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par le caractère vital des éléments où il se produit et dans lesquels il se propage, ne peut être complètement assimilé à un simple phénomène physique, et que toutes les tentatives que l'on a faites jusqu'ici pour le plier aux lois de la matière pure, ont échoué.

Je n'ignore pas que la façon de concevoir la sensation, telle qu'elle résulte de l'exposé que je viens de vous en faire, est loin de résoudre toutes les difficultés du problème sensoriel. Vous pourriez me demander comment il se fait, si la sensation, considérée dans ce qu'elle a d'essentiel, se réduit à une modification consciente du sujet, que nous puissions arriver à nous rendre compte que cette modification n'est pas nécessairement subjective dans ses causes, mais qu'elle peut être déterminée par un excitant étranger à notre moi; car le champ de notre conscience ne s'étend pas hors de nous; il se limite à notre personnalité. Mais cela est vrai quelle que soit l'idée que l'on se fasse de la sensation, et par conséquent toute théorie sensorielle, quelle qu'elle soit, se heurte à la même difficulté ; elle doit expliquer comment, de la conscience de ce qui se passe en nous, nous pouvons conclure à l'existence et à l'action sur notre organisme de ce qui est hors de nous. On a trouvé commode de supprimer cette difficulté inévitable en affirmant que nous n'avions pas besoin de sortir de nous pour prendre conscience de l'excitant, celui-ci étant en nous par son action: « actio est in passo». Mais précisément, cette action de l'excitant, en tant qu'elle est en nous, qu'est-elle autre chose que nous modifié? Et encore cette action de l'agent, qui se résout en une pure modification subjective, ne la percevons-nous pas immédiatement? Ce n'est pas en effet l'ébranlement nerveux produit dans les dernières ramifications du prolongement cellulifuge de quelqu'un de mes neurones spinaux, qui tombe sous ma perception sensorielle immédiate, mais l'état subséquent qui dérivera de cet ébranlement initial.

Tous les physiologistes se demandent aussi comment, en partant de l'état conscient créé dans la faculté sensorielle cérébrale par l'action périphérique d'un agent extérieur, nous pouvons arriver à la connaissance de l'endroit précis où cet agent est entré en contact avec l'organisme. Ce phénomène psycho-physiologique a reçu le nom de localisation périphérique de la sensation, mais bien à tort, car ce n'est pas la sensation que nous localisons à la périphérie, c'est le point d'application de l'excitant, et ce sont là deux choses qu'il importe de ne pas confondre. Ceux-là seuls peuvent se permettre, pratiquement, de ne pas les distinguer, qui font de l'organe périphérique le siège et de l'excitation et de la sensation. C'est, de nouveau, résoudre la difficulté en la supprimant, ou plutôt en essayant de la supprimer, car elle reste, après cette explication, tout aussi entière que la précédente.

En effet, la perception sensorielle, ou bien se fait à l'endroit précis où l'agent externe aborde l'organisme, ou bien elle se fait ailleurs qu'en ce point exact. Dans ce dernier cas, le problème de la localisation de l'excitation sensorielle se pose nécessairement, que la perception se fasse dans les organes périphériques ou le long des voies centripètes, et alors je demande à mon tour comment on le tranche. Que si la perception s'accomplit au point même où l'excitant entre en contact avec l'organisme, c'est évidemment là que je dois localiser son action: sur la cornée pour la sensation visuelle, sur la membrane du tympan pour la sensation auditive, etc. Or à qui la conscience a-t-elle jamais fait percevoir immédiatement une pareille localisation du point d'application de l'excitant? Si, pour sortir de cette difficulté, on prétend que nous localisons seulement là où l'excitant commence à intéresser le système nerveux, puisque c'est le système nerveux seul qui est immédiatement différencié en vue de la sensation, je demande

de nouveau à qui la conscience a jamais affirmé, en vertu d'une perception immédiate, que l'objet externe affecte les cellules à cône ou à bâtonnet, et que c'est là que se produit la sensation visuelle, ou qu'il affecte les terminaisons des cellules du ganglion spiral, dans l'organe de Corti, et que c'est là que se produit la sensation auditive?... Une seule sensation semble privilégiée au point de vue de la localisation de l'excitant, et cela parce qu'elle utilise le précieux contrôle de la sensorialité visuelle: c'est la sensation de tact. Nous localisons tactilement là où visuellement nous percevons que l'excitant est appliqué; mais précisément nous localisons alors hors des appareils nerveux, puisque ces appareils n'atteignent jamais la périphérie épidermique et que c'est là pourtant que nous situons l'action initiale de l'excitant.

Quant au fait des localisations illusoires, quelle que soit la région de l'organisme où l'acte sensoriel se pose, elle s'explique par la raison qu'ayant l'habitude de situer, pour une sensation donnée, le point d'application de l'excitant en un endroit déterminé, c'est là que nous le rapportons toujours, même quand il vient, pathologiquement ou expérimentalement, à être déplacé.

Je ne veux pas m'attarder davantage à ces questions, qui ne viennent pas directement à mon sujet. J'ai voulu seulement vous les signaler en passant, pour avoir l'occasion de vous dire que si leur solution soulève des difficultés, ces difficultés existent, quelque théorie de la sensation qu'on imagine. Là comme partout ailleurs, dès qu'on tente de pénétrer un peu profondément dans l'explication d'un fait, on ne tarde pas à toucher à l'inconnu, et à l'inconnaissable, et peut-être le résultat le plus précieux que nous puissions demander à toute recherche sérieuse, est-il simplement de nous faire connaître en quel endroit nous devons placer le mystère.

L. BOULE, S. J.

L'INDUSTRIE AUTRICHIENNE

Depuis plusieurs années, la Hongrie poursuit avec ténacité l'exécution d'un programme qui doit lui assurer l'indépendance économique. Elle sera maîtresse de ses tarifs douaniers en 1917; en vue de cette échéance, le Gouvernement, dès 1906, a fait voter diverses mesures destinées à fortifier et à développer les industries nationales. Selon toute probabilité, les Autrichiens perdront sous peu le marché magyar, par la suppression de la communauté douanière, ou du moins la vente de leurs produits y sera entravée par des barrières protégeant les articles hongrois contre l'invasion de leurs concurrents de Cisleithanie. Les Hongrois s'illusionnent peut-être quand ils entrevoient leur patrie lancée dans l'expansionisme industriel; force sera néanmoins aux industriels autrichiens de chercher un débouché qui les dédommage de la perte de

ce marché.

Une extraction de 16 millions de tonnes de charbon, de 27 millions de tonnes de lignite et d'un million et demi de tonnes de pétrole; 4 800 000 broches dans les manufactures de coton; 1 800 000 tonnes de fonte; 23 millions d'hectolitres de bière et 1 900 000 tonnes de sucre; 120 000 ouvriers dans l'industrie céramique; des cristalleries, des verreries et des ateliers de meubles de grande réputation; une exportation de produits manufacturés atteignant le milliard, telles

sont les grandes lignes schématiques dans lesquelles s'inscrit l'industrie autrichienne. Quelle est la prospérité de cette industrie ? Quelle situation lui créent les facteurs d'ordre géographique ou ethnographique?

Il est certain que l'Allemagne avec ses 66 millions d'habitants possède une avance considérable sur l'Autriche-Hongrie qui n'en compte que 51 millions. L'Autriche seule n'atteint que le chiffre de 28 millions, mais comme le marché hongrois lui est jusqu'à présent assuré en fait, nous pouvons évaluer, Bosnie et Herzégovine comprises, à 51 millions, le marché de consommateurs dont vit l'industrie de la Cisleithanie.

La population de l'Autriche a doublé en 90 ans, s'élevant de 14 millions en 1820 à 28 millions en 1910. Malgré son coefficient de natalité élevé, l'Autriche voit donc sa population augmenter lentement: c'est que chaque année l'émigration lui enlève des travailleurs par centaines de mille et dans des proportions supérieures aux pertes subies par l'Allemagne il y a quarante ans. En 1906, 144 600 Autrichiens et 180 430 Hongrois ont quitté leur patrie; en 1910, les statistiques enregistrent 146 400 et 133 260 départs. Depuis lors le nombre n'a plus augmenté sauf pendant l'année 1913.

Ces chiffres seuls ne permettent pas d'apprécier complètement l'importance de la perte subie ainsi chaque année par l'Autriche, car ils ne nous renseignent pas sur la valeur individuelle de l'émigrant. Or elle est considérable: les éléments qui quittent le sol natal pour s'établir aux États-Unis, en Argentine et au Canada, font brèche dans la force vive du pays. Il faut les voir à Laibach s'entasser dans un bureau d'agence de compagnie de navigation, ou à Trieste sur le point de s'embarquer, ou encore dans les rues d'Anvers pendant les jours qui précèdent le départ des transatlantiques, pour apprécier la perte de main

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