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PARTIE TECHNIQUE

LA GAZETTE APICOLE

Les phases d'élaboration du miel

ETTE étude ne vous indiquera pas les propriétés du miel, ses divers modes de récolte et d'extraction, ses bienfaits sur notre organisme et son emploi de nos jours et dans l'antiquité.

Nous avons résolu de vous expliquer aujourd'hui, en quelques mots, avec le plus de clarté et de précision possibles, les phases d'élaboration du miel, depuis la récolte du nectar par l'abeille sur la fleur, jusqu'à la complète transformation de ce nectar en miel.

Définition du miel. Le miel est une substance sucrée produite par les abeilles en transformant dans leur jabot et dans leur ruche le nectar recueilli sur les fleurs.

Il

Ce que la fleur donne à l'insecte. s'accumule à la base des plantes un liquide sucré appelé nectar secrété par les nectaires. La quantité de nectar augmente au fur et à mesure de la constitution des boutons, pour décroitre lors de la transformation de ces boutons en graines ou fruits. Le courant d'eau aspiré dans le sol par les racines du végétal et qui circule constamment avec intensité à travers la plante amènera le nectar de la base de la fleur à sa surface où l'abeille n'aura plus qu'à venir le butiner.

Ce nectar est donc produit par le végétal pour son utilisation personnelle : il sert au développement des fruits ou graines après la floraison.

Mais, dira-t-on, le petit larcin de l'insecte va être défavorable à la plante. Pas du tout !... car l'abeille ne prend qu'une surabondance de nectar qui vient affluer aux parties supérieures du végétal. Des expériences intéressantes du savant naturaliste Gaston Bonnier ont démontré que l'aspiration fréquente du nectar par l'ouvrière a pour résultat de provoquer une sécrétion plus importante de liquide sucré, sans que cette sécrétion abondante soit en rien préjudiciable à la fleur.

Non seulement l'abeille ne nuit pas aux plantes, mais encore elle leur est très utile, même indispensable car elle favorise leur reproduction en transportant le pollen des étamines au stigmate: organe femelle; elle est, comme l'a dit si poétiquement Michelet: «< la messagère et la médiatrice de leur amour. »

Transformation du nectar par l'abeille.

L'abeille aspire le nectar de la fleur avec sa langue d'un mécanisme très perfectionné. L'ouvrière ne visite dans sa journée que des fleurs de même espèce : si par exemple elle a commencé à butiner sur des trèfles, elle continuera jusqu'à la fin de son travail à récolter le nectar sur le trèfle. Elle opère ainsi, car habituée à la structure florale de la plante, elle ne perd pas la moindre minute en tâtonnements et en hésitations. Cet insecte pratique en toutes choses lé plus rigoureux taylorisme.

Le nectar pompé par la langue passe de l'œsophage dans une poche réservoir appelée « jabot » et pendant toute la durée de la récolte, l'abeille, par une contraction musculaire, empêche ce jabot de communiquer avec son estomac.

Ce nectar fourni par la plante s'emmagasine donc dans cette poche, mystérieuse petite usine qui va commencer sa transformation en miel. L'abeille va donner à la goutte de nectar sa personnalité, un cachet d'identité et l'élaboration qu'elle accomplit, où elle met le plus intime d'elle-même, révélera le passage de l'ouvrier, du chimiste, de l'artiste, du mai

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tre.

Ce que la fleur a donné à l'insecte est incorporé aux sucs stomacaux et sortira du jabot de l'abeille méconnaissable et transformé.

Voici comment s'opère cette transformation :

Les parois intérieures du jabot secrètent une substance appelée « invertine » ou« invertase ». Cette sorte de ferment change le «< saccharose » du nectar (sucre de canne) en deux autres sucres de fruit plus assimilables : « glucose et «<lévulose ».

En résumé, comme l'a défini le La rousse encyclopédique : « Le miel résulte de la transformation que subit dans le ja

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bot de l'abeille, le nectar que l'insecte a recueilli sur les fleurs. Cette transformation s'opère sous l'influence du suc gastrique et de la salive. Elle consiste principalement dans l'évaporation d'une notable quantité d'eau et du changement du saccharose en dextrose et lévulose. >> Transformation définitive. Le nectar intimement transformé par l'organisme de l'insecte n'est pas du miel complètement terminé; outre l'interversion chimique subie dans le jabot, la métamorphose va se continuer dans la ruche.

Ce miel imparfait doit éprouver encore une évaporation partielle de l'énorme proportion d'eau qu'il contient et qui varie de 60 à 95 %.

A cet effet, les abeilles emplissent provisoirement les cellules des rayons, à moitié ou aux trois quarts de leur contenu afin de faciliter l'évaporation. Ensuite, aux heures les plus chaudes de la journée, des ouvrières appelées «< ventileuses» se mettent en file à l'entrée et à l'intérieur de la ruche; l'abdomen relevé, les pattes agrippées au plateau, elles battent l'air extérieur de leurs ailes, inlassablement et pendant plusieurs heures. Leurs ailes frémissent avec une telle rapidité, ont un mouvement si intense de rotation, qu'il semble à l'observateur que les ouvrières ont perdu cette partie de leur corps.

L'opération a pour but d'introduire un

CHRONIQUE COMMERCIALE

air chaud à l'intérieur de la ruche, air qui favorise l'évaporation rapide de l'eau contenue dans le miel. Quand la proportion d'eau de 75 % est passée exactement à la proportion de 25 %, la ventilation cesse. A ce moment, le miel éparpillé dans des centaines de cellules est collecté ; l'abeille, avant de fermer chaque alvéole, y instille, par surcroit de précaution, une goutte d'acide formique élaboré par la poche à venin qui assurera une conservation certaine et parfaite du produit.

Voici résumées les transformations successives de la goutte de nectar pour devenir miel délicat et parfumé.

Espérons que ces quelques lignes auront mis un peu de clarté sur ce produit dont la fabrication est, pour beaucoup, entourée d'obscurité. La complète ignorance du public amène inévitablement l'indifférence, nuit à la vente et rebute consommateurs et détaillants.

C'était, il nous semble, un devoir et une nécessité de donner ces quelques notions élémentaires sur le miel, à un moment où ce produit commence à devenir d'un usage presque courant et à être apprécié à sa juste valeur par nos contemporains.

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COURS DES MIELS, CIRES, SUCRES

Il faut s'attendre à une hausse des miels si la disette actuelle de sucre s'accentue. Nous donnons ci-dessous quelques échos extraits des journaux du monde entier :

Angleterre: On peut s'attendre à une nouvelle hausse du sucre en Grande Bretagne. La consommation énorme des sucreries et boissons non alcoolisées aux Etats-Unis serait une des causes principales de cette hausse. L'augmentation continuelle du prix du sucre brut à Cuba (qui règle les marchés mondiaux) rendront cette hausse inévitable. Le prix à Cuba a été porté à environ 4.80 le kilo à comparer à 1.20 l'année dernière et environ 0 fr. 20 avant la guerre. (Daily Mail).

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Les belles Légendes

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Platon

par J. HÉZARD, artiste dessinateur, lauréat de notre concours

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Un essaim vint se poser sur la bouche de Platon quelques jours après sa naissance; aussitôt les devins annoncèrent l'éloquence du célèbre philosophie. Et plus tard, en effet, la parole émouvante de Platon le fit très justement surnommer « Le Divin ». - L'artiste Hézard, inspiré par cette légende, nous adresse la composition ci-dessus, portant en exergue les vers de Hugo:

Nous volons dans l'azur, écloses
Sur la bouche ouverte des roses
Et sur les lèvres de Platon.

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OUTE la nature se réveille. Le petit monde ailé reprend son gazouillement joyeux, les fleurettes cherchent à se frayer un passage à travers les touffes de feuilles vert tendre, leurs corolles blanches, roses et violettes forment autant d'étoiles scintillantes sur les plates - bandes de nos jardins. Les chatons jaunes et rouges s'épanouissent radieux au soleil et invitent nos chères petites abeilles à sortir de leur torpeur hivernale, pour recueillir leur provision de pollen. Aussi quel bourdonnement ! Une vraie musique harmonieuse pour l'apiculteur, qui pendant le long hiver a attendu ce moment sublime de transition dans la nature, et qui, avec ses avettes, les oiseaux, les plantes et les fleurs, fête le renouveau de tout son

coeur.

Le voici tout prêt à reprendre ses travaux au rucher. Il va s'occuper de ses abeilles chéries. Il s'agit de réparer bien des avaries, de s'occuper de mille choses nécessaires au confort de ses colonies.

Le grand rucher fermé à moins souffert; celui-ci est la plupart du temps construit solidement et recouvert d'une bonne couche de peinture à l'huile bien résistante, mais l'apiculteur alsacien et lorrain, qui, à l'exemple de la France, de l'Angleterre et de l'Amérique, a introduit le nouveau système de ruches disséminées dans son jardin ou dans son parc, aura plus à faire. Celles-ci, exposées aux intempéries, devront être peintes ou badigeonnées à nouveau, d'abord pour préserver le bois dont elles sont faites, puis aussi pour offrir un joli et coquet coup

d'œil. Il faut qu'elles présentent un aspect riant et frais et que l'apiculteur puisse être fier de les montrer à ses amis et confrères.

La grande et importante question se pose naturellement Faut-il badigeonner ses ruches à la chaux, ou jaut-il leur donner une couche de peinture à l'huile ?

Je vais essayer de donner quelques conseils pratiques et quelques éclaircissements, tirés de notre propre expérience et aussi de celle de différents apiculteurs de renom de pays divers. «Du choc des idées, jaillit la lumière », dit le proverbe. Nos jeunes apiculteurs modernes reconnaîtront la valeur de ce dicton et seront peut-être contents d'être guidés dans cette importante question.

Les parois des ruches d'abeilles doivent être poreuses, comme le sont les vêtements des hommes. Le plumage des oiseaux est aussi organisé de façon à laisser passer l'air par des interstices. Les matières poreuses sont de mauvais conducteurs de la chaleur et du froid. On enveloppe la glace d'une couverture de laine pour empêcher le froid de s'échapper et la température chaude de l'extérieur de pénétrer jusqu'à elle. Si les vêtements des hommes étaient faits de caoutchouc ou de toile cirée, le corps serait dans un état malpropre et malsain.

Or, la ruche est le vêtement de la colonie d'abeilles et doit retenir la chaleur tout en laissant s'échapper l'humidité et les gaz produits par le couvain et la respiration des abeilles.

Le bois, et surtout celui de qualité molle, est poreux, et c'est le bois le moins dur qui s'adapte le mieux à la construction des ruches.

Dans les temps anciens, la plupart des ruches étaient faites de paille. Les ruches en paillle doivent tenir les abeilles bien sèches et chaudes; sèches, grâce à

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la paille qui est poreuse, et chaudes, grâce à l'air qui y est emprisonné.

Dans l'Est de l'Europe et en Asie-Mineure, la majorité des ruches sont formées par des paniers en forme de dôme dont l'extérieur est recouvert d'un centimètre d'épaisseur de boue composée de terre et de bouse de vache. Les abeilles y sont très bien et confortablement installées.

Les ruches en bois sont bonnes aussi, grâce surtout aux progrès modernes en apiculture. Le bois s'approprie le mieux pour les nouveaux genres de ruches, lorsqu'il est mou et léger, mais il ne faut pas qu'il soit rendu imperméable par la peinture à l'huile.

En hiver et au printemps, l'humidité se développe dans l'intérieur des ruches occupées par de fortes colonies. L'humidité est formée par l'eau qui s'évapore de la respiration des abeilles, par l'absorbtion du miel et par le bois des parois qui n'est pas assez poreux. Une partie de cet air vaporisé s'écoule à l'état condensé par le trou de vol de la ruche et montre à quel point l'humidité règne dans celleci. Il est évident qu'un bel état est nuisible aux abeilles.

Le badigeonnage à la chaux est la méthode la moins chère et la plus facile. Chacun sait que le blanc reflète la chaleur du soleil et l'aspect de la ruche est frais et propret.

Voici la manière de préparer ce badigeonnage :

Prenez 6 livres de chaux vive sur laquelle vous versez peu peu 4 à 5 litres d'eau. Quand la masse devient chaude, bouillonne et fait entendre de petits craquements, ajoutez encore un peu d'eau. Après quelque temps, ajoutez encore de 15 à 20 litres d'eau fraîche et mélangez bien la masse avec un bâton. Prenez alors un demi-litre d'alun, que vous avez cassé en petits morceaux pour les faire fondre sur le feu avec un peu d'eau. Ou mieux encore, écrasez l'alun dans un mortier et mélangez-le à la chaux préparée.

Cet alun est nécessaire pour fixer la chaux au bois, car celle-ci se détacherait facilement pendant les manipulations de l'apiculteur. Si l'alun devait faire défaut, on peut employer du sel de cuisine, mais l'alun est préférable. On badigeonne la ruche à l'aide d'un large pinceau.

Ceux qui ont fait l'expérience de ruches peintes à l'huile et de ruches nonpeintes, ont constaté que l'intérieur des ruches peintes devenait, après quelques années, aussi noir que l'intérieur d'une cheminée noircie par la suie, tandis que

les non-peintes restèrent d'un brun clair, couleur de la propolis ou de la politure faite par les abeilles. Nous recommandons aux apiculteurs de faire l'essai de ruches à l'état naturel ou simplement blanchies et de les comparer, après un ou deux ans, à celles qui sont peintes à l'huile. Qu'ils se servent aussi en hiver et au printemps de couvertures en tissu poreux, par exemple, de coussins de ouate ou de sacs remplis de sciure de bois. On peut aussi employer des caisses de marchandises vides dont on les recouvre, pour les protéger contre les rayons du soleil, trop ardents parfois.

Un apiculteur américain conseille de couvrir le nid à couvain avec des planchettes de l'épaisseur de 3 à 4 millimètres. Dans un climat chaud, ce système permet à l'humidité de s'échapper très lentement par les lattes minces couchées sur le haut des rayons, il occasionne une ventilation très lente, et laisse échapper en hiver l'humidité par les fissures.

Pour les latitudes plus élevées, des sacs avec de la sciure de bois valent mieux pour l'hiver. Ceux-ci, placés sur deux ou trois feuilles de papier brun, conserveront la chaleur sans empêcher l'humidité de s'échapper librement.

En Bulgarie, on emploie des ruches de la forme d'une cloche, pareilles aux ruches-paniers, mais plus larges et plus grandes. Elles ressemblent à des paniers renversés et sont recouvertes d'une espèce de plâtre fait de terre. Ces ruches sont très poreuses. Le froid est intense en hiver dans ce pays et pourtant les abeilles se trouvent bien dans ces espèces de ruches, qui sont placées en plein air même en hiver.

Voici donc un résumé des conseils pratiques que nous donnons à nos jeunes apiculteurs modernes. Nous les avons expérimentés en partie et avons obtenu de bons résultats.

Quoique nos anciens apiculteurs d'Alsace et de Lorraine restent en majeure partie fidèles au système de ruchers fermés, nos jeunes apiculteurs commencent à imiter la nouvelle méthode si répandue dans nos pays amis. C'est à ces derniers surtout que cet article pourra être utile.

Du reste, le système des ruches en plein air a ses avantages et ses charmes. Que la jeunesse, toujours avide du progrès et des inovations, essaie d'imiter ses confrères de France, d'Angleterre et d'Amérique, nous lui souhaitons plein succès.

Mutzig, le 1er Mars 1920.

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