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Mais nous y arrivons par une autre voie que celle du sang irriguant le cerveau.

Reprenons notre comparaison des téléphones. Les boutons d'appel représentent l'endroit « qui fait mal »; il y a un moyen bien simple d'empêcher l'appel d'arriver au bureau central, c'est-à-dire au cerveau, c'est de couper le fil conducteur de l'électricité ou bien le nerf conducteur de l'excitation douloureuse.

Pourquoi ne pourrions-nous pas aussi couper le nerf ? Mais tout simplement parce que ce nerf n'a pas seulement pour fonction de conduire les impressions au cerveau, il n'est pas seulement sensitif, il est aussi moteur, c'està-dire qu'il commande aux mouvements.

Ah ! si nous pouvions ne couper que les filets sensitifs, la douleur serait supprimée et le mouvement conservé. Ce serait très beau, mais tout de même le remède serait pire que le mal, car le nerf sensitif, seul coupé, ne se régénérerait pas et la sensibilité perdue pour le temps de l'opération, gros avantage, le serait définitivement, grave inconvénient.

Mais voyez comme les savants découvrent de belles choses!

Il existe une substance qui, injectée autour d'un nerf mixte, c'est-à-dire à la fois sensitif et moteur, a la singulière propriété de supprimer la conduction nerveuse dans le seul fil sensitif et de respecter le fil moteur ! Mieux que cela, elle ne le coupe que pour un temps assez court, puis le nerf revient à l'état normal. Saluez-la : elle s'appelle la Cocaïne.

Notez encore que je puis de cette façon couper le fil sensitif sur n'importe quel point de son trajet, de son origine dans la peau jusqu'au cerveau lui-même. Je ne suis arrêté que par la facilité plus ou moins grande de déposer la cocaïne sur le conducteur nerveux qui est plus ou moins protégé par des enveloppes fibreuses ou osseuses.. Anesthésie locale.

Poicédons par étapes et suivez sur le dessin : Je ne veux

qu'endormir la peau sur une surface bien limitée. J'injecte à cette place ma solution avec une seringue et une fine aiguille. Dix minutes après, je puis tailler la zone infiltrée, injectée, le sujet n'éprouvera aucune douleur. C'est ce que l'on appelle l'anesthésie locale. (En S, sur le dessin.)

C'est déjà bien curieux comme action; mais il y a plus fort. Je m'explique. J'ai dit : le sujet n'éprouvera aucune douleur, mais il sentira fort bien « qu'on le charcute », comme disait la bonne femme de tantôt ! Mais, il ne souffre pas.

C'est qu'en effet, la cocaïne choisit parmi les nombreux modes de sensibilité que j'exposais plus haut, le seul fil qui correspond à la douleur, et respecte les fils qui transmettent au cerveau les impressions de pression, de chaud, de froid...

Anesthésie régionale.

Il y a mieux encore. En effet, vous pensez bien que si le bistouri doit attaquer largement la surface de la peau et en même temps pénétrer dans les chairs, cette injection locale va devenir longue à faire, demandera plus de cocaïne, risquera dès lors d'oublier quelque point, voire d'empoisonner le sujet. Il fallait trouver mieux.

On a agi comme le ferait un ingénieur du téléphone à qui on demanderait de supprimer les appels de tout un quartier. Irait-il, successivement, dans chaque maison, couper le fil? Nullement. Il se bornerait tout simplement à couper (en R) le câble que forment après leur réunion tous les fils du quartier. D'un seul coup, il trancherait tous ces fils réunis et le but serait atteint.

De même agit le chirurgien.

L'anatomie et la physiologie lui enseignent que telle région, le doigt par ex., a quatre petits nerfs qui se trouvent à la base. Il y fait ses piqûres et le doigt est insensible. De même pour la main, le pied (en R).

Anesthésie rachidienne lombaire.

Si le chirurgien opère dans des régions où les nerfs sont nombreux et dispersés, tels, par exemple, la cuisse, le ventre, il se rappellera que les nerfs du membre inférieur, de l'abdomen, pénètrent dans le canal vertébral (en A) et qu'avec une longue aiguille, adroitement glissée entre les vertèbres, il pourra déposer la cocaïne à un véritable carrefour des nerfs. En quelques minutes, les deux membres inférieurs, le bassin, la partie inférieure du ventre sont insensibilisés et l'opérateur pourra amputer la cuisse, la jambe, le pied, il pourra ouvrir le ventre, enlever des tumeurs, pendant que l'opéré cause tranquillement avec une personne quelconque chargée de le distraire.

Cela est devenu banal de nos jours, mais je n'oublierai pourtant jamais l'impression faite sur moi et mon entourage par la première opération de ce genre que je fis, il y a quelque vingt-cinq ans. J'enlevais un long segment du gros intestin et le malade, qui fumait tranquillement sa pipe, demanda à voir ce que j'allais lui enlever!

Voilà, MM., où nous en sommes arrivés et même certains vont plus loin, je veux dire, plus haut encore. On injecte dans la région du cou pour insensibiliser les membres supérieurs et le tronc.

On pourrait faire un petit orifice dans le crâne et aller porter la cocaïne dans le cerveau lui-même. Ce ne serait pas pratique, mais c'est physiologiquement possible, et cela s'est fait pour y injecter le sérum contre le tétanos.

Il y a dans l'application de cette méthode, qui « coupe les nerfs sans les couper », des variantes qu'il est inutile de donner ici, il y a des indications et des contre-indications qu'il faut laisser poser par le chirurgien, il y a des inconvénients où n'y en a-t-il pas ? mais il reste que c'est là une remarquable découverte appliquée maintenant, vérifiée, dans tous les hôpitaux du monde et qui, il faut le dire, n'a pas livré son dernier secret. On emploie maintenant la novocaïne ou la stovaïne, supérieures à la cocaïne primitive.

Comme agent local d'anesthésie il faut encore citer, en dehors de quelques substances comme le menthol, le gaïacol, etc., le froid. Avant les procédés dont je viens de parler, on employait assez souvent les mélanges réfrigérants pour faire les petites incisions. Actuellement on a mieux, vous l'avez vu. Je tiens à signaler que la méthode diffère totalement de l'anesthésie générale par les gaz qui empruntent la voie du sang pour arriver au cerveau. Ici, l'action de la cocaïne et de ses dérivés est directe, locale, limitée aux nerfs imbibés. Elle réduit au minimum les troubles de l'organisme et, avec quelques progrès, elle deviendra l'anesthésie idéale.

Il n'est pas défendu d'espérer que l'on trouvera un jour une substance qui, absorbée par une voie quelconque, supprimera la sensation de douleur et laissera les autres facultés intactes.

Nous avons d'ailleurs des moyens qui frisent cet idéal et sont bien connus, mais, malheureusement, ils sont infidèles, difficiles à mettre en pratique. Ce sont les moyens d'ordre psychique.

Anesthésie psychique.

Puisque c'est l'âme qui souffre, il suffirait d'agir sur elle. Si, lorsque sonne l'appareil téléphonique central, révélant l'appel d'un lointain abonné - je reviens à ma comparaison si, à ce moment, la demoiselle du téléphone (T) est absente ou distraite - oh cela ne leur arrive pas toujours elle n'entendra pas la sonnerie. De même si je distrais l'âme, c'est-à-dire l'attention du sujet, il ne sentira rien de la douleur provoquée en un point quelconque de son organisme. Les exemples abondent dans ce genre.

!

La peur, l'effroi, l'angoisse supprime bien souvent tout sentiment de douleur. Je l'ai vérifié bien des fois et encore ces jours-ci chez un blessé de mon service que j'interrogeais précisément en vue de cette conférence. C'est un employé de chemin de fer. Son talon se prend dans un

entre-rail. Un train arrive sur lui, il le voit venir, il ne peut dégager son pied, c'est la mort... « Eh bien, mon ami, qu'as-tu dit? » Il me répond : « Je m'ai dit: Je suis perdu, et j'ai eu la présence d'esprit de m'allonger dans l'entre-voie, dans le sens des rails, et sept wagons m'ont passé sur le pied ». « As-tu souffert ? « Non pas trop!» L'autre danger, la mort, avait accaparé la conscience. Combien de soldats, dans l'excitation du combat, ne se sont-ils aperçus de leur blessure, parfois grave, qu'à la fin de l'attaque, en voyant couler leur sang! Leur âme était distraite. La sonnerie de la douleur avait bien sonné, mais la conscience ne l'avait pas entendue était occupée ailleurs.

elle

Une fois la douleur produite, on peut la calmer par des procédés du même genre et évidemment à la condition qu'elle ne soit pas aiguë.

Si Bébé est tombé, vous le calmez avec un bonbon, une belle histoire que vous lui racontez.

Nous entrons là dans les moyens purement psychiques et particulièrement dans la suggestion, l'hypnotisme. II est des sujets très sensibles à ces sortes de moyens et il est certain que l'on a pu ainsi calmer des douleurs et même opérer. Mais il ne faut pas exagérer et vouloir soumettre les grandes douleurs à ce régime. Je vois encore un brave médecin qui avait entrepris d'insensibiliser une de mes opérées et qui lui répétait avec constance: «< Dormez ! je le veux », mais chaque fois que mon bistouri toucha sa peau, elle poussa de tels cris de douleur que force nous fut bien de recourir au classique chloroforme.

Certains chirurgiens se sont rendus célèbres par l'emploi de ces moyens psychiques, où l'on fait appel à des sentiments d'ordre moral pour distraire l'attention du sujet. Dupuytren essayait, depuis quelques minutes, de remettre une épaule luxée chez une marquise du noble faubourg St-Germain. Le chloroforme n'existait pas alors. IVe SÉRIE. T. III.

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