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nous, lorsque nous cherchons à les apprécier, le sentiment du plus entier dévouement, ainsi que l'amour le plus pur pour leur auteur; c'est enfin lui consacrer notre cœur, comme le véritable autel sur lequel nous lui offrons, avec une parfaite sincérité, notre vœu le plus ardent de lui être agréables et de vivre conformément à sa volonté, en ne faisant que le bien, et en fuyant le mal.

Prier Dieu, c'est au contraire lui demander, le plus souvent, toute espèce de faveurs que par sa toute-puissance il est à même de pouvoir accorder pour rendre heureux; et lorsque tous les biens de la terre sont épuisés en sollicitations, on ne manque pas de lui demander encore la béatitude éternelle pour complément de toute félicité. Horrible blasphème, qui n'est que la méprisable spéculation d'un honteux égoïsme, par laquelle on espère acquérir tous les biens, sous le seul prétexte d'un prétendu amour de Dieu. C'est l'effet de l'unique croyance à la faiblesse de la Divinité, croyance par laquelle on pense le fléchir par l'importunité des sollicitations; où l'on rabaisse Dieu au niveau des faibles humains, en méconnaissant sa rigoureuse justice. que rien ne saurait faire varier, supposant que Dieu peut accorder, contre sa volonté première, un bienfait quelconque qu'on n'a pas mérité par la conduite qu'on a tenue. Que dis-je? une foule de personnes poussent même l'indignité jusqu'au point d'entrer, ainsi qu'elles le pensent, en arrangements avec la Divinité, lui offrant en échange du bien qu'elles espèrent obtenir, un nombre déterminé de prières qu'on voit débiter avec une inconcevable rapidité, pour se débarrasser le plus promptement possible de la corvée dont on s'est chargé; rapidité qui ne s'acquiert que par la grande habitude de cette sorte de demandes, où la volubilité de la langue est tout, tandis que le cœur et l'esprit ne sont pour rien dans ces simagrées de piété. Enfin d'autres, méconnaissant plus encore la sagesse divine, offrent même à l'Étre Suprême des objets matériels en échange du bien

qu'ils sollicitent, comme si la bienveillance de l'Éternel était à prix d'argent faveur que le riche seul pourrait ainsi acquérir, tandis que le pauvre, qui souffre déjà de la misère dans laquelle il est le plus souvent né, et qu'il ne peut avoir méritée, serait nécessairement privé; prières, vœux et offrandes dont on oublie d'ordinaire bientôt toutes les conséquences, si toutefois l'on a cru devoir s'engager à mieux se conformer dans la suite aux préceptes de la morale et de la vertu. Or si ces mêmes personnes étaient mieux instruites de leurs devoirs envers l'Etre Suprême, elles sauraient qu'un simple désir honorable et légitime, pur de toute tache, est déjà par lui-même une prière non formulée adressée à la Divinité, par cela seul que dès que cette pensée est formée dans notre esprit, Dieu la connaît et peut en accomplir le vœu s'il le juge convenable dans sa haute sagesse, et nous pouvons espérer qu'il le fera par l'effet de sa bonté infinie, sans que nous ayons besoin de le lui demander par des prières répétées; sachant parfaitement par sa toute-science ce qui peut contribuer à notre bien-être, et nous n'avons qu'à l'attendre avec calme et patience de sa paternelle sollicitude, si nous pensons l'avoir mérité; aussi la seule prière que, dans les circonstances ordinaires de la vie, nous avons à adresser à notre Père céleste, est DE LUI EXPRIMER SIMPLEMENT DU FOND DU COEUR LE DÉSIR DE LUI ÊTRE AGRÉABLES PAR NOS SENTIMENTS ET NOS ACTIONS, SANS CROIRE QUE NOUS PUISSIONS JAMAIS AVOIR ASSEZ DE MÉRITE A SES YEUX POUR QU'IL DOIVE NOUS ACCORDER LE MOINDRE BIENFAIT.

La plupart des personnes peuvent en raison de l'enseignement qu'elles ont reçu, être fondées à croire, qu'aucune vertu ne leur est possible par elles-mêmes, et qu'elles doivent, pour en avoir la force. implorer à cet effet la grâce divine, d'où ces personnes ne font en conséquence jamais le moindre effort pour s'opposer à l'entraînement de leurs passions, donnant pour excuse celle qu'on leur a enseignée, qu'elles ne peuvent rien par leurs propres moyens, que la

chair est faible, et que Dieu infiniment bon et miséricordieux leur pardonnera leurs fautes, lorsque enfin elles auront à comparaître devant son auguste tribunal. C'est sur cette fausse croyance que l'homme ne peut rien sans la grâce du Très-Haut que sont même rédigées la plupart des prières qu'on entend débiter non-seulement par les diverses personnes en particulier, mais qui plus est par des prêtres dans l'exercice de leurs fonctions sacerdotales; prières qui ont pour effet que les gens, loin de faire quelques efforts pour prendre une bonne résolution, se fortifient au contraire, dans la certitude que ce n'est pas à eux à chercher à se corriger, vu qu'ils ne le peuvent pas mais que c'est à Dieu à produire le miracle de les forcer à bien faire; déplorable conviction qui les conduit nécessairement à croire que si ce miracle n'a pas lieu, c'est que Dieu ne le veut pas, et qu'il ne peut en conséquence jamais les punir de ne pas avoir fait ce qui leur était impossible.

Cependant, quoique l'homme réellement religieux craigne de demander à Dieu quelque bienfait que dans son cœur il sent n'avoir pas pu mériter, il arrive que dans les grandes afflictions, lorsqu'il se voit abandonné de tous, son Esprit se tourne en quelque sorte malgré lui vers l'Être Suprême, le seul bienfaiteur qui puisse encore l'assister, pour lui demander son appui élan naturel que lui inspire à la fois la nécessité du moment et la confiance qu'il a dans la bonté du Très-Haut.

De même aussi l'homme profondément ému d'un bonheur dont il ne connaît pas l'auteur sent toutefois dans son cœur la nécessité de le rapporter à quelque cause bienfaitrice intelligente à laquelle sa reconnaissance a besoin d'offrir l'expression de sa vive gratitude. Or à qui peut-il l'adresser si ce n'est à l'Etre Suprême, le tout-puissant bienfaiteur de l'univers entier, qui seul peut l'en avoir gratifié dans son adorable bonté.

Que dis-je? le sentiment d'une profonde reconnaissance

est en lui-même l'objet d'une vive jouissance morale qui augmente considérablement le prix du bienfait reçu, et contribue puissamment à rendre l'homme meilleur; l'engageant à se rendre digne de la bienveillance du bienfaiteur.

§ II. Devoirs envers les hommes.

Le fait de la seule adoration ne saurait suffire pour complaire à Dieu, à moins de prendre ce terme dans son acception la plus rigoureuse; c'est-à-dire que celui qui adore sincèrement l'Étre Suprême doit nécessairement l'aimer du fond de son cœur et chercher en conséquence à lui plaire non-seulement par son amour pour lui, mais aussi par toutes les actions de sa vie; et c'est ainsi, en effet, qu'on doit entendre l'amour de Dieu; d'où il résulte que celui qui aime l'Étre Suprême doit nécessairement être irréprochable envers son prochain. Prise au contraire dans un sens restreint, celui où l'on pourrait penser, ainsi que le font une foule de personnes, qu'il suffit uniquement d'aimer Dieu et de lui rendre les hommages de dévotion qu'on lui doit, sans que cela ait du reste aucun effet sur la conduite à tenir à l'égard des hommes, cette devotion ainsi mal entendue serait loin de pouvoir être favorablement agréée par l'Eternel. En effet, cette adoration pure et simple n'implique par ellemême que les devoirs envers Dieu, tandis qu'on a aussi des devoirs à remplir envers le prochain, envers soi-même et même envers les animaux; le tout comme conséquence naturelle de l'amour de Dieu pris dans son acception rigoureuse.

Enfants du même Père Céleste, tous les hommes ont, à ce titre, un égal droit à sa bonté et à sa protection, droit que par cela même nous devons respecter dans chacun, pour ne pas contrevenir aux lois immuables de la justice du TrèsHaut; et en conséquence pour ne pas encourir sa désapprobation dans notre conduite dans ce monde.

Or ces devoirs envers les autres hommes ne comprennent

pas seulement les simples égards que nous devons à leurs personnes, mais encore ceux que nous imposent envers eux les lois convenues entre tous devoirs que Jésus-Christ a si admirablement formulés en disant : « Ne failes pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit; » sublime précepte que la plupart des gens transgressent tous les jours; et de ce nombre sont non-seulement ceux qui se montrent d'ordinaire tièdes dans leur foi religieuse, mais aussi ceux qui affectent la plus grande piété, soit qu'ils pensent qu'il suffit pour plaire à Dieu de suivre assidûment les cérémonies religieuses, soit que leur empressement dans les temples de l'Éternel ne soit de leur part qu'un vain simulacre sous lequel ils cherchent à cacher leurs vices; cagots parfaitement connus, précisément par ce choquant contraste qui existe entre leurs actes de piété et leur conduite envers leur prochain, où les mauvaises qualités de leur cœur se montrent à tout instant à nu; classe de gens d'autant plus dangereuse et plus méprisable qu'elle cherche à se cacher derrière l'autel qu'elle profane.

Tout le monde sait généralement que ces hypocrites, à peine sortis de leurs sacriléges prières, se permettent envers leurs frères toute espèce de méfaits, dont la médisance et la calomnie sont souvent les moins révoltants, mais encore l'intolérance, le vol et jusqu'à l'assassinat.

Qui ne sait les horribles persécutions religieuses exercées en tous temps, au nom même de la religion, et encouragées par ceux-là même qui par leur ministère étaient chargés de prêcher au nom de Jésus-Christ l'amour du prochain, le pardon des fautes, et de recommander même la bienveillance envers les ennemis?

Qui ne connaît les nombreux synonymes diminutifs du mot voler qu'on a imaginés pour les accommoder aux divers degrés de susceptibilité des gens que l'épithète de Voleur pourrait blesser, quoiqu'au fond elle leur soit parfaitement applicable; termes différents sous lesquels une foule de per

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