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une vérité partielle combattre une autre vérité partielle, et le talent combattre le talent, de sorte que certains ne se décident pas à prendre parti, définitivement, attendant toujours une vérité plus compréhensive, plus vaste.

Cette lutte est infiniment féconde, lorsqu'elle n'est pas trop âpre et l'on ne peut s'empêcher de penser aux paroles de saint Augustin:

In dubiis libertas, in omnibus caritas.

Vte ROBERT D'ADHÉMAR.

LE

COMPROMIS AUSTRO-HONGROIS

Anciens sujets de la dynastie des Habsbourg, les Belges ont depuis longtemps oublié leurs souverains du xvre et du xvII° siècles et les peuples qu'ils ont conservés sous leur domination. La distance Bruxelles-Vienne, énorme au moment de la dernière séparation, la transformation économique et politique de l'Allemagne du Nord, notre voisin immédiat, et, peut-être aussi, le grand nombre de princes étrangers qui se sont disputé notre territoire expliquent le peu d'intérêt que les Belges, en général, portent aux questions d'AutricheHongrie. Absorbés d'ailleurs par la mise en valeur de nos richesses nationales depuis que notre indépendance nous a assuré fait extraordinaire dans notre histoire

plus de 80 années de paix profonde, organisant en Argentine, en Russie, en Chine, au Congo des entreprises aussi nombreuses que variées, nous avons laissé I'«< empire du milieu » hors de notre champ d'action. Pourquoi nous fixer dans une attitude d'indifférence ? L'empire est arrivé à une période très intéressante de son histoire politique et de son développement économique.

Avant d'aborder l'étude de ce dernier point de vue, quelques considérations générales me semblent devoir être présentées en guise d'introduction.

La délimitation des États adoptée par les diplomates

du Congrès de Vienne se trouvait en contradiction avec les désirs nationaux dans une grande partie de l'Europe. Au fur et à mesure que les populations ainsi réunies artificiellement en vinrent à désirer que l'État fût fondé sur la nation, que le pouvoir fût aux mains des nationaux, le régime qui imposait le gouvernement des étrangers fut condamné comme « oppresseur » et souvent renversé. Sans qu'on soit arrivé à s'entendre sur aucun critérium de nationalité, les aspirations et les guerres nationales brisèrent le cadre de 1815. L'indépendance grecque et belge, l'unité italienne, la formation de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Serbie furent les étapes principales de ce mouvement. Maintenant que les moyens d'information, de police, de surveillance et de répression rendent les gouvernements plus forts; aux séparations violentes succèdent les revendications d'autonomie comme en Pologne, en Finlande, en Irlande, en Catalogne, en Syrie, en Arabie, mais surtout comme en Autriche-Hongrie, cet empire composé de lambeaux de patries, selon l'expression de M. Lavisse. Tchèques, Slovaques, Slovènes, Polonais, Ruthènes, Croates, Serbes, Italiens, Roumains rassemblés ou disséminés, isolés ou rattachés à des frères plus libres et indépendants, y revendiquent bruyamment ou attendent avec résignation leur émancipation politique (1).

Au point de vue physique comme au point de vue ethnographique, l'Autriche-Hongrie ne présente rien de précis. De l'immense artère du Danube, qui fait en grande partie son unité, elle ne possède ni la source ni le cours inférieur. Les Carpathes, qui encerclent si nettement la Hongrie, ne sont pas une limite impériale : au pied de leur versant oriental s'étend la Galicie qui

(1) Sur les billets de la Banque austro-hongroise, le montant de la valeur est imprimé en dix langues.

se confond avec la plaine russe. La Bohême, dont les montagnes dessinent le quadrilatère, tourne le dos à Vienne; son réseau hydrographique se jette dans l'Elbe. Si la Save et la Drina séparent Serbie et Bosnie qu'unissent les liens ethnographiques et linguistiques, dans le massif tourmenté du Sud, rien ne précise les confins de l'Herzégovine, du Monténégro et de la Dalmatie. Le cours du Tagliamento ne décrit pas la frontière austro-italienne. Les eaux des Alpes orientales, sauf celles de l'Adige, sont en grande partie ramenées au Danube par la Drave et la Save, mais les cours d'eau des Carpathes orientales se dirigent vers la Baltique par la Vistule, vers la Mer Noire par le Dniester.

Chassée de l'Italie depuis 1860 et, six ans plus tard, de l'Allemagne à laquelle elle avait appartenu pendant neuf siècles, l'Autriche, désorientée, entre, après Sadowa, dans une nouvelle période de son histoire. Sa politique extérieure vise la mer Égée; sans doute, comme puissance danubienne, avant cette date déjà, elle surveillait la Turquie et la Russie, mais la maîtrise de l'Adriatique et la voie de Salonique deviennent pour elle l'objet principal de sa vigilance et de son ambition.

A l'intérieur, la faible proportion de 22° d'Allemands contre une majorité disparate mais écrasante de Hongrois, de Slaves et d'Italiens, le mécontentement d'une longue domination d'autres préféreront longue oppression - les récents revers militaires et le désir des nationalités de prendre part à l'administration de l'État, amenèrent la conclusion du Compromis de 1867.

Cet « Ausgleich » a constitué, à la place de l'ancien empire d'Autriche (1806-1866), la monarchie austrohongroise. Il est la charte d'un dualisme qu'il n'a pas créé, mais organisé à nouveau. Nous ne nous trouvons pas, comme en Allemagne, en présence d'une fédération

d'États, mais d'une monarchie double, qui assure la suprématie au parti germano-magyar. Les anciens états, royaumes, comtés, archiduchés, principautés, seigneuries qui composent la Cisleithanie ou l'Autriche proprement dite, tout comme ceux qui composent la Hongrie, passent au rang de provinces, de districts, de territoires, de circonscriptions administratives de l'Empire. L'Autriche et la Hongrie ne sont pas deux parties d'un État, mais deux États, deux monarchies, inséparables et constitutionnelles, héréditaires dans la dynastie des Habsbourg-Lorraine. Pour l'étranger seul, existe l'Autriche-Hongrie; les citoyens sont Autrichiens ou Hongrois.

Les deux États ainsi formés n'ont de commun, en outre de la dynastie, que l'armée, la marine, la représentation diplomatique et la Banque d'émission. A l'intérieur de ses frontières, chaque Etat règle souverainement l'administration, la justice, l'enseignement public, la question des langues, etc... Tous deux doivent cependant suivre les mêmes principes en certaines matières d'ordre économique, à cause de l'union douanière établie par Bach en 1850.

Les dépenses communes sont couvertes par les recettes des douanes et par les versements complémentaires de l'Autriche et de la Hongrie.

Cette union politique doit durer autant que la dynastie des Habsbourg, mais l'Ausgleich est renouvelable de 10 en 10 ans dans ses clauses d'ordre économique et financier. Si le renouvellement ne peut se faire à la date fixée, à cause du désaccord des parlements par exemple, l'empereur, en vertu de l'article 14 du Compromis, a le droit de l'appliquer provisoirement pour un an et son ordonnance est renouvelable.

L'existence de cette union politico-économique dépend du fonctionnement et du jeu de trois rouages:

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