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exploré toutes ces sources, qu'on pourra vérifier l'exactitude de ma conjecture.

Comme la plupart des formulaires de l'époque Carlovingienne, celui du manuscrit de Munich est anonyme; mais les indications géographiques et chronologiques, que le rédacteur a laissé subsister, suffisent, quoique en petit nombre, pour nous faire connaître le temps et le pays où il a été composé. La formule 58 reproduit un acte de donation faite au monastère de Saint-Pierre et Saint-Rupert; et la double circonstance exprimée dans cet acte que le corps de saint Rupert reposait dans l'église, et que la communauté avait pour chef un évêque, rappelle nécessairement à notre esprit le monastère de Saint-Pierre de Salzbourg. On sait, en effet, que c'est dans ce monastère que fut enseveli l'apôtre de la Bavière, et que les premiers évêques de Salzbourg y eurent leur siége épiscopal, jusqu'à l'époque où l'archevêque Conrad Ier le transféra dans la nouvelle basilique élevée par saint Virgile. C'est évidemment à la même communauté que sont faites les libéralités contenues dans les formules 1, 17 et 59, où l'église de Saint-Pierre se trouve également nommée. La mention de l'église de Sainte-Marie, qu'on rencontre dans la formule 16, doit probablement être rapportée à l'église cathédrale de Freising, qui était, en effet, dédiée à la sainte Vierge, et relevait de la métropole de Salzbourg. Enfin, si l'on veut bien remarquer que la plupart des lettres empruntées à la correspondance d'Alcuin sont adressées à l'archevêque Arnon 3, désigné, selon l'usage du temps, par le surnom latin d'Aquila, on demeurera convaincu que le rédacteur de notre formulaire a eu à sa disposition les chartes de plusieurs églises ou monastères de la Bavière, et qu'il vivait sous les premiers successeurs de Charlemagne.

'Hansiz, Germania sacra, t. II, p. 11, 86, 87.

2 Meichelbeck, Historia Frisingensis.

3 Arno, sixième évêque et premier archevêque de Salzbourg, de 785

à 821.

↳ Histoire lilléraire de la France, IV, 22, 23.

J'ai considéré jusqu'ici ce formulaire comme formant une seule et même collection. Je crois cependant qu'en l'étudiant dans tous ses détails, et pour ainsi dire en le disséquant, on peut arriver à démontrer qu'il est composé de deux recueils distincts et juxtaposés. On remarque, en effet, dans les quarante-quatre premières formules, un certain ordre méthodique, une classification régulière des matières. Cette partie, qui me paraît constituer le premier recueil, commence par des actes de précaire, de vente, d'échange, de donation, d'affranchissement, à la suite desquels viennent les modèles de lettres proprement dites. On peut signaler la même disposition dans la seconde partie, où les formules d'actes royaux et juridiques précèdent également les simples correspondances. Si le formulaire tout entier était l'œuvre du même auteur, on comprendrait difficilement qu'il n'eût pas rapproché les unes des autres les pièces de même nature. L'ordre que j'ai indiqué, et qui se reproduit à deux reprises, ne saurait être l'effet du hasard; il dénote évidemment un certain esprit de système, et la conjecture que je propose me paraît seule pouvoir l'expliquer.

Cette conjecture reçoit, du reste, une nouvelle confirmation du manuscrit de Copenhague, dont il me reste à donner la description. Ce manuscrit, qui porte aujourd'hui dans la bibliothèque royale le numéro 1943, appartenait autrefois à la bibliothèque de Gottorp, fondée en 1606 par les ducs de Holstein-Gottorp, et réunie à la bibliothèque royale en 1749, après que les ducs de Holstein-Gottorp eurent perdu leur part du Sleswig, et que la ville de Gottorp eut cessé d'être résidence ducale 1. Il est de format in-8°, et comprend quatre-vingt-seize feuillets de parchemin; l'écriture, à deux colonnes, paraît être du dixième siècle. Les vingt-cinq premiers feuillets contiennent un texte de la Loi Salique, sans gloses malbergiques, et conforme à la rédaction connue sous le nom de Lex emendata; les feuillets

'Abrahams, Description des manuscrits français du moyen âge de la bibliothèque royale de Copenhague, 1844, in-4o.

25-64 renferment un texte de la Loi des Ripuaires et de la Loi des Allemands; les feuillets 64-67 sont remplis par une homélie sur les devoirs qu'impose la qualité de chrétien ; enfin, du folio 67 au folio 81 inclusivement, s'étend une collection de trente-deux formules, divisée en deux sections, dont la première comprend, sous le titre d'Epistolæ, dix modèles de lettres proprement dites, et la seconde, sous le titre de Carte, vingt-deux modèles d'actes juridiques. Il n'est pas sans intérêt de faire ressortir le mérite de cette division, bien plus logique que celle de Marculfe, et qu'on peut signaler comme une preuve d'intelligence fort rare chez les copistes du moyen âge; mais ce qu'il importe surtout de faire remarquer, c'est que les vingt-deux documents qui forment la seconde section répondent précisément aux vingt-deux formules d'actes juridiques comprises dans la première partie du manuscrit de Munich. N'est-on pas autorisé à conclure de cette coïncidence que les deux rédacteurs ont mis à contribution un même original, qu'ils se sont approprié l'un et l'autre un formulaire plus ancien et exclusivement légal, et qu'ils l'ont augmenté et complété par l'adjonction d'un certain nombre de lettres puisées à des sources différentes? Ne peut-on pas en conclure aussi que ce formulaire ainsi remanié forme une collection indépendante, distincte de celle qui la suit dans le manuscrit de la bibliothèque royale de Munich?

Quoi qu'il en soit, j'ai pensé que la publication de ce nouveau recueil ajouterait quelque chose aux connaissances que nous possédons sur l'état juridique et social de l'empire Carlovingien, et j'espère qu'à ce titre elle sera reçue avec bienveillance. J'ignorais, quand je l'ai entreprise, que M. le docteur Rockinger s'occupât du même travail. Mon édition était déjà sous presse, quand j'ai eu communication de l'ouvrage intitulé: Drei Formelsammlungen aus der Zeit der Karolinger, dans lequel ce savant a réuni le formulaire dont il est ici question, celui que j'ai donné dans le tome IV de la Revue historique de droit français et celui que M. Dümmler

a publié en 1857, sous le titre de Formelbuch des Bischofs Salomo III von Konstanz. J'ai donc eu le regret de ne pouvoir profiter de son texte pour rectifier le mien, que j'imprime d'après la copie que j'avais faite, il y a quelques années, à Munich. J'y ai joint les variantes tirées du manuscrit de Copenhague, ainsi que les dix formules de lettres qui forment la première section de ce manuscrit, et dont je dois la communication à l'obligeance de M. le premier bibliothécaire Verlauff.

FORMULARIUS EPISTOLARUM

LIBER BREVIARIUS UNIUSCUIUSQUE REI.

I.

INCIPIT CARTA DONATIO AD CASAM DEI (a).

(Copenhague, no 11; Lindenbrog, no 18.)

II.

ITEM ALIA DONATIO 1.

(Copenhague, no 12.)

Domino inlustri et in Christo patri illi de monasterio illo, quod est constructum infra muros civitatis illius 3, una cum turba plurima canonicorum ibidem consistentium, vel ubi præciosus domnus et sanctus ille corpore requiescit, seu ceterorum sanctorum, quorum reliquiæ ibidem haberi noscuntur. Quamobrem ego, in Dei nomine, ille, cogitans de Dei timore, vel pro animæ mææ remedio, seu pro eterna bona retributione, propterea dono trado ad ipsum præfatum monasterium omnem rem portionis mæe, id est in pago illo, in loco nuncupante illo, super fluvio illo, id est mansos tantos cum domibus, edificiis,

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Cop. idcirco.

Cop. illi episcopo. - 3 Cop. muro illo civitatis. 'Cop.

(a) Cette donation est faite à un monastère consacré in honore sanctorum illorum apostolorum Petri et Pauli seu ceterorum sanctorum, quorum reliquiæ ibidem haberi noscuntur.

J'ai montré dans l'Introduction que ce monastère devait être celui de Saint-Pierre de Salzbourg. L'édition de Lindenbrog porte simplement : in honorem sancti illius.

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