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AU RÉDACTEUR.

Paris, 12 mars 1818. Monsieur, le témoignage que vous avez rendu de mes principes et de mes intentions, en annonçant la Vie politique, littéraire et morale de Voltaire, est la plus douce récompense que je puisse recevoir de mon travail. J'ai en vain cherché la Vie de Voltaire, par le marquis de Villette, dont vous auriez désiré que j'eusse fait usage. Comme elle n'est point counne des conservateurs des bibliothèques publiques, je suis fondé à croire que vous l'aurez confondue avec celle de Duvernet, qui ne porte point de nom, et où se trouvent les phrases que vous citez. L'observation que vous m'avez faite à l'égard des Philippiques, que j'avois attribuées à Voltaire, m'a engagé à des recherches qui m'ont convaincu qu'elles sont en effet de Lagrange Chancel. Je me suis fait un devo r de rectifier cette erreur par un carton, que les personnes qui ont l'ouvrage peuvent se procurer, sans frais, chez M. Cordier, imprimeurlibraire, ue des Mathurios Saint-Jacques, où se trouve mon ouvrage (1). Permettez-moi de vous faire observer que je n'y ai parlé de la lienriade et du Théâtre de Voltaire, que pour développer son caractère, quacune des pièces dont j'ai fait mention ayant eu son motif ou son trait particulier. Je n'ai pu citer tous ses ouvrages; mais j'ai donné la nomenclature des principaux, avec l'indication des auteurs qui les ont refutés. Peut-être aurois-je pu m'étendre davantage (ainsi que vous en avez fait la remarque) sur les circonstances de la conjuration contre le christianisme. Mais, d'une part, j'avois à craindre le reproche d'avoir donné plutôt l'histoire de la religion au 18e, siècle, que celle de Voltaire; de l'autre, je me serois écarté de mon hut, qui étoit de joindre l'agréable à l'utile, et de rendre mon ouvrage amusant, ce que j'ai cru indispensable pour qu'il fût lu de la jeunesse, que j'ai eu principalement en vue en le composant.

J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite considération, Monsieur, votre très-humble et obéissant serviteur,

LE PAN.

LIVRE NOUVEAU.

Recherches philosophiques sur les premiers objets des connoissances morales; par M. de Bonald (2).

Nous rendrons compte prochainement de cet ouvrage, où l'illustre auteur a réfuté, avec sa supériorité accoutumée, quelques systêmes des philosophes et physiologistes modernes sur l'homme, sur la pensér, sur la parole et sur les questions qui se rattachent à la religion, à la morale, et par conséquent aux principes conservateurs de la société.

(1) Prix, 5 fr. et 6 fr. franc de port.

(a) a vol. in 8°.; prix, 12 fr. et 15 fr. franc de port. Chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal.

(Samedi 21 mars 1818.)

(No. 377).

Notice sur M. de Barral, archevêque de Tours, mort à Paris, le 7 juin 1816.

Louis-Matthias de Barral, né à Grenoble, le 20 avril 1746, d'une famille de magistrats distingués dans le parlement de cette ville, fut destiné à l'état ecclésiastique, et vint achever ses études à Paris, au séminaire de SaintSulpice. Il fit sa licence avec honneur de 1768 à 1770, et étoit de la maison de Navarre. De l'esprit, de la finesse, de la facilité pour le travail, de l'aptitude aux affaires, étoient les qualités qu'on remarquoit en lui. Elles lui concilièrent l'affection de M. le cardinal de Luynes, archevêque de Sens, qui l'emmena à Rome, et le fit son conclaviste dans le conclave qui suivit la mort de Clément XIII. Lorsque son cours fut terminé et qu'il eut reçu les ordres, il devint grand-vicaire de Sens el grandarchidiacre de cette église. Il obtint, en 182, l'abbaye du Mas-d'Azil, au diocèse de Rieux. En 1785, il fut nommé agent-général du clergé par la province de Sens, dont c'étoit alors le tour, et il fit, en cette qualité, plusieurs rapports à l'assemblée de 1785 et 1786: il occupoit cette place avec M. l'abbé de Montesquiou, et n'en remplit pas les fonctions pendant la durée ordinaire de cinq ans. Son oncle, Claude-Matthieu-Joseph de Barral, évêque de Troyes depuis 1761, étoit infirme, et le demanda pour coadjuteur. Le Roi le lui accorda, et l'abbé de Barral fut sacré évêque d'Isaure, en Lycaonie, le 5 octobre 1788. L'évêque de Troyes ayant donné sa démission en 1790, et cette démission ayant été acceptée par le Pape, l'évêque d'Isaure devint évêque de Troyes en titre, et on ne lui contesta point le droit de succession, quoique déjà l'assemblée constituante eût manifesté l'intention d'opérer de grands changemens dans le clergé. Seulement le nouvel Tome XV. L'Ami de la Religion et du Ror.

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évêque crut devoir s'absenter quelque temps; il quitta même le royaume, dans la crainte, dit M. l'abbé de Barral, son frère, qu'on ne le forçât à administrer de suite, et avant que la démission n'eût été acceptée à Rome. Il avoit peine pris en main le gouvernement du diocèse, qu'on lui demanda le serment prescrit par la constitution civile du clergé. Sur son refus, les électeurs du département de l'Aube s'assemblèrent pour lui donner un successeur, et il leur adressa, au mois de mars 1791, une lettre pour leur montrer leur incompétence, et celle de l'assemblée sur les matières ecclésiastiques. On pense bien que ses conseils n'arrêtèrent pas l'élection. Les électeurs de l'Aube choisirent, pour évêque constitutionnel, Augustin Sibille, curé de Saint-Pantaleon, de Troyes, alors âgé de soixantesept ans. L'évêque légitime lui écrivit, le 23 avril, pour essayer de le ramener à de meilleurs sentimens; ce fut encore en vain. Il adopta, vers le même temps, pour son diocèse, l'Instruction pastorale que M. de la Luzerne, évêque de Langres, venoit de publier sur le schisme de France. Peu après, il fut obligé de quitter le royaume.

Constance fut son premier asile; il s'y trouvoit avec M. de Juigné, archevêque de Paris, M. d'Osmond, ancien évêque de Cominges, M. de la Luzerne, et MM. Cortois de Balore et Cortois de Pressigny, évêques de Nîmes et de Saint-Malo. M. l'abbé de Barral nous apprend, dans sa Notice, que ces prélats y discutèrent la question de savoir si on pouvoit prêter le serment de liberté et d'égalité, et qu'ils se décidèrent pour l'affirmative. L'évêque de Troyes persévéra dans ce sentiment, même en Angle terre, où il alla chercher un asile, en 1793, et où l'opinion contraire avoit prévalu parmi le clergé françois. Il paroît que plusieurs de ses collègues et d'autres ecclésiasti ques, le pressèrent fortement de revenir au jugement de la majorité; mais il persista dans son avis, et le défendit par quelques Lettres, dont on nous a conservé des frag→ mens. Il montra des dispositions semblables lors de la question qui s'éleva plus tard sur la soumission aux lois

de la république, et les Annales catholiques rapportent, tom. IV, pag. 6, l'extrait d'une lettre de ce prélat, datée de Londres, le 22 mai 1797, où il approuve la soumission, sans blâmer ceux qui prennent un parti contraire. En 1800, il se déclara également pour la promesse de fidélité à la constitution, et son témoignage est cité plusieurs fois dans les Annales philosophiques, suite des précédentes. La question s'étant débattue à Londres avec beaucoup de chaleur, l'évêque de Troyes soutint son sentiment dans une Lettre à M. C. Butler, qui fut réimprimée en France, et dans la Réponse au véritable état de la question. Le prélat n'avoit pas mis son nom à ce dernier écrit; mais l'auteur du Véritable état s'étant fait connoître, M. de Barral donna une seconde édition de sa Réponse, sous le titre de Sentiment de l'évéque de Troyes sur la promesse de fidélité, en réponse au Véritable état de la question. On trouve encore, dans les Annales philosophiques, tom. III, pag. 475, l'extrait d'une lettre du prélat écrite dans le même sens, et datée de Londres le 31 mai 1801. Voyez enfin sa lettre au rédacteur du Courrier de Londres, du 16 septembre 1800, à la suite de la Réponse au véritable état.

Lors de la demande des démissions faites aux évêques de France en 1801, M. de Barral se trouvoit à Londres avec dix-sept de ses collégues. Ils tinrent plusieurs assemblées pour délibérer à ce sujet. Les avis ne furent pas unanimes, et sur les dix-huit prélats, il n'y en eut que cinq qui consentirent à douner leur démission. Ce furent les archevêques d'Aix et de Bordeaux, et les évêques de Lescar, de Cominges et de Troyes. Ce dernier adressa sa démission au Pape par une lettre du 5 octobre 1801, et en publià une autre qu'il écrivit à ses grands-vicaires, et dans laquelle il exposoit les motifs qui avoient dirigé sa démarche. Il donna aussi, mais sans y mettre son nom, une réponse aux Eclaircissemens demandés à M. l'archevêque d'Aix par un prêtre catholique françois, et caractérisa, comme il convenoit, ce dernier écrit très

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peu respectueux pour l'épiscopat, et où M. de Boisgelin étoit assez maltraité. Après cette démarche, M. de Barral n'avoit plus de raisons pour rester en Angleterre; les préliminaires de la paix entre les deux Etats venoient d'être signés. Il rentra donc en France; et lors de la mise à exécution du Concordat, il fut nommé à l'évêché de Meaux. Il porta dans l'administration de ce diocèse le même esprit de conciliation qui l'avoit toujours animé, travailla à former un séminaire, publia les réglemens que nécessitoient les circonstances, et donna des Mandemens, parmi lesquels nous citerons celui sur le Jubilé et celui sur les Fabriques, qui eurent, dit-on, l'approbation générale.

En 1804, il fut chargé d'aller à Poitiers, dout l'évêque, M. Bailli, venoit de mourir. Ce diocèse n'étoit pas tranquille, et plusieurs prêtres refusoient de se soumettre au Concordal, et de reconnoître les évêques institués en 1802. On crut M. de Barral propre à les ramener, et il parconrut une partie du diocèse. Nous n'avons pas ouï-dire que cette mission aît été aussi heureuse qu'on l'avoit espéré. Quoi qu'il en soit, M. le cardinal de Boisgelin, archevêque de Tours, étant mort le 22 août 1804, l'évêque de Meaux fut appelé à lui succéder. Il fut préconisé pour le siége de Tours dans le consistoire que le Pape tint à Paris le 1er février 1805, el reçut le pallium le même jour. Son administration dans ce dernier diocèse ne nous offriroit point d'événemens importans. Nous savons seulement que dans les premières années, l'archevêque résida constamment à Tours, s'occupant des fonctions de son ministère et veillant sur son tronpeau. Il publia des Mandemens, dont quelques-uns donnèrent prise sur lui par les louanges qu'il ne crut pas apparemment pouvoir se dispenser de donner à celui qui faisoit peser alors son sceptre sur la France.

Nous applaudirons plus volontiers à une lettre qu'il fit insérer dans le Moniteur, et qui lui fait honneur. Lalande, plus fameux encore par sa déplorable manie d'afficher l'athéisme que par ses connoissances en astrono

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