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» Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante,
» A la fin d'un long mal vainement pallié,,

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trop

Rompant de ses beaux jours le fil délié, » Pour jamais me ravit mon aimable parente.

» Oh, qu'un si rude coup me fit verser de pleurs!

» Bientôt, ma plume en main, signalant mes douleurs,
» Je demandai raison d'un acte si perfide.

>> Oui, j'en fis dès quinze ans ma plainte à l'Univers;
» Et l'ardeur de venger ce barbare homicide,

» Fut le premier démon qui m'inspira des vers, »

SONNET de Malherbe à madame la vicomtesse d'Auchy,

« C'est fait, belle Caliste, il n'y faut plus penser ;
» Il se faut affranchir des lois de votre empire:
» Leur rigueur me dégoûte, et fait que je soupire :

» Que ce qui s'est passé n'est à recommencer.

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» Plus en vous adorant je me pense avancer,

» Plus votre cruauté, qui toujours devient pire,
» Me défend d'arriver au bonheur où j'aspire,
>> Comme si vous servir était vous offenser.
» Adieu donc, ô beauté, des beautés la merveille!
» Il faut qu'à l'avenir ma raison me conseille,
» Et disposé mon ame à se laisser guérir.
» Vous m'étiez un trésor aussi cher que la vie:

» Mais puisque votre amour ne se peut acquérir,

» Comme j'en pèrds l'espoir, j'en veux perdre l'envie. »

SONNET de M. de Segrais.

⚫ Dangereux élément, mer trompeuse et changeante,
» Mol esclave des vents, vraie image du sort;

» Dans le trouble où je suis, contemplant ta tourmente,
>> Hélas! qu'entre nous deux je trouve de rapport!

› Comme toi je dépends d'une humeur inconstante
» De qui le changement me travaille si fort,

» Que mon ame agitée, incertaine et flottante,
» Dans la mer de mes maux ne trouve point de port.

>> Ton eau n'est point amère à l'égal de mes peines;
>> Plutôt on conterait tes flots et tes arènes,
>> Que les divers dessins qu'à toute heure je fais.

» Enfin tu n'as sur moi que ce seul avantage,

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Voici un autre sonnet d'un style simple et badin, et

qui exprime la nature même du sonnet :

« Doris, qui sait qu'aux vers quelquefois je me plais,
>> Me demande un sonnet'; et je m'en désespère.
>> Quatorze vers! grand Dieu! le moyen de les faire?
» En voilà cependant déjà quatre de faits.
»Je ne pouvais d'abord trouver de rime; mais
>> En faisant on apprend à se tirer d'affaire.
>> Poursuivons: les quatrains ne m'étonneront guère,
>> Si du premier tercet je puis faire les frais.
» Je commence au hasard; et, si je ne m'abuse,
» Je n'ai pas commencé sans l'aveu de ma muse,
» Puisqu'en si peu de tems je m'en tire si net.
» J'entame le second, et ma joie est extrême;
>> Car des vers commandés j'achève le treizième.
>> Comptez s'ils sont quatorze ; et voilà le sonnet. »>

Ce sonnet ressemble beaucoup à celui que nous avons cité en italien, au §653. La chiusa de celui-ci est agréable, car elle est imprévue; mais celle du sonnet italien, également imprévue, est plus ingénieuse et a plus de grâce.

§ 660. On pourrait m'opposer, contre la ressemblance établie entre le sonnet italien et le sonnet français, que ce dernier est composé de vers alexandrins; que les Français n'ont pas des sonnets colla coda; que la rime des tercets en est irrégulière et désagréable ; que les Francais n'ont pas de sonnets à petits vers; que le caractère de force et d'élévation convient plutôt aux sonnets italiens, etc.

Je réponds, 1o. qu'en général les différences objectées ne sont qu'accidentelles, et dépendent du goût et du choix des poëtes.

2°. Que le sonnet français est composé ordinairement de vers alexandrins, parce qu'on les croit plus propres à des compositions graves et sublimes: que si les bons poëtes s'en mêlaient, on pourrait donner des exemples de sonnets à vers communs, dont l'accent tombe sur la quatrième et

la sixième, ou sur la quatrième et la huitième syllabe, suivant les règles établies dans la seconde Partie de cet Ouvrage, § 439, 441, et je suis sûr (s'il m'est permis de prononcer là-dessus mon opinion) que le sonnet, avec de tels vers, soutiendrait bien plus dignement le caractère qui lui convient (1). Clément Marot nous en offre un exemple assez marquant: ses vers sont en grande partie endecasillabi. Je saisis avec plaisir l'occasion de citer un de ses sonnets, pour faire voir en même tems le goût de la langue de son tems, les inversions et le style qui semblent les mêmes que ceux de la langue italienne.

SONNET de Clément Marot à deux jeunes gens qui avaient écrit à sa louange.

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(1) Sans avoir la prétention de donner des conseils aux auteurs français distingués dans tous les tems par la culture des beaux arts, et par la délicatesse de leur goût, j'exprime ici mon desir, qu'à l'exemple des Italiens toujours occupés de nouvelles inventions sur la versification, les Français aussi • fassent valoir, par des épreuves continuelles, les ressorts de leur langue et de leur poésic. En mettant à profit les principes connus de la véritable versification, et en poussant leurs recherches à de nouvelles découvertes, ils parviendront, sans doute, à fixer l'étendue du pouvoir d'une des plus belles langues qu'une savante précaution a rendue timide et en apparence indigente.

3°. Que si les Français n'ont pas des sonnets avec la queue, c'est qu'ils n'ont pas jugé à propos d'en faire usage: ils n'y ont pas vu cette grâce que je n'y vois pas moi

même.

4°. Que la rime des tercets, quoiqu'elle soit fort désagréable, même selon mon goût, ne le fut pas, à celui de Petrarca et d'autres anciens poëtes italiens qui ont entremêlé les rimes des tercets d'une manière plus désagréable encore. Au reste, rien n'empêche que les Français n'y suivent les manières les plus en usage chez les poëtes italiens.

5°. Je réponds enfin, que dire que la force et l'élévation conviennent plutôt au sonnet italien, c'est avancer des mots stériles qui ne peuvent rien. D'ailleurs, quelques sonnets que je viens de citer démentent par le fait la partialité de ces paroles. J'avoue que les Italiens ont cultivé beaucoup cette espèce de composition, et que par cela même ils y ont excellé. Les Français peuvent en obtenir le même succès. Ils ont peu de sonnets; mais rien n'empêche que le génie cultivé ne puisse en créer davantage et de meilleurs.

ARTICLE II.

DE LA CHANSON (CANZONE).

S 661. Quoique le mot chanson (canzone) soit général, et que chez les anciens il eût pu être accommodé à toute espèce de composition, néanmoins on attribue ce nom par excellence, aux chansons de Pétrarque, qui le premier s'est distingué dans cette carrière difficile.

La chanson de Pétrarque (canzone petrarchesca) est une composition de plusieurs stances: ces stances sont uniformes quant à la rime et quant au nombre des vers selle-.

narii et endecasillabi: cet ordre est toujours parfaitement semblable à la méthode que le poëte a librement entreprise dans la première stance.

§ 662. Souvent, la fin de chaque chanson est terminée par une stance plus petite que les autres. Cette petite stance est appelée congé (congedo, ou commiato), comme si le poëte voulait prendre congé de sa chanson, ou de la personne à laquelle la chanson est adressée comme on peut mieux l'observer par la lecture des chansons de Dante, de Petrarca, de Filicaja, et d'autres auteurs. Voici l'exemple de quelques congés qui méritent bien d'être cités, pour en donner une idée exacte et variée. Dans la 27 chanson de Petrarca, le congé est la strophe suivante :

Se tu avessi ornamenti quanto ài voglie,
Potresti arditamente

Uscir dal bosco, e gir infra la gente.

La 26e chanson du même auteur, est terminée par un congé qui paraît bien plaisant. Petrarca en s'adressant à sa chanson, dit :

O poverella mia quanto sei rozza!

Credo che te 'l conoschi.

Rimanti in questi boschi,

Dans la belle chanson de Pétrarque, qui commence par

Italia mia, benchè il parlar sia indarno

Alle piaghe mortali

Che nel bel corpo tuo si spesso veggio;

le congé est digne d'être transcrit, pour admirer les idées suivantes :

Canzone io ti ammonisco

Che tua ragion cortesemente dica:

Perchè fra gente altera ir ti conviene ;
E le voglie son piene

Già dell' usanza pessima ed antica

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