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3o. On ne peut contester enfin que les consonnes ne se prononcent de la même manière, excepté j, que les Français prononcent comme gi clair (quoiqu'ils aient d'ailleurs le son du j des Italiens); et excepté le z qu'ils prononcent comme s douce, les articulations fort rares appelées schiacciate des syllabes italiennes ch, gh, dans les mots chiaro, ghiotto, et l'articulation italienne de gua, gue, gui guo, qu'ils prononcent comme ga, ghe, ghi, gho. Les deux consonnes c et g sont aussi en général les mêmes : en effet, ca, co, cu, ga, go, gu ont la même articulation dans l'une et l'autre langue. Qu'on remarque cependant que, devant les voyelles e et i, la consonne g devient mouillée; et les Français (de même qu'une grande partie des Italiens) lá prononcent avec une articulation faible et quant à la consonne c, elle se change réellement en ss: ce, ci font en français (de même qu'en plusieurs parties d'Italie) sse, ssi. J'avoue que le son italien de ce, est inconnu aux Français. (Voyez § 891) (1).

§ 888. On reconnaît aussi dans la langue française un

proportion celui des voyelles; et alors elles sont moins éclatantes, et elles le seraient encore moins, si l'on parlait tout bas, comme elles sont au maximum de leur éclat lorsqu'on les chante.

Mais cette différence est accidentelle et externe elle ne tient pas à la nature de la langue; elle tient à l'éducation, à l'habitude, à l'effusion de ceux qui la parlent, et qui donnent, à leur gré, plus ou moins de force aux voyelles qu'ils prononcent.

Quel serait l'homme qui voulût soutenir que les Français n'ont pas assez de poumons et d'organes pour donner de l'éclat et de la force au son des voyelles, dont la prononciation n'exige qu'une simple ouverture de la bouche? Qui peut empêcher en France, dit Marmontel à ce sujet, qu'on charge autant que l'on veut, et qu'on redouble la force des sons et des accens, en poussant des cris à faire peur, comme on le remarque en Italie ? (1) Les consonnes c, g ont deux sons différens l'un clair, l'autre obtus. Le son obtus s'observe dans les syllabes ca, co, cu, ga, go gu; et c'est le même dans l'une et l'autre langue. On sent le son clair dans les syllabes ce, si, ge, gi, dans les mots cecità, Cicerone, gelosià, giro. Les Français ont aussi le son clair de c et de g, que M. Dumarsais apdelle son doux, comme dans les mots cécité, géomètre, giroflée.

nombre de sons bien plus grand que celui de ses caractères: elle a deux s, deux g, le son schiacciato et le son rotondo de la syllabe italienne gli, comme dans les mots glisser, bouilli. Le grammairien Wailly fait monter jusqu'à vingt-un les sons exprimés en français par les consonnes, y incluse l'h aspirée, dont le son si fréquent en orient et au midi, semble presque se confondre en France avec celui de l'h douce. Quant aux voyelles, Ramus en distingue dix sons; l'abbé de Dangeau en étend le nombre à quinze; et les académiciens Boindin, Duclos et Beauzée en admettent jusqu'à dix-sept.

, u,

§ 889. Distinguons dans les voyelles françaises huit sons principaux et bien caractérisés : tels sont a, é, é, i, o ou, eu. Le célèbre grammairien Beauzée les appelle sons fondamentaux, parce qu'ils sont comme la base de plusieurs autres sons analogues qui dérivent de la modification de ces huit sons principaux. On peut mieux connaître le grand nombre de ces sons et de leurs différentes nuances, en lisant le passage suivant de M. Turgot, à l'article Prosodie: La langue italienne , toujours répétant les voyelles a, e, i, o, u, n'a pas les teintes adoucies de nos douze e français: é, è, é, ai, ei, et, ait, ét, est, ais, aient, et l'aimable muet, dont on a médit, qui sert à lier avec tant de grâce les autres voyelles. Nous avons sept o: o, 6, ho, oh, au, eau, aux, que les ignoruns prononcent à peu près de même. Nous avons l'u, qui manque à presque toutes les autres langues, et qui dans l'upsilon des Grecs, tient de notre u et de notre i. Nous avons un grand nombre de nasales qui relèvent le prix et l'effet de nos éclatantes; ainsi que les ombres bien distribuées font ressortir les couleurs vives d'un beau tableau. Suivant MM. Wailly et Turgot, la langue française aurait donc plus de quarante-deux sons. Il est très-difficile pour

les étrangers de saisir les différentes nuances très-délicates des sons des voyelles françaises qui donnent un charme inexprimable à la prononciation (1).

§ 890. Il résulte de tout ce que nous venons d'exposer briévement, que la langue française est dépourvue de l'articulation de ce, de z doux et âpre, du son schiacciato de ch, gh, de gua, gue, et de l'articulation de gge; elle emploie rarement les syllabes qua, que, qui, quo, dont on fait grand usage en Italie: mais qu'en revanche elle a beaucoup de sons inconnus à la langue toscane : tels sont le ge faible, l'h aspirée, la voyelle u, la voyelle composée eu, l'e muet, les voyelles nasales, et le grand nombre des sons dérivés des huit sons fondamentaux ci-dessus nommés. En général la langue italienne a plus d'articulations, et la française a beaucoup plus de sons.

§ 891. Il y a cependant une chose très-remarquable au sujet des sons élémentaires; c'est que, quels que soient les sons propres à la langue toscane, les Italiens sont portés naturellement à y renoncer, et à imiter ceux de la langue française. En effet, tous les Piémontais et tous les Lombards (c'est-à-dire presque la moitié de l'Italie)

(1) Cette finesse de prononciation est presqu'inconcevable pour les étrangers, mais elle n'en est pas moins réelle dans la bouche des Français qui savent bien prononcer leur langue. C'est par là qu'on peut s'appercevoir qu'entre deux personnes qui parlent bien le français, l'une est de Pariş et l'autre d'Italie. Cependant les étrangers peuvent bien connaître la possibilité de ces sons variés et extrêmement délicats, en les comparant au grand nombre d'accens différens qu'on admire avec étonnement dans la langue chinoise. De quelle délicatesse l'oreille ne peut-elle être capable lorsqu'on considère que chez les Chinois, les mêmes mots quoique tous d'une syllabe, peuvent avoir jusqu'à onze sens très-différens, selon la différence de la prononciation. Les hommes, dit M. Duclos, reconnaissent plus ou moins de sons dans une langue, selon qu'ils ont l'oreille plus ou moins sensible.

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ont changé la prononciation naturelle de l'u de leur langue en l'u français (1).

les

pays

Le son de l'e muet est employé naturellement dans tout le royaume de Naples, et plus encore à Bologne, et dans environnans. On y rend aussi muettes toutes les voyelles finales; on les étouffe, ensorte qu'il paraît que leur langue est entièrement formée de mots tronchi, comme je le ferai mieux observer au § 961.

Dans les cantons de la ci-devant république de Venise, on prononce le ce, comme sse de la langue française. J'ai observé dans la Toscane, dans quelques parties de la Romagne, et dans les royaumes de Naples, et de Sicile, les mêmes syllabes ce, ci sont très-souvent prononcées commerce, xci ou sce, sci; et l'on dit pasce, asceto, sciscerone au lieu de pace, aceto, Cicerone.

que

L'articulation énergique de gge, ggi se mouille chez une grande partie des Italiens, et elle est parfaitement semblable à celle de ge, gi des Français.

que

Dans plusieurs endroits de l'Italie, on adoucit la prononciation duz, au point qu'il se confond entièrement avec le z français: qu'on en dise de même de toutes les s sifflantes placées au milieu de deux voyelles; ensorte les s et les z rendent presque le même son de l's douce de la langue française. C'est que les sons toscans de cé, gé et z, quoique d'ailleurs beaux et énergiques, sont difficiles et forts; on les soutient avec peine: ils s'affaiblissent par l'usage; et en dernier résultat, ils se réduisent à la prononciation française. (V. § 911, et § 91 2 à la note.)

(2) Cet u français se fait distinguer par un son aigu, clair et pénétrant, qui est bien différent du son obtus et sourd de l'u toscan. Alfieri, quoique Piémontais, dit que ce son de l'u français est affreux: On voit, dit-il, les petites lèvres se contracter en parlant, comme si elles soufflaient sur un potage bouillant. On voit bien qu'il parle par haine contre une langue innocente. S'il est affreux, comme il le dit, pourquoi donc la plus grande partie des Italiens le préfèrent-ils à l'u toscan?

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§ 892. Nous n'examinerons pas ici les sons des voyelles nasales et muettes, et d'autres qui sont exclusivement propres à la langue française, pour décider s'ils sont peu favorables à la musique : c'est une question qui sera agitée dans le chapitre cinquième. Les observations que nous faisons maintenant, en comparant les deux langues, nous servent seulement à relever, d'un côté la ressemblance parfaite de la plus grande partie des sons élémentaires qui leur sont communs; et de l'autre, le plus ou le moins de sons différens qui leur sont exclusivement propres, et qui contribuent à donner à ces deux langues plus ou moins de variété et de qualités poétiques.

Et puisque la comparaison proposée doit s'étendre au rapport de ces deux langues avec la musique, il faut établir ici comme une chose certaine, et prouvée par le fait, que, si l'on excepte les sons de ge, de u, eu, e muet, l'h aspirée, et, si l'on veut, les sons des voyelles nasales, tous les autres de l'alphabet français sont parfaitement semblables à ceux de l'alphabet italien.

Voilà ce qui est assez pour porter, dans la suite de cet ouvrage, un jugement exact sur la qualité des sons des deux langues mises en comparaison.

ARTICLE II.

DFS SYLLABES QUI COMPOSENT LES MOTS DES DEUX LANGUES, ET DE LEUR PRONONCIATION.

§ 893. Les syllabes sont composées des lettres élémentaires dont nous venons de parler. On pourrait les considérer comme les principes que les chimistes appelaient prochains, ou principes principiés de la parole. Ne voulant pas perdre de vue la musique à laquelle nous devons rapporter les deux langues, il faut examiner la complication des élémens qui composent ces syllabes. Plusieurs consonnes rudement combinées avec les voyelles, comme on

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