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lia, ont une prononciation différente des mêmes mots amò, ancora, balía.

La plus grande partie des homonymes français, écrits avec les mêmes lettres matérielles, ne sont que des homonymes en apparence, ou, pour mieux dire, ne sont pas des homonymes; ils sont écrits avec les mêmes lettres, mais ils ne sont pas prononcés avec les mêmes sons; et dès-lors ils ne peuvent causer la moindre équivoque.

La langue française doit avoir, plus que l'italienne, beaucoup d'homonymes apparens, par deux raisons bien simples la première est que, par son système d'abréviation, ses mots sont très-courts, et n'admettent pas beaucoup de lettres qui puissent servir à donner un excès de précision dans le sens : la seconde est, que sous le nombre de vingt-cinq caractères ou signes matériels de son alphabet, elle a plus de quarante sons différens, pendant que dans la langue italienne le nombre en est bien moins varié, §§ 889, 890. La langue française en employant, dans ses mots très-courts, les différens sons dont elle est formée, doit produire beaucoup d'équivoques dans la bouche de cette classe d'étrangers, qui, sans avoir bien étudié cette langue, sans distinguer les différens sons, les différentes nuances quelquefois très-délicates de la prononciation, parlent très-mal, et jugent encore plus mal d'une langue qu'ils ignorent. C'est pour eux un homonyme, le mot qui, en signifiant deux ou trois choses différentes rend deux ou trois sons essentiellement différens. Les mots pécher et pêcher, grasse et grâce, grèce et graîsse, bette et bête, botté et beauté, cotte et côte, foret et forêt, j'aimai et j'aimais, j'aimerai et j'aimerais, pot, peau et pont, etc., qui se prononcent, avec les mêmes lettres, mais avec des sons sensiblement divers, n'ont souvent dans leur bouche qu'un même son.

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S 934. Il faut avouer cependant que, quant à la prononciation, il y a dans la langue française plusieurs homonymes univoques et réels tels sont, par exemple, les mots toi (tu), toit (tetto), ton (tuo), ton (tuono), veine (vena), vaine (vana), eau (acqua), os (osso), poids (peso), poix (pece), pois (pisella), coin (cotogno, cantone, angolo, cuneo), quand (quando), quant (quanto), tout (tutto), toux ( tosse), etc. En de pareils cas, c'est seulement le sens de la phrase qui peut déterminer, et qui détermine en effet la signification des paroles univoques. Ainsi ces sortes de mots sont amphibologiques lorsqu'on les considère isolément et sans rapport; mais ils ne le sont pas dans la contexture des phrases. Quelle amphibologie, en effet, pourrait-on trouver dans le mot coin des phrases suivantes : je loge au coin de la rue, le coing est un fruit que j'aime, — il faut un coin de fer pour fendre ce bois, ceci est marqué au bon coin? etc.

S 935. Mais ces mêmes homonymes univoques ne sont pas un indice de la pauvreté d'une langue. Ils se trouvent en effet en grande quantité dans la langue italienne, sans que cette langue soit pauvre : comme on peut le voir dans les mots suivans et dans une infinité d'autres :

Pianto, les pleurs, je plante. - Pari, tn sembles, égal.
Parte, il part, la part, ou portion, il partage, rôle.
Parto, je parts, accouchement, je partage.

Porto, le port, je porte.

Lato, côté, large.

Opera, il opere, œuvre, ouvrage, l'opéra, etc.

Volgo, le vulgaire, je tourne, j'adresse, je médite.

Ratto, rapine, prompt, le souris, extase, extasié, etc.

Cattivo, captif, mauvais, méchant, je captive.
Verso, vers poétique, vers (préposition), je verse.
Salse, monta, salées. Rio, ruisseau, coupable.
Colli, avec les, les cols, tu colles, collines.

Mondo, le monde, j'épluche, net. - Sorte, le sort, il sort.
Velo, le voile, je voile, vous le. · Amare, aimer, amère.
Volta, tournée, il tourne, tour, fois, coup, voûte, etc.
Canto, chant, je chante, côté, coin, etc.

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Porta, la porte, et apporte.

Fine, fines, objet, but. Fino, fin, jusque.
O, j'ai, ou. Sei, tu es,

Dei, des, divinités.

Ai, tu as, aux.

six.

A, il a, à. Esca, nourriture, qu'il sorte.
il ment.

Anno, ils ont, année. Mente, esprit,

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Desti, tu donnas, tu éveilles.

Corte, la cour, courtes.

Vago, amant, vague, errant, j'erre.

Sono, je suis, ils sont. Indotto, ignorant, induit.

Stagno, étain, étang, étamé, étanché, j'étame, j'étanche, etc.

en

Souvent les Italiens s'efforcent d'ajouter d'autres univoques à leur langue et d'en multiplier le nombre faveur des vers : ils disent amaro amer, pour exprimer ils aimèrent; ire colères, pour exprimer aller. Qu'on en dise de même des mots fe pour fece, et fede-face pour fa, fiaccola― dei pour divinità, et tu devi — furo pour furano, et io rubo- amar pour amarono, et amare- giro pour andarono, io giro, et circúito pago pour io pago, et con

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et

pour suoi, et

Dans la langue française, les univoques trouvent trèssouvent une différence bien marquée dans l'écriture : les yeux font distinguer la différence entre quand et quant, entre tant et tems, etc.; mais en italien, dans ce cas, on ne peut pas jouir également de ce faible avantage.

J'avoue cependant que plusieurs mots italiens homonymes ne font pas équivoque, par cette prononciation ouverte ou fermée des voyelles e et o; mais on doit avouer aussi qu'en Italie on ne fait pas beaucoup d'attention à ces sortes de nuances; et que les autres voyelles a, i, u n'offrent pas ces mêmes nuances, pendant qu'en français elles s'observent sur toutes les voyelles.

On peut donc dire, et avec raison, que l'emploi de ces sortes de mots, même dans les langues qu'on croit riches, n'est pas un défaut; que le sens des phrases détermine la signification des mots; et que, sous ce rapport, les homonymes univoques ne portent aucune atteinte à la per

fection de la langue italienne, non plus qu'à celle de la langue française.

§ 936. Par ces principes, je me crois autorisé à soutenir qu'il n'y a pas de langue qu'on puisse appeler pauvre, lorsque dans le peu de mots qui la composent elle a assez de quoi pouvoir exprimer avec facilité et clarté les idées de l'esprit et les passions du cœur ; et que tel est l'avantage de la langue française (1). Je conclus que, par rapport à l'abondance des mots, la langue française peut, aussi bien que l'italienne, s'élever à la majesté et à la fortune du poëme épique; et que sa poésie ne se borne pas seulement aux chansons et aux vaudevilles, comme le croyait Malherbe, et comme l'avait assuré Ménage dans ses Remarques sur les ouvrages du même Malherbe. Ces auteurs qui ont voulu juger du mérite de leur langue uniquement par les vaudevilles qui existaient alors, auraient pensé autrement s'ils avaient vécu au tems des Boileau, des deux Rousseau, des Voltaire, des Fénélon, etc. Ce n'est pas la langue qui manque aux poëmes, ce sont plutôt les génies qui manquent à la langue.

ARTICLE III.

DE LA DOUCEUR, AINSI QUE DE LA SONORITÉ, ET DE
L'HARMONIE DES MOTS ITALIENS ET FRANÇAIS.

5 937. Que la langue italienne soit douce, sonore et harmonieuse, c'est un objet assez évident et généralement reconnu; il n'a pas besoin de preuves. Mais que la langue française jouisse également de ces mêmes prérogatives,

(1) « Si notre langue, dit M. le Laboureur, a de quoi être prodigue quand » il lui plaît, elle n'est donc pas pauvre ». Elle est riche, dit le même » auteur, puisque la plus grande richesse d'une langue est d'avoir tout ce » qui est nécessaire pour bien exprimer toutes les choses qui tombent dans z la pensée. »

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c'est une chose généralement sentie et approuvée dans le fond des cœurs, quoiqu'il y ait un petit nombre de demisayans qui s'efforcent à vouloir ni le sentir, ni l'approuver. Ce sont ces petits malheureux singes, partisans de quelques fanatiques, qui tranchent sur une langue que peut-être ils ne connaissent pas, et qui n'en parlent que d'après en avoir entendu parler.

§ 938. Au nombre de ces petits esprits, sur lesquels le philosophe ne daigne pas seulement jeter un regard, il faut ajouter deux classes de personnes qui, en renonçant, soit avec raison, soit à tort, à ce sentiment naturel qui nous entraîne à prodiguer toujours l'éloge de tout ce qui concerne les propriétés de notre patrie, ont un intérêt particulier à les décrier: tels sont la plus grande partie des voyageurs et des connaisseurs en quelque langue, et certains auteurs de poésie et de musique.

§ 939. Si l'on croit à ce que dit un voyageur, les pays les plus beaux sont ceux qu'il a parcourus dans ses voyages. Un Napolitain ou un Sicilien qui ont voyagé en France, ne tournent leurs discours que sur la beauté de la langue, du terrain, du ciel, du climat de ces contrées. Un Français qui a voyagé en Italie, élève à gorge déployée jusqu'au ciel les beautés de la langue, de la musique, du climat de cette heureuse péninsule. Madame de Staël, dans sa Corinne, sentait quelque chose de distingué dans le chant des rossignols de Rome : elle voyait partout des fantômes, tels que ceux d'Ossian, dans les nuages du ciel: c'est du ciel même qu'elle fait dériver ce langage mélodieux et coloré de tous les Italiens: Vous respirez, ditelle enfin, à Rome un air pur qui semble très-agréable; la terre y est riante et fertile : et tout cela, c'est la mort. Si l'on demande à deux Italiens quelle est la plus belle entre les langues vivantes, l'un répondra que

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