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la décadence entière de la marine en France. Cette décadence fut telle, que lorsque Henri IV fut parvenu à la couronne, il se trouva exposé sur mer aux insultes des princes ses voisins.

On peut juger de l'état où se trouvait la marine sous le règne de ce monarque, par ce que le cardinal d'Ossat en écrivait à M. de Villeroi. Il se plaignait continuellement à ce ministre de ce que Henri IV n'avait aucuns vaisseaux sur mer ni dans ses ports, quoiqu'il en eùt un besoin extrême; il lui représentait qu'il était étonnant que le roi eût été obligé d'emprunter les galères du pape, celles du grand-duc de Toscane et du grand-maître de Malte', pour transporter en France Marie de Médicis; qu'il souffrit que 4 misérables galères du grand-duc désolâssent la France et la tînssent comme enchaînée; et enfin, qu'un royaume tel que la France ne fût pas en état de réprimer l'insolence du moindre pirate. Il est vrai que Henri IV avait résolu de rétablir la marine et le commerce; mais la mort prématurée de ce prince l'empêcha d'exécuter ce dessein.

Le rétablissement de la marine de France paraissait réservé au cardinal de Richelieu, l'un de ces hommes rares qui naissent quelquefois pour relever la gloire d'une nation. Il connaissait le génie des Français capable de tout, et l'expérience lui avait appris par divers essais, que la nation pouvait signaler sa valeur sur la mer aussi bien que sur la terre. Il ne manqua pas d'engager Louis XIII à suivre, par l'exécution, les solides maximes qu'il établit lui-même dans son Testament politique.

Les Rochelois ayant pris les armes contre le Roi, quelques vaisseaux marchands qu'on avait armés en guerre furent envoyés contre eux dès l'an 1621; ceux qui les commandaient eurent divers engagements avec les Rochelois, et s'acquitterent dignement de leur emploi. L'année suivante, on fit venir quelques galères de la Méditerranée; on y joignit plusieurs vaisseaux tires des ports, et 6 galions de Malte le duc de Guise commanda cette flotte, et battit les Rochelois.

L'an 1626, le duc de Montmorenci, amiral de France, gagna une autre victoire sur ces mêmes Rochelois, et ensuite remit la charge d'amiral entre les mains du roi qui la supprima, et créa celle de grand-maître, chef et

surintendant-général de la navigation et du commerce de France, dont il pourvut le, cardinal de Richelieu. Cette charge lui mettait en main toute l'autorité sur la marine, et laissait au roi la liberté de faire commander ses flottes par qui bon lui semblerait, n'y ayant plus d'amiral de France en titre d'office.

Dès l'année suivante, le cardinal eut permission du roi de faire bâtir des vaisseaux. Il établit à Brouages et au Havre-de-Grace des fontes de canons destinés pour les armer. On en établit depuis une autre à Marseille; et, pour accoutumer les Français à la mer, on fit des compagnies de commerce pour les îles de l'Amérique et pour le Canada.

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La prise de la Rochelle en 1628 ôta à Louis XIII un grand sujet d'inquiétude pour son Etat, et lui donna. moyen de poursuivre ses desseins pour la marine. On nettoya les ports, on en fortifia quelques-uns, on y fit des magasins défenses furent faites à tous pilotes, calfateurs, canonniers, charpentiers, matelots, pêcheurs, et tous autres servants à la construction des navires, construction des cordages, etc., d'aller servir hors du royaume chez les princes étrangers. On établit des écoles d'hydrographie, et l'on fit d'autres semblables ordonnances et établissements pour la marine, qui furent suivis avec soin.

La marine commençait à être montée en 1635, lorsque la guerre s'alluma entre la France et l'Espagne. Il se fit dès les premières années de cette guerre plusieurs actions mémorables sur la mer; 8 nouvelles galères et plusieurs navires de guerre, que le roi avait fait construire, y furent employés avec succès.

Le cardinal mourut en 1642, et il eut la satisfaction de voir avant sa mort les avantages et la gloire que la France tirait des soins qu'il avait donnés au rétablissement de la marine. On construisit de son temps des vaisseaux d'une grandeur considérable; le plus fameux fut le vaisseau nommé la Couronne; il était de 72 pièces de canon, très-fort de bois; il avait 200 pieds de longueur et 46 de largeur, et était très-bon voilier les Anglais, les Hollandais et les autres étrangers habiles dans la marine, venaient le voir par curiosité. Avant la mort

du cardinal, Louis XIII, selon un état de la France, avait 35 galères et 60 vaisseaux.

Ce nombre diminua beaucoup sous la minorité de Louis XIV. Cependant, avant les guerres de la fronde en 1649, il y avait encore 25 galères et 30 vaisseaux de haut bord; mais ces guerres intestines, jointes aux guerres étrangères, causèrent une nouvelle décadence de la marine, et Louis XIV pensa à la rétablir.

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Lorsque ce prince prit en main les rênes du gouverne ment, la marine de France était peu de chose : il n'y avait point de ces vaisseaux qu'on a appelés depuis du premier et du second rang; il y en avait même peu ceux des rangs inférieurs, et parmi ceux-ci, il n'y en avait presque point qui fussent en état de servir: de sorte que M. Colbert en fit dépeçer quelques-uns, en vendit quelques autres; et de tout ce qu'il y en avait en 1661, il ne s'en trouvait plus que 8 de service en 1671, 3 du troisieme rang, 4 du quatrième rang, et 1 du cinquième

rang.

L'artillerie de mer était réduite à 570 pièces de canons de fonte, et à 475 de fer, tant grosses que petites, depuis 56 jusqu'à 2 de calibre. En 1664, pour l'expédition de Gigeri, on ne mit en mer que 15 ou 16 vaisseaux, auxquels se joignirent des vaisseaux de Malte et de Hollande. Tous ces vaisseaux même n'avaient pas été construits en France; car avant 1661, on en achetait des pays étran gers, ou l'on en louait quelques-uns pour un temps. Quant à ceux qu'on bâtissait en France, on faisait un état de tout ce qui était nécessaire pour la construction; on envoyait cet état en Hollande à un marchand qui achetait le tout, et l'envoyait en France au lieu où le

roi avait résolu de bâtir le vaisseau.

Un des premiers soins de M. Colbert fut d'établir des manufactures dans le royaume, pour les fournitures qu'on était obligé de tirer des pays étrangers: par ce moyen, on se passa d'eux pour la construction des vaisseaux, et l'on en bâtit plusieurs.

En 1665, on commença de faire un enròlement de matelots. M. Colbert du Terron, intendant de la marine en Ponant, fit faire les rôles, et détermina la solde de ceux qui seraient enrôlés, pour se servir d'eux dans le

besoin.

En 1667, il se fit un armement considérable à Brest, La flotte devait être de 60 vaisseaux, dont l'amiral était de 80 canons. Il y en avait un de 66 canons, et le reste pour la plupart au-dessous.

En 1668, on s'appliqua plus que jamais au rétablissement de la navigation et de toute la marine, et il se fit un enròlement général des matelots par classes. On en fit. trois classes, qui devaient servir alternativement sur les vaisseaux de guerre du roi et sur les vaisseaux des négociants.

On fit dans la suite cinq classes en Bretagne au lieu de trois, pour la commodité du pays, et les matelots ne devaient servir que de cinq ans en cinq ans sur les vaisseaux du roi, et les quatre autres années sur les vaisseaux marchands, à leur volonté. Ces ordres ainsi exécutés faciliterent beaucoup les armements des flottes de guerre, sans qu'on fût contraint d'interrompre le commerce et de fermer les ports, comme on était obligé de faire avant l'établissement des classes.

En 1681, il se trouva 60,000 matelots enrôlés, et divisés par classes dans les provinces maritimes du

royaume.

On établit un conseil de construction dans les ports, pour délibérer touchant les proportions et le gabarit des vaisseaux qu'on mettait sur le chantier et que l'on construisait dans les arsenaux de marine, et touchant le radoub de ceux qui en avaient besoin.

On continua de construire quantité de vaisseaux, et les plus forts qu'on eût encore vus sur la mer, dont plusieurs portaient go et jusqu'à plus de 100 pièces de canon. Le nombre augmenta toujours dans la suite, et Louis XIV eut près de 100 vaisseaux de ligne, outre quantité de frégates légères, de brulots, de galiotes à bombes, de flûtes, et d'autres bâtiments de suite.

On fit cinq principaux arsenaux de marine pour armer ces vaisseaux, savoir: Brest, Rochefort, Toulon, Dunkerque et le Havre.

Dès l'an 1672, Louis XIV se trouva si fort sur la mer, qu'il fut en état de joindre 50 vaisseaux de ligne à la lotte de Charles II, roi d'Angleterre, pour attaquer la lotte hollandaise commandée par le fameux Ruyter.

A l'époque de 1692, les forces de mer de la France

étaient considérables; nous allons en rapporter le total d'après le tableau qu'en a présenté M. Malouet, ancien administrateur de la marine, aujourd'hui préfet maritime d'Anvers, daus ses Mémoires sur la Marine.

On comptait alors au département de Brest, pour l'armée de mer, 40 vaisseaux, 2 frégates et 12 brûlots; plus, 6 autres vaisseaux, 15 frégates, 10 flûtes, tant pour l'armée de mer que pour l'Amérique et le Canada; ce qui donnait un total de 3,700 canons, 660 officiers, et de 25.000 hommes d'équipage.

Au département de Rochefort: 18 vaisseaux et 8 brûlots; 1,40 canons; 284 officiers; 10,913 hommes d'équipage; plus, 4 vaisseaux de guerre, 15 frégates, 10 flutes et 6 traversiers, tant en Amérique qu'au Canada, et pour les convois; 660 canons, 156 officiers et 2,58 hommes d'équipage; total des forces de mer à Rochefort, 2,400 canons, 420 officiers, 13,500 hommes d'équipage.

A Port-Louis: 4 vaisseaux, 5 brûlots; plus, 6 flûtes ou bâtiments de charge; ce qui donne en total 364 canons, 61 officiers, et 2,129 hommes d'équipage.

Au Havre : 2 vaisseaux, I frégate; plus, 6 flùtes ou bâtiments de charge; faisant 170 canons, 30 officiers, et 810 hommes d'équipage.

A Dunkerque: 6 vaisseaux de guerre et 4 frégates; 200 canons, 62 officiers, 1,800 hommes d'équipage.

Au département de Toulon, pour passer à Brest: 16 vaisseaux, 5 galiotes à bombe, 6 brùlots; formant 1,158 canons, 208 officiers, 7,545 homines d'équipage. Escadre de Toulon : 4 vaisseaux, 5 frégates, 3 galiotes et 5 flûtes; total des forces restées à Toulon, 5-8 canons, officiers, 1,752 hommes d'équipage.

On comptait en outre au port de Toulon, un vaisseau et une fregate pour la course, faisant 85 canons, officiers, et 588 hommes d'équipage.

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En résuinant toutes ces forces, on trouve pour le total général des canons, officiers et équipages des 110 vaisseaux de guerre et 690 autres bâtiments ci-dessus, 8,456 canons, 1,550 officiers. 52,024 hommes d'équi page, non compris 55 galeres armées et sorties de Marseille, portart 220 canons, 250 officiers, et 15,-50 hommes d'équipage.

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