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J'ai toujours trouvé raisonnable ce reproche que je me suis fait à moi-même: j'ai prévu que mon style ne pouvait pas être analogue au goût de précision et de concision qui distingue les Français de tous les littérateurs des autres nations. Mais je n'ai pu me décider à abandonner ma méthode dans une matière en grande partie nouvelle, et qui, pour la première fois, va être exposée dans un corps de science qui est d'un intérêt infini pour la littérature et les beaux-arts: les considérations qui m'ont décidé à en agir ainsi, pourront me procurer de la part de mes lecteurs l'indulgence que je réclame. Obligé de mettre en avant des vérités importantes, et d'établir à chaque pas des principes qui se trouvent en parfaite opposition avec des préjugés dominans, il m'a fallu les démontrer par tous les moyens qu'une bonne logique peut fournir; en multiplier, autant que possible, les exemples et les faits dans les deux langues italienne et française, et rappeler souvent les principes et les idées démontrées qui attendu leur importance, ne sauraient pas être assez répétées. Ainsi il m'a fallu remplir plus de cent pages pour prouver seulement que la langue française est douée de l'accent grammatical, source unique de l'harmonie, et de toutes les beautés qu'on admire dans la prose et dans les vers ce que j'aurais pu prouver en deux mots, en exhortant mes lecteurs à consulter l'oreille et le bon sens. Mais puisqu'il est dans la destinée de quelques hommes à faux préjugé, de ne voir que par les yeux de ce monstre, d'étouffer jusqu'aux inspirations du

sentiment; et qu'il se trouve en France des hommes qui refusent à leur langue cet accent; j'ai voulu, au risque de la plus grande diffusion, entourer la question de toutes les raisons et de toutes les expériences que j'ai variées et présentées sous différentes formes, pour les rendre plus sensibles et plus frappantes à la vue des plus opiniâtres, et pour détruire radicalement, par de tels moyens, ce préjugé qui tend à anéantir les plus belles ressources des langues, capables de pousser assez loin les progrès des beaux-arts. J'ai traité à peu près de même toutes les autres idées que j'ai proposées dans mon Ouvrage, et qui étaient en contraste avec des habitudes contraires et avec de vieilles routines. De cette liberté de varier mes idées, de multiplier les faits et les exemples, sont résultés trois volumes, qui, sans cela, auraient pu être resserrés dans la moitié d'un seul.

Mais outre cela, ce qui a dû en augmenter le nombre, c'est le plan que j'ai conçu', et que j'ai voulu entreprendre d'ébaucher, en attendant /que d'autres plumes plus habiles lui donnent tous les degrés de perfection nécessaire.

J'ai déclaré dans la préface du premier volume que mon Ouvrage, sous le titre des vrais Principes de la Versification, embrassait plus que la stérilité de ce titre donnait droit d'en attendre. Engagé à développer les vrais principes de l'harmonie, d'une manière qui ne soit pas indigne des littérateurs, à appliquer ces principes à toutes les langues du monde, et particulièrement à la langue fran

çaise, dont j'ai établi en même tems une comparaison avec l'italienne, pour en examiner les propriétés, et pour la venger de quelques injustes détractions; il m'a fallu donner au plan de cet Ouvrage beaucoup plus d'étendue qu'on n'en eût soupçonné d'abord. J'ai dû composer autant de chapitres et d'articles qu'il y a d'assertions calomnieuses imaginées, ou qu'on pourrait encore imaginer pour décrier la langue française. J'ai senti qu'il n'y a d'autres moyens pour extirper radicalement les préjugés malheureusement invétérés en France, que d'employer ceux du détail et de l'analyse; et alors il m'a fallu parcourir le vaste champ de la littérature: entreprise de longue haleine, dont je n'ai fait qu'effleurer les parties qui composent l'enchaînement du vaste plan que j'ai tracé, et dont les littérateurs qui seront pénétrés de l'importance du sujet, formeront, en suppléant à mes défauts, un cours complet de doctrine qui mettra à l'abri de toute insulte la plus belle et la plus grande propriété de la nation française.

LES

LES VRAIS PRINCIPES

DE

LA VERSIFICATION.

TROISIÈME PARTIE.

DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE COMPOSITIONS POÉTIQUES, DES VERS QUI SONT DESTINÉS AU CHANT,

ET DES LICENCES:

§ 648. Nous avons parlé jusqu'à présent de l'accent

tonique qui est la source de l'harmonie dans la versification, et de la construction matérielle des vers, chacun en différent nombre de syllabes, et en différentes positions d'accent. Nous avons observé en tout l'exacte analogie entre les deux versifications italienne et française par rapport à l'accent et à ses effets, et par rapport à la différente texture des vers. Il faut maintenant examiner dans cette troisième Partie les différens arrangemens des vers entre eux, et les diverses et principales sortes de compositions régulières formées par ces mêmes vers. J'ai dit principales et régulières, car mon intention est seu

lement de donner ici une idée des compositions poétiques qui sont à présent le plus en usage chez les Français et les Italiens. Ensuite je parlerai des drames lyriques ou des vers qui sont destinés au chant : et enfin des licences poétiques dont on peut se servir dans chacune de ces compositions.

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