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rons la croix et les images se baille beau jeu sur nous, dit « Que la replique est fri» vole de dire qu'on ne les adore pas, puis» qu'on ne met pas sa fiance en elle; car je dy au contraire que le traitteur est extresmement frivole, de s'imaginer cette

qualité pour rendre une chose adorable. Į Le second principe est qu'entre toutes les adorations, celle qui appartient à Dieu est incomparablement plus grande et precieuse; elle est le suc de toute adoration, ou comme Anastase, evesque de Theopolis, dit, l'emphase et excellence de tout-replique pour nous; laquelle nous n'adhonneur.

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vouons pas ainsi creue, comme elle est couchée. Ains nous tenant sur la demarche de l'Escriture Saincte, et de nos devanciers, nous confessons qu'on peut loisiblement adorer les sainctes creatures, notamment la croix, et disons tout haut avec S. Athanase: « Nous adorons la figure de la >> croix. » Et avec Lactance : « Flechissez » le genoüil, et adorez le bois venerable de >> la croix. D

Vray est que le catholique discret, et scachant que le mot d'adorer penche plus à l'honneur deu à Dieu qu'à celuy des creatures, et que le simple vulgaire le prend ordinairement à cet usage, le discret catholique, dis-je, n'employera pas ce mot sans y joindre une bonne declaration, ny parmy les schismatiques, heretiques, reformateurs et bijarres, pour leur lever tout subjet de calomnier, ny devant les menus et debiles esprits, pour ne leur donner aucunes occasions de se mesprendre; car les anciens ont fait ainsi. Quand on dit done qu'on ne met pas sa fiance en la croix, c'est lité de Dieu, et non pour dire qu'on ne l'apour monstrer qu'on ne l'adore pas en quadore pas en aucune façon ; mais le traitteur traite la croix, nostre cause et la sienne, selon son humeur.

Ce qu'estant ainsi, puisque le mot d'adoration signifie la reconnoissance qu'on fait de quelque superieure et eminente excellence, il convient beaucoup mieux à l'honneur deu à Dieu qu'à celuy des creatures; car il y treuve toute l'estendue et perfection de son objet ; ce qu'il ne treuve pas ailleurs. Bref, l'adoration n'appartient pas esgalement à Dieu et aux creatures : il y a à dire de l'infinité ; celle qui est deuë à Dieu est si excellente, en comparaison de toute autre faite aux creatures, que n'y ayant presque aucune proportion, les autres adorations ne sont presque pas adoration, au prix de celle qui appartient à Dieu. Si que l'adoration estant la supresme sorte d'honneur, elle est particulierement propre à la supresme excellence de Dieu. Et si bien elle peut estre attribuée aux creatures, c'est par une tant esloignée proportion et analogie, que par quelque evidente circonstance, si on ne reduit la signification du mot d'adoration à l'honneur des créatures, elle penchera tousjours à l'hommage deu à Dieu. Suivant la maxime des logiciens, le mot equivoque, ou qui signifie deux diverses choses, estant mis tout seul à part soy, sans autre declaration, est tousjours pris en sa signification plus digne et fameuse : Analogum per se sumptum stat pro famosiori significato. Ainsi au devis qui se passa entre Nostre- La difference des honneurs ou adorations gist en Seigneur et la Samaritaine (4), le mot d'adorer qui est mis tout court, sans autre addition, signifie non seulement l'adoration deue à Dieu seul, mais la plus excellente de toutes celles qui se font à Dieu, qui est le sacrifice, comme preuvent plusieurs grands personnages par raisons inevitables.

J'ay dit cecy, tant parce qu'en cet aage si fascheux et chicaneur, il est expedient qu'on sçache parfaitement ce que valent les mots: qu'aussi pour respondre au traitteur qui, nous reprochant que nous ado(1) Joan. iv, 22.

CHAPITRE VI.

l'honneur de la volonté.

l'adoration reside en la volonté, et non en Puisque la propre et vraye essence de exterieure demonstration, la grandeur et petitesse des adorations, et leurs propres differences, se doit estimer selon l'action de la volonté, purement et simplement, et selon les reverences exterieures. Tel connon selon l'action de l'entendement, ny noist en son ame quelque excellent advantage d'un autre sur luy, qui neantmoins be le voudra pas reconnoistre à proportion de ce qu'il le connoist, ains beaucoup moins, ou plus. Tesmoins ceux qui connoissant

Dieu ne l'ont pas adoré comme Dieu. L'adoration donc, ou l'honneur n'aura pas la difference de la grandeur ou petitesse de l'entendement. (1) « De mesme toute l'E» glise, dit la sacrée parolle, benit le Sei⚫gneur Dieu de ses peres, et sinclinerent »et adorerent Dieu, et le roy après. » Ils font indubitablement deux adorations, l'une à Dieu, l'autre au roy, et bien differentes, toutesfois ils ne font qu'une inclination exterieure. L'esgalité donc de la sousmission externe n'infere pas esgalité d'honneur ou d'adoration.

Le patriarche (2) Jacob penché et prosterné à terre, adora sept fois son frere aisné Esau : les freres de Joseph (3) l'adorerent, prosternez à terre (4) la Thecuite cheut en terre devant David, l'adorant : les enfans des prophetes (5) venant à la rencontre d'Helisée, l'adorerent prosternez en terre (6) la Sunanite se jetta aux pieds de Giesi: (7) Judith se prosternant en terre adora Holopherne; ces sainctes ames, que pouvoient-elles faire plus que cela, quant à l'exterieur, pour l'adoration de Dieu? L'adoration donc ne doit pas estre jugée selon les actions et demonstrations exterieures. Jacob se prosterne esgalement devant Dieu, et devant son frere; mais la differente intention qui le porte à ces prostrations et inclinations rend l'adoration qu'il fait à Dieu, se prosternant, toute differente de celle qu'il fait à son frere.

Nostre corps n'a pas tant de plis ny de postures que nostre ame. Il n'a point de plus humble sousmission que de se jetter à terre devant quelqu'un ; mais l'ame en a une infinité de plus grandes. De maniere que nous sommes contraints d'employer les genu-flexions, reverences et prostrations corporelles indifferemment, tantost à l'honneur souverain de Dieu, tantost à l'honneur inferieur des creatures : nous nous en servons comme des jettons, tantost pour dix, tantost pour mille, laissant à la volonté de bailler diverse valeur à ces signes et maintiens exterieurs, par la diversité des intentions avec lesquelles elle les commande à son corps. Et n'y a peutestre aucune action exterieure, pour humble qu'elle soit, qui ne puisse estre employée à l'honneur des creatures; estant (1) I. Paral. cap. ult. v. 20. — (2) Gen. xxx111, 8. — Jb. XLII, 27. — (4) II. Reg. XIV, 4. — (5) IV. Reg. 11 15. - (7) Judith, xx, 20. (b) IV. Reg.. IV, 87. —

(3)

produite avec une intention bien reglée, sinon le seul sacrifice, avec ses principales et necessaires appartenances, lequel ne se peut dresser qu'à Dieu seul en reconnois sance de sa souveraine seigneurie; car à qui ouyt-on jamais dire: Je t'offre ce sacrifice, ô Pierre! ô Paul? Hors de là tout l'exterieur est sortable à la reverence des creatures, n'entendant toutesfois y comprendre les parolles entre lesquelles il y en a beaucoup qui ne peuvent estre appliquées qu'à Dieu seul.

Le traitteur qui met l'essence de l'adoration en la genu-flexion et autres actions externes, comme font tous les schismatiques de nostre aage, est obligé par consequent de dire, que là où il y a pareille prostration ou reverence exterieure, il y a aussi pareille adoration. Il faut bien cela pour engeoler le menu peuple : mais que me respondra-t'il à cette demande ? La Magdeleine (1) est aux pieds de NostreSeigneur et les lave; Nostre-Seigneur est aux pieds de S. Pierre (2) et les lave: l'action de la Magdeleine est une tres-humble adoration. Dittes-moy, traitteur mon ami, l'action de Nostre-Seigneur, que fut-elle ? Si ce ne fut pas une adoration, comme il est vray, donc s'incliner, faire les reverences et plier les genoux n'est pas adorer comme vous avez dit.

Item, donc une mesme action peut estre faite par adoration, et la mesme sans adoration et partant on ne sçauroit tirer consequence de l'esgalité des adorations par l'esgalité des actions exterieures, ny la difference aussi, si l'action de Nostre-Seigneur fut adoration, aussi bien que celle de la Magdeleine (vous estes assez bon pour le vouloir soustenir, principalement si vous estiez un peu surpris de colere), donc il adora les creatures: pourquoy donc ne voulez-vous pas que nous en fassions de mesme?

Pour vray, establir l'essence et les differences des adorations ès actions exterieures, c'est la prendre sur Nostre-Seigneur, qui l'establit dans l'esprit, et sur le diable mesme, lequel ne se contente pas de de mander à Jesus-Christ qu'il s'incline, mais veut que s'inclinant il l'adore : (3) « Si te >> prosternant (dit-il) tu m'adores, je te >> donneray toutes ces choses. » Il ne se (1) Loc, VII, v. 38.- (2) Joan. xii, v. 6.— — (3) Matt. iv, 6

soucie point de l'inclination et prostration, si l'adoration ne l'accompagne. O reformation, en veux-tu plus sçavoir que ton maistre? Le nostre respondant au tien pour monstrer l'honneur deu à Dieu, ne dit point « Tu t'inclineras, » d'autant que I inclination est une action purement indifférente; mais il dit seulement : « (1) Tu >> adoreras le Seigneur ton Dieu. » Et parce que l'adoration n'est pas encore du tout propre et particuliere pour l'honneur de Dieu, mais peut estre encore employée pour les creatures, il adjoute à l'adoration le mot de latrie, disant : « Tu serviras à »iceluy seul. » Aussi ne dit-il pas : « Tu » adoreras le Seigneur ton Dieu; » mais ouy bien : « Tu serviras à iceluy seul, »> là où au grec le mot de latrie est employé. Cette observation est expressement du grand S. Augustin ès questions sur la Genese. On peut adorer autre que Dieu, mais non pas servir autre que Dieu, du service appellé, selon les Grecs, latrie.

CHAPITRE VII.

Premiere division des adorations selon la

difference des excellences.

Il appartient donc à la volonté de donner l'essence et les differences aux adorations. Mais quels moyens tient-elle à les leur donner? deux principalement. Le premier est, par la diversité des excellences, pour lesquelles elle adore les choses : à diverses excellences, il faut divers honneurs. Le second est, par la diversité des façons, avec lesquelles les excellences pour lesquelles on adore sont participées et possedées par les objets adorables. Comme il y a diverses excellences, aussi peut-on participer diversement, et en plusieurs manieres, une mesme excellence.

Partageons maintenant toutes les adorations, selon les plus generales divisions des excellences. Toute excellence ou elle est infinie, ou finie, c'est-à-dire, ou divine, ou creée: si elle est infinie ou divine, l'adoration qui luy est duë est supresme, absolue et souveraine, et s'appelle latrie, d'autant que, comme dit S. Augustin: «< Se> lon l'usage avec lequel ont parlé ceux » qui nous ont basti les divines parolles, le service qui appartient à adorer Dieu, (1) Maz. v. x.

» ou tousjours, ou au moins si souvent que » c'est presque toujours, est appellé latrie, » Latria secundùm consuetudinem qua » locuti sunt qui nobis divina eloquia » condiderunt, aut tam frequenter, ut » penè semper, ea dicitur servitus, quæ » pertinet ad colendum Deum. » Il n'y a point d'autre mot en la langue latine qui signifie simplement l'adoration deue à Dieu seul. Si l'excellence est finie, dependante et creée, l'adoration sera subalterne et inferieure.

Mais parce que de cette seconde sorte d'excellence il y a une innombrable varieté et diversité, divisons-la encore en ses plus generales parties, et l'adoration qui luy appartient sera de mesme divisée. L'excellence creée ou elle est naturelle, ou surnaturelle. Si elle est naturelle, il luy faut une adoration civile, humaine et simplement morale: ainsi honore-t'on les se ges et vaillans. Si elle est surnaturelle, i luy faut une adoration moyenne, qui ne soit ny purement humaine, ou civile (car l'excellence n'est ny humaine, ny civile), ny aussi divine ou supresme; car l'excel· lence à laquelle elle se rapporte est infiniment moindre que la divine, et est tous jours subalterne: et peut-on bien appeler cette adoration religieuse; car nous ne nous sousmettons aux choses surnaturelles que par l'instinct de la religion pieuse, devote, ou consciencieuse; mais particulie rement on l'appelle dulie entre les theologiens, lesquels voyant que le mot grec de dulie (4) s'applique indifferemment au service de Dieu et des creatures, et qu'au contraire le mot de latrie n'est presque enployé qu'au service de Dieu seul, ils ont appellé adoration de latrie celle qu'on fait à Dieu, et celle qu'on fait aux creatures surnaturellement excellentes, adoration de dulie; et pour mettre encore quelque difference en l'honneur des creatures, ont dit que les plus signalées s'honoroient d'hyperdulie, et les autres de l'ordinaire et generale dulie.

CHAPITRE VIII.

Autre division des adorations selon la difference des manières avec laquelle les excellences sosi participées.

La seconde difference des adoration (1) Apoc xx11, v. 9. Tit. 11, v. 9, 1 Cor. ix, v. 19.

choses pour ce respect est appellée respective, rapportée, ou relative. De laquelle sont capables toutes les creatures, tant raisonnables qu'autres, hormis les miserables damnez, qui n'ont autre rapport qu'à la misere, laquelle offusque en eux tout ce qui peut y estre demeuré de leurs naturelles facultez.

despend de la difference des façons, ou maniere avec laquelle les choses qu'on adore participent aux excellences pour les quelles on les adore; car il ne suffit pas de participer à une grande excellence pour estre beaucoup honorable, si on n'y participe excellemment. On honore toute sorte de magistrats pour l'excellence du prince, duquel ils sont les serviteurs et ministres. L'excellence pour laquelle on les honore n'est qu'une mais on ne les honore pas esgalement, parce que tous ne participent pas esgalement à cette excellence. Un mesme soleil rend inesgalement claires les choses, selon le plus et le moins qu'elles ** luy sont proches, ou qu'elles reçoivent ses Erayons. En cette sorte nous ne partageons spas les adorations ou honneurs, selon les excellences, mais selon les differentes manieres de participer aux excellences. Je dy donc ainsi 4. Ou la chose que nous adorons a l'excellence pour laquelle nous l'a-il dorons, en soy-mesme et de soy-mesme; e et l'adoration absolue et independante, souveraine et supresme, luy sera due: c'est Dieu seul qui est capable de cet honneur, parce qu'il est seul en soy, de soy, et par soy-mesme excellent, ains l'excellence mesme.

2. Ou elle l'aura en soy, mais non pas de s soy, comme ont plusieurs hommes, et les anges qui ont reellement en eux les bontez et vertus pour lesquelles on les honore mais ils ne les ont pas d'eux-mesmes, mais par la grace de Dieu. Et partant l'honneur qui leur est deu est à la verité absolu, mais non pas supresme, ny independant, mais subalterne et dependant; car comme ils tiennent leur excellence de Dieu, aussi l'honneur qu'on leur fait à raison d'icelle, doit estre rapporté à Dieu. De cette sorte d'adoration n'est capable que la creature intelligente et vertueuse; car autre que celle-là ne peut avoir la vertu en soy, qui est l'excellence pour laquelle on honore.

3. Ou la chose adorable n'aura reellement, ny de soy, ny en soy l'excellence pour laquelle on adore; mais seulement par une certaine imputation et relation, à cause de l'alliance, appartenance, ressemblance, proportion et rapport qu'elle a avec la chose qui en soy-mesme a l'excellence et bonté. Et lors l'adoration deue aux

Mais Dieu qui n'est capable d'autre excellence que de l'independante, n'est capable d'autre adoration que de l'independante. La maniere d'avoir la perfection, avec la dependance, et d'ailleurs que de soy, est trop basse et vile pour Dieu, et beaucoup plus la maniere de l'avoir par imputation ou relation; ces menus honneurs ne sont pas sortables pour une excellence infinie. L'honneur donc souverain et supresme est deu à Dieu, non seulement pour la perfection infinie, qui est en luy, mais encore pour la maniere avec laquelle l'a; car il l'a de soy-mesme, et par soy

mesme.

L'honneur absolu subalterne n'est que pour les creatures intelligentes, lesquelles seules ont en soy la vertu qui requiert l'honneur absolu: mais elles ne l'ont pas de soy, et partant il est subalterne.

L'honneur relatif, ou rapporté, est en certaine façon propre et particulier pour les creatures irraisonnables, d'autant qu'elles ne sont capables d'autre honneur, n'estant vertueuses, ny d'elles-mesmes, ny en elles-mesmes. Et neantmoins les creatures intelligentes sont encore capables de cet honneur relatif, aussi bien que de l'absolu subalterne. Ainsi puis-je considerer S.Jean, ou comme tres-sainct personnage, et parlà je l'honore d'honneur absolu, quoy que subalterne; ou comme proche parent de Nostre-Seigneur, et par-là je l'honore d'un honneur relatif et rapporté.

CHAPITRE IX.

D'où se prend la difference de la grandeur ou petitesse entre les honneurs relatifs, et de la façon de les nommer.

L'honneur relatif doit estre prisé à la mesure et au poids de l'excellence à laquelle il vise, et selon la diversité avec laquelle l'excellence se treuve en la chose honorée. Par exemple, je veux mettre en comparaison l'image du prince avec le fils d'un amy: si je considere la qualité des

diversifie et rend differentes les venerations.

Mais comme nommerons-nous ces adorations relatives, selon leurs differences? 4. Pour vray il ne les faut jamais appeler adorations simplement, et sans bonnes limitations; car si le mot d'adoration penche plus à signifier l'honneur deu à Dieu seul que le subalterne, et que partant il ne doit pas estre employé à signifier

excellences pour lesquelles j'honore et l'un et l'autre, jhonoreray plus l'image du prince que le fils de l'amy (je suppose que ce fils ne me soit respectable que pour l'amour du pere), parce que l'image du prince appartient à une personne qui m'est plus honorable; mais si je considere le rang et le degré d'appartenance que chacune de ces choses tient à l'endroict des excellences pour lesquelles on les honore, j'honoreray beaucoup plus le fils de mon amy que l'i-ie subalterne, sinon qu'il soit borné par mage du prince; car bien que je prise plus le prince que le simple amy, si est-ce que l'image appartient incomparablement moins au prince que le fils à l'amy.

De mesme, selon la premiere consideration, l'image de Nostre-Seigneur est plus honorable que le corps d'un martyr, d'autant qu'elle appartient à une infinie excellence; et le corps du martyr n'appartient qu'à une excellence limitée: mais, selon la seconde consideration, le corps du sainct est plus venerable que l'image de NostreSeigneur; car encore que l'image de Dieu appartient à une excellence infinie, si luy appartient-elle presque infiniment peu, au prix de ce que le corps appartient fort près au martyr, duquel il est une partie substantielle, qui ressuscitera pour estre faite participante de la gloire.

Pour donc donner le juste prix d'honneur, respectif ou relatif, qui est deu aux choses, il faut considerer et peser l'excellence à laquelle elles appartiennent, et quant et quant le rang et grade d'appartenance qu'elles ont à l'endroict de cette excellence. Ainsi la vraye croix et l'image de la croix meritent un mesme honneur, en tant que l'une et l'autre se rapportent à Jesus-Christ: mais elles le meritent bien differemment entant que la vraye croix appartient plus excellemment à JesusChrist, que ne fait pas l'image de la croix; car la vraye croix luy appartient comme relique: instrument de la redemption, autel de son sacrifice, et son image encore. Mais l'image de la croix ne luy appartient que comme remembrance de sa passion. La difference de leur adoration ne se prend pas du subject auquel elles appartiennent, mais de la façon en laquelle elles luy appartiennent elles appartiennent à un mesme subject; mais non pas en mesme façon, ains diversement: c'est ce qui en

quelque addition: combien moins le fautil mettre en usage, pour signifier les adorations relatives et imparfaites, sinon qu'on aye limité la course de sa signification à la mesure de l'honneur qu'on veut nommer.

2. Il ne suffit pas d'appeller une de ces adorations, adoration relative ou imparfaite; car par ces parolles on ne mettrait aucune difference entr'elles. Toutes ont part à ce nom d'adoration relative, comme à leur genre cette estoffe leur est commune. Elles sont toutes de cette espece d'honneur qu'on appelle adoration, et toutes de cette espece d'adoration qu'on appelle relative. Il faut donc accourcir encore ces deux noms par quelque addition: mais où prendra-t'on cette addition? Il la faut chercher en la qualité de l'excellence à laquelle vise l'adoration. Si elle vise à l'excellence divine, il la faut appeler adoration relative, de latrie; car l'honneur qui a pour son subjet la divinité est appellé latrie. Si elle vise à l'excellence surnaturelle creée, ou l'appelle adoration relative, dulie, ou hyperdulie, selon le plus ou le moins de l'excellence; car ainsi appelle-t'on l'honneur deu aux excellences naturelles. Si l'adoration vise à une excellence purement humaine, elle se nommera adoration relative, humaine, ou civile.

3. Qui voudra encore plus particulariser ces adorations, selon le divers rang de rapport et appartenance que la chose qu'i en veut honorer tient à l'endroict de l'excellence à laquelle il vise, il le pourra faire aisement, disant par exemple: J'honore telle chose d'adoration de latrie respec tive, comme reliques, ou images, ou me morial, ou instrument de Jesus-Christ. Ainsi faut-il parler des reliques, images ou instruments des saincts, laissant chaque chose en son grade · car, à la verité, les

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