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De même, l'acceptation, par ignorance ou par incuriosité critique, de prémisses qui nous paraissent étranges, trahitelle un stade de pensée « prélogique » ? Il nous semble, au contraire, si nous en croyons de plus compétents que nous, que plusieurs des « primitifs » de M. Lévy-Bruhl possèdent un instinct sûr des lois formelles de la logique, celles qui traduisent la structure essentielle de la pensée. Si nous posons ces points d'interrogation qu'on pourrait multiplier - ce n'est nullement pour déprécier une œuvre érudite et consciencieuse, riche et intéressante, mais pour bien marquer, qu'à notre sens, elle exprime beaucoup plus la réaction de la « méthode sociologique »> sur les faits, que l'enseignement direct des faits eux-mêmes. Des données d'observation, groupées par M. Lévy-Bruhl, un à-priorisme théorique différent du sien tirerait, non moins légitimement, des conclusions différentes.

J. MARECHAL, S. J.

ESQUISSE D'UNE PHILOSOPHIE, par O. LEMARIÉ, seur aux Écoles Massillon, Fénelon et Bossuet. de 493 pages (14 X 23). Paris, Alcan, 1927. 40 francs.

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profes

Un vol.
Prix :

« Fruit de nombreuses années de méditation personnelle et d'enseignement, ce livre s'offre à tous ceux qui sont en quête de la Vérité, pour les aider à la découvrir en euxmêmes. Ce n'est pas un ouvrage d'érudition, mais de pensée. L'auteur en a volontairement écarté, au profit des lignes principales, l'étude méticuleuse des détails; et, plaçant son exposé au-dessus de l'histoire, l'a dégagé totalement de l'examen et de la critique des systèmes » (Avant-Propos). Une Histoire des problèmes est d'ailleurs annoncée comme complément à l'Esquisse présente. Celleci débute par la Psychologie, qui remplit plus des trois quarts du volume. Suivent la Logique, la Métaphysique et la Morale. Plan coutumier de manuel scolaire. Et pourtant, rien de moins pédant que ce traité : écrit dans une langue souple et discrètement élégante, il se lit avec agrément, comme on écouterait une causerie à la fois sérieuse et bien dite. Ni subtilités inutiles, ni profondeur

cherchée, ni déductions abstruses, ni preuves assénées; mais plutôt un exposé judicieux et vivant, compréhensif aussi; une utilisation heureuse des enseignements et des suggestions de l'expérience intégrale; bref, quelque chose d'éminemment persuasif, sinon toujours d'absolument « démonstratif »; un classement harmonieux et une entraînante convergence d'indices, sinon une déduction implacable et puissamment construite.

La philosophie de l'auteur est franchement spiritualiste; le plus souvent elle rejoint dans le fond plus que dans la forme les thèses principales de la scolastique; quelquefois elle procède d'un éclectisme, d'ailleurs prudent, qui n'est pas toujours au bénéfice d'une plus grande rigueur systématique ; d'aucuns la trouveront même insuffisamment << objectiviste », sans toutefois qu'ils puissent équitablement la taxer de « subjectivisme ».

J. MARÉCHAL, S. J.

SUPERPERSONALISM. THE OUTER CONSCIOUSNESS A BIOLOGICAL ENTITY, by W. D. de 115 pages (15 x 23).

Prix 2 dollars.

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LIGHTHALL, LL. D. · Un vol.
Montréal, Witness Press, 1926.

L'auteur de cet Essai se refuse à renfermer la conscience dans l'individu. Chaque conscience individuelle est solidaire d'une « conscience du dehors » (Outer Consciousness). S'efforçant d'interpréter cette dernière, la réflexion philosophique arriverait à postuler une << super-personne », principe universel intelligent, qui imprime à chaque être, depuis le plus infime jusqu'à l'homme, une poussée instinctive (purpose) qui le porte « affectivement » ou « téléologiquement » au delà de soi-même, vers la réalisation collective de « plus de joie ». Reconnaître cette motion évolutive bienfaisante, et s'y livrer avec une confiance qui surmonte tout étroit égoïsme, c'est la destinée morale de l'humanité. Ce qu'est, en elle-même, la « super-personne >>> immanente aux individus dont elle dirige l'évolution, l'auteur ne s'en explique guère. Sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans plus de détails, nos lecteurs discerneront aisément les aspects justes et les insuffisances notables

d'une pareille conception, qui d'ailleurs n'est pas sans analogue dans la philosophie contemporaine.

J. MARECHAL, S. J.

PSYCHOLOGIA SPECULATIVA. Tomus I: Psychologia sensitiva, par le R. P. JOSEPH FRÖBES, S. J. — Un vol. de VIII-253 pages (21x16). Fribourg-en-Brisgau, Herder,

1927.

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Pas plus dans la scolastique traditionnelle que dans les autres systèmes philosophiques, la métaphysique du « sujet sensitif » ne revêt une forme entièrement satisfaisante. Une des causes (sinon la cause principale) de cette insuffisance doit être cherchée dans le décalage qui s'est produit entre la réflexion spéculative peu en progrès sur ce terrain, il faut l'avouer et l'ensemble de plus en plus complexe des données et des théories empiriques. C'est avec une vive et sympathique curiosité que les psychologues scolastiques ouvriront le Manuel latin que nous offre le savant P. Fröbes. L'auteur du magistral Lehrbuch der empirischen Psychologie (3e éd., 2 vol., Fribourg, Herder) n'ignore rien des aspects positifs de son sujet. Et c'est là une grande sécurité pour ceux qui utiliseront son petit livre. Il évite, d'ailleurs, tout étalage superflu d'érudition aux lecteurs désireux de plus de détails, son grand Lehrbuch, auquel il renvoie fréquemment, ouvre une mine inépuisable. Parmi les questions où la compétence spéciale du R. P. Fröbes se révèle particulièrement précieuse, nous signalerions volontiers les suivantes : l'instinct et la connaissance chez l'animal ; la nature matérielle ou immatérielle, étendue ou inétendue du principe sentant; la répartition des sensibilités chez l'homme; la critique des caractères quantitatifs de la sensation; la discussion du mode d'objectivité et du degré d'immédiation de la perception sensible (l'auteur tient la sensation pour un medium in quo cognoscitur, non pas pour un pur medium quo, ni davantage pour un medium quod); la théorie de l'imagination et de la mémoire; les représentations sensibles plus complexes (localisation spatiale, profondeur ou relief, distance); la conscience de soi dans l'ordre de la sensibilité ; les passions et l'affectivité sensibles;

les réactions psychomotrices. Tous ces problèmes sont traités avec sobriété, avec concision même. Et ils le sont, bien entendu, au point de vue métaphysique.

Dans ses interprétations philosophiques, le R. P. Fröbes, sans s'écarter de l'orthodoxie scolastique, ne se réclame exclusivement d'aucune des grandes Écoles traditionnelles. Il pratique un éclectisme intelligent, dont les résultats, s'ils n'imposent pas toujours la conviction - ce serait trop exiger en une matière comme celle-ci sont toujours proposés avec une modération judicieuse. Nous nous plaisons à recommander ce Manuel bref, clair et d'information sûre.

J. MARECHAL, S. J.

XXII. THÉORIE DES PHÉNOMÈNES MONÉTAIRES. STATIQUE, par J. RUEFF.- Un vol. de 368 pages (23 × 15), de la Bibliothèque scientifique. Paris, Payot, 1927. Prix 40 francs.

Pour la première fois, depuis la guerre, un économiste français vient de livrer à la publicité une théorie complète des phénomènes monétaires. Si les ouvrages de ce genre ne furent pas rares en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux États-Unis et ailleurs, en France, on n'avait point encore vu un semblable effort de synthèse, car les études récentes et extrêmement intéressantes de M. Aftalion n'épuisaient nullement la matière.

Pour l'instant, c'est la première partie de son travail que nous présente M. Rueff : la statique monétaire. Il entend par là « l'étude des actions qui assurent et maintiennent l'immobilité » du niveau général des prix, réservant pour un tome second la dynamique monétaire où seront analysées les « variations du niveau général des prix dans leurs rapports avec les causes qui les provoquent ».

Nous avons donc ici une description du mécanisme en quelque sorte spontané qui réalise l'équilibre monétaire ou le rétablit lorsqu'il a été troublé.

Envisageant d'abord les caractéristiques de la circulation monétaire à l'intérieur d'un pays, M. Rueff pose la fameuse équation d'échange dans une formulation à peu près analogue à celle d'I. Fischer :

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C'est bien, sauf l'introduction d'un facteur constant (k), l'égalité mise en lumière par l'économiste américain. « Elle exprime seulement, écrit M. Rueff, que le montant des paiements effectués en une certaine période est identiquement égal à la valeur des biens payés en cette période ». Mais ce truisme car c'en est un - n'en est pas moins la « vérité dominante » de la théorie monétaire. Toutefois, l'auteur semble (1) avoir eu à cœur d'écarter les fortes objec tions que, dès 1912, M. Simiand élevait contre l'équation de Fischer, estimée incomplète (Année sociologique, t. XII, pp. 709-711). Il a voulu prouver que tout ce qui ne rentrait pas dans cette équation pouvait être négligé sans inconvénient sa démonstration, rejetée dans l'appendice II, concerne seulement les paiements différés (ventes à crédit) et les règlements internationaux, mais non les échanges de biens contre des biens, respectivement évalués en monnaie, par l'effet de compensations; elle ne nous a d'ailleurs pas paru pleinement convaincante et ne vaut certainement pas sur le plan dynamique.

Pour fixer la notion de « monnaie circulante », l'auteur envisage seulement cette fraction du volume des moyens d'échange que nous tenons toujours prête à servir à nos transactions quotidiennes, par opposition à celle que nous conservons plus ou moins immobilisée. Mais cette distinction, reconnue par M. Rueff « tout artificielle et ne répondant en rien à la réalité des choses », ne nous paraît pas beaucoup contribuer à préciser l'un des termes de l'équation. En revanche, l'auteur établit très nettement la profonde différence qui sépare l'équation d'échange de la théorie quantitative que beaucoup d'économistes ont cru pouvoir en déduire.

Des pages intéressantes sont consacrées au calcul du niveau général des prix et de l'indice d'activité des échanges. Pour le premier, l'idéal théorique consisterait en une moyenne arithmétique pondérée des prix de tous les articles ayant donné lieu à transaction pendant la période étudiée (avec

(1) Semble », disons-nous, car M. Rueff qui, en général, ne fournit aucune référence d'auteur ne manifeste point cette intention dans son texte.

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