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QUATRIÈME PARTIE.

COMPARAISON

ENTRE LA LANGUE FRANÇAISE ET L'ITALIENNE.

§ 882. La première, la seconde et la troisième partie

de cet Ouvrage ont été entièrement consacrées à démontrer la ressemblance parfaite qui existe entre la versification italienne et la française. Nous avons fait voir dans l'une et dans l'autre langue l'existence réelle et frappante de l'accent tonique qui est la source de l'harmonie, l'unité des principes qui dirigent le mécanisme des vers, les mêmes espèces de vers, les mêmes sortes de compositions, et les mêmes règles. La raison, la nature des choses qu'on n'a jamais perdu de vue, et l'une et l'autre confirmées et mises en pleine évidence par des faits incontestables, sont les seules qui m'ont guidé dans cette carrière nouvelle et vraiment épineuse.

Poursuivons la même méthode : comparons, trait par trait, la langue italienne avec la française: analysons avec détail les moindres qualités de l'une et de l'autre, leurs élémens matériels, c'est-à-dire, les lettres, les sons, les articulations, et les accens qui composent les mots, enfin leurs propriétés ou communes ou particulières. Par cet examen, nous pourrons décider enfin en quoi la langue française égale l'italienne, en quoi elle la surpasse, et en quoi elle en est surpassée : et quand nous aurons fait voir entre ces deux langues voisines une res

semblance plus ou moins frappante; nous examinerons si la langue française peut s'associer aussi bien, ou presqu'aussi bien que l'italienne, à la bonne musique; si l'on trouve dans cette langue des caractères particuliers qui s'y opposent ; et si le climat et le goût de la nation peuvent y mettre obstacle. Nous parlerons enfin des véritables causes qui ont retardé les progrès de la musique en France; et nous proposerons les moyens que nous croyons les plus convenables pour les accélérer.

§ 883. Ces recherches qui nous obligent à faire connaître les propriétés des deux langues, méritent bien la peine d'occuper l'esprit des savans, puisqu'elles relèvent le don précieux de la parole, dont je ne pourrais autrement faire l'éloge qu'en rapportant le passage suivant de Cicéron (lib. 2, Divinat.): Jam verò domina rerum eloquendi vis quàm est prœclara, quàm divina! Quæ primùm efficit ut ea quæ ignoramus discere, et ea quæ scimus alios docere possimus. Deindè hac confortamur, hac persuademus ac consolamus afflictos, hac deducimus perterritos à timore, hac gestientes comprimimus, hac cupiditates, iracundiasque restringimus; hæc nos juris, legum, urbium societate devinxit; hæc à vita immani et fera segregavit.

CHAPITRE PREMIER.

DES ÉLÉMENS QUI COMPOSENT LES LANGUES ITALIENNE ET FRANÇAISE.

§ 884. Chaque langue que l'on parle est composée de mots; et les élémens des mots sont les lettres divisées en voyelles et en consonnes, et arrangées en syllabes: les voyelles ne donnent qu'une voix simple, et les consonnes une voix articulée. J'entends ici par lettre, non pas ces chiffres tracés sur le papier, mais les différens sons de la voix dont les chiffres sont un signe arbitraire. Que les mots français fatal, animal, ainsi qu'une infinité d'autres, soient figurés sur le papier par des caractères arabes ou chinois, ils seront toujours semblables aux mots italiens fatal, animal, puisque dans la prononciation de ces deux langues, ils donnent le même son, et sont les signes des mêmes choses. De même, les mots français veine, sérail, etc. sont semblables aux mots italiens vena, serraglio (excepté la voyelle finale), quoiqu'ils soient écrits par des signes qui ne sont pas entièrement les mêmes (1).

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Ainsi, devant parler dans ce chapitre de la ressemblance des élémens qui composent ces deux langues, nous nous

(1) J.-J. Rousseau, dans son Essai sur l'origine des Langues, nous montre, d'une manière très-simple et très-précise, la raison par laquelle les langues anglaise et française se prononcent différemment de ce qu'elles sont écrites. Je me fais un plaisir de la transcrire dans cette note pour satisfaire à la curiosité de quelques Italiens qui semblent s'étonner de cette manière bizarre d'établir une langue. « On parle différemment de ce qu'on écrit, dit Rousseau en parlant de la langue anglaise, parce que l'Angleterre ayant été successivement conquise par divers peuples, les mots se sont écrits toujours de même, tandis que la manière de prononcer a souvent changé. » Qu'on en dise de même de la langue française.

occuperons en général de celle des sons élémentaires: nous examinerons succinctement les figures ou signes graphiques de l'alphabet de l'une et de l'autre langue, leur prononciation, les syllabes, les paroles, et les accens qui résultent des sons.

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DE L'ALPHABET DES DEUX LANGUES ITALIENNE ET FRANÇAISE, ET DE LA PRONONCIATION DE LEURS LETTRES.

§ 885. L'alphabet italien n'est composé que de vingt-un caractères qui sont, a, b, c, d, e, f, g, i, j, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, z. On ne se sert point de k, x, y; ils sont remplacés par c, s, i: l'h n'a aucun son; elle sert seulement comme signe qui modifie l'articulation de c, et de g.

Mais les sons exprimés par ces caractères en surpassent le nombre: les Italiens en comptent trente-quatre; ils ont en effet deux sons différens des consonnes c, g S ch, gh, gl; deux sons des voyelles e et o qui se prononcent tantôt ouverts, tantôt fermés.

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886. J'ai cru me rendre utile aux littérateurs italiens qui veulent apprendre la langue française, et aux Français qui desirent étudier la langue italienne, en donnant le premier au public deux Traités méthodiques et comparatifs sur la prononciation de ces deux langues (1). J'ai fait voir,

(1) Voyez mon Traité de la prononciation de la langue italienne, suivi d'un Recueil des meilleurs morceaux des plus célèbres auteurs italiens : seconde édit. Paris, 1803. Mon Traité de la prononciation française comparée avec l'italienne, dans ma Grammaire française pour les Italiens, imprimée à Rome, an 1805, et la seconde édition en 1808. Enfin le Traité de prononciation italienne comparée à la française, dans ma Grammaire italienne pour les Français, annoncé dans le Jourual de l'Empire, 16 décembre 1808.

outre l'identité des figures graphiques, la parfaite ressemblance des sons dans l'une et dans l'autre prononciation.

Mais, outre ceux qui sont communs à l'une et à l'autre langue, j'en ai fait observer plusieurs de plus dans la langue française qui semble obtenir par là de la préférence sur l'italienne; et quelques autres que la langue italienne a de plus que la française. Voy. ci-après au § 890.

§ 887. On ne peut pas contester, 1° que la langue française ne possède les mêmes caractères que l'italienne. Il est vrai qu'elle en a en général quelques-uns de plus tels que k, x, y; mais c'est pour conserver l'étymologie de ses mots; car dans le fond et quant à la prononciation, elles sont les mêmes que ca, s, ghs, chs, et i, ou jé des Italiens.

2o. On ne peut douter non plus que les sons des voyelles ne soient les mêmes dans les deux langues comparées : a, e, i, o, ou en français, se prononcent exactement avec la même force et la même sonorité, que les cinq voyelles a, e, i, o, u des italiens (1).

(1) Entre plusieurs chefs d'accusation contre la langue française, il m'a fallu en entendre un pour la première fois, et que je n'avais pas prévu. Les Français, m'a-t-on dit, ne prononcent pas si bien, si rondement, si fort, et d'une manière si éclatante, les cinq voyelles: a, o, u sont plus musicales en italien. J'avoue que je ne sens pas cette différence. Certes, lorsque les voyelles sont nasales ou muettes, leur son est sourd en français; mais il n'est pas question de ces sons: nous partons iei des sons simples des voyelles dont la prononciation est la même dans les deux langues: nous parlons, par exemple, des voyelles a, i, ou, qui sont les mêmes et ont la même force dans les mots italiens amore, a te, sarà, bile, senti, tu, et dans les mots français amour, à toi, sera, bile, sentit, tout, etc.

On a observé que réellement dans les sociétés italiennes on parle trèsfort, on crie à gorge déployée; et par là on donne de la force et de l'effusion aux voyelles, à proportion des cris. A Paris, on chasserait des sociétés honnêtes ces crieurs, qu'on prendrait pour des impertinens: le bon ton ne les souffre pas. La civilisation use, adoucit dans les langues jusqu'au ton de la voix. On parle en France avec beaucoup de calme; et il est naturel qu'en abaissant le ton dans le discours, on doit abaisser ✯

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