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Comment les orthodoxes, qui tiennent fermement à la lettre des Évangiles qu'ils regardent comme articles de foi, peuvent-ils se tirer de cette difficulté de faire descendre Joseph à la fois de SALOMON et de NATHAN, dont un seul a cependant pu être le véritable ancêtre de Zorobabel, dont à son tour Joseph serait descendu aussi par deux lignées entièrement différentes, tant par l'individualité des personnes que par le nombre des générations? Je laisse aux sophistes les plus habiles à expliquer cette difficulté, ou plutôt ce mystère; car c'est ainsi qu'il faut l'appeler quand on ne sait plus que répondre.

Il ressort déjà de ces deux généalogies, et en outre de divers autres passages des Évangiles (SAINT MATTHIEU, XIII, 55, et SAINT JEAN, VII, 5) mentionnés plus haut, que, même du vivant de Jésus, ses compatriotes et jusqu'à ses parents le crurent fils de Joseph.

Quoique les deux généalogistes ne s'accordent pas quant à la filiation des ancêtres de Saint Joseph, ce qui prouve seulement qu'ils se sont trompés, ils ne peuvent toutefois être dans l'erreur sur le fait même de cette descendance de Jésus-Christ. Car s'il avait été considéré par ces Évangélistes eux-mêmes comme le Fils de Dieu, ils n'auraient pu lui reconnaître des ancêtres et prétendre qu'il était de la famille de David. Il y a donc, comme on voit ici, une contradiction évidente entre l'opinion généralement admise alors que Jésus était descendant de ce roi, ce que lui et ses disciples soutenaient eux-mêmes; et la croyance qui prévalut plus tard, qu'il était le Fils unique de Dieu, opinion qui ne fut adoptée, ainsi qu'on l'a vu, que sur le dire des deux Evangélistes Saint Luc et Saint Matthieu, dont le premier avoue lui-même avoir recueilli, partout où il a pu, les renseignements qu'il a pu se procurer sur la vie et les actes de Jésus-Christ, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer plus haut.

Les Juifs croyant avec foi aux prophéties de leurs anciens

Sages, qui leur avaient annoncé l'arrivée d'un Messie (en hébreu MESCHIAH c'est-à-dire oint, en grec CHRISTOS) qui devait les délivrer du joug des étrangers et naître dans la famille de David, il était de là plus important pour les disciples de Jésus-Christ de croire que leur maître était en effet un descendant de ce grand roi, que d'admettre, sur la seule assertion de Saint Luc, qu'il était le Fils réel de Dieu conçu du Saint-Esprit, ce dont personne n'a du reste jamais parlé du vivant de Jésus-Christ, la vision de Saint Joseph dont parle Saint Mathieu n'ayant été qu'un rêve. Ce n'était donc pas alors une vérité généralement connue des Apôtres que Jésus était d'une essence divine, ce qui ressort déjà d'une manière évidente de la question que Jésus adressa un jour à ses disciples, leur disant (Évangile de SAINT Matthieu, XVI, 13):

« Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l'homme? »

14. « Et ils lui répondirent : Les uns disent que tu es JeanBaptiste; les autres, Élie, et les autres, Jérémie, ou l'un des Prophètes. »

15 « Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis? » 16. Simon Pierre, prenant la parole, dit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

17. « Et Jésus lui répondit: Tu es heureux, Simon, fils de Jona; car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux. »

Or tout en se disant lui-même le Fils de l'homme, il accepta avec satisfaction l'expression de la haute idée qu'il avait inspirée à Saint Pierre, se regardant en effet comme le Messie, n'attachant du reste point au mot Fils qu'employa Saint Pierre le sens qu'on lui donna plus tard, ainsi qu'on le verra plus bas.

Cette opinion que Jésus-Christ était réellement le fils de Joseph, est en outre formellement exprimée dans différents endroits des Actes des Apôtres, rédigés par SAINT LUC

l'Évangéliste lui-même, et entre autres par SAINT PAUL, celui-ci disant dans son Epitre aux Romains: ROM. I, 1, « Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être Apôtre, mis à part pour annoncer l'Évangile de Dieu,»

2. « Qu'il avait promis auparavant par ses prophètes, dans les Saintes Écritures, »

3. « Touchant son fils, qui est né de la race de David selon la chair, »

4. « Et qui, selon l'Esprit de sainteté, a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d'entre les morts; savoir, Jésus-Christ Notre Seigneur. »

Ce passage prouve que Saint Paul n'a point appliqué ce mot de Fils dans son sens propre, absolu, mais simplement dans cette acception que tous les hommes sont enfants de Dieu, ainsi qu'il s'exprime au CHAP. VIII, 16, de la même Épître, disant : « C'est ce même Esprit qui rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu. »

SAINT PAUL dit ainsi formellement que Jésus est né suivant la chair, c'est-à-dire comme homme, dans la famille de David, ou, en d'autres termes, qu'il est fils de Joseph, et qu'il ne fut déclaré fils de Dieu que pour son esprit de sainteté. Ce passage est ensuite d'autant plus remarquable, que SAINT LUC, qui seul a parlé dans son Évangile de l'Annonciation de l'Ange GABRIEL à la Vierge MARIE, qu'elle était enceinte par l'effet du Saint-Esprit, a partout et longtemps voyagé avec Saint Paul, auprès de qui il remplissait les fonctions de secrétaire, sans avoir convaincu ce dernier de la vérité de cet événement d'une aussi haute importance; fait dont l'Apôtre, s'il y avait cru, n'aurait pas manqué de tirer le plus grand parti dans ses instructions apostoliques. Or cette opinion de Saint Paul, au sujet de la nature de Jésus-Christ par sa naissance, se trouve en outre précisée au CHAP. IV, où il dit, Verset 1: « Quel avantage dirons-nous donc qu' Abraham, notre père selon la chair, a obtenu? » Cette locution, Père selon la chair, que l'Apôtre emploie ici à

l'égard de tous les Israëlites comme descendants d'Abraham, et qu'il emploie aussi en parlant de Jésus-Christ comme fils. de David, fait voir que, dans son opinion, le Sauveur était descendant de ce roi au même titre que tous les Juifs à l'égard d'Abraham leur ancêtre.

De même aussi les paroles dont se sert SAINT PIErre au second CHAPITRE des Actes des Apôtres, rapportant la prophétie du roi David au sujet de Jésus-Christ, disant Verset 30, en parlant de ce roi : « Mais étant Prophète, et sachant que Dieu lui avait promis avec serment qu'il ferait naître le Christ de sa postérité selon la chair, pour le faire asseoir sur son trône, » ne laissent aucun doute que, malgré le nom de Fils de Dieu, qu'il avait donné avant par admiration à JésusChrist, il ne l'ait cependant toujours considéré comme descendant de David, et, par conséquent, comme fils de Joseph, passage d'autant plus à remarquer, qu'il se trouve également dans les Actes des Apôtres rédigés par l'Evangéliste SAINT LUC.

Cette croyance à l'essence purement humaine de JésusChrist est en outre clairement exprimée dans divers autres passages des Actes des Apôtres. C'est ainsi que dans la première Epitre aux Corinthiens, SAINT PAUL dit (CHAP. XV, 21 et 22): « Car, puisque la mort est venue par un homme, la résurrection des morts est venue aussi par un homme. »

22. « Car, comme tous meurent par Adam, de même tous revivront par Christ.

SAINT PAUL dit en outre, dans sa première Épître à Timothee, CHAP. II, Verset 5: « Car il y a un seul Dieu, et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. »

Le même Apôtre dit aussi dans son Epitre aux Philippiens, CHAP. II, 5 : « Ayez les mêmes sentiments que JésusChrist a eus,

6. « Lequel étant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une usurpation d'être égal à Dieu; »

7. « Mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la forme de serviteur, et se rendant semblable aux hommes. »

Cette même opinion est encore exprimée par SAINT PIERRE dans les Actes des Apôtres, CHAP. II, des Versels 14 à 30, où il est dit au Verset 29: « Mes frères, je puis bien vous dire avec assurance, touchant le patriarche David, qu'il est mort,. et qu'il a été enseveli, et que son sépulcre est encore aujourd'hui parmi nous. »

Enfin SAINT JEAN, l'Apôtre, qui prêcha l'Évangile dans l'île de Pathmos, dit (dans l'Apocalypse, XXII, 16), en rapportant des paroles de Jésus-Christ qui lui avait apparu: « Moi, Jésus, j'ai envoyé mon Ange pour vous rendre témoi· gnage de ces choses dans les Églises. Je suis le rejeton de la postérité de David, l'étoile brillante du matin. » Telle était la croyance de Saint Jean; que peut-on vouloir de plus?

Si, vers la fin de sa vie, Jésus-Christ s'est donné lui-même la qualification de MESSIE, c'est qu'il a dû croire, en effet, qu'il était l'envoyé de Dieu, ayant mission de régénérer le genre humain, en le ramenant sur la seule voie qui conduit à Dieu et à la félicité de la vie éternelle.

Pour ce qui est du nom de Fils de Dieu qu'il prit souvent aussi lui-même, il ressort de la manière la plus évidente, des Évangiles, qu'il n'attachait à cette qualification que la seule idée que tous les hommes étaient les Enfants dé leur Père éternel; titre que méritent du moins surtout ceux qui, à l'instar de Jésus Christ, vivent dans la foi en l'Etre Suprême. C'est partout dans cette acception de ce nom, qu'il exhortait les hommes à persévérer dans leur fidélité envers Dieu pour mériter la béatitude éternelle qu'il promettait au nom de son Père à ceux qui suivraient sa doctrine.

Quant aux Miracles de Jésus-Christ, dont parlent les Évangélistes, je n'ai, de même que pour ceux de Moïses, pas à en discuter la réalité dans le présent ouvrage ; et fidèle au principe de ne rien croire sans preuves, je ne dois exprimer en conséquence ici aucune opinion à ce sujet, objet de pure

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