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mentaux. Une psychologie médicale ainsi comprise introduit directement, mais assez exclusivement, à la psychopathologie.

Les médecins, nous assure-t-on dès la Préface, ont trop de propension à envisager uniquement, chez leurs malades, « le terrain bio-organique », alors que le « terrain psychique » a souvent une importance au moins égale. Or, la « constitution psychique » possède ses lois propres, liées certes à celles de la constitution physique, mais originales par plus d'un côté. « Comment se forme, comment s'édifie cette constitution psychique ? Quels sont les facteurs qui favorisent ou entravent son développement ? Quelles sont ses principales déviations de la normale? Dans quelles conditions et sous quelles influences se manifestent-elles? Quels sont les rapports exacts existant entre la vie physiologique et la vie psychique, tant à l'état normal qu'à l'état de maladie? Existe-t-il des types d'individualités psychiques comme il existe des types d'individualités anatomo-physiologiques? Quels sont les liens rattachant les uns aux autres? Telles sont quelques-unes des questions que M. Kretschmer s'attache à résoudre en utilisant d'une part les données fournies par l'étude des localisations cérébrales, du système nerveux végétatif et du système endocrinien, d'autre part celles de la neuropathologie et de la psycho-pathologie... (Préface du traducteur, p. 8.)

La Première Partie analyse « Les principales fonctions psychiques et leur substratum anatomo-physiologique ». Avertissons une fois pour toutes que la conception philosophique de l'auteur une sorte de monisme idéaliste appellerait de notre part de sérieuses réserves si elle avait, dans ce livre, un rôle moins effacé elle n'y est point défendue comme une thèse, mais proposée seulement comme un principe méthodologique d'unité. Un des mérites spéciaux de cette Première Partie est assurément sa parfaite tenue à jour. Grande attention est accordée aux données les plus récentes de la psychophysiologie des centres nerveux, en particulier aux recherches sur les fonctions du mésencéphale. Cependant, quelques pages (signées en 1926) consacrées au sympathique et aux troubles d'origine

endocrinienne, ne reflètent point encore les réserves qui se sont fait jour récemment à ce sujet.

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Dans la Deuxième Partie, intitulée « Les appareils psychiques et leur formation phylogénique », se retrouvent beaucoup d'éléments empruntés à l'école de Freud et à Bleuler. Tout psychologue jugera fort intéressante l'analyse des processus « schizophréniques », considérés comme l'exagération pathologique d'une disposition appartenant à la psychologie normale (« tempérament schizothymique »).

La Troisième Partie « Instincts et tempéraments », assigne, à juste titre, dans l'étiologie des troubles mentaux une grande place à l'instinct sexuel. On notera cependant que le point de vue de Kretschmer, s'il se rapproche parfois de celui de Freud, en reste foncièrement différent. Au demeurant, plus d'une affirmation de l'auteur, par exemple sur le mécanisme et l'étendue de la « sublimation »>, nous paraît contestable.

En parcourant la Quatrième Partie : « Les personnalités et les réactions-types », nous eûmes l'impression de rencontrer, groupées certes d'une manière intelligente, mais un peu sommaire, pas mal de choses déjà dites par d'autres auteurs. Les sections précédentes portent davantage la marque de la forte originalité du psychiatre allemand.

Quant aux cent pages de la Cinquième Partie : « Psychologie médicale pratique », elles ne sont évidemment qu'une esquisse, mais très intéressante par la netteté du trait et par la valeur d'expérience qu'elle concentre. Il serait difficile d'enfermer plus de choses dans un plus bref aperçu.

Au total, cet ouvrage, fort bien traduit sur la troisième édition allemande, mérite de recevoir bon accueil des médecins et des psychologues. S'il appelle çà et là la discussion, il représente très honorablement une des tendances les plus vivantes de la psychiatrie contemporaine.

J. MARECHAL, S. J.

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LA SCHIZOPHRENIE. Psychopathologie des schizoïdes et des schizophrènes, par le Dr E. MINKOWSKI. Un vol. de 268 pages (14 X 22). — Paris, Payot, 1927. — Prix : 20 francs.

On sait l'intérêt psychologique qu'offrent les dissociations fonctionnelles de la « démence précoce ». Malgré les oppositions, parfois justifiées, qu'il rencontra, ce fut la gloire de Kraepelin d'avoir ramené à cette entité morbide le tableau clinique de troubles qui paraissaient plus ou moins indépendants l'un de l'autre, telles la catatonie, l'hébéphrénie proprement dite, et la démence paranoïde. Mais la synthèse de Kraepelin ne dégageait pas encore assez nettement la racine psychologique d'où naissent les symptômes si variés de la démence précoce. Freud et son école, à leur tour, abordèrent le problème, non par le côté formel (par les mécanismes), mais surtout par le côté matériel, c'est-à-dire par l'exploration des contenus (des «< complexes »). Mais cette voie, si elle peut conduire à l'interprétation de symptômes individuels relativement fréquents, n'atteint pas la cause profonde de la maladie. Bleuler semble avoir été plus heureux en introduisant la notion de schizophrénie, déjà pressentie par d'autres psychiatres. La « schizophrénie » est l'état pathologique créé par la prédominance excessive d'une disposition fonctionnelle existant chez un grand nombre de normaux : la «schizoïdie »; entendons par là une tendance dissociatrice et isolante, qui fait contraste avec la prédisposition diamétralement opposée, régnant chez d'autres individus, la << syntonie », sorte de perméabilité spéciale par rapport à l'ambiance. Un certain équilibre de schizoïdie et de syntonie (de « schizothymie » et de « cyclothymie », dit Kretschmer) est requis pour la santé normale de l'esprit.

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Pas plus que la syntonie, la schizoïdie n'est un « symptôme » : elle est mieux que cela, « l'état mental qui conditionne les symptômes » les plus divers et leur confère une unité nosologique. Le Dr Minkowski, tout en défendant ici l'orthodoxie bleulérienne contre les théories, d'ailleurs voisines, du professeur Claude (Lyon) et de ses élèves, trouve que Bleuler lui-même, trop associationniste, n'a point dit le dernier mot en la question. Intégrant Bleuler par Bergson, il dénonce, dans la perte du « contact vital avec la réalité », le « trouble essentiel » de la schizophrénie. On ne peut manquer d'apercevoir la proximité de cette conception avec celle de « l'altération de la fonction du

réel », où le professeur Pierre Janet découvrait l'explication des psychasthénies graves. Entre les deux conceptions, il n'y a point toutefois identité, encore que le Dr Minkowski range volontiers dans les cadres de la schizophrénie plusieurs « psychasthéniques » de Janet.

Nous croyons que l'auteur n'eut point tort de dépasser l'horizon de Bleuler. Reste cependant que « le contact vital avec la réalité » se laisse mieux sentir que définir. L'élargissement du point de vue ne va pas sans quelque détriment de la précision technique. Cet écueil serait-il fatal ?

J. MARECHAL, S. J.

L'AME PRIMITIVE, par L. LÉVY-BRUHL, membre de l'Institut. Un vol. de 451 pages (14 × 23). - Paris, Alcan, 1927. Prix 50 francs.

Le nouveau livre du distingué professeur de la Sorbonne demeure, on le pense bien, étroitement coincé dans le cadre de la « méthode sociologique ». Ce n'est point ici le lieu d'instituer la critique des postulats généraux formulés jadis par Durkheim et plus ou moins amendés par ses disciples, ni même de discuter la portée exacte des conceptions personnelles développées par M. Lévy-Bruhl dans ses travaux précédents. Disons seulement qu'on fera bien, en lisant ce volume, de se souvenir des présupposés qui l'inspirent.

« L'objet du présent ouvrage, écrit l'auteur, est d'étudier comment les hommes qu'on est convenu d'appeler primitifs se représentent leur propre individualité. Je me proposais d'y rechercher, à la lumière des résultats obtenus dans de précédents travaux, quelle notion ils possèdent de leur vie, de leur âme et de leur personne. L'examen des faits m'a amené à reconnaître qu'ils n'en ont pas, à proprement parler, de notions. C'est en présence de « prénotions » que je me suis trouvé ». (Avant-Propos). On reconnaît, dans une application particulière, l'idée, chère à M. Lévy-Bruhl, d'une « mentalité prélogique » des primitifs.

Les soixante pages d'Introduction fournissent la clef du volume entier. Les rites et coutumes, l'art même des primitifs, révéleraient chez ceux-ci la croyance confuse

mais ferme à « l'homogénéité essentielle de tous les êtres » (animés et inanimés, humains et surhumains). En estompant ainsi, d'avance et en gros, le contour de l'individualité, il devient plus facile d'interpréter, selon les principes de l'École sociologique, les traits particuliers où M. Lévy-Bruhl voit l'indice d'une imparfaite distinction entre l'individu humain, d'une part, et, d'autre part, soit le groupe social constitué par les vivants (thème de la Première Partie), soit les extensions de ce groupe outre-tombe, au royaume des ombres (thème de la Deuxième Partie).

Louer l'érudition abondante de M. Lévy-Bruhl serait superflu. Et elle est ici puisée aux bonnes sources. Mais nous permettra-t-on de remarquer combien est trompeuse l'apparence de raisonnement inductif qui s'y alimente. Le lecteur se ferait singulièrement illusion, en s'imaginant avoir sous les yeux les éléments positifs suffisants pour contrôler les conclusions qu'on lui propose. En fait, il n'a devant lui qu'un groupement ingénieux, une interprétation subjective plus ou moins plausible, de phénomènes dont la signification réelle demeure souvent ambiguë. Voici quelques sujets d'inquiétude qui hanteront l'esprit d'un lecteur exigeant. Pour tirer, des faits ethnologiques rapportés, des conclusions sûres, un certain étagement ne s'imposerait-il pas entre les milieux, dits « primitifs », où l'on cherche des exemples probants? Le même trait matériel a-t-il nécessairement la même portée chez un esquimau, chez un aborigène australien et chez un bantou? Dans une peuplade donnée, le symbolisme imagé offert par les rites et le langage, est-il exactement superposable à la signification objective réellement pensée, surtout lorsqu'il s'agit d'objets métempiriques (âme, esprits, divinité, etc.) ? Une pareille méthode, appliquée aux coutumes et au langage de milieux non primitifs, livrerait des résultats plutôt drôles; en tout cas, l'imagerie symbolique de nos vocabulaires n'est guère adéquate au contenu de l'idée. Seule une fréquentation directe et prolongée des peuplades primitives doit permettre de deviner l'idée, sans doute assez confuse, qui se cache derrière des symboles nécessairement imparfaits. Et puis, une notion indistincte, sujette donc à des alliances qui nous paraissent bizarres, est-elle proprement une « prénotion »> ?

« ÖncekiDevam »