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n'ont pas les accens sur les mêmes voyelles des mots français correspondans, facile, docile, dactile, ridicúle, barbâre, etc.

Je réponds que, dans ces cas, cela doit être ; et c'est le principal caractère distinctif par lequel ces deux langues

(§§ 16, 57, 58, etc.).Nous avons fait voir, d'après l'autorité même des auteurs francais , que l'un est souvent en contradiction avec l'autre. Beaucoup de syllabes brèves quant à l'accent, sont longues quant à la prosodie; et souvent les syllabes longues par la force de l'accent tonique, sont brèves par les règles prosodiques. C'est la même chose en italien; car enfin ces sortes de regles sont dans la nature des sons, et se trouvent dans toutes les langues du monde. Prenons pour exemple les mots italiens et français perfezione, perfectión, bontà, bonté ; ils ont l'accent tonique sur ió, sur tà, sur tẻ : iớ, tà, té sont-ils donc longs: toute autre syllabe y est brève ; car chaque mot n'a qu'un accent tonique dominant, et arrondissant la parole ( §5). Cependant ces mêmes syllabes brèves sont longues, selon les règles de la quantité; et, par les mêmes règles, tà, té sont brèves, quoiqu'elles soient en même tems longues par rapport à l'accent.

Voici, dira-t-on, un galimathias que le sens commun ne peut pas approuver. Je conviens que la complication de ces idées a pu effrayer avec raison la philosophie de J.-J. Rousseau (voy. § 4r, tom. F): cependant le système que j'expose n'en est pas moins vrai; il n'est pas de moi; il a existé dans tous les temps, dans la langue des Grecs et des Latins; il a été développé avec beaucoup de sagacité par le célèbre italien Sacchi ( §§ 12, 27, 28, 54, etc.

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En effet, d'après la maxime généralement reconnue, qu'il y a des tems brefs plus ou moins brefs, des longs plus ou moins longs en plusieurs degrés et en plusieurs nuances (§ 54 bis tom. r), on peut connaître facilement et établir comme un principe, que dans les langues modernes, les longues qui dérivent de l'accent tonique ou grammatical, sont plus longues que les autres qui dérivent de la quantité prosodique: ifs dominent la parole; ils font à eux seuls tout le jeu de la versification et de la musique. Questo è l'accento (dit le fameux P. Sacchi) dal quale prende regola la moderna versificazione, così nella nostra, come nelle altruï lingue è in tutte della medesima natura (voy. tom. 1). Ils sont tout, et les autres peuvent être considérés comme rien, comme des quantités dont les langues nouvelles ne tiennent aucun compte, si ce n'est seulement que pour éviter quelque équivoque dans les mots homonymes. Mais il y a dans ces lougues, mêmes le plus et le moins qui est toujours relatif; et cette quantité variable dépend de la position des mots, respectivement l'un à l'autre. Par exemple, les deux paroles homme uómo, honnête onesto, ont chacune un accent dominant d'une quantité égale sur ò et. : cependant, en réunissant. ces deux paroles, hómme honnéte, uomó onés»

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ne sont pas, pour ainsi dire, identiquement les mêmes. Nous avons observé souvent (§ 47 ) que celle des Français, par sa vivacité naturelle, se refuse aux mots sdruccioli, tels que les mots italiens cités. Si les mots français facile, ridi

to, l'accent sur l'é est plus long que celui sur l'ó; et si je disais honnéte hómme, onest'uomo, en renversant la situation de ces deux mots, l'accent sur é serait plus bref que celui sur ò. C'est un phénomène généralement reconnu et remarqué dans le premier volume. (Voy. § 61, et la not.)

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Suivant ces principes et ces observations, il serait très-utile aux versificateurs et aux musiciens de distinguer deux sortes d'accent tonique; l'un est l'accent des mots, et l'autre est l'accent des phrases. Chaque mot a un accent dominant qui arrondit le mot même ; et cet accent est variable quant à la longueur, selon sa position relative à d'autres mots : chaque phrase a un accent dominant qui l'arrondit et qui lui donne le requis; il suit invariablement le sentiment de celui qui parle. Quand je dis : c'est à vous que je parle; pensez-y bien; j'aurais voulu qu'il mourút, etc., chacun de ces mots a un accent variable, et chacune de ces petites phrases a un accent du même genre qui détermine la pensée sur vous, sur bien, sur mourut. Le musicien et le poëte font souvent peu d'attention aux accens de ces paroles en particulier; mais ils manqueraient essentiellement à leur art, s'ils voulaient altérer, même légèrement, la valeur de l'accent des phrases. Qu'on médite sur la grande importance de cette réflexion, et l'on verra que c'est d'elle que dépend uniquement l'art du vrai musicien et du vrai poëte. C'est de cette réflexion même que dépend l'intelligence de ce que le chevalier Grétry dit, lorsqu'il recommande aux musiciens de faire tomber la battuta de la musique sur une bonne note c'est-à-dire sur une syllabe bien accentuée or la syllabe la plus accentuée est celle où tombe l'accent de la phrase. Mais comment pourraient-ils, les pauvres musiciens, employer ces bonnes notes lorsque le poëte ignorant ne ics leur fournit pas ?

Revenons maintenant au point précis de la réponse à l'objection. Les mots bonté, vérité, amitié, bontà, verità, amista ont tous, en italien et en français, un accent sur la dernière voyelle, et ces dernières voyelles sont longues à cause de cet accent: mais en même tems elles sont brèves quant à la prosodie. Cette contradiction apparente ne donne pas le droit de conclure que la langue française n'a pas d'accent tonique; parce que la langue italienne est dans le même cas, et cependant on ne l'a pas encore soupçonné d'être sans accent.

Il faut se rappeler ici de la distinction que nous avons faite (tom. 1, part. 1, 12, 54) entre l'accent de production et celui de renfort (rinforzo). Ce dernier, qui pèse plus qu'ailleurs sur les dernières syllabes des mots tronchi ou masculins, tout semblable aux notes appelées mar,

cule, barbare, avaient l'accent sur le premier a, ils deviendraient sdruccioli, ce qui répugne au génie de la langue.

Mais bien souvent elle garde la même position d'accens qui se trouve dans les mots sdruccioli italiens, comme

tellate dans la musique, opère sa vibration sur les dernières voyelles, les frappe par un coup net, appelé ictus, les renforce et passe sans trop s'y arrêter. Cette vibration instantanée de l'accent empêche la voyelle accentuée de se prolonger à son aise; elle reste brève, c'est-à-dire la durée du tems, sur la voyelle affectée de l'accent de renfort, reste plus courte que celle de l'accent de production : mais quoiqu'elle soit brève par rapport à l'accent de production, elle est toujours plus longue par égard aux quantités prosodiques; de même que quoique le nombre 3 soit plus petit que 4, il est néanmoins plus grand que 2.

Voilà donc en quel sens il faut concevoir la briéveté des voyelles finales accentuées dans les mots cités, bonté, vérité, amitié, et autres semblables. Cette vérité, qu'on ne saisit qu'avec difficulté au premier abord, est exposée avec beaucoup de clarté par le célèbre P. Sacchi, italien (§§ 12, 64, 55). Mais les Français ne devraient pas ignorer qu'avant que le P. Sacchi eût existé, ce fut un savant français (M. Durand, Dissertation en forme d'entretien sur la Prosodie française) qui put entrevoir (quoiqu'imparfaitement) la distinction de l'accent entre celui de production et celui de renfort, désignée par les mots assez expressifs, appui et ictus (§ 29, tom. 1). Cela prouve que les Français auraient pu, s'ils l'eussent `voulu, perfectionner, aussi bien que les Italiens, cette matière des accens ; mais la confiance aux paradoxes de J.-J. Rousseau, qu'on a peut-être mal interprétés (§ 68), a paralysé sur ce point précis l'énergie des talens.

Seconde objection. Si par accent tonique on n'entend que l'appui de la voix sur une syllabe, la preuve la plus convaincante que la langue française n'a aucun accent déterminé, c'est qu'on peut donner l'appui de la voix une syllabe quelconque, selon le sentiment de celui qui parle. Ainsi nous voyons que les acteurs qui déclament sur la scène, prononcent sentiment, inconstant, pérfide, etc., en appuyant très fort sur la première syllabe.

Réponse. Ces trois mots cités, ou d'autres semblables, peuvent recevoir un appui sur la première syllabe, de même que cela peut arriver et arrive souvent en italien dans les mots sentimento, íncostante, pérfidissimo, etc.: on est libre de le faire selon le sentiment qui nous agite; et voilà un accent oratoire que l'ignorance veut confondre avec l'accent tonique. On n'ignore pas que dans toutes les langues on est libre de donner anx mots tous les tons oratoires et toutes les nuances que l'on veut; mais ce qu'on a voulu ignorer en France, c'est que tout en donnant ces tons, l'accent gramma

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dans fable, étre, abattre, cápre, qui répondent à fávola, éssere, abbáttere, cáppero; et alors elle est obligée de retrancher une ou deux syllabes qui se trouvent à la fin des mots italiens ; et cela afin que son accent tombe, toujours sur la dernière, ou sur l'avant-dernière syllabe.

CHAPITRE I I.

DE LA PROPRIÉTÉ, DE LA RICHESSE ET DE LA DOUCEUR DES DEUX LANGUES MISES EN COMPARAISON.

§ 907. Les objets pour lesquels les hommes ont institué les langues peuvent être, à mon avis, au nombre de trois et le principal est de faire connaître tour-à-tour, par des signes articulés, les idées de l'esprit; le second, d'exprimer ces mêmes idées le plus facilement que l'on peut; et le troisième, de les exprimer le plus agréablement qu'il est possible. Le premier objet a rapport à la propriété, le second à l'abondance, et le troisième à la douceur des mots et des expressions. La réunion complète de ces trois objets forme la perfection d'une langue quelconque. Je vais les examiner et les comparer en trois articles différens: et, dans un quatrième, je parlerai des mots sdruccioli, et des mots diminutifs et augmentatifs qui sont propres à la langue italienne.

tical reste toujours le même à la place que la nature lui a assignée, et qu'il est ineffaçable. Qu'on appuie autant que l'on voudra sur la première syllabe des mots sentiment, inconstant, sentimento, incostante, la voix se portera toujours sur l'accent régulateur, qui est le grammatical: que si l'on s'efforce à ôter l'accent ou l'appui sur ment ou sur tant, cet accent passera sur les premières syllabes, et ces mêmes mots deviendraient sdruccioli ou dactyles, sén-timent, in-constănt, comme dans la langue anglaise; ce qui n'est admissible ni dans la langue française, ni dans l'italienne.

ARTICLE PREMIER.

DE LA PROPRIÉTÉ DES LANGUES ITALIENNE ET FRANÇAISE.

§ 908. Les langues instituées principalement pour faire connaître les idées de l'esprit (avantage infiniment précieux pour les hommes!) ont deux devoirs à remplir : par le premier, elles interprètent immédiatement les idées; et par le second, elles s'efforcent à ébranler les sens pour intéresser l'imagination. Le premier est propre à toutes les langues du monde; le second, qui imprime aux paroles un caractère de perfection, est le partage de quelque langue particulière, à la formation de laquelle a présidé la philosophie, ou, si l'on veut, ont contribué les circonstances politiques, les passions, les climats, et même le hasard.

C'est dans la nature des sons élémentaires qu'il faut chercher les qualités poétiques de la parole qui en est le résultat. Toutes les autres qualités sont le produit du génie qui sait faire un bon emploi de ces matériaux. Souvent on attribue aux propriétés des langues les excellentes productions de l'esprit, qu'on devrait plutôt attribuer aux grands génies qui ont eu l'art d'ennoblir les langues.

On entend ici par propriété d'une langue, cette expression des sons de la parole, qui sont des signes naturels, propres à marquer précisément et à peindre les idées à l'imagination. Ces signes ont un rapport intrinsèque, naturel, et direct, avec la sonorité des choses qu'on veut exprimer. C'est ce qu'on appelle en grec onomatopée ; figure qui exprime, par le son des paroles, le son naturel des choses qu'on veut indiquer. Le mot cricch, que Dante employa pour peindre le son de la glace lorsqu'elle se rompt; le mot trictrac des Français, qui sert à imiter le bruit des dés à jouer; le glouglou de la bouteille; le

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