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non seulement la mesure, la cadence, les accens, aussi les mots, les syllabes, les lettres, puissent s'associer au chant sans peine, et avec grace : il s'étudie à donner aux vers une disposition favorable pour se marier à la musique: Questa disposizione, dit Ludovico Zoccolo consiste nella scelta di voci spedite, e delicate, nella vaghezza de contrapposti, nella grazia di certi scherzi, passaggi e rotture, fughe, ed altri siffatti lumi dell' orazione.

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§ 748. Par ces ménagemens, le poëte qu'on doit considérer comme un support nécessaire de la musique, en suivant toujours avec soin les traces de la musique même en pourvoyant à ses besoins, en s'abaissant, pour ainsi dire, jusqu'à elle, et en imitant mot à mot ses notes et ses cadences, ensorte qu'il semble qu'il ait lui-même écrit en chantant, présente enfin au musicien sa composition poétique, avec un présage presque sûr que ce dernier y saura appliquer un chant analogue et agréable. Ce n'est que sur les beaux vers que le compositeur donne ordinairement de la bonne musique : ils l'encouragent, ils élèvent son esprit, ils réveillent son génie, ils échauffent son imagination, et souvent ils l'excitent à se surpasser luimême. En effet, le musicien ainsi secondé par les soins et par le talent du poëte, et entièrement dégagé de tous les obstacles qui peuvent gêner ou paralyser les effets de son art, s'abandonne sans distraction à son génie qui l'inspire, et à son art qui le guide; il s'élance librement dans le vaste espace des beautés possibles, d'où il recueille en notes les charmes de l'harmonie et de la mélodie qui sont de son ressort. Les mauvais vers ne donneront que par hasard de la bonne musique.

$749. Le devoir des poëtes est de donner de beaux vers; et le besoin des musiciens est d'en obtenir. Mais en bornant mes réflexions au seul objet de la poésie et du

poëte lyrique, et en suivant la conduite servile de ce dernier, et le dévouement entier de ses vers aux desirs impérieux du musicien qui réclame tout ce qui est commode pour le succès de son art; je vais relever un abus par lequel le poëte sacrifie les convenances dramatiques, et le bon sens même, aux égards énoncés dans les deux SS précédens. Ce défaut est imputé principalement aux Italiens; et les Français, pour en éviter l'inconvénient, donnent dans l'excès contraire; en sorte que les poëtes lyriques de ces deux nations voisines sont, à mon avis, presqu'également condamnables: les premiers, pour vou loir sacrifier le poëme à la musique; et les autres, pour vouloir sacrifier la musique au poëme. Je ne prononce làdessus que mon opinion, et je la soumets au jugement impartial des savans. Je prétends démontrer que les excès des uns et des autres peuvent être raisonnablement modérés par une conduite qui se tienne dans un juste milieu.

$750. Les drames qu'on compose dans le genre lyrique, n'ont d'autre objet que celui de plaire (c'est ainsi que les Italiens peuvent raisonner pour justifier leurs abus mentionnés). On peut donc subordonner au plaisir de la lyre la composition dramatique : elle doit renoncer à plusieurs de ses qualités, pour se ployer à la musique, et la mettre en état de déployer toutes ses ressources: » La musique a dit à la poésie, puisque nous >> allons nous montrer ensemble, faites-vous petite, » pour que je paraisse grande; soyez faible, pour que » je sois puissante; dépouillez une partie de vos orne» mens pour faire briller tous les miens (1). »

(1) Toutes ces paroles avec des guillemets sont de M. de la Harpe, dans son ouvrage de la Littérature française.

Qu'on ne donne pas d'autres règles pour la poésie théâtrale, que celles qui contribuent au plaisir et aux applaudissemens du peuple; que la philosophie soumette à ces règles l'austérité de ses lois. C'est bien la vérité que M. Bordellon met dans son jour, en disant, dans un de ses dialogues: che in tutte le altre cose i filosofi insegnano al popolo, ma nelle cose del teatro il popolo è quello che insegna a' filosofi. C'est en effet sur les observations de ce qui pouvait plaire universellement, qu'Aristote établit ses règles pour les drames.

Le poëte qui compose un opéra n'est qu'un esclave de la musique: il doit lui sacrifier toute la vigueur de son poëme. Son premier devoir est d'indiquer et de préparer au musicien les situations les plus favorables à la mélodie : c'est ainsi que le grand Racine pensait; et c'est ce qui lui donnait un certain éloignement de ces sortes de compositions serviles.

Circa i drammi (dit Apostol Zeno, ce célèbre compositeur de drames, dans une lettre à Muratori), per dir sinceramente il mio sentimento, tuttochè ne abbia molti composti, sono il primo a darne il voto della condanna. Il lungo esercizio mi à fatto conoscere che dove non si dà in molti abusi, perdesi il primo fine di tali componimenti, ch'è il diletto. Più che si vuole star sulle regole, più si dispiace e se il libretto à qualche lodatore, la scena à poco concorso.

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Les mêmes réflexions sont secondées par tout ce que Maffei dit dans la préface de son Teatro italiano: ce qui est répété par Beccelli, dans la préface de la Ninfa fida, drame pour la musique, composé par le même Maffei : D'après la manière actuellement pratiquée par égard à la musique de nos théâtres, les drames, dit-il, ne sont rien autre chose, che un arte storpiata in grazia d' un altra, e

dove il superiore serve all' inferiore, e dove il poeta quel luogo ci tenga che tiene il violinista ove suoni per ballo.

$751. De toutes ces réflexions de la part des Italiens, on peut conclure, avec le savant Sicilien Giovan-Battista Bisso (dans la seconde partie de son Introduzione alla Volgar poesia), que il Melodramma non è che una imperfetta imitazione de' migliori, ed in conseguenza una imperfetta tragedia che non può vivere con applauso fuor delle note e del canto.

Cette opinion de Bisso est analogue à celles que soutiennent ouvertement Crescimbeni (Istor. L. 1, pag. 71, et Comment. L. 1, cap. 12), et Gravina, dans son Traité della Tragedia. Muratori, Perfet. poes., tom. 2, lib. 3, cap. 5 et 6; Benedetto Marcello, dans son Teatro alla moda, où il fait la satyre très-ingénieuse du Théâtre lyrique italien; Metastasio, Calsabigi, Arteaga, Manfredini, Algarotti, Planelli; en un mot, les Italiens les plus savans qui ont crié contre la musique italienne.

Il résulte de l'aveu de tous ces auteurs, que la composition des drames lyriques déshonore la bonne poésie, et qu'ils ne sont qu'un monstre dont l'aspect seul révolte tous les gens de goût et de bon sens. Voltaire á dit, avec raison, que la musique chez les Italiens a tué la tragédie (1).

§ 752. Comment, en effet, serait-il possible à un poëte de respecter à point nommé toutes les règles qui caractérisent un poëme dramatique parfait, lui qui, malgré les dispositions les plus favorables, se trouve partout en

(1) Je trouve les expressions suivantes, dans un livre qui parle des drames lyriques des Italiens : « La musique est tout chez eux et la pièce n'est rien. Les musiciens et les impresarii disposent en entier de leurs poëtes.... Il faut que le pauvre poëte arrange les goûts divers des virtuosi, comme il le peut, avec la situation dramatique. »

chaîné, non-seulement par les égards nécessaires à l'harmonie et à la mélodie de la musique, mais aussi par les ordres souvent indiscrets d'un Impresario qui, en lui témoignant d'abord le peu de cas qu'il fait et du poëte et du poëme, lui prescrit d'avance la division des actes, la durée du tems pour chaque acte, le nombre des acteurs qu'il doit employer, l'ordre des changemens de scène, et celui des airs, des duo, des trio, des chœurs, etc., tout, jusqu'au choix du sujet, qui puisse admettre telle ou telle autre espèce d'habillement, selon que sa garde-robe en est plus ou moins fournie? Comment le poëte pourrait-il seconder les impulsions de son génie, et s'abandonner à un certain choix d'idées et de combinaisons que le bon sens pourrait lui dicter, si sa tâche principale est d'obéir au maître de musique, et de proportionner, d'accord avec lui, les récitatifs et les airs, au goût, aux qualités, et à l'habileté des acteurs, et précisément aux caprices d'une Virtuose ou de la prima Donna, avec tous les ménagemens possibles, pour ne point exciter la jalousie et le courroux de la seconde Donna (1). Enfin, comment pour

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(1) Il serait fort curieux de lire à ce propos un opéra buffa composé par Calsabigi, dont le titre est l'Opera seria: il y développe avec beaucoup d'esprit toutes les intrigues des entrepreneurs et des chanteurs, et tous les ménagemens du poëte pour contenter tout ce monde-là aux dépens du bon sens. On voit là que le poëte est traité à peu près comme un danseur de corde à qui on lie les pieds, afin de rendre son métier plus difficile et ses tours de force plus éclatans. C'est avec une infinité de conditions les plus absurdes, que l'Entrepreneur consent à faire mettre en musique les paroles d'un malheureux poëte. Et après cela il lui dit : « Songez que votre partage n'est que la gloire. Je »snis obligé de donner prodigieusement d'argent à mes chanteurs; il » n'en reste que peu pour le compositeur, et encore moins pour vous. » Il m'est arrivé d'entendre jouer à Sienne, dans le carnaval de 1810, un opera buffa, dont le titre était, la Prova d'un Opera seria, avec la musique et la poésie du compositeur Francesco Gnecco, qui a imité dans ce sujet l'opéra de Cuisubigi. L'on voit paraître sur la scène le poëte

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