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tenir sur le mérite de ceux qui, affectant de ne citer aucun écrit, voudraient faire accroire qu'ils possèdent l'universalité des connaissances dont ils enrichissent leur travail.

Ces raisons nous ont déterminé à présenter succinctement la notice des écrivains qui ont traité de la Statistique de la France, sous quelque nom que cette science ait été étudiée à l'époque où ils ont écrit.

Nous ne remonterons pas plus haut que le règne de Louis XIV, quoique parmi les auteurs français antérieurs à cette époque il fût aisé d'en trouver qui ont parlé de quelques-unes des branches qui forment la Statistique française, ou même de celle de plusieurs états.

Tout le monde connaît ce qu'on appèle les Mémoires des Intendants.

Des fautes en administration avaient appris à Louis XIV à apprécier les connaissances positives qui les font éviter : il voulut que son petit-fils les acquît. Il fit rédiger une instruction pleine de sens et de vues sages, que par ses ordres on adressa aux intendants des provinces. On leur demandait des renseignements sur l'état des provinces, sur celui des familles, des charges du peuple, de la richesse du clergé, du commerce, de la culture et des besoins des villes.

Quelques intendants répondirent aux intentions du monarque, entr'autres M. Lamoignon de Basville, intendant du Languedoc, magistrat dont Boileau parle comme d'un homme plein de zèle pour le bien public. Il adressa au ministre un mémoire très-détaillé sur sa généralité, à l'époque de 1698. Il y fait connaître tout ce qu'on désigne aujourd'hui sous le nom de Statistique; il y montre de plus beaucoup d'érudition dans l'histoire du droit public de la province,

Mais les autres intendants ne firent pas aussi bien que lui; leurs mémoires sont restés manuscrits, et le comte de Boulainvilliers, si connu par ses recherches en faveur du gouvernement féodal, qu'il ne faut pas confondre avec les droits féodaux, les a abrégés et en a fait imprimer l'es‐ sentiel, en six volumes in-12, sous le nom d'État de la France, qui parut à Paris en 1723.

On y trouve un tableau assez bien fait de la France, à cette époque ; et cet ouvrage mérite l'attention de ceux qui se livrent à l'étude de l'histoire politique de la France.

M. de Vauban fit paraître, vers ce même temps, un Projet de Dixme Royale, ou impôt en nature, qui occupa un moment l'attention des Français, aussi légers à cette époque qu'à celle où nous vivons, Pour établir le système de sa dixme, l'illustre auteur entre dans des estimations de population, de territoire et de consommation, qui par leur ensemble forment une sorte de Statistique française, ou, pour mieux dire, l'apperçu des principales bases sur lesquelles elle repose.

La Description de la France, par Piganiol de la Force, imprimée en 1722, et que quelques personnes ont voulu placer au nombre des ouvrages de Statistique, n'est qu'une topographie politique, civile et militaire, et ne présente point de résultats à l'aide desquels on puisse apprécier les forces, les richesses, la puissance de la France à cette époque.

Lorsque quelques années après, les économistes se mê lèrent de régenter le gouvernement et de professer une doctrine particulière sur l'administration, en décriant celle de Colbert et de Seignelai, les écrits sur quelquesunes des branches de l'industrie, de la culture, des richesses nationales, se multiplièrent, et les recueils connus sous les noms de Journal Economique, d'Éphémérides

du Citoyen, sont des ouvrages que l'on peut encore consulter quelquefois avec utilité.

L'abbé Expilly vint ensuite offrir au monde savant et aux personnes livrées à l'étude de l'économie politique, des recherches statistiques très-étendues, dans son Dictionnaire Universel de la France et des Gaules, en plusieurs volumes in-folio; ouvrage copié par plusieurs écrivains qui ne l'ont pas nommé, et qui n'en ont pas même rectifié les inexactitudes, inévitables dans un aussi grand travail.

Ce fut vers cette époque, 1772, que le gouvernement français, ou plutôt le ministre chargé des finances, s'occupa d'encourager les travaux et les recherches sur la population, partie importante de la Statistique.

Quelques années avant, c'est-à-dire en 1766, M. Messance, receveur des tailles de l'élection de Saint-Etienne, fit imprimer des Recherches sur la Population des Géné ralités d'Auvergne, de Lyon, de Riom et de quelques provinces et villes du Royaume. L'auteur y fait l'application des principes de l'arithmétique politique à l'estimation du nombre des habitants de chaque province, et donne quelques dénombrements ou états des morts et naissances de plusieurs années,

M. Messance avait pour objet de prouver que les déclamations des économistes sur la diminution de la population en France, étaient mal fondées, et que cette diminution n'existait pas.

C'était surtout l'abbé de Bois-Guilbert qui, dans un ouvrage intitulé Détail de la France, avait accrédité cette fausse idée quarante ans auparavant. Elle a été depuis soutenue et développée dans un livre anonyme, imprimé en 1756, intitulé Les Intérêts de la France mal entendus

dans son agriculture, dans son commerce, dans ses ftnances, en trois volumes in-12.

Cette production d'un homme de mauvaise humeur, suffisant et peu instruit, ne prouve rien, n'apprend rien, sinon que le gouvernement d'alors portait la tolérance de la liberté de la presse très-loin, puisqu'aucun homme important n'imagina de tourmenter l'auteur d'un livre où les gens en place étaient maltraités, accusés à chaque chapitre.

Mais de tous les écrivains qui traitèrent la question de la population de la France, c'est-à-dire de savoir si elle était augmentée ou diminuée, aucun ne le fit mieux que M. Moheau.

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Son livre, intitulé Recherches et Considérations sur la population de la France, imprimé en 1778, est sans contredit un des meilleurs écrits que l'on ait jamais faits avant et depuis sur la même matière. L'auteur fut aidé par gouvernement dans le travail qu'il fut obligé de faire pour parvenir à bien résoudre la question. Il écrit correctement, clairement, et la plus grande méthode règne dans tout l'ouvrage. Ceux qui ont traité de la population depuis cinq ou six ans, semblent n'avoir pas connu l'ouvrage de M. Moheau. Nous en avons fait usage dans notre Statistique Élémentaire, non pas pour les bases de calcul, qui sont changées, mais pour le fond et la manière de présenter le sujet.

L'administration de M. Necker, en opposant de nouveaux principes à ceux des économistes, et dirigeant l'attention vers les faits et la science des calculs, produisit quelques ouvrages polémiques où l'on analyse la population, la richesse et les revenus de l'état avec assez de détail; mais aucun de ceux qui parurent ne peut soutenir de comparaison avec son Traité de l'Administration des.

Finances de la France, imprimé en 1785. L'esprit de parti,de jalousie et des ressentiments particuliers ont voulu déprimer ce livre; mais il est resté le seul où l'on puisse prendre une ídée juste de l'état économique de la France à cette époque ; plusieurs parties de la Statistique y sont exposées avec méthode et clarté. Vingt pamphlétaires ou compilateurs aveugles s'en sont enrichis en le défigurant, et sans le nommer.

L'on trouve dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, pour les années 1783, 1784, 1785, 1786, des tables de population dressées par MM. Duséjour, Condorcet et Laplace, sur les dénombrements qui leur furent fournis par les ordres de M. de la Michodière, magistrat aussi distingué par son intégrité que par son amour éclairé pour les sciences.

En suivant à peu près l'ordre des temps, nous trouvons un ouvrage qui est une véritable Statistique à la manière allemande, publié par M. de Beaufort; il a pour titre, Le Grand Porte-Feuille Politique, en un volume in-folio. C'est un recueil de tableaux présentant l'étendue territoriale des principaux états de l'Europe en lieues carrées, leurs population, productions, commerce, marine, constitution, religion, mœurs, monnaies et relations politiques extérieures. L'article France est tiré de M. Necker; les autres états, de Busching et quelques autres écrivains allemands.

Cet ouvrage n'a point eu de succès, quoiqu'il ne soit pas sans utilité; c'est que l'auteur n'y a pas raisonné et appliqué sa matière, et qu'il n'a pas senti qu'une méthode qui pouvait convenir à des Allemands, ne valait rien pour des Français

Nous ne devons pas passer sous silence un excellent Mémoire sur la Population de toutes les provinces de France, et de la proportion sous tous les rapports des nais

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