Sayfadaki görseller
PDF
ePub

doivent détruire ou même diminuer la réalité de mérites antérieurs. Comment serions-nous plus sévère envers Bonaparte que Pie VII lui-même, qui avait eu à s'en plaindre plus que personne, et qui cependant déclara hautement, jusqu'à son dernier soupir, que l'Eglise devait lui être à jamais reconnaissante d'avoir relevé les autels et restauré le culte catholique en France ? A nos yeux, le cardinal Consalvi a porté des jugements trop rigoureux et point assez équitables sur plusieurs personnes engagées avec lui dans les négociations du Concordat. Sa conscience le lui reprochait tacitement, comme il le déclare avec ingénuité dans ces mêmes Mémoires, quand il avertit le lecteur que, s'il trouve des contradictions ou des inexactitudes touchant les hommes, les événements ou les faits, il doit avoir recours aux dépêches écrites de sa main, pendant sa légation, sans s'arrêter à des détails nécessairement défectueux, puisqu'ils sont racontés après douze années, et qu'il ne pouvait pas alors consulter sa propre correspondance (1).

Il y a donc comme une réparation ou un acte de justice à accomplir envers cet illustre prince de l'Eglise, non moins remarquable par les vertus privées que par

(1) Et pourtant ces Mémoires, écrits ab irato, comme disent si bien les anciens, forment l'unique base de l'ouvrage de M. le comte d'Haussonville; L'Eglise romaine et le premier Empire. 1800 à 1814. Paris, 1868, 2 vol. in-8°.

son talent diplomatique. La moralité même de son carac— tère a été compromise par la publication de ses Mé– moires, dont l'acrimonie et la partialité trop manifestes contrastent étrangement avec les appréciations calmes et modérées contenues dans ses dépêches. Ces pièces authentiques et intactes nous découvrent toute la sincérité de cette âme noble, élevée et équitable dans ses jugements sur les temps, les personnes et les choses, et certes ce contraste, avec le ton et le style des Mémoires, autant du moins qu'il est permis d'en juger par la traduction, est d'autant plus précieux qu'il nous dédommage et nous console du triste spectacle des passions trop communes de l'esprit d'intrigue et de parti.

Après avoir reconstruit l'Histoire du Concordat de 1801, nous traiterons celle du Concordat de la République Cisalpine de 1805, autre grande œuvre de Bonaparte, véritable rempart à l'abri duquel l'Eglise d'Italie, en butte aux persécutions les plus basses et les plus tracassières, recouvra des jours de paix et de liberté, hélas ! trop promptement écoulés.

Ces deux Concordats, tout incomplets qu'ils paraissent, si on les envisage en dehors du temps où ils furent conclus, n'en constituent pas moins les deux plus glorieux titres de Bonaparte, puisqu'ils l'élèvent au rang de pacificateur et de protecteur de l'Eglise. Ils exercèrent une influence considérable sur tous les Etats chrétiens

de l'Europe, et principalement sur l'Allemagne, où ils arrêtèrent la guerre impie dirigée contre le catholicisme, et dont ils forcèrent les gouvernements de faire à l'Eglise de larges et honorables concessions. Tel est, peut-on dire aussi, le double fondement sur lequel reposa dès lors l'édifice de la grandeur croissante de Napoléon: du moins c'est ce qui aplanit et accéléra sa marche triom– phale vers l'Empire. Porté au faîte des honneurs et de la puissance par les vœux de la nation, il puisa à la même source la salutaire pensée de se faire sacrer et couronner par le vénérable chef de l'Eglise, Pie VII, afin d'apparaître au monde avec l'auréole sacrée du pouvoir, et de reproduire en sa personne, après mille années, l'imposante figure de Charlemagne. Il voulait sans doute que cet acte solennel imprimât le sceau de l'inviolabilité à ses conquêtes, et assurat en même temps à la dynastie, qu'il méditait de fonder, la durée, la prospérité, et les bénédictions du Très-Haut.

La négociation entamée à ce sujet entre le Saint-Siége et Napoléon 1er était aussi délicate et épineuse que surprenante et hardie. Nous en exposerons les intéressants détails, ce qui formera la troisième partie de cet ouvrage (1).

(1) L'ouvrage se compose de deux volumes : le 1er contient a première partie, ou le Concordat de 1801; le 2e contient la deuxième partie, ou le Concordat de 1803 et la troisième partie, ou le Couronnement, et se termine par les Pièces justificatives relatives aux trois parties.

Si le Pape accéda volontiers au désir ardent de l'Empereur, et consacra son front par l'onction sainte, il y fut décidé par la pensée de compléter ainsi l'œuvre des Concordats et d'obtenir de précieux avantages à l'Eglise : et voilà comment nous démontrons encore la corrélation ou l'enchaînement de ces faits religieux et politiques.

Nous nous attendons, il faut l'avouer, à provoquer, par cette histoire, les susceptibilités, l'opposition et peut-être les antipathies de plusieurs, car la traduction, publiée, des Mémoires de Consalvi, a réveillé bien des passions et des préjugés hostiles à Napoléon 1er, surtout en ce qui concerne la négociation du Concordat de 1801. Sous l'apparence d'un zèle, d'ailleurs mal déguisé, pour les intérêts de l'Eglise, l'on n'a craint pas de dénaturer les faits connus et louables, de se permettre des insinuations perfides et d'attaquer à la fois les deux mémoires, intimement liées et comme solidaires, du Pape et de l'Empereur.

Notre position et notre caractère, grâce à Dieu nous mettent à l'abri de tout soupçon de partialité ou d'intérêts humains. La Prusse est notre patrie, et nous sommes étranger à la France. De plus, ministre du sanctuaire, malgré notre indignité, quel autre mobile que le pur amour de l'Eglise, de la vérité et de la justice, aurait pu nous guider dans ce travail?

Nous l'affirmons avec cette assurance qu'inspire le témoignage d'une conscience nette, nous n'avons subi aucune influence, et toute tentative de ce genre eût été repoussée avec dédain sinon avec indignation. Venu à Paris pour puiser, dans les riches dépôts historiques qui s'y trouvent, les enseignements et les témoignages propres à remplir certaines lacunes de notre ouvrage, nous nous imposâmes la dure mais prudente obligation de ne visiter qui que ce fût, au risque même de sacrifier des devoirs de convenance ou d'amitié.

Notre excuse sera la nature même des temps, c'est-à-dire cet esprit de parti, si surexcité, si actif, si prêt à poursuivre jusqu'à l'ombre d'une intention, pour l'incriminer et la diffamer l'on concevra donc que nous ayons recherché l'égide d'une telle réserve.

Toutefois nous ne pouvons nous abstenir d'adresser de sincères et publics remerciements, à notre honorable et savant ami M. FAUGÈRE, directeur des archives et de la chancellerie au ministère des affaires étrangères ; nous sommes trop redevable, pour le taire, à la généreuse bienveillance avec laquelle il nous a obtenu la plus entière liberté de consulter toutes les pièces du précieux dépôt qui lui est confié et de celui des archives de l'empire. Nous osons même le prier d'être l'interprète de nos sentiments de gratitude près des hauts personnages qui, par son entremise, ont permis

« ÖncekiDevam »