par le géologue ignorant ou le paléontologue inhabile. Ne nous y trompons donc pas ; lorsque nous examinons les échantillons ou les images : nous n'avons, très généralement, devant nous qu'un cadavre mutilé, un document pitoyable, et très insuffisant pour qui veut se représenter les Productus à l'état de vie.

Le cas des Réceptaculidés est, à certains égards, plus frappant encore. Sur les bords de la Fagne, par exemple aux environs de Frasnes, on peut récolter, sans grande peine, des squelettes de petits animaux, auxquels on a donné le nom de Receptaculites Neptuni, la coupe de Neptune. Les ouvrages de la paléontologie d'il y a trente ans ou plus les représentent sous forme d'entonnoirs. Leur paroi est faite de sortes de piliers fistuleux; les bases élargies sont accolées sur la face interne de la coupe; les sommets sont couronnés, extérieurement, par des

plaques jointives, tandis que, peu au-dessous, dans l'épaisseur de la paroi, des prolongements stelliformes s'imbriquent, comme pour assurer la cohésion de l'ensemble. Assimilant ces piliers à des spicules, on a rangé, jadis, ces organismes parmi les éponges, de qui la chair se trouve protégée contre les attaques par un réseau d'aiguilles acérées, qui font saillie sous la morsure. Mais, au début du vingtième siècle, on a découvert des spécimens plus complets. Cette fois encore, il a fallu changer d'avis. Les Receptaculites étaient de forme globuleuse ; les piliers se trouvaient disposés suivant une symétrie remarquable par rapport aux deux pôles. Ils n'ont ainsi rien de commun avec les Spongiaires. Ce sont des êtres très anciens, sans analogie avec aucun organisme connu dans la Nature actuelle. Faute de mieux et pour ne pas rompre avec la tradition, les Systématiciens en sont réduits à les ranger en annexe aux Spongiaires. Peut-être les spécimens, parfois très remarquables, qui se rencontrent dans les marbres rouges de Frasnes, permettront-ils à quelque chercheur de nous en apprendre plus long, car, sur certains échantillons, une zone, de nature encore imprécise, semble envelopper la carapace. En attendant, sachons patienter.

Par contre, voici le cas des Trilobites, Arthropodes aussi très anciens, éteints depuis fort longtemps. Le type en est tellement particulier que si les auteurs les rapprochent généralement des Crustacés, dans le sous-embranchement des Antennifères, d'autres sont portés à les ranger à côté des Mérostomés, dans le sous-embranchement des Chélifères. Il n'est pas rare de ne trouver, dans certains gîtes, que des carapaces disloquées, abandonnées, dirait-on, à l'occasion de mues. Ailleurs, cependant, et pour d'autres espèces, on récolte, en abondance, des spécimens complets. Le prodige, c'est que l'exploration attentive de certains gîtes privilégiés a permis de recon

IV• SÉRIE. T. XI.

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stituer la suite des stades que l'animal traverse au cours de son développement.

Dans le règne végétal, les difficultés ne sont pas moindres, même pour cette flore houillère, dont les récoltes semblent devoir être surabondantes. La raison en est que, dans la plupart des cas, notamment en Belgique, les observations en affleurement sont extrêmement limitées. Or, qu'on se représente bien exactement ce que sont les travaux souterrains: des tailles, des galeries de chantier, des galeries à travers bancs, des puits. Dans les tailles, le mineur s'efforce à ne faire que du travail prcductif, à n'enlever que la couche de houille, sans entamer ni le banc rocheux qui la recouvre, le « toit », ni le banc rocheux sur laquelle elle repose, le « mur ». Si, d'aventure, la couche de houille n'est pas en un sillon massif, il s'applique à rejeter aux remblais, en arrière du front d'attaque, dans les vides créés par l'exploitation, tout stérile, toute pierre que renferme la « veine ». Les galeries de chantier entaillent le plus souvent le « mur », parfois le « toit»; mais elles sont toujours de dimensions très réduites par rapport à celles des arbres que nous recherchons. Ordinairement, on les perce brutalement, à l'aide d'explosifs. Les galeries à travers bancs sont creusées par les mêmes méthodes. Les puits enfin, pour être de diamètre de plus en plus fort à mesure que progresse la technique, sont toujours d'un creusement pénible, et, en tous cas, l'observation doit s'y faire sur l'heure, car bientôt les parois seront pourvues d'un soutènement, d'un revêtement continu. L'application de ce système s'étend, d'ailleurs, de plus en plus aux galeries. Il a fallu la chance des exploitations en carrière pour acquérir une idée assez exacte de la taille de certaines d'entre ces plantes fossiles. Il a fallu, aussi et surtout, le concours de ce naturaliste de tout premier ordre, que fut notre confrère, Cyrille Grand'Eury.

Voulons-nous, par exemple, nous faire une idée dé

taillée d'une des grandes Lycopodinées carbonifériennes ? Il nous faudra récolter et réunir toute une série d'échantillons. Les uns montreront l'ornementation de l'écorce, depuis la base jusqu'au sommet du tronc ; d'autres, l'ornementation des ramules et, si les feuilles y sont encore attachées, la forme de celles-ci; d'autres rameaux encore montreront les strobiles ou cônes fructifères fixés à leur extrémité; d'autres, où ces strobiles se trouvent détachés, l'organisation détaillée de ces organes, de leurs écailles. La rencontre de bases de troncs, de souches, nous fera connaître le système radiculaire. Et nous reconnaîtrons ainsi que la plupart des axes tout chargés de radicelles, qui se rencontrent en abondance au « mur » géologique des couches de houille, sont des organes souterrains de Lycopodinées arborescentes, ayant constitué des sols de végétation. Ils feutrent la masse de façon telle que, durant longtemps, il a été classique de déclarer que les « murs » ne renferment que des débris végétaux, alors que, dans les toits, les organes aériens, étalés comme entre les feuillets d'un herbier, étaient déclarés intacts et parfaits. Pour démontrer que le contraire est vrai, le paléobotaniste a dû procéder à de très patientes dissections de la masse rocheuse. Poussant plus loin dans cette voie, il a, d'ailleurs, eu la chance de découvrir des spécimens réellement pétrifiés, la structure cellulaire se trouvant conservée, et même, dans un cas, de voir, au sein de ces cellules, protoplasme plasmolisé, avec noyau. Mais, en définitive, toutes ces observations restent fragmentaires. Pour reconstituer un des grands arbres de l'époque carboniférienne, aucun spécimen ne suffit. Ce n'est que par étapes, par approximations successives, aussi lentement atteintes que rapidement critiquées, qu'on se rapproche progressivement d'une représentation voisine de ce que fut la réalité.

On en jugera par deux essais. Le premier date de cinquante ans. Les Lycopodinées carbonifériennes y ont

le port de peupliers d'Italie. L'auteur s'est borné à supposer que ces formes arborescentes avaient même architecture que les humbles lycopodes actuellement vivants. Transposons et demandons-nous si le plan d'un palais est, abstraction faite des dimensions, de même type que celui d'une chaumière; la réponse est claire.

Le second essai date d'il y a quelque vingt ans. Conformément à une sorte de convention classique, le tronc est dénudé, tel un fût de colonne. Mais la cime est squelettique. Si le mode dichotomique de division des rameaux y est bien évident, la disposition d'ensemble est celle d'un espalier, alors qu'on s'attendrait à une couronne opulente, telle celle d'un pin parasol.

Toutefois, c'est sur un détail que je souhaiterais. attirer plus spécialement l'attention. Dans l'une et l'autre reconstitution, on remarque, sur les gros rameaux et surtout sur le tronc, deux files, diamétralement opposées, ici de grandes cicatrices ovales, là de cônes. logés dans ces alvéoles. Ces cicatrices ont été interprétées de façons diverses; nos auteurs leur ont assigné une origine strobilaire. Or, le dernier de ces travaux se trouvait en voie d'impression, quand un étudiant de l'École des Mines de Liége eut, au cours d'une promenade, la curiosité de visiter le terril d'une houillère des environs de cette ville. Remarquant une plaque de schiste portant des dessins de forme anormale, il l'enleva et eut le bon esprit de l'apporter au laboratoire de paléontologie de l'Université. Là, on reconnut que la trouvaille était d'importance, car la pièce était décisive. En effet, on y voit, sur une face, le moulage d'une grande cicatricedu type en question, et, sur l'autre, en connexion avec cette cicatrice, un rameau rapidement bifurqué. Ces cicatrices, dites ulodendroïdes, n'étaient donc pas celles d'insertion de cônes, mais la trace de rameaux, peut-être rapidement caducs, dont l'organisation correspondait,. d'ailleurs, à un plan architectural logique, bien que trop.

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