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faites au nom du roi de France et ratifiées par lui le 18 janvier. Tout est subordonné par lui à cette grave question de l'entrée en campagne des troupes françaises. On ne peut s'empêcher de rendre hommage à ce dévouement sans bornes qu'il met au service du Saint-Siège menacé, à l'activité, à l'énergie dont il fait preuve pour sauver une situation si gravement compromise par les inexplicables lenteurs des Français. C'est que, depuis huit mois qu'il occupait le pouvoir, son ambition s'était élevée et en quelque sorte épurée. Dans les premiers temps, il est certain qu'elle n'avait eu rien de bien noble. C'était une large et vulgaire convoitise de jouissances mondaines, de titres, d'honneurs et de richesses. Mais peu à peu un sentiment nouveau avait dominé tous ces appétits grossiers. Son intérêt personnel s'était insensiblement confondu avec l'intérêt de ce Saint-Siège, dont il espérait secrètement obtenir le gouvernement suprême à la mort de son oncle, grâce aux voix de tous ces cardinaux dévoués à sa fortune qu'il faisait entrer peu à peu dans le SacréCollège. Il s'était pris d'amour à la longue pour son projet d'alliance avec la France, qui à l'origine n'avait été certainement pour lui qu'un moyen de s'assurer et d'assurer aux siens quelque bel établissement. Il croyait maintenant à sa ligue pour l'indépendance de l'Italie, et à la tyrannie de l'Empereur, et à la nécessité de chasser tous ces Espagnols. Il était sincère désormais, peut-être même désintéressé. Tandis qu'il distribue à sa famille des titres, des terres, de l'argent, que demande-t-il, que prend-il pour lui-même? Rien. Qu'était-ce que les 5000 ducats de rente donnés par Henri II, auprès de ce qu'il aurait pu obtenir, s'il avait voulu tendre la main? Lui-même se vante, non sans fierté, d'avoir rejeté les offres de M. d'Avançon et des cardinaux de Lorraine et de Tournon. Il affirme aussi qu'il a dédaigneusement refusé les pensions qu'on lui proposait au nom de l'empereur, et rien ne nous autorise à ne pas le croire '.

...

1. il est indispensable de donner ici, à l'appui d'une opinion qui peut sembler paradoxale, quelques extraits de l'instruction remise au duc de Somma. le 20 janvier 1556 : « Dal principio che Nostro Signore mi commise, che io m'intromettessi nelle sue faccende, ebbi questa intenzione di volger l'animo di Sua Beatitudine a favor del Re,..... e questa intenzione è nata in me veramente per interesse pubblico,.. senz' alcuna considerazione di mio stato particolare, giudicando io che non si potesse trovar rimedio alle miserie d'Italia, e alla declinazione di questa Santa Sede, quanto al temporale, se non questo solo di congiungerci con Sua Maestà.... [Avversari] hanno tentato di pormi in disgrazia di N. S. d'irritarmi i mie fratelli contro,..... e finalmente di corrompermi, offerendo mi entrate Nella capitulazione, V. E. vederà che io non ho guardato ad alcun profitlo mio, etc. » (Cf. della Casa, instruct. au duc de Somma.)

Ce qu'il souhaitait avec ardeur, avec passion, c'était le triomphe de la politique qu'il avait fait adopter au Saint-Siège. Le SaintSiège n'était-il pas en quelque sorte sa chose et son bien? Le pouvoir produit parfois de ces métamorphoses. En y arrivant, on l'aimait pour ce qu'il peut donner; un peu de temps se passe, et voici qu'on l'aime pour lui-même. On y avait apporté de vulgaires convoitises, et l'on s'aperçoit que les jouissances qu'on se promettait, pâlissent auprès de l'austère volupté d'être le

maître.

Toutes ces lettres écrites sans relâche au roi et à ses conseillers pendant le mois de janvier et les premiers jours de février ne sont pas la seule preuve qu'on puisse donner de l'activité du Cardinal et de sa prévoyante sollicitude pour les intérêts du Siège apostolique. On sait que la ligue, dont il avait formé le plan, devait comprendre, outre le pape et le roi de France, le duc Hercule de Ferrare. Or il était urgent que le duc se déclarât. On avait bien reçu à Rome, à peu près un mois auparavant, une lettre du cardinal de Lorraine qui se portait garant des bonnes dispositions de son parent. Mais, dans des circonstances aussi critiques, la bonne volonté ne suffisait plus. C'était un engagement formel qu'exigeait le neveu de Paul IV.

Il avait donc résolu, dès la fin de janvier, d'expédier à Ferrare son frère Antonio en ambassade solonnelle, pour obtenir du duc quelque déclaration en bonne et due forme, qui le liât irrévocablement au Saint-Siège. Mais, à ce moment-là, Antonio Carafa guerroyait contre le comte de Bagno, pour exécuter la sentence de la Chambre apostolique, qui avait, comme on l'a vu, prononcé la confiscation des biens de ce riche et noble seigneur 1. Le Cardinal voulut laisser à son frère le temps de mener à bonne fin le siège du château de Montebello, où le comte se défendait énergiquement. Mais, comme les dix premiers jours de février s'étaient écoulés sans amener la reddition de la place, il donna l'ordre à son frère de céder momentanément la conduite des opérations au célèbre condottiere Ascanio della Cornia, et de partir pour Ferrare.

Antonio Carafa se mit en route, muni de deux instructions, l'une de son oncle, et l'autre de son frère, ainsi que d'une lettre de créance (Breve Credenziale) signée du pape, qui lui donnait qualité d'ambassadeur extraordinaire. L'instruction du pontife ne s'écarte guère de la banalité ordinaire des documents appar

1. Ces détails et ceux qui suivent se trouvent dans un billet au duc de Ferrare, du 6 février, et dans l'instruction même remise par le cardinal à Antonio Carafa. (Cf. della Casa, aux deux pièces indiquées.)

tenant à la diplomatie officielle. Paul IV adjurait le duc Hercule « de favoriser avec toutes ses forces sa sainte entreprise ». Il lui promettait la protection la plus efficace et s'en remettait au roi du soin de fixer les attributions de Son Excellence dans la commune alliance 1. L'instruction du Cardinal est plus intéressante. Destinée à rester secrète, tandis que celle du pape pouvait être au besoin communiquée au duc, elle devait nécessairement toucher des points plus délicats. « Nous pensons, disait-elle, qu'il est tout à fait urgent que Son Excellence déclare son intention de s'allier à nous, afin d'avoir une base solide pour nos projets et de ne pas rester l'esprit en suspens... » Afin de pouvoir mieux pénétrer la pensée du duc, « personne très réservée et prudente », Antonio Carafa ne devait point lui parler du généralat de la ligue, bien qu'on sût pertinemment, à Rome, que le cardinal de Lorraine lui avait fait espérer de l'obtenir. Mais, s'il exprimait le désir de recevoir ce titre, Antonio devait se porter garant du consentement de son oncle. De même, pour l'intention qu'on attribuait au duc de vouloir lever aux frais du trésor commun de la ligue quelques troupes destinées à la défense de son Etat. Antonio devait encore feindre de tout ignorer et exprimer aussitôt la conviction que le Saint-Père n'aurait garde de mettre obstacle à ce projet. La dernière partie de l'instruction a trait à une vieille affaire pendante depuis plusieurs mois et que le Cardinal avait fort à cœur la réconciliation du cardinal Hippolyte d'Este avec le pape. On se rappelle peut-être que, dès le commencement de septembre, il avait expédié au duc de Ferrare un de ses gentilshommes, Andrea d'Agubbio, pour lui témoigner toute la douleur qu'il avait ressentie de la disgrâce de son frère et lui donner l'assurance qu'il allait travailler sans retard à apaiser le pape 2. Paul IV, très ébranlé par les sollicitations de son neveu, n'avait cependant pas encore voulu consentir au rappel d'Hippolyte d'Este. Pour en finir avec cette fâcheuse obstination. du vieillard, qui avait déjà failli compromettre le projet d'alliance entre Rome et Ferrare, le Cardinal recommandait à son frère de glisser dans chacune de ses lettres l'éloge d'Hippolyte

1. « Vogliamo che voi esortiate S. E. e la ricerchiate instantemente per nostra parte, che favorisca questa santa nostra intentione con tutte le sue forze.... e vogliamo che le promettiate che S. E. sarà compresa nella protezione della detta lega.... e sarà dato sempre a S. E. luogo onorato e convenevole alla dignità sua, la elezione e deputazione del quel luogo e grado lascieremo liberamente al Re christianissimo... >> (Cf. della Casa, Instruzione al sign. D. Antonio Carafa, mandato a S. E. à 12 di febbrajo 1556.)

2. On n'insiste pas ici sur cette affaire, dont le détail a été exposé au chapitre VII.

d'Este. « Je prie Votre Excellence, disait-il à Antonio, d'ajouter à toutes ses lettres un bon paragraphe qui contienne tout au long les bons offices que le cardinal de Ferrare nous a rendus et nous rend auprès du duc pour le service de Notre Seigneur. Faites bien paraître à quel point il se montre obéissant et affectionné serviteur de Sa Béatitude. Veuillez avoir pour agréable d'ordonner à votre secrétaire de prendre un peu de peine en plus pour l'amour de moi 1. » Le Cardinal comptait sur ce petit artifice pour triompher des dernières hésitations du pape. La reconnaissance d'Hippolyte d'Este, rentré en faveur, fortifierait encore l'alliance conclue avec le duc son frère. Cette même pensée de se concilier les bonnes grâces de la puissante maison d'Este apparaît encore dans deux billets qu'il remit à son frère, l'un pour le duc, l'autre pour le cardinal. Les protestations du plus ardent dévouement qu'on y rencontre à chaque ligne montrent assez quel prix le neveu de Paul IV attachait à l'heureuse issue de cette affaire.

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Ainsi, à Ferrare comme à Paris, la politique du Cardinal se propose le même but. Il déploie tout ce qu'il peut avoir d'habileté, pour que le roi et le duc se décident à agir conformément aux promesses qu'ils ont faites. Il veut à tout prix tirer le SaintSiège d'un dangereux isolement et arracher enfin quelque démarche décisive à ses alliés. Mais, au moment même où il consacrait tous ses efforts à conjurer les périls de cette situation, un événement qui dut sembler incompréhensible aux hommes de cette époque, la trêve de Vaucelles, véritable catastrophe pour les Carafa, réduisait à néant l'œuvre que le neveu de Paul IV avait si péniblement élaborée.

1. Cf. della Casa, Instruction à D. Antonio Carafa, du dernier jour de janvier 1556.

2. «< Prego V. S. Illustrissima che si persuada due cose: l'una che niuno desidera più di me di servirla; l'altra che niuno conosce più di me la natura delle persone e del negozio che si tratta; con le quali due considerazioni, puo star sicurissima che io non potrei trattare per la salute di miei fratelli con maggiore affezzion d'animo.... » (Cf. della Casa, lettre au card. de Ferrare, du 12 février 1556.)

CHAPITRE XII

LA TRÊVE DE VAUCELLES RUINE LES ESPÉRANGES

DU CARDINAL

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Déception du Cardinal et des Carafa en apprenant la trêve. Première lettre du Cardinal au duc de Somma (15 février). Seconde lettre (5 mars). Le Cardinal cherche à obtenir la rupture de la trêve. - II demande avec insistance à Henri II des compensations pour lui-même et sa famille. Avidité de son ambition. Il s'éloigne du connétable et se rapproche des Guises. Heureuse issue de la négociation avec le duc de Ferrare.

Le 15 février 1556, une foudroyante nouvelle arrivait à Rome. L'évêque de Viterbe, Bastiano Gualtieri, nonce apostolique en France, écrivait à Paul IV qu'une trêve de cinq ans venait d'être signée à Vaucelles, le 3 février, entre les plénipotentiaires de Henri II et ceux de l'empereur.

La soudaine conclusion d'un accord entre la France et la maison d'Autriche fut pour la cour du Vatican, pour le Pape lui-même une amère déception. Comment croire que le Roi très chrétien allait choisir, pour se réconcilier avec son rival, le moment même où les négociations engagées entre la France et le Saint-Siège depuis plusieurs mois venaient d'aboutir à la conclusion d'un traité d'alliance offensive et défensive?

Plus encore que son oncle, le cardinal Carafa était frappé par cet événement imprévu. La ligue entre la France et le SaintSiège était son œuvre personnelle. Depuis huit mois il y travaillait sans relâche. Il avait consacré à ce grand projet toutes les ressources de son intelligence. A force d'activité, d'adresse, de persévérante énergie, il avait enfin arraché à l'indécision de Henri II le traité du 18 janvier. Le but semblait atteint. Quinze jours après, tout était détruit. De l'édifice laborieusement élevé, il ne restait plus rien. Le Cardinal avait compromis son crédit

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