Sayfadaki görseller
PDF
ePub

A mon ancien Collègue

JOSUÉ TEISSÈDRE L'ANGE

DOYEN DES PASsteurs de l'église wallonne d'amsterdam,

MEMBRE DE L'INSTITUT ROYAL DES PAYS-BAS,

INSPECTEUR GÉNÉRAL DES ÉCOLES DE LA PROVINCE DE HOLLANDE, chevalier de l'ORDRE ROYAL Du lion belgique,

ETC., ETC., ETC.,

Cémoignage d'une amitié de trente ans,

Athanase Coquerel.

A

INTRODUCTION.

Cet ouvrage est une exposition du christianisme, au point de vue de la raison et de la foi, de la science et de la révélation; il contient, si l'œuvre répond à l'intention, toute une philosophie et une religion, la religion chrétienne, telle que je la comprends, telle que je la crois.

C'est le travail de ma vie entière, le résultat des études de trente ans de ministère.

OEuvre de conscience, ce livre est une œuvre de franchise, au point que le système est complet; toutes les questions que soulève le christianisme reçoivent dans ce traité une solution; j'ai dit tout ce que je crois; je n'ai tenu en réserve aucun sentiment de mon cœur, aucun secret de mon entendement, aucune certitude de ma foi; j'ai affirmé avec cette paisible sécurité que donne la foi seule, et si en écrivant

je me suis toujours trouvé tranquille devant le risque de l'erreur, c'est que je me sentais soutenu par le calme de la sincérité; je me redisais sans cesse dans le langage de Montaigne : « Ma conscience ne falsifie pas un iota; mon inscience, je ne sçay. ›

Tout est lié dans ce travail : les pensées se tiennent et se touchent; elles font office tour à tour de principes et de déductions; il est de l'essence des vérités religieuses de se fondre en un alliage compact, de se former en un système suivi. Détacher quelques fragments, évaluer des assertions isolées, combattre, non le fond et l'ensemble, mais des théories éparses dont on aurait brisé le faisceau, serait faire de ce livre une lecture ou stérile, ou injuste.

Il n'existe aucun ouvrage moderne de ce genre dans la littérature religieuse de notre pays. Nos dogmatiques protestantes ont été presque toutes écrites sous l'empire de la confession de foi exclusive de nos pères, sous la pression étouffante d'une théologie officielle qui régnait, au moins tacitement, sur les églises, et qui réduisait au silence, quand elle ne réduisait pas à des évasions; la vérité ne se faisait jour qu'en parlant à mots couverts; le progrès n'obtenait permission de s'exprimer franchement qu'à condition de pousser la discrétion jusqu'à sa limite la plus méticuleuse; on émondait les erreurs une à une, en amortissant le bruit de leur chute; on ne laissait point la vérité croître dans sa force et présenter à toutes les mains ses fruits salutaires. Depuis que la liberté politique s'est assise au seuil de nos foyers et de nos églises, accompagnée, sans qu'au premier jour elle s'en dou

tât peut-être, de la liberté religieuse; depuis que le dogmatisme de l'intolérance a fait son temps et perdu son pouvoir, et que la foi, parmi nous, ne craint plus l'indépendance de la pensée et de la prédication, nos églises ont pourvu au plus pressé; elles ont avec raison demandé plus de travaux à leurs pasteurs qu'à leurs théologiens.

Aussi est-ce sans honte que nous pouvons en convenir dans le vaste mouvement de philosophie spiritualiste par lequel l'esprit moderne a rompu avec le sensualisme du dernier siècle, dans le progrès des sciences historiques qui laisse à une si grande distance en arrière l'histoire telle que la concevaient les encyclopédistes, et, chose plus curieuse! même dans la recrudescence de la théologie scolastique ou catholique dont nous sommes témoins, la théologie de nos églises n'est point comptée. Si l'on parcourt les ouvrages les plus récents qui exposent l'état actuel des opinions philosophiques en France, on n'y trouve point d'article protestant, et dans un certain monde il est à peu près convenu de dire qu'il n'y a point en France de théologie protestante. Ce reproche, dont on a voulu nous faire affront, ne peut nous atteindre, quoiqu'en un sens il soit fondé il se dissipe au souvenir des persécutions d'où notre communion sort à peine; on doit convenir qu'il était difficile que la théorie de notre foi en devançât le droit de cité. Mais au terme d'un demi-siècle, il est temps de se remettre à l'œuvre et de chercher, selon nos forces, à reconquérir, dans les domaines de la science, le rang que nos prédécesseurs ont glorieusement occupé.

A.

« ÖncekiDevam »