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SV. Des Forces Maritimes de la France.

Pour traiter avec intérêt cette partie de la Statistique, nous commencerons par quelques considérations sur l'histoire de la mariue française; ensuite nous passerons à l'exposé de son système actucl et aux dépenses qu'entraîne le service de mer.

Apperçu historique de la Marine française.

La marine fut cultivée avec soin par les anciens Gaulois, et l'habileté dans la navigation les servit utilement pour le commerce, pour l'établissement de leurs colonies et la défense de leurs côtes; mais ils n'en ont laissé aucun monument historique qui soit parvenu jusqu'à nous, et l'on est obligé de recourir aux écrivains grecs et latins pour avoir quelque connaissance de l'état des arts relatifs à la navigation chez eux.

Rien ne fait mieux voir combien la marine a été florissante dans l'ancienne Gaule, que le grand nombre de ports célèbres que ses habitants possédaient sur l'une et l'autre mer. Le port d'Arles, sur la Méditerranée, était fameux du temps de César, qui, dans l'espace d'un mois, à compter du jour que le bois fut abattu, y fit construire 12 galères. Celui de Narbonne, qui ne subsiste plus, était une espèce d'entrepôt où abordaient les flottes de l'Orient, celles d'Afrique, d'Espagne et de Sicile; celui d'Aigues-Mortes, que les sables amoncelés par le Rhône ont détruit, et ceux de Montpellier, de Toulon, d'Antibes et de Fréjus, où les vaisseaux d'Auguste se retiraient, étaient tous très - considérables. Sur l'Océan étaient les ports de Bordeaux et de Vannes, ceux de la Saintonge et du Poitou, et celui de Corbilon sur la Loire, que quelques-uns prènent pour Nantes, d'autres pour Blois.

Ce n'est qu'au temps de Jules César que l'histoire peut remonter pour donner une juste idée de la navigation des Gaulois : leur marine paraît alors dans un mouvement extraordinaire. César, pour faire tête à leurs nombreuses flottes, fut obligé de faire construire des vaisseaux dans

leurs propres ports, et plus souvent encore de se servir de ceux des Gaulois mêmes qui lui étaient attachés : ainsi, comme il fit usage des forces maritimes des peuples qu'il avait soumis, contre celles des autres nations de la Gaule, on peut juger par la quantité prodigieuse des bâtiments qu'armaient les deux partis, de la force réciproque de leur marine.

La ville de Marseille, fondée à ce qu'on prétend par les Phocéens, a produit de célebres navigateurs; ses habitants ayant pris de leurs fondateurs le goût de la navigation, se rendirent puissants sur mer et redoutables à leurs voisins. Ils bâtirent des villes au milieu des terres et sur les rivages de la Méditerranée : Nice est une de leurs fondat ns; ils firent des lois nautiques, à l'exemple des Rhodiens, et leur expérience maritime leur attira la considération des Romains.

Vannes, située à 2 lieues de la mer, était aussi trèspuissante. Du temps de César, elle avait une très-grande autorité sur toutes les villes maritimes; tous les ports des côtes voisines étaient sous sa domination; elle était liée avec l'Angleterre par les intérêts du commerce, et tant par l'habileté de ses navigateurs que par le grand nombre de ses vaisseaux, elle aurait aisément triomphe des Romains sur l'Océan, si ceux-ci n'avaient supplée par la ruse au défaut de l'expérience.

Les peuples de la Saintonge et les Poitevins étaient aussi puissants sur mer, et César se servit de leurs vaisscaux contre ceux des habitants de Vannes.

Tel était l'état de la marine des Gaulois avant et après leur assujétissement aux Romains. Mais depuis cette première époque jusqu'à Charlemagne, la navigation a été peu connue en France: comme cet Etat était alors partagé entre plusieurs frères, ils ne s'occupaient que des guerres qu'ils se faisaient les uns aux autres, et n'avaient pas besoin de vaisseaux, puisqu'ils ne portaient point leurs armes au-delà des terres qu'ils se disputaient.

Charlemagne ayant reculé les limites de son Empire au-delà du Danube et du Rhin, prévit sagement que, dès qu'il s'éloignerait de la France, ses côtes sur l'une et Pautre mer seraient exposées aux incursions des barbares. Pour s'opposer à leurs descentes, il établit une bonne garde marine et entretint des vaisseaux gardes-cotes,

bien équipés et bien armés, qui croisaient continuellement, soit à l'embouchure des rivières, soit sur les côtes de France et d'Allemagne, et sur celles de Provence et de toute l'Italie. Ainsi, par le moyen de sa marine, il mit non-seulement ses Etats à l'abri des insultes qu'ils avaient si souvent essuyées de la part des Sarrazins et des Normands; mais ses vaisseaux battirent encore leurs flottes près des îles de Sardaigne, de Corse, de Majorque et de Minorque, prirent et coulerent à fond plusieurs de leurs bâtiments, leur enleverent tout le butin dont ils s'étaient emparés, et revinrent enfin plus d'une fois chargés des étendards qu'ils leur avaient pris, et des prisonniers faits sur eux.

Les guerres continuelles dont Charlemagne fut occupé pendant tout son règne ne l'empêchèrent point de donner la plus sérieuse attention aux affaires de la mer; il parcourut toutes ses côtes, et les fit mettre en bon état; il fit rétablir à Bologne un ancien phare bâti par les Romains, et que les habitants de cette ville avaient laissé ruiner par négligence.

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Les successeurs de ce prince n'eurent pas fort à cœur l'entretien de la marine ils laissèrent les Normands et les Sarrazins infester les mers, et désoler leurs Etats par leurs incursions. Les Normands, ces pirates redoutables, courant les mers avec de fortes escadres et quelquefois avec des flottes de 120 ou de 200 voiles, portaient la terreur par toute la France.

Sous les règnes de Louis-le-Débonnaire et de Charlesle-Chauve, ils entrèrent par l'embouchure des rivières qui n'étaient pas défendues, et ravagèrent les plus belles provinces. Ils remontèrent plusieurs fois la Seine, firent de grands dégâts dans la ville de Rouen, répandirent l'alarme dans Paris, tirèrent de grosses contributions de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et firent trembler les rois de France sur leur trône. Il fallait capituler avec eux pour les obliger de se retirer, et ce n'était jamais qu'à prix d'argent ou quand ils étaient rassasiés de butin. Ils venaient par la Garonne désoler Bordeaux et Toulouse; ils exerçaient par la Loire leurs brigandages jusqu'à Orléans; par le Rhône et la Somme, ils ravageaient les provinces que ces rivières arrosaient : ils paraissaient à l'improviste, attaquaient de même, se répandaient comme

un torrent, et laissaient partout de cruelles marques de leur passage; enfin ils forcèrent les Français à les laisser établir dans le royaume de Neustrie, qui, de leur nom, prit celui de Normandie.

Les croisades, qui commencèrent sous Philippe I., obligèrent les Français à équiper des vaisseaux, et la marine parut alors se rétablir en France. Cependant du Tillet remarque que les rois de France se servaient, pour ces expéditions, de navigateurs génois, espagnols, et d'autres nations voisines, qui avaient des vaisseaux en mer.

Ce fut dans le temps des croisades, et à proprement parler, sous le règne de Saint-Louis seulement, que la dignité d'amiral de France commença à avoir rang parmi les grandes dignités du royaume : auparavant, le pouvoir d'amiral, qui n'était donné que par commission, se bornait à quelques côtes maritimes, comme celles de Normandie, de Bretagne, de Guienne. Les gouverneurs de ces provinces joignaient à leurs titres celui d'amiral, et les gouverneurs de Bretagne ont été long-temps en possession de ce titre et des droits d'amirauté, dans l'étendue de leur gouvernement.

Les différends survenus entre la France et l'Angleterre, du temps de Philippe-Auguste, se renouvelerent sous Philippe-le-Bel, et donnèrent lieu à un grand nombre d'expéditions maritimes.

La marine fut languissante sous Charles VII et sous Louis XI. Les guerres du premier pour reconquérir son royaume, et les démêlés continuels du second avec les ducs de Bourgogne et de Bretagne, ne les obligèrent point à des armements maritimes. On voit seulement, sous le règne de Charles VII, que ce prince fit équiper une flotte sur laquelle on embarqua 4,000 soldats, et dont Pierre de Brézé, sénéchal de Normandie, eut le commandement; elle partit de Honfleur le 20 d'août 1457, et cinglant vers les côtes d'Angleterre, alla faire une descente à Sandwich, dans le comté de Kent. Brézé se rendit maître du port, où il prit 3 vaisseaux, s'empara de la ville et la pilla; mais ne pouvant la garder, il fit sa retraite avec un riche butin et beaucoup de prisonniers.

Les projets de Charles VIII l'engagèrent à avoir une bonne marine. Če prince ayant formé le dessein de conquérir le royaume de Naples, usurpé par la maison

d'Aragon, fit sortir de ses ports une flotte de 77 vaisseaux, auxquels étaient joints, selon quelques écrivains, 8 galères et 9 autres bâtiments.

Louis XII, en succédant à Charles VIII, ne perdit point de vue les états d'Italie, auxquels il avait des prétentions. Pour faciliter le succès de ses entreprises, il entretint toujours des vaisseaux sur la Méditerranée; il fit partir de Provence, sous les ordres du seigneur de Ravestein, gouverneur de Gènes, une flotte composée de 16 gros vaisseaux, un desquels portait 1,200 soldats sans compter les matelots, et 200 pièces d'artillerie, dont 14 étaient de gros calibre. A ces bâtiments il en joignit plusieurs autres, propres à faire des descentes ou à transporter des vivres.

François Ier., attaqué en même temps par l'empereur Charles-Quint et par Henri VIII, roi d'Angleterre, ne put se dispenser d'augmenter ses forces maritimes. Il fit venir dans l'Océan les galères qu'il avait sur la Méditerranée, au nombre de 25; elles étaient commandées par le capitaine Polin, plus connu depuis sous le nom de baron de la Garde. Le roi joignit à ces 25 galères 10 navires que les Génois lui fournirent; et avec ceux qu'il avait dans ses ports, il composa une flotte de 150 navires ou gros vaisseaux, et de 60 autres moindres.

Cette flotte fut commandée par l'amiral d'Annebaut, qui fit voile vers l'Angleterre, fit descente dans l'île de Wight et en quelques autres endroits de la côte, qu'il ravagea à la vue de la flotte anglaise qui n'osa jamais s'engager à un combat général.

Henri II se contenta d'entretenir ce qu'il avait trouvé de vaisseaux à son avènement à la couronne, et n'en fit pas construire beaucoup de nouveaux. Il ne laissa pas de se rendre redoutable à ses voisins sur la mer, et il se fit sous son règne quelques expéditions assez considé

rables.

La guerre civile qui s'alluma en France sous le règne des fils de ce prince, ne leur permit guère de se faire craindre sur la mer, et dans cette conjoncture, Elisabeth, reine d'Angleterre, ayant fait construire un grand nombre de vaisseaux, assura en quelque façon l'empire de cet élément à sa nation.

C'est au temps de ces guerres civiles qu'on doit fixer

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