Se l'Inferno espugnò, resse le stelle, Per ischerno trattar l'armi omicide: E indosso à il cuojo del leon, che sembra D' incontro è un mare: e di canuto flutto Vedi spumanti i suoi cerulei campi. Vedi nel mezzo un doppio ordine instrutto Per l'onde; e i monti co' gran monti urtarsi: Già volar faci, e dardi, e già funesti E fagge Antonio, e lasciar può la speme Ma segue lei che fugge, e seco il tira. Vedresti lui simile ad uom che freme D'amore a un tempo, e di vergogna, e d' ira, Pugna ch'è in dubbio, or le fuggenti vele. Nelle latebre poi del Nilo accolto Attender pare in grembo a lei la morte: E nel piacer d' un bel leggiadro volto COMPARAISON DE LA SESTA ET DE L'OTTAVA RIMA AVEC CELLES DE LA VERSIFICATION FRANÇAISE. S714. Les sixains, ou les stances de six syllabes citées dans les Traités de versification française, n'offrent rien de régulier, ni de ressemblant à la sesta rima des « Seigneur, dans ton temple adorable » Ce sanctuaire impénétrable » Où tes Saints inclinés, d'un œil respectueux >> Contemplent de ton front l'éclat majestueux ? » Ce sera celui qui du vice » Evite le sentier impur: >> Qui marche d'un pas ferme et sûr » Attentif et fidèle à distinguer sa voix » Intrépide et sévère à pratiquer ses lois. >> Celui devant qui le superbe, » Enflé d'une vaine splendeur, faire con S715. Cependant dans l'Almanach des Muses, dont les nombreux volumes offrent un recueil de poésies fugitives, se trouvent des stances de six vers qui approchent beaucoup de la sesta rima italienne: telles sont celles de la pièce suivante qui a pour titre, Chanson arabe. «Trésor d'encens, fortunée Arabie, » Que j'aime à voir tes palmiers amoureux ! Hélas! et moi je languis consumée, >> Rose mourante, au milieu des déserts : >> Cieux, qui tonnez au mont de l'Idumée, » Vingt héritiers m'ont dit : Fleur de jeunesse, » Celui que j'aime est pauvre et loin de moi. » Mais, dut-il même oublier ma tendresse, » Je l'ai promis, je vivrai sous sa loi. >> De mes ennuis compagne solitaire, » Don de l'amour, gazelle aux tendres yeux, >> Sans mon amant rien ne saurait me plaire: » Ange, ou mortel, Dieu de ma longue attente, >> N'a pas besoin d'autre dais que le ciel. » § 716. Depuis le tems du célèbre Thibaut, la versification française vante l'Ottava rima, qui est parfaitement semblable à celle des Italiens: on y voit le même nombre de vers, la même conduite de rime, et (ce qui est remarquable) la même espèce de vers qui dans l'une et dans l'autre versification sont endécasyllabes. Il est possible que Thibaut en ait donné le modèlé aux Italiens. Ce poëte français vécut cent ans avant la naissance de Boccace. Les Siciliens ont bien pu avoir l'ottava rima, même avant que Thibaut l'eût mise en usage chez les Français; mais il est à présumer que les Toscans l'ont reçue des Provençaux plutôt que de ces insulaires; parce que l'ottava rima, telle qu'elle a été employée par les Toscans, est parfaitement semblable à celle de Thibaut, qui fait rimer les deux derniers vers ensemble (§ 710); et elle diffère de l'ottava rima des Siciliens : celle du poëte français a trois rimes; celle des Siciliens en a deux. Voici un exemple de l'ottava siciliana, appelée aussi canzuna (chanson). Le sujet en est la réponse qu'un poëte fit à un de ses voisins qui lui avait demandé des bois de cerf; et qui, après en avoir obtenu deux fois, en demandait encore: Pri fari un magisteriu di corna, Ai tanti corna, e un si cuntentu mai? Autre exemple de monseigneur Rao, évêque de Patti; il peint, dans cette ottava, l'horreur d'une montagne où il était obligé de séjourner. Tra na muntagna sulitaria alpestra, Li venti chi amminazzanu li mura. Assiditti, c'est-à-dire scelti, choisis. Beddi, belli, beau. Un, prononcé sans l'n, et presque commc l'u nasal des Français, signifie non. Si, sei, tu es. Amminazzanu, minacciano, menacent. Di niura uliva, e pallida inestra Sta la campagna gramagghiata, e oscura. Inestra, ginestro, genêt. Ngrammagghiata, in abito di doglia, en habit de deuil. Ccà, ici, en ce lieu. S' agnuna, si rannicchia. Visitusa in lutto, en deuil. Voici maintenant l'Ottava rima de Thibaut, qui est différemment arrangée par rapport à la rime: << Au rinouveau de la doulseur d'esté » Qui reclaircit li doiz à la fontaine, » Lors chanteray que trop m'ara gravé, >> Et mult souvent de léger effréez. » ARTICLE VIII. DU MADRIGAL ET DE L'ÉPIGRAMME. S717. Le Madrigal est une petite pièce composée ordinairement de vers endecasillabi et settenarii, dont le nombre n'est pas moins de six, ni plus de douze. Cependant ce nombre de vers fut arbitraire chez les poëtes du 16° siècle. Quant à la rime, l'usage en est aussi arbitraire, si ce n'est que, le plus souvent, les deux derniers vers riment entr'eux. On voit aussi des madrigaux dont les vers sont tous ou settenarii, ou endecasillabi, ou ottonarii. 718. Le caractère essentiel du Madrigal n'est pas trop différent de celui de l'épigramme des Latins. Mais il se fait distinguer par un style simple et noble qui n'est pas fait pour la satire, ni pour des matières badines: il res |