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attirante qui rend presque inutile la fermeté; qui, à la piété du prêtre et à la science de Dieu unit la connoissance de l'état du siècle et le génie du gouvernement; Pontife enfin tel qu'il le falloit pour ranimer la foi, pour relever l'espérance, et qui semble, en ces tristes temps, avoir été donné aux chrétiens comme une preuve vivante de l'immuable fidélité des promesses.

Grâce encore à cette Providence si merveilleuse dans ses voies, le clergé françois, purifié par une longue persécution, instruit par l'expérience et par le zèle passionné avec lequel les ennemis du christianisme soutiennent et propagent certaines maximes trop fameuses, a renoncé pour toujours à des préjugés qu'on ne put jamais, dans l'oppression où le tenoit la magistrature, regarder comme sa vraie doctrine. Ce n'est pas à la suite d'une révolution qui a mis à nu toutes les erreurs que de vains mots le séduiront. Les libertés qu'on lui prêche, il les a connues; il sait qu'elles aboutissent pour la religion à l'athéisme, et pour le prêtre à l'échafaud. Des études mieux dirigées sur plusieurs points ont, quoi qu'on en dise, étendu ses vues, rectifié ses idées, et dissipé pour lui bien des nuages. Que, du fond de ses ténèbres, un imbécile orgueil lui reproche de manquer de lumières, c'est aussi ce que disoient des premiers disciples du Christ les savants et les

sages du monde, alors que sur les peuples, assis dans l'ombre de la mort, se levoit le soleil des intelligences (1). La science véritable, car il en est une, la science qui vient de Dieu et qui conduit à Dieu, à qui la doit-on, si ce n'est au clergé? Transmise par lui d'âge en âge, il la conservera fidèlement: mais il repousse sans doute, et ne cessera de repousser avec horreur, la fausse science, les trompeuses lumières qu'admirent quelques insensés; lumières semblables à ces lampes funèbres que les anciens plaçoient dans les tombeaux, et qui n'éclairoient que des ossements.

Il est trop tard aujourd'hui, après ce qu'on a vu, pour réussir à détacher le sacerdoce français du Vicaire de Jésus-Christ : les liens qui les unissent ont été retrempés dans le sang des martyrs. Cependant, puisqu'on s'efforce de renouveler, pour en tirer bientôt les dernières conséquences, de funestes opinions heureusement éteintes, il est nécessaire de montrer combien elles sont absurdes en elles-mêmes, et comment elles tendent à renverser et l'Église et l'état; mais il faut auparavant essayer d'apprendre à ceux qui l'ignorent, ce qu'est le pouvoir souverain dans la société spirituelle.

(1) Oriens ex alto: illuminare his qui in tenebris et in umbrâ mortis sedent. Luc. I, 78 et 79.

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La philosophie de ces derniers temps, fille de l'hérésie et aveugle comme elle, n'a jamais pu rien comprendre ni à la religion ni à la société. De ses théories étroites et stériles, il n'est sorti, dans l'ordre des idées, qu'un doute universel, et dans l'ordre politique, que des révolutions. Impuissante à créer aucun système durable, à établir aucune doctrine, elle n'a pas même conçu celles qu'elle attaquoit. Pendant près d'un siècle, elle a travaillé à démolir le christianisme, comme de stupides manoeuvres démolissent un palais dont les belles proportions, l'ensemble et le plan leur sont totalement inconnus. Toute hébétée de matérialisme, au moment même où elle annonçoit des prétentions si exclusives à la pensée et à la raison, a-t-elle seulement entrevu la profondeur et l'admirable harmonie des dogmes chrétiens? Encore aujourd'hui ces hautes vérités, qui recèlent le mystère

de l'intelligence humaine et le principe de sa vie, que sont-elles à ses yeux, sinon des rêveries incomp réhensibles, ou tout au plus des formes variables et passagères de notre entendement? La nature de l'Eglise, sa constitution, ses lois, l'influence même temporelle qu'il étoit de sa mission d'exercer pour le salut des peuples et le perfectionnement de la société, tous ces grands objets ont échappé à ses profondes méditations. Il étoit plus aisé, et apparemment plus philosophique, de verser à pleines mains la calomnie, le sarcasme et l'outrage sur les ministres de la superstition: car c'est ainsi que le nom de prêtre se traduit en son langage. Du reste, vous l'entendrez répéter éternellement les déclamations surannées du vulgaire des protestants contre Rome et les Papes, et leurs usurpations, et leur tyrannie. Là s'arrête sa logique, sa science; et en effet n'est-ce pas assez pour la plupart de ses disciples?

Mais lorsque, dégagé de ces idiotes préventions entretenues par l'esprit de secte, on considère attentivement l'histoire de l'Europe depuis l'établissement du christianisme, il est impossible qu'en voyant les Papes diriger sans interruption ce grand mouvement spirituel, et constamment à la tête de la société, dès qu'il exista une société chrétienne, on ne soit pas frappé de cette double prééminence, ainsi que du sentiment universel qui en attestoit la légitimité.

Alléguer l'ignorance des peuples et de leurs chefs pour expliquer ce fait éclatant, ce seroit dire que le monde a été civilisé par une religion que personne ne connoissoit avant Luther; que l'ordre social et l'ordre religieux avoient jusque là reposé sur des bases fausses; qu'avant ce moine apostat, le christianisme n'avoit été prêché aux hommes que par des imbéciles ou des imposteurs; et qu'enfin, pour en venir aux dernières conséquences de la réforme, jamais Jésus-Christ n'eut l'intention d'instituer un saderdoce, et que sa doctrine bien comprise se réduit à l'affranchissement de toute autorité, au droit qu'a chacun de nier tous les dogmes et conséquemment tous les devoirs.

Voilà, de l'aveu des protestants (1), le christia nisme réformé; et si on ne veut pas y reconnoître le véritable christianisme, il faut bien, ou renoncer à le découvrir, ou le concevoir comme l'ont conçu les catholiques pendant dix-huit siècles. S'il y a quelque chose au monde de ridiculement absurde, c'est en rejetant le principe athée qui con

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(1) « Le protestantisme consiste à croire ce qu'on veut et à » professer ce qu'on croit. » L'évêque anglican Watson, cité par M. Milner. Voyez The end of religious controversy, etc. Part. III, pag. 125. « Le protestantisme est, en matière religieuse, >> l'acte d'indépendance de la raison humaine. » Revue protestante, quatrième livraison, pag. 151.

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