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<< Et comme les plumes, les poils, les soies sont les premiers à pousser sur les membres des quadrupèdes ou sur le corps des oiseaux, ainsi la terre dans sa nouveauté commença par faire pousser les herbes et les arbrisseaux pour créer ensuite les espèces vivantes qui naquirent alors en grand nombre et de mille manières sous des aspects divers. Car si les animaux ne peuvent être tombés du ciel, ni les espèces terrestres être sorties des profondeurs de la mer reste donc à admettre que la terre mérite bien le nom de mère qu'elle a reçue puisque c'est de la terre que proviennent toutes les créatures. Du reste, même de nos jours, on voit sortir de terre de nombreux animaux engendrés par les pluies et la chaleur du soleil : quoi d'étonnant dès lors qu'à cette époque des espèces plus nombreuses et plus grandes aient pu naître de toutes parts, alors qu'elles grandissaient dans la pleine nouveauté de la terre et du ciel ? » (Op. cit., vers 788 et sqq.).

Sautons plus de quinze cents ans. En 1616, le moine Vanini, athée et moniste, déclare dans son « De admirandis naturae archais » que l'homme dérive des simiens. En 1748, de Maillet affirme que la « vie sort de la mer » (1). Mais déjà de Maillet est du milieu du XVIIIe siècle, subit l'ambiance des idées de son époque et ne peut être compté comme un esprit original.

Et nous avons en mains tout ce qui a été dit jusqu'à Gueneau sur le Transformisme, savoir :

par Thalès peut-être l'eau est le principe de toutes choses;

par Anaximandre peut-être l'homme a commencé. par ressembler à un poisson;

par Anaxagore peut-être les germes vivants sont tombés du Ciel sur la terre ;

(1) de Maillet a publié, sous le clair pseudonyme de Telliamed, son Entretien d'un philosophe indien avec un missionnaire français sur la diminution de la mer.

par Empédocle : l'homme est successivement plante, oiseau et poisson ;

par Lucrèce : tout passe, tout change et se transforme ; les êtres vivants naissent spontanément de la terre ; par Vanini : l'homme descend du singe;

par de Maillet la vie sort de la mer.

C'est tout. C'est peu. D'autant plus que toutes ces affirmations sont des vues de l'esprit, plus exactement des produits d'une imagination n'ayant à peu près aucun point d'appui expérimental.

Concluons donc que le Transformisme est d'origine française et date réellement du milieu du XVIIIe siècle.

Nous n'ajouterons qu'une réflexion. On aura remarqué que, aussi bien que Gueneau, Buffon et Lamarck ont, avant de parler de la variabilité des espèces, défendu la génération spontanée. Il leur semblait évidemment à tous trois que ces deux questions fussent indissolublement liées. En fait, si la génération spontanée est quasi nécessaire au mécanisme intégral, ainsi que le prouvent par exemple les efforts si marqués, et d'ailleurs parfaite ment inutiles, d'un Ernest Haeckel, elle ne l'est aucunement au Transformisme qui n'a pas à répondre à la question D'où vient la vie ? mais seulement à celle-ci : Comment se modifient les espèces vivantes ? La fortune extraordinaire, aucunement gênée par les découvertes de Pasteur, du Darwinisme le prouve avec surabondance. Et si Gueneau revenait de nos jours, sans nul doute il ne penserait plus à reprocher à Jean Swammerdam sa « foiblesse métaphysique », tout heureux et fier qu'il serait en constatant le succès fantastique d'une idée qu'il avait, le premier peut-être, semée.

M. MANQUAT,

Professeur à l'Univ. Cath. d'Angers.

Le problème des communications

et du transit (1)

Les conséquences du prodigieux développement des communications pendant les cent dernières années sont généralement connues. Notre terre s'en est trouvée comme rétrécie. La société internaționale, contrainte à plus de cohésion par ce resserrement continu, a pris une réalité toute nouvelle et les développements du droit international s'en sont nécessairement suivis.

Ces constatations sont banales; mais comme d'autres, d'égale évidence, elles ont été surtout affirmées en passant. Il serait cependant d'un sérieux intérêt de les approfondir, de voir en détail, méthodiquement, chronologiquement et logiquement comment chaque progrès matériel a entraîné une nécessité puis une réalisation de droit, et d'en déduire, ainsi qu'il est généralement possible d'une étude bien conduite sur le passé, une vue moins incertaine et des leçons pour l'avenir.

Tel ne sera cependant point le sujet de cet entretien, qui portera sur une autre question qui nous paraît devoir passer la première. Avant que d'examiner en effet quelles conséquences de droit ont entraîné les progrès des communications, ne convient-il pas de se demander si la cause qui a produit ces effets, si les communications elles-mêmes ne sont pas soumises à des règles de droit

(1) Exposé documentaire présenté à la XVIIa Session des Semaines sociales de France, Le Havre, 5 août 1926.

et si ces règles sont d'une nature telle qu'elles rentrent dans le cadre des préoccupations qui nous tiennent ici réunis ?

Nous étudierons ce problème non point théoriquement et dans son ensemble ce qui ne conviendrait point au caractère non plus qu'à la durée de ce modeste exposé documentaire mais sur une expérience de grosse importance et qui pourra être considérée comme concluante, à savoir les communications par chemins de fer.

Plus précisément, travaillant sur documents et sur documents vécus, ce qui pourra peut-être rendre l'exposé moins ingrat, nous nous demanderons si, de l'activité postérieure à la guerre des organismes internationaux, il résulte que ou bien les communications par voies ferrées sont commandées uniquement par des principes de construction, de mécanique, d'organisation et au plus par un certain droit purement conventionnel adéquat à cette organisation, ce qui est une opinion, au moins inconsciente, tout à fait courante; ou bien, cette opinion est erronée et les communications par voies ferrées n'échappent pas à l'autorité des règles d'un droit naturel objectif et donc, en son fonds, préexistant à l'invention même des chemins de fer.

I

Au lendemain de la guerre, les transports sont désorganisés par les destructions, le non-renouvellement des voies et du matériel, la disparition ou l'épuisement du personnel, les remaniements territoriaux, les déplacements et l'incertitude des courants de trafic; les conventions internationales sont abrogées ou en suspens: conditions rigoureusement défavorables à la constatation immédiate du droit, peut-être propices à sa découverte progressive au fur et à mesure qu'il reparaîtra.

Pendant les années 1919 et 1920, on n'assiste qu'à un

effort pratique de réorganisation, intéressant surtout la zone particulièrement atteinte des états successeurs de l'Autriche-Hongrie Section des communications du Conseil suprême économique, Commission de répartition et Commission provisoire de circulation de Vienne, Conférence des passeports, etc.

Toutefois dès cette période intervenaient une série de décisions de la Commission des réparations en matière de transports de restitutions et de réparation, décisions qui engageaient au premier chef des questions de droit: sur les positions prises par cette, alors grande, Commission nous aurons à revenir.

Au printemps 1921, se réunit la première Conférence générale des communications et du transit. Son objet répondait à un vaste dessein. Elle devait connaître non seulement des chemins de fer, mais tout d'abord du transit en général, puis des canaux, des ports, etc. Elle devait avoir souci et du remède aux difficultés présentes, et de l'instauration d'un avenir ordonné et en droit et en fait. Elle n'avait pas seulement à accorder les états européens, mais aussi à unir dans une œuvre commune les quarante-quatre états, adhérents ou non à la Société des nations, dont les représentants étaient arrivés à Barcelone venus de toutes les parties du monde.

Considérons cette vaste entreprise de notre seul point. de vue le régime des voies ferrées. Ici et par la suite, pour citer les opinions en présence et leur donner suffisante physionomie tout en évitant les personnalités, nous qualifierons les orateurs par leurs nationalités. Peutêtre chacun d'eux exprima-t-il les opinions dominantes en son pays; mais nous n'oublierons pas que, dans chaque pays, toutes les opinions sont représentées et nous nous garderons d'attacher à ces qualifications une signification exagérée.

La Conférence de Barcelone avait donc à examiner un projet de convention sur « le régime international des

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