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beaucoup de véhémence les périls qui menaçaient le pape, car le résultat de cette entrevue fut un ordre expédié à 2000 Gascons de se rendre sans délai à Marseille et de s'y embarquer sur douze galères qui les transporteraient à Civita-Vecchia, d'où ils gagneraient Rome. Les galères devaient revenir ensuite à Marseille pour y prendre le légat avec de nouvelles troupes 1.

C'est le 27 ou le 28 que le Cardinal avait communiqué au roi les importantes dépêches arrivées de Rome. Dès lors, les événements se précipitent. Fermement résolu à exécuter sa promesse de protéger le pape, Henri II ne peut plus reculer devant l'extrémité de la guerre. Les derniers scrupules qui pesaient encore sur sa conscience, à la pensée de rompre une trêve solennellement jurée, s'évanouissent quand le neveu de Paul IV lui prouve, par d'irrécusables documents, que, si l'occasion de la violer a jusqu'ici manqué au duc d'Albe, l'intention ne lui en a du moins pas fait défaut. Le 31 juillet, le principe d'une reprise des hostilités contre l'Espagne est pour la première fois officiellement admis par le roi et par son conseil 3. On convient que la ligue entre la France et le Saint-Siège sera seulement défensive si le duc de Ferrare refuse d'y accéder, mais que, s'il accorde son concours, elle prendra immédiatement le caractère d'alliance offensive. C'était beaucoup, mais ce n'était pas assez pour le Cardinal. Il y avait dans les termes de cet accommodement une

composé, que le Cardinal aurait prononcé en cette circonstance. Mais on a toutes les raisons possibles de se défier des discours que cet historien place dans la bouche de ses personnages. Leur authenticité se borne à la vraisemblance. Ce sont des œuvres d'art et nullement des documents historiques. L'auteur s'efforce d'y faire entrer les arguments les plus appropriés à la circonstance; mais, en somme, c'est toujours lui qui parle. (Cf. Pietro Nores, Archiv. Stor., t. XII, page 116-121.)

1. « Sur quoy ledict Caraffe vouloit incontinent partir après la veue desdictes lettres, sur lesquelles ledit Sr Roy a mandé à Marseilles pour passer en Italie deux mil Gascons sur douze galères, sans attendre ledict légat Caraffe, et de retourner tost pour passer ledict légat avec le reste de l'infanterie à pied que ne passe quatre mil hommes; et sont eschauffez les affaires à la guerre plus que devant.... » (Cf. Simon Renard, lettre du 29 juillet à Philippe II.)

2. Il paraît que le Cardinal, au nom du pape, délia Henri II de son serment. Cf. Documents inédits, no 26, extrait du Ms. XX, VI, 57 de la bibliothèque Casanatense : « ... L'assolutione che gli diede in nome del Papa dal giuramento delle tregue.... »

3. Cf. Pap. d'État de Granvelle, tome IV, page 652, note au bas de la page.

4. ....

Vostre Majesté entendra que la capitulation conclute entre le pape et les Francoys tend à guerre offensive et défensive.... Et ne reste sinon la responce du duc de Ferrare pour sçavoir s'il y vouldra entrer ou non.... Si ne l'accepte, ladicte capitulation sera restraincte à la partie défensive..... » (Cf. Lettre de Simon Renard, du 29 juillet.)

restriction et un inconnu qui ne le satisfaisaient point encore. Ce qu'il voulait rapporter en Italie, c'était la promesse formelle d'une prompte entrée en campagne de toutes les forces de Henri II. Il attendit donc la réponse du duc de Ferrare, puisque tout dépendait de sa décision.

Sa patience ne fut pas mise à une bien longue épreuve. Le 10 août, un courrier qui était venu de Rome en passant par Ferrare, arriva à Anet, où se trouvait la cour. Il apportait deux importantes nouvelles. Le pape mandait à son neveu que le commandant de Velletri, Ascanio della Cornia, avait passé dans le camp du duc d'Albe et qu'une attaque du vice-roi était imminente. Le duc de Ferrare faisait enfin savoir qu'il consentait à entrer dans la ligue aux conditions stipulées par le cardinal de Lorraine lors de son voyage en Italie 1.

C'en était fait désormais. La coalition contre l'Espagne, dissoute par la trêve de Vaucelles, était définitivement reconstituée. L'œuvre à laquelle le Cardinal consacrait depuis plus d'un an toute son intelligence, toute son activité, toute son énergie, recevait enfin son couronnement. Sa mission était finie. Il pouvait partir maintenant, rentrer à Rome, où il était si impatiemment attendu, et rendre compte à son oncle de la manière édifiante dont il avait travaillé en faveur de la paix générale et du concile œcuménique.

Dès que tout fut terminé, il se rendit en toute hâte d'Anet à Fontainebleau, pour y présenter à la reine, selon l'usage, la rose bénite par le pape et prendre la poste après cette cérémonie . Arrivé sur les bords du Rhône le 24 août, il laissa la poste pour prendre un bateau, avec lequel il descendit le cours du fleuve. A Marseille, il s'embarqua sur les galères mises à sa disposition par le roi. Il emmenait le légat Motula, Blaise de Monluc, M. de Lansac, le maréchal Strozzi et plus de deux mille hommes". De Civita-Vecchia, il gagna rapidement Rome, où il entra dans la nuit du 7 septembre 1556 5, près de trois

1. Cf. Lettre de Simon Renard à Philippe II, du 11 août 1556. 2. Cf. Lettre de Simon Renard, du 11 août.

3. Cf. Lettre de Simon Renard du 1er septembre : « Le legat Caraffa s'embarqua le XXIIII d'août, en la fosse du Rosne. >>

4. Il est probable que ces 2000 hommes sont les mêmes dont parle Simon Renard dans sa lettre du 29 juillet, et qui primitivement devaient partir pour Rome sans attendre le légat. Celui-ci, ayant quitté Paris un peu plus tôt qu'on ne s'y attendait peut-être, les trouva encore à Marseille et les emmena.

5. Cette date est fournie par un document publié au tome XII de l'Archiv. Stor. Italiano, à la suite du texte de Pietro Nores, et qui porte le titre de «< Summarii delle cose notabili successe dal principio d'aprile 1556, a tutto giugno 1557 ». (Cf. Archiv. Stor., t. XII, p. 359.)

mois après son départ. Outre les 2000 hommes qu'il ramenait, il rapportait 350 000 écus, fruit d'un emprunt qu'il était parvenu à conclure en France, au taux écrasant de 22 0/0 d'intérêt. Il avait encore obtenu du roi quelque argent, ainsi que l'ordre pour un corps de Gascons qui tenait garnison en Corse de passer immédiatement à Rome 2. Enfin Henri II s'était engagé, sous le sceau du serment, à expédier dans le plus bref délai une armée française en Italie avec le duc de Guise pour général en chef 3. Tels étaient les résultats de la légation du cardinal Carafa. La rupture de la trêve de Vaucelles, la conclusion d'une alliance offensive et défensive entre Paul IV, Henri II et le duc de Ferrare, un revirement complet de la politique française, telle est l'œuvre qu'il avait accomplie pendant les deux mois de son séjour à la cour de France.

1. Cf. loc. ant. cit., p. 353.

2. Cf. Pallavicino, Storia del Concilio di Trento, lib. XIII, cap. XIX, ad finem.

3. « Licenziò il Cardinale, assicurandolo con parola regia che fra poco tempo, invierebbe il duca di Guisa con giusto esercito, secondo che già si era conchiuso nei capitoli della lega, e si era di nuovo promesso allora. »> (Cf. Archiv. Stor. Ital., t. XII, p. 121.)

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CHAPITRE XVI

COMMENCEMENT DES HOSTILITÉS ENTRE LE SAINT-SIÈGE ET LES ESPAGNOLS

Campagne du duc d'Albe autour de Rome. - Activité du cardinal Carafa, Ses efforts pour mettre la ville en état de défense. Terreur et découragement des Romains. Arrivée de Blaise de Monluc.

avec le duc d'Albe.

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Négociation

Marche des Espagnols sur Ostie. - Trait d'audace du cardinal Carafa. Belle défense d'Ostie. Trêve de dix jours (19 novembre), bientôt prorogée jusqu'au 1er janvier 1557.

Le précédent chapitre nous a montré dans le cardinal Carafa un diplomate de premier ordre; voici maintenant l'homme d'action.

Dès le 1er septembre, les hostilités ouvertes avaient commencé entre le duc d'Albe et le Saint-Siège. A cette date, en effet, le vice-roi, quittant Naples, s'était dirigé sur San-Germano, bien résolu cette fois à en finir avec des négociations dérisoires que la mauvaise foi du Vatican prolongeait à dessein, pour gagner du temps 1. Son armée se composait de 12 000 fantassins et de 1500 cavaliers 2. Parmi les gens de pied, 8000 étaient des Italiens recrutés dans le royaume de Naples, troupe de courage suspect et d'expérience insuffisante. Mais les 4000 autres appartenaient à ces vieilles bandes espagnoles trempées au feu de vingt combats: redoutables bataillons, dont la discipline égalait la bravoure et qui ne pliaient jamais. Terribles pendant l'action, ils étaient implacables après la victoire. Toute ville prise d'assaut était perdue, exterminée. Ils passaient la population au fil de l'épée, brûlaient, pillaient, violaient. Il y avait dans ces hommes sombres, qui mangeaient peu, ne buvaient point et ne

1. Cf. chapitre XIII.

2. Cf. Pietro Nores, p. 122.

riaient jamais, des instincts de bête fauve qui s'éveillaient à la vue du carnage. Ils tuaient alors avec enivrement. On les avait vus à l'œuvre à Rome en 1527. Depuis lors, le renom de leur froide cruauté marchait devant eux et faisait tomber le pontlevis des places. Leur maître de camp était don Garcia de Tolède. Les Italiens marchaient sous les ordres de don Vespasien de Gonzague. Marc' Antonio Colonna commandait trois cents hommes de grosse cava erie, et le comte de Popoli douze cents chevau-légers. Ascanio della Cornia avait le titre de maître de camp général. La direction de l'artillerie, composée de douze pièces, était confiée à don Bernardino d'Aldana 1.

Le 5 septembre, on prit sans coup férir Ponte-Corvo, sur le Garigliano, autrefois Frégelles. Le butin fut considérable. Tous les bestiaux qui paissaient aux environs tombèrent au pouvoir de l'armée espagnole. Le pape, pour se venger, fit jeter au château Saint-Ange, le dernier envoyé du duc d'Albe, Piero di Loffredo, qui avait eu l'imprudence de s'attarder à Rome, contrairement aux ordres de son maître 2.

Après la prise de Ponte-Corvo, le vice-roi marcha contre Anagni et Frosinone pour s'emparer des provisions de grain et de fourrages rassemblées dans ces deux places fortes 3. A l'approche de don Garcia de Tolède, Frosinone fut évacué par les troupes pontificales. Ceprano, ainsi que huit ou dix autres bourgs fortifiés et châteaux ayant appartenu jadis aux Colonna, se rendirent de même à discrétion. Les anciens vassaux de Marc' Antonio faisaient main basse sur les soldats du pape, les livraient en trahison à leurs ennemis et accouraient de toutes parts au camp espagnol en criant: «< Colonna, Colonna ! » En quelques jours, tout le pays était au pouvoir du duc d'Albe.

A Rome, la consternation régnait. Le peuple se réunit au Capitole. Il fut décidé que l'on demanderait au pape la permission de faire sortir de la ville les femmes et les enfants, pour ne pas les laisser exposés aux horreurs d'un nouveau sac. Paul IV y consentit; mais tous les hommes durent rester, et il fut interdit aux femmes qui partaient de rien emporter avec elles de leurs biens . Au Vatican, la mésintelligence éclatait entre le pape et

1. Pietro Nores, loc. cit.

2. Cf. Id., p. 123.

3. Cf. Id., p. 125.

4. « Li villani concorrevano di diversi luoghi a danno delli Papisti,. gridando Colonna, Colonna! » (Cf. Archiv. Stor. Ital., t. XII, Docum. inédits, p. 357.)

5. « Li Romani vedendo le cose ridotte in mal termine et a manifesta rovina si congregarono in Campidoglio, domandando al Papa licenza di potere cavare di Roma le loro donne et figli acciò non intervenissero

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