ᄉ CANZONETTA de Crescimbeni. Vaga Rosa orgogliosetta, Superbetta, S'apre, e ride in sull'aurora Ed il Sole allor che nasce, Col bell' ostro la colora, Rai del Sol, tanto s'appella, Tra le stelle Idália bella. Strali Amor fa di sue spine: E di lei s'adorna il crine. Di quel bel che si diletta; Al meriggio (2) allor che sale, E coi raggi la saetta. Jo sovente Tra la gente Cade allora impallidita, Scoloríta Tra l'orror di siepe ombrosa: Par si vaga, e si orgogliosa. Ch'à il mattín tanta bellezza, Rende il sol di giovinezza: Esser falso e pien d'inganno: Suoi favori Util breve, eterno danno (3). CANZONETTA de Menzini. In passando i detti ascolto; Ma non guardo,'.: Nè ritardo Emulò del Savonase. Ben fa fede Com'erede Egli sia dell' áurea lira : L'aure molce, O s'ei ride, o s'ei sospira. Ma poi dice: Oh infelice Che d'amore è prigioniero! Per tant' anni Agli affanni Non si tolse, e al crudo impero, (1) Tocca, en prose, toccata: en français, touchée, frappée. (2) Al meriggio, al mezzodi, au midi. (3) Les amateurs du bon goût pourraient bien remarquer dans les deux chansonnettes de Chiabrera et de Crescimbeni, combien les diminutifs influent sur la beauté et sur les grâces de la langue italienne. ENTRE LA CANZONETTA ITALIENNE ET LA FRANÇAISE. S 679. Je ne trouve pas dans les traités de Versification française un article qui parle des petites chansons ou des chansonnettes anacréontiques. Je trouve seulement un article assez étendu sur les stances et les différentes sortes de stances qui, dans le fond, sont les mêmes que celles de la versification italienne. On y fait mention par hasard du mot grec ode, c'est-àdire de cette composition formée de plusieurs stances qui en pareil cas s'appellent strophes. § 680. Les grammairiens français ont leurs stances régulières et leurs stances irrégulières; celles qui sont de nombre pair et celles qui sont de nombre impair. Les stances sont appelées régulières lorsqu'elles ont un même nombre de vers, soit petits, soit grands, soit mêlés les uns avec les autres; et que les grands et les petits vers, ainsi que la rime, y sont également distribués : elles sont appelées irrégulières lorsqu'elles n'ont pas toutes ces convenances. Il y en a de quatre vers (quatrains), de cinq, de six (sixains), de sept, de huit (octave), de neuf, de dix (dixain); et par ces nombres, on connaît la différence entre les stances de nombre pair et impair. Tout cela est parfaitement commun avec les stances italiennes ; et c'est de là que résulte, en français, la différence entre ode et ode. L'ode grave et sublime, destinée à traiter de sujets analogues, et distinguée par de grandes stances et de grands vers, est ce qu'on appelle en italien canzone. L'ode légère et gracieuse, destinée à parler de certaines passions délicates, de certains sujets agréables et badins, et distinguée par de petites stances ou strophes composées de petits vers, est ce qu'on appelle en italien canzonetta, ou canzonetta anacreontica, ode anacreontica. ou S681. La versification française possède donc aussi la canzonetta anacreontica sous le nom d'ode. Je vais en donner des exemples. On en trouvera d'autres dans le chapitre suivant, où nous parlerons des règles pour les vers lyriques français. « Oui, pour jamais, » Chassons l'image >> De la volage » A l'infidèle » Cachons nos pleurs; >> Aimons ailleurs : » Trompons comme elle, etc. Voyez la suite au § 269, tom. 1. « Jupiter, prête-moi ta foudre, » Donne, que je réduise en poudre » Médée, enseigne-moi l'usage >> De tes plus noirs enchantemens : » Ah! si dans ma fureur extrême >> Je tenais ce monstre odieux!.... >> Dans ses bras n'osant le presser, La chansonnette suivante a un goût véritablement anacréontique : « Ah Dieu! que la flamme est cruelle » Dont Amour me fait consumer! » Je sers une dame infidelle, >> Et ne puis cesser de l'aimer. » La marine est plus arrestée, » Et du ciel les hauts mouvemens : Ores je suis seul en sa grâce, » Ce n'est qu'amour, ce n'est que feu; » Ce nouveau, fier de mon dommage, Qni se forge un destin constant » Aussitôt se trouve en naufrage, >> Et me voit au port tout content. Si jaloux je franchis sa porte, » C'est toujours accord ou querelle: >> Et sans elle aussi je ne puis. » Cette petite chanson est du poëte Desmarais, qui vivait vers l'an 1585 l'esprit en est anacréontique, mais la diction en pourrait être plus pure et plus élégante. Qu'on examine les couplets suivans, que j'ai pris au hasard, dans l'Almanach des Muses, et l'on verra qu'ils s'approchent du goût anacréóntique. |