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péen moderne) n'est point pathologique, et elle aurait un grand intérêt spécifique, si, comme les trouvailles de 1915 semblent l'indiquer, elle était constante dans la race de Piltdown. Mais jusqu'ici, ce caractère n'est susceptible d'aucune interprétation physiologique, ni phylétique.

Il n'en va pas de mème du dessin extérieur des os. Par ses arcades sourcilières, faiblement accusées, son front droit, son occipital arrondi, la forme régulière et harmonieusement voûtée de sa boite crânienne, par sa fosse glénoïde étroite et profonde, l'Homme de Piltdown nous apparait comme absolument différent de l'Homme de Néanderthal, incomparablement plus proche que ce dernier du type normal de nos contemporains. Le volume du crâne (difficile à mesurer avec précision, parce que les pièces trouvées ne s'agencent pas avec une exactitude absolue) est aujourd'hui fixé par M. Woodward à 1300 centimètres cubes, ce qui est la moyenne, dit M. Boule, des crânes de Boschimans et d'Australiens.

Dans ces conditions, on ne peut accepter qu'avec réserve, par suite de l'énorme difliculté des observations sur lesquelles elle repose, la conclusion du Prof. Elliott Smith qui, après avoir étudié le moulage intra-crânien de l'Homme de Piltdown, croit devoir lui attribuer l'encéphale humain le plus primitif et le plus simien que l'on connaisse encore ».

Par tous ses caractères ostéologiques les plus francs, le crane de Piltdown appartient à un Homme si caractérisé qu'une étude attentive peut seule le différencier d'un crane d'Homme actuel.

Voilà pour les os du crâne.

Si nous passons à l'étude de la mâchoire et de la dentition, changement complet! L'une et l'autre sont simiennes, tellement simiennes, que c'est maintenant pour arriver à les distinguer des parties correspondantes d'un Chimpanzé qu'il faut déployer une véritable subtilité.

La symphyse de la mandibule, au lieu de s'arrondir à son bord inférieur en un bourrelet régulier, comme chez l'Homme, se prolonge en dedans de la machoire sous forme d'une lame osseuse, exactement comme chez les Singes, caractère qui n'est même pas ébauché sur la mâchoire, pourtant si primitive, de Mauer. Les molaires pourraient, à la rigueur, passer pour humaines. Mais la canine est grande, pointue, fortement usée intérieurement, comme chez le Chimpanzé.

Ainsi, crâne humain et mâchoire de singe. On comprend que

M. Woodward ait cherché, pour une association aussi étonnante, un vocable nouveau (Eoanthropus Dawsoni). Toutes réserves faites sur l'opportunité du nom choisi, l'hominien de Piltdown méritait bien qu'on fit pour lui, dans la classification, une coupure particulière.

Oui, il méritait cela, à moins qu'il ne fût un animal composite, reconstitué par erreur avec des pièces appartenant à deux êtres différents.

Nous voici arrivés à ce qui constitue proprement le cas de l'Homme de Piltdown.

Je ne pense pas qu'à l'esprit de ceux qui furent témoins de la découverte de Piltdown, l'idée se soit présentée un seul instant que le crane et la mâchoire pussent ne pas appartenir à un même individu. D'où leur venait cette assurance? Tout justement de ce qu'ils avaient vu, de leurs yeux, les fossiles presque côte à côte dans le gravier.

Comme dit très justement M. Boule (loc. cit., p. 62), « il est bien difficile d'imaginer la présence, sur un même point, au sein d'une antique formation alluviale, de débris appartenant à deux espèces de grands Primates, et d'expliquer, par le jeu du hasard, que ces débris aient les mêmes caractères physiques, se rapportent à des êtres de même taille, et appartiennent à des parties du squelette qui se complètent ». L'improbabilité augmente encore quand on songe que la canine, si elle n'est pas un fragment isolé d'un troisième Primate (ce qui serait déjà un nouveau hasard bien extraordinaire), prouve que le Singe était représenté à Piltdown non par une mâchoire inférieure seulement, mais par tout un morceau de la face, c'est-à-dire, vrai semblablement, par un crâne deux cranes ensemble, c'est vraiment beaucoup.

Enfin, l'invraisemblance atteint son comble après la découverte de 1915. Si vraiment, ce que je ne saurais garantir, la molaire isolée trouvée par M. Dawson est identique à celles du maxillaire de Piltdown, il faut supposer l'association fortuite HommeSinge renouvelée deux fois de suite, à deux milles de distance. Un pareil hasard est presque inadmissible, surtout, je le répète, pour les auteurs de la découverte qui, ayant vu le rapprochement des objets in situ, ont senti, dans toute sa force, la probabilité de leur connexion organique.

Pour ceux-là, l'invraisemblance topographique d'une dualité originelle des ossements fait céder toutes les difficultés d'ordre ostéologique. Voilà en partie pourquoi, je pense, M. Woodward

a toujours soutenu, et soutient encore, l'unité de l'Eoanthropus Dawsoni.

Par un phénomène psychologique exactement inverse, les savants étrangers, que n'impressionnent pas autant les circonstances extérieures de la découverte, se montrèrent beaucoup plus sensibles à la dysharmonie intrinsèque de l'Eoanthropus qu'à l'étonnant rapprochement de ses restes.

Dès la première communication de MM. Dawson et Woodward, le Prof. Waterston avait observé que la fosse glénoïde, typiquement humaine, du temporal de Piltdown n'est pas faite pour s'adapter à une machoire de Chimpanzé.

A Paris, puis bientôt à New-York, cette appréciation ne tarda. pas à prévaloir. M. Boule et l'anthropologiste G. S. Miller (1) déclarent ouvertement aujourd'hui qu'il faut diviser l'Zoanthropus Dawsoni en Homo Piltdownensis et Troglodytes (ou Pan) Dawsoni.

A leur avis, il y a, dans l'Eoanthropus, deux êtres mélangés. L'invraisemblance morphologique qu'il y aurait à réunir le crane et la mandibule de Piltdown les fait passer, presque sans hésitation, sur l'invraisemblance topographique de leur association au mème point des graviers.

Il est curieux de noter que, pour décider entre les deux partis en présence, il a failli y avoir un moyen direct et radical. Puisque, sur le temporal, la fosse glénoïde existe, en parfait état, il eût suffi, si le maxillaire avait conservé son condyle, d'essayer l'articulation on aurait vu, sans hésitation possible, si l'une et l'autre se convenaient.

Comme par exprès, le condyle s'est trouvé manquer !

En attendant que de nouveaux documents permettent de reprendre une discussion qui parait en ce moment épuisée, à quel parti se fixer dans la question de l'Homme de Piltdown? Ici intervient une question de méthode paléontologique, ou même de simple bon sens. Sans doute, il serait puéril de nier à priori la possibilité d'une combinaison organique quelconque. La nature qui a mis des plumes sur un corps de lézard et des graines sur des feuilles de fougère a parfaitement pu associer un condyle et une fosse glénoïde d'Homme à une mâchoire de Singe », <« d'autant plus facilement que, mécaniquement et physiologiquement, cette association ne parait pas absurde» (Boule, loc. cit., p. 62.)

(1) Miller G. S., The Piltdown jaw, (AMERICAN JOURNAL OF PHYSICAL ANTHROPOLOGY, vol. no 1, 1918. pp. 25-52).

Ceci est vrai. Mais il est non moins vrai (et c'est l'idée de M. Boule) que pour admettre de semblables combinaisons de formes, il faut que nous y soyons forcés. Or, ce n'est pas le cas, ici. Provisoirement donc, pour ceux-là du moins qui ne peuvent travailler efficacement à défendre l'unité de l'Eoanthropus par des recherches et des observations précises, l'attitude raisonnable est de faire primer la vraisemblance morphologique intrinsèque sur la vraisemblance extrinsèque des conditions de gisement.

Sans oublier la possibilité, ou même une certaine probabilité, de l'hypothèse contraire, nous devons raisonner jusqu'à nouvel ordre comme si le crane de Piltdown et la mandibule appartenaient à deux sujets différents.

Dans cette hypothèse minimiste, mais très sûre, que reste-t-il des découvertes de Piltdown?

Deux faits qui sont importants. D'abord au Pleistocène (ou du moins au Pliocène, si la mandibule est un fossile remanié) nous voyons qu'il y avait des Chimpanzés en Europe occidentale; pour les Paléontologistes, c'est une constatation inattendue et intéressante. Mais surtout il est désormais prouvé qu'à cette même époque il existait, déjà constituée dans notre ligne humaine actuelle, une race d'Hommes, très différents de ceux qui devaient être l'Homme de Néanderthal, et très différents aussi probablement de ceux qui étaient alors l'Homme de Mauer. Grâce à la découverte de M. Dawson, la race humaine nous apparaît encore plus distinctement, dans ces temps reculés, comme formée de faisceaux fortement différenciés et déjà éloignés de leur point de divergence. Pour quiconque a une idée des réalités paléontologiques, cette lueur, si ténue qu'elle paraisse, éclaire de bien grandes profondeurs.

Une conclusion, d'un tout autre ordre, peut être avantageusement tirée de l'histoire de l'Homme de Piltdown. Certaines gens regardent encore l'Anthropologie comme un domaine où il est loisible à chacun de dire ce qu'il veut, pourvu que soient illustrées les idées d'un certain transformisme en cours. La critique serrée qui a accueilli l'Eoanthropus Dawsoni sera, j'espère, pour ces esprits soupçonneux. une preuve que la Paléontologie humaine. est aujourd'hui une véritable science, où s'exerce un contrôle immédiat et sans merci. Si donc, sur un certain nombre de points, les Paléontologistes se déclarent actuellement d'accord, c'est, on doit en être sûr, qu'ils se jugent loyalement et invinciblement en face de la vérité.

P. TEILHARD DE CHARDIN.

III

L'organisation scientifique du travail en Agriculture UNE EXPÉRIENCE FAITE, UN ESSAI A TENTER

Les principes d'organisation scientifique du travail ne sont pas nouveaux et ont déjà reçu de nombreuses applications dans l'industrie.

En agriculture cependant, à notre connaissance, ces méthodes modernes d'organisation n'ont guère été appliquées, si ce n'est à une exploitation de culture de canne à sucre, aux îles Philippines.

C'est ce qui rend d'autant plus intéressante la tentative qu'ont faite en 1917 des officiers de l'armée belge pour appliquer ces principes, dans la mesure des moyens dont ils disposaient, à la culture des pommes de terre et des légumes.

Comme le but pratique d'une organisation bien comprise du travail est de rendre celui-ci plus productif et plus rémunérateur pour une même dépense d'énergie, sinon pour une dépense moindre, on saisit le grand intérêt que présente par ces temps. de crise l'éventualité de réaliser dans le domaine de l'agriculture les transformations efficaces obtenues dans celui de l'industrie.

Dans cet ordre d'idées, l'essai fait en France au potager militaire de Criel-sur-Mer (département de la Seine-inférieure), au centre d'instruction des mitrailleurs belges, a donné d'encourageants résultats, malgré sa trop courte durée et en dépit de son caractère rudimentaire.

En voici l'origine.

Au début de 1917, Monsieur de Broqueville, alors Ministre de la guerre, s'était inquiété des difficultés du ravitaillement, en légumes frais et en pommes de terre, des troupes campées en France. Il avait donc prescrit aux centres d'instruction de créer des jardins potagers et de mettre en culture les terrains vacants au voisinage des camps.

Déjà existait à Criel un potager créé de toutes pièces par l'initiative du centre de remonte des mitrailleurs que commandait le lieutenant Schmit. Ce potager avait donné des résultats extrè

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