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A l'offre inattendue que lui apportait e Cardinal, le vice-roi répondit, comme on l'a vu, qu'il n'avait pas les pouvoirs nécessaires pour traiter une si grave question. Il fut donc décidé d'un commun accord qu'on la soumettrait à Philippe II par l'intermédiaire de Francesco Pacheco, secrétaire du duc, et de Mgr Fantuccio, ami et confident des Carafa. Ces deux personnages durent partir immédiatement pour Bruxelles. Ce ne fut pas toutefois sans que le Cardinal fit une nouvelle tentative auprès du duc d'Albe pour enlever son adhésion à l'accommodement qui eût donné Sienne aux Carafa. En effet, il le soupçonnait avec raison d'avoir des pouvoirs beaucoup plus étendus qu'il ne voulait le laisser paraître. Mgr Fantuccio vint trouver le général espagnol à son camp. Il lui fit savoir qu'on venait de recevoir à Rome la nouvelle que les Français se disposaient à passer les Alpes. Ne voulait-il pas conjurer au prix d'une concession opportune l'orage qui se formait 2? Le vice-roi s'obstina à déclarer qu'il ne pouvait rien conclure. Ce refus irrita le Cardinal, non pas au point de le faire renoncer tout à fait à ses visées sur Sienne, puisqu'il laissa partir son représentant pour la cour de Philippe II 3, mais assez cependant pour lui inspirer des doutes sérieux sur la réussite de cette négociation. Aussi, pour ne pas être pris au dépourvu, s'empressa-t-il de consacrer à l'exécution de ses projets primitifs le temps dont il pouvait disposer, grâce à la trêve. Le Cardinal se sentait assez fort pour jouer deux parties à la fois, négocier une paix avantageuse à Bruxelles, et se préparer en même temps à recueillir tous les fruits possibles de la ligue. Il ne fallait pas sacrifier à l'espoir incertain du consentement de Philippe II, les avantages réels

1. « E fu Ruy Gomez che detestando l'azioni del Duca cosi nel cominciare come nel proseguire la guerra, affermò con giuramento al Fantucci in Bruselles e gli mostrò la facoltà che il Duca d'Alva aveva di stabilire la pace col papa... » (Cf. Pietro Nores, p. 155.)

2. « Monsignor Fantucci... prima che partire, passò dal Duca d'Alva, e sapendo che quei giorni era venuto di Francia Bovier segretario regio, ed assicurava il Papa che il Duca di Guisa era in cammino, non lasciò di fare ogn' opera perchè la concordia si stabilisse allora, e ricordava i pericoli che portava seco ogni breve dimora » (Cf. Id., ibid.)

3. On peut lire le texte de l'instruction qui lui fut remise par le Cardinal, au t. XII de l'Archiv. Stor. Ital., p. 412. Elle est conçue en termes généraux. Le Cardinal n'y parle pas ouvertement de Sienne. Mais son envoyé n'était pas moins parfaitement informé de ses secrètes intentions, comme le témoigne ce passage:

... Rimettendomi nel resto alla prudenza sua con la quale avendo ragionato lungamente, ha potuto conoscere i desiderii miei, e quanto io abbia in

animo... »

qu'assurait la protection du roi de France. Le neveu de Paul IV n'était pas de ceux qui lâchent la proie pour l'ombre 1.

1. L'ambassadeur vénitien Giovanni Soranzo, qui présenta en 1558 à la Seigneurie la relation de son ambassade de France, donne sur cette affaire de Sienne de très intéressants renseignements. Le bruit avait couru, dit-il, que le cardinal Carafa, dans le cas où la négociation aurait réussi, se serait empressé de déposer le chapeau et de se faire donner Sienne, à l'exclusion de son frère. Soranzo dit aussi que Henri II lui déclara un jour avoir eu sous les yeux le texte du traité projeté entre le Cardinal et le duc d'Albe. Il paraîtrait que le duc de Guise, à peine arrivé en Italie, aurait été informé de ces menées par le duc de Somma, et que cette révélation aurait été la première cause de son mécontentement contre le neveu de Paul IV. (Cf. Relazioni Venete, série I, vol. II, p, 449, 450.)

CHAPITRE XVII

LÉGATION DU CARDINAL CARAFA A VENISE
12 JANVIER 1557)

(21 DÉCEMBRE 1556

Le duc d'Albe quitta Ostie le 30 novembre, après avoir pourvu à la sécurité de la place par la construction de nouveaux retranchements. De là, il se dirigea sur Anagni avec la majeure partie de son armée. Il n'y passa que le temps nécessaire pour organiser la défense des villes tombées en son pouvoir, et se hâta de rentrer à Naples. Il ne doutait pas que les hostilités ne dussent recommencer à l'expiration de la trêve, et voulait mettre le royaume en état de soutenir une lutte redoutable 1.

Le jour même où le vice-roi sortait d'Ostie, le pape publia un jubilé solennel. Il invitait tous les fidèles à implorer auprès du Seigneur, par les prières et le jeûne, le bienfait de la paix. Mais deux semaines après, le 15 décembre, il envoyait le cardinal Carafa à Venise. L'objet avoué de sa mission était de remercier la Seigneurie pour les efforts qu'elle avait tentés en faveur de la conciliation. Mais en réalité cette nouvelle démarche, comme celles du cardinal de Lorraine et d'Antonio Carafa, avait seulement pour but d'attirer la République dans l'alliance du SaintSiège 2. Cinq jours après le départ de son neveu, Paul IV, au sein d'une congrégation générale, lui conféra le titre de légat auprès de tous les princes ou Etats de la chrétienté, en ajoutant à cette déclaration les paroles suivantes : « Ut qui de auxiliis Sedi Apostolicæ præstandis, vel aliis de rebus acturus est . »

1. Cf. Pietro Nores, p. 156.

2. « Da altre lettere (du résident florentin à Venise) è che divulgava non essere venuto per altro che per ringraziare la republica degli uffici fatti con tutti i principi per la quiete e pace d'Italia...... Invece era per indurre la republica a favorire il papa in discacciare gli Spagnuoli da Italia.... » (Cf. note 1, au bas de la p. 156 de l'Histoire de Pietro Nores.) 3. Cf. Pietro Nores, p. 157.

Le Cardinal arriva à Venise le 21 décembre 1. Il fut logé dans un palais, aux frais de la république. Le lendemain ou le surlendemain, il fut admis au conseil. Il commença par faire un long exposé de la situation du Saint-Siège, depuis le commencement du pontificat de son oncle, en énumérant soigneusement tous les griefs du Vatican contre le roi d'Espagne et ses ministres. Puis, abordant résolument la question principale, il proposa à la Seigneurie d'entrer dans la ligue conclue entre le Saint-Siège, la France et Ferrare. Pour prix de son adhésion, il lui offrait la Pouille. C'étaient là une offre magnifique, et le Cardinal comptait bien que l'espoir d'un si notable agrandissement entraînerait cette fois la Seigneurie. Pour triompher de ses dernières hésitations, il ne jugea pas inutile de lui laisser entrevoir les inconvénients d'un refus. Il insinua doucement que, si la République n'accordait pas la coopération qu'il sollicitait, la flotte turque, dont le roi de France disposait comme de la sienne propre, viendrait sans doute croiser dans l'Archipel ou dans l'Adriatique et mettrait ainsi en grand péril les établissements vénitiens 3.

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On lui fit une de ces longues réponses aussi vagues que courtoises, dont la Seigneurie usait volontiers quand il s'agissait pour elle de gagner du temps et d'ajourner quelque grave résolution. Le Sénat était heureux de recevoir un personnage aussi éminent par ses qualités naturelles qu'illustre par sa naissance. Il remerciait le cardinal légat de sa démarche. La République avait toujours fait des vœux pour la paix. Fille respectueuse et obéissante du Saint-Siège, elle avait gémi de voir éclater cette guerre funeste et n'avait cessé de s'entremettre auprès du roi d'Espagne pour en conjurer les maux. Maintenant qu'une trêve de quarante jours était heureusement signée, on devait espérer que le Seigneur accorderait bientôt à l'Italie le bienfait d'une paix durable. Quant aux propositions faites par le Cardinal, on ne pouvait encore ni les accepter ni les rejeter. Elles méritaient un long et sérieux examen. Néanmoins le légat

1. « Da una lettera del 23 dicembre scritta a Mgr. Paolo Giusti, appare che il cardinale era entrato a Venezia..... il giorno di San-Tommaso; fu allogiato a spese della republica... » (Cf. note 1, au bas de la p. 156 de Pietro Nores.)

2. Cf. loc. cit.

3. « Si minacciava Venezia che se ricusava, vi sarebbe costretta, poiche, potevano esser certi che il turco mandato avrebbe grossissima armata ne' loro mari.... » (Cf. loc. cit.)

4. On peut lire le texte même de cette réponse parmi les Documents inédits publiés à la fin de ce volume, no 48.

ne pouvait douter que la République de Venise ne formât les vœux les plus ardents pour la conservation et la prospérité de l'Etat ecclésiastique.

Toutes ces belles paroles ne faisaient nullement le compte du Cardinal. Ce n'étaient point des compliments ni des protestations pacifiques qu'il était venu chercher à Venise. Toutefois il connaissait trop bien les habitudes invétérées de circonspection qui présidaient à la politique de la Seigneurie pour se décourager au premier échec. C'eût été folie d'espérer qu'il enlèverait de haute lutte l'adhésion du Sénat. L'action combinée de la crainte et de la convoitise pouvait bientôt produire un revirement parmi les membres de cette assemblée. Laissant donc le conseil délibérer en séances secrètes sur ses propositions, le neveu de Paul IV s'occupa de hâter l'arrivée des troupes françaises. Le 25 décembre, il écrivit au duc de Guise pour le presser de passer en Italie 1. «La lettre de Votre Excellence, disait-il, m'a causé un très vif contentement, mais elle m'aurait donné bien plus de satisfaction encore si elle avait été écrite de ce côté-ci des monts. Je croyais cependant que Votre Excellence avait quitté la France avec son armée, puisque le 20 de ce mois est passé et qu'il était convenu qu'à cette date tous les secours du roi se trouveraient en Italie. Mais je m'assure que ce retard provient d'empêchements légitimes, et, connaissant votre zèle pour le service du roi, je ne puis douter que vous n'ayez chaudement sollicité votre expédition. Me voici à Venise, et j'espère conduire la négociation pour laquelle je suis venu, à telle fin que je prouverai même à mes plus acharnés détracteurs combien je suis serviteur de Sa Majesté et à quel point je suis soucieux de son honneur et de sa grandeur. Si j'étais certain que vous ne dussiez pas tarder trop longtemps, je me résoudrais à vous attendre à Bologne, afin de vous voir et de vous faire tout le service que je désire. En tout cas, arrivez heureusement et promptement; soyez sûr de trouver ici tous nos préparatifs achevés, et l'esprit de Sa Sainteté favorablement disposé envers vous..... » Le lendemain, 26, il expédia une autre lettre à la reine Catherine de Médicis 2. Le nonce de Paris lui avait appris que les ministres du roi à Rome, et particulièrement M. de Lansac, s'étaient plaints de n'avoir été ni consultés ni prévenus avant son départ pour Venise. La reine

1. On trouvera le texte même de cette lettre parmi les Documents inédits publiés à la fin du volume, no 49. Pièce provenant de la Casanatense, Ms. XX, VI, 55.

2. Cf. Documents inédits publiés à la fin du volume, no 50. On y trouvera le texte même de la lettre écrite à Catherine de Médicis. — Pièce provenant de la Casanatense, Ms. XX, VI, 55.

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