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établie; elle a été niée, tout récemment encore, par Firket (1).

Certains auteurs ont admis une participation d'éléments monocytoïdes à la production des plaquettes.

Cesaris-Demel a décrit la formation dans le protoplasme basophile de certains splénocytes (cellules monocytoïdes de la rate) de petits amas de granules azurophiles. Ferrata et Negreiros-Rinaldi admettent qu'au moins chez l'embryon, certaines cellules macrophages monocytoïdes, provenant sans doute de l'hémohistioblaste, peuvent se charger de granules azurophiles qui se réuniraient ensuite en chromomère. Di Guglielmo, qui a soutenu quelque temps cette opinion, se demande (1920) si elle est vraiment justifiée. Peut-être y a-t-il ici confusion avec des cellules conjonctivales auxquelles ont adhéré des plaquettes, ou avec des macrophages qui en ont phagocyté. Ce point n'est pas encore éclairci.

(A suivre.)

PAUL LAMBIN.

(1) J. Firket, Recherches sur la différenciation des mégacoryocytes et leurs fonctions. C. R. Soc. BIOL., 1922..

IV. SÉRIE. T. III.

10

LA MENTALITÉ DES PRIMITIFS

M. Lévy-Bruhl, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, a publié en 1910 un ouvrage très documenté sur Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures. Il essayait de montrer que dans ces sociétés l'esprit n'obéit pas aux lois logiques, pas plus qu'il ne pèche contre elles. Il leur est indifférent. Et pour mieux définir sa pensée, M. Lévy-Bruhl risquait l'expression bien aventureuse de mentalité prélogique.

Aujourd'hui, continuant son étude, il nous donne un second ouvrage : La mentalité primitive (1). Au fond, c'est toujours la même thèse : celle de l'école sociologique de Durkheim, présentée d'ailleurs avec tout le talent d'un vrai maître et appuyée sur une documentation très abondante. Les expressions se sont un peu adoucies. On parle encore beaucoup de prélogique dans ce second volume, mais, par-ci par-là, on ajoute des adverbes restrictifs ou des formules de doute. L'ensemble ne marque cependant aucun désaveu des conclusions antérieurement admises. Et c'est de cet ensemble que nous voudrions nous occuper aujourd'hui.

La mentalité primitive, nous dit-on, est essentiellement prélogique, irrationnelle, mystique tous termes considérés comme synonymes (2). Elle est imperméable à l'expérience (3) ; dominée par la loi de participation, qui

(1) Paris, Alcan, 537 pages, 1922. Les citations, sans indication de titre, se rapportent cet ouvrage.

(2) P. 47, 48, 503, 516, 520 et passim.

(3) P. 95.

fait voir partout des communications de propriétés entre les êtres (1), ou plutôt qui les fond tous en une sorte de continuum, mêlant le visible et l'invisible, les noms et les choses, les objets et leur ombre, l'original et l'image, le rêve et la réalité (2). Quand on dit que la mentalité primitive mêle tout cela, on ne s'exprime même pas très correctement; il faudrait plutôt laisser entendre que la mentalité primitive ne mêle rien du tout, parce qu'elle n'a pas encore commencé à distinguer les choses (3). L'expérience et la réflexion nous apprennent à découper, dans l'ensemble confus des perceptions et des émotions, certaines zones spéciales plus ou moins strictement limitées et que nous appelons des objets. La connaissance d'un objet, comme tel, ne s'acquiert que lentement. Le primitif n'y réussit pas, il ne s'y essaie même pas (4). Chez lui, l'élément cognitif est presque submergé sous la vague émotionnelle (5). Il ne réfléchit pas (6), il n'infère pas (7). Il n'est pas sensible à la contradiction (8), et, partant, ne s'étonne de rien (9). La causalité lui est étrangère (10) ou du moins elle est «d'un type autre que celui qui nous est familier » (11). Si bien qu'entre le primitif et nous il y a non seulement une différence de degré mais, au point de vue mental, une différence de genre. L'unité de commune mesure fait défaut (12). Nous ne sommes pas des primitifs dont l'esprit se serait développé et enrichi (13).

(1) P. 522.

(2) P. 94 et suiv.

(3) P. 89-90.

(4) P. 88.

(5) Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures. Ch. I.

(6) P. 1, 9, 11, 12.

(7) P. 48, 127.

(8) P. 72, 85.

(9) P. 45.

(10) P. 45, 88.

(11) P. 85, 516.

(12) P. 15, 519. (13) P. 15.

Le mode de pensée est radicalement différent dans un civilisé moderne et dans un primitif, et toutes les théories qui reposent sur le « postulat de l'esprit humain partout et toujours semblable à lui-même » (1), toutes ces théories sont impuissantes à nous expliquer le primitif.

Il semble qu'il faudrait conclure que le primitif est simplement inexplicable et qu'il est chimérique d'essayer de se rendre compte de sa mentalité. M. Lévy-Bruhl n'ose pas pousser si loin les conséquences. La mentalité primitive n'est pas une forme rudimentaire de la nôtre, et ce n'est pas en se développant qu'elle finit par nous rejoindre. Elle est d'un autre type, mais, « dans les conditions où elle s'exerce, elle est normale » (2), et donc intelligible. Il suffit de ne pas la transposer sur un autre plan (3) et on arrive, avec beaucoup d'effort, à la comprendre et à l'expliquer par elle-même (4).

Examinons tout ceci d'un peu plus près. J'ai peur qu'il n'y ait dans ces thèses, à côté d'une idée féconde, un certain nombre de confusions fâcheuses et quelques conclusions vraiment trop hâtives.

Et d'abord, on nous parle du primitif et de la mentalité primitive. M. Lévy-Bruhl n'avait pas voulu employer ces mots en 1910 dans le titre de son premier volume. Aujourd'hui ces termes sont entrés dans le langage courant, mais l'usage ne les a pas rendus plus précis. Il aurait fallu les définir strictement (5). Qu'est-ce qu'un primitif? On est un peu ahuri de trouver, pêle-mêle, dans la documentation du volume les noms des peuplades les plus diverses, et les moins homogènes au point de vue de la culture. Le vocable primitif sert d'écriteau complai

(1) Les fonct. mentales. Ch. IX.

(2) P. 16.

(3) P. 503.

(4) P. 47, 48, 89, 517.

(5) P. III. On reconnaît que le terme est impropre. Ce ne serait que demi-mal. Il est ambigu.

sant pour désigner les Bantous, les Abipones, les Andamans, les Khonds, les Boschimans, etc... Tylor a mis ce procédé à la mode dans sa Primitive Culture et depuis lors ces ouvrages de synthèse » se sont multipliés. Il n'est pas défendu de le regretter. Sans doute la masse des documents mis en œuvre est impressionnante et le labeur du savant est admirable, mais avant d'utiliser des documents il faut les classer, et donc les différencier soigneusement. C'est même cette besogne qui est la plus ardue et la plus ingrate. Or, on est forcé de le constater, M. Lévy-Bruhl, qui se sépare de Tylor dans l'interprétation des faits ethnologiques, adopte entièrement sa méthode quand il s'agit de grouper les documents. Il se borne à écarter les « survivances » modernes, sur lesquelles Tylor insiste avec vigueur. On ne voit pas chez lui les Zoulous mêlés aux Goths et aux Aztèques, ni les Serbes ou les Hessois voisinant avec les Dayaks de Bornéo ou les Toupis du Brésil.

L'ethnologie ne pourra progresser que du jour où, résolument, on abandonnera cette méthode des à peu près et cette manie des généralisations prématurées. C'est être dupe des mots que de s'imaginer des primitifs en catégorie bien homogène. Qu'arriverait-il si on s'avisait, d'après la même méthode, d'écrire une grammaire de la langue primitive, ou de fondre en un seul vocabulaire les idiomes inférieurs ?

A distance, dans le recul du temps ou de l'espace, les sauvages peuvent bien nous apparaître assez semblables les uns aux autres; mais la moindre observation, dès qu'elle est un peu poussée, nous révèle de profondes divergences. L'homogénéité est peut-être beaucoup plus grande entre tous les civilisés d'aujourd'hui et de tous les temps, qu'entre les peuplades inférieures. Une réduction croissante de toutes les différences s'établit à mesure que les hommes se mêlent ou tout simplement se tassent. Les races paléolithiques sont plus distinctes entre elles

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